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Ernest RENAN
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Ernest RENAN
(Tréguier, 28
février 1823 - Paris, 2
octobre 1892)
Français.
Historien.
par Marc Nadaux
Quelques dates :
1845, renonce au sacerdoce.
1848, L’Avenir de la science.
1852, docteur ès lettres après le soutien de sa thèse,
Averroès et l’averroïsme.
1856, élu membre de l’Académie des Inscriptions et Belles
Lettres.
1862, nommé professeur au Collège de France, titulaire de la
chaire d’hébreu.
1863, paraît la Vie de Jésus.
1871, publie La Réforme intellectuelle et
morale.
1878,
élu à l’Académie
Française.
1881, achève l’entreprise de sa vie, sa vaste Histoire
des origines du christianisme.
1882, prononce en Sorbonne la conférence
Qu’est-ce qu’une nation ?
1883, Souvenirs d’enfance et de jeunesse.
1892, funérailles nationales.
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Joseph-Ernest Renan est né le 28 février 1823 à Tréguier, en Bretagne.
Son père, marin et capitaine de barque, décède alors qu’il n’est
encore qu’un enfant au début de l'été 1828. Il est élevé par sa mère
en compagnie de sa sœur Henriette-Marie et de son frère Allain-Clair,
tous deux plus âgés que lui. La gêne financière décide de
l’installation de la famille dans la ville voisine de Lannion. Destiné
très jeune à la prêtrise, il fait ses études, à partir de 1832 et
jusqu’à la troisième, dans le collège ecclésiastique de Tréguier.
Bénéficiant d’une bourse, il monte à Paris au mois de septembre 1838
et entre au petit séminaire de Saint-Nicolas du Chardonnet. Il effectue
alors sa classe de rhétorique dans l'institution que dirige à l’époque
l'abbé Dupanloup. En 1841, c’est le
séminaire d’Issy qui l’accueille, puis enfin, à partir de 1843 celui
de Saint Sulpice. Le séminariste s’initie alors à l’hébreu sous la
direction de l’abbé Le Hir et reçoit bientôt les ordres mineurs.
Cependant cet engagement envers l’Église coïncide avec une crise de
conscience. Renan est ébranlé dans ses convictions religieuses par la
lecture de l’œuvre du philosophe allemand Hegel. Il se détache de la
foi catholique. Celle-ci d’ailleurs lui semble être en contradiction
avec les intuitions de l’exégèse qu’il pratique. Il renonce au
sacerdoce au mois d'octobre 1845.
Renan reste alors à Paris. Reçu bachelier le 24 janvier 1846, il entame
des études de lettres et obtient le grade de licencié le 23 octobre
suivant avant d'être lauréat du concours de l’agrégation de
philosophie en 1848. L'étudiant poursuit également ses travaux de
philologie et est distingué, en 1847, par le prix de l’Institut qui récompense
son Essai historique et théorique sur les langues sémitiques.
L’universitaire se loge à cette époque dans une pension du Quartier
latin et y exerce également comme répétiteur. Il se lie alors d’amitié
avec le chimiste Marcellin Berthelot. Cette rencontre intellectuelle se
concrétise par la rédaction d’un essai d’inspiration positiviste, L’Avenir
de la science (lequel ne sera publié qu’en 1890). Renan s’efforce
de démontrer que la science, à qui il attribue la grandeur d’une
religion nouvelle, est seule capable de résoudre les problèmes qui se
posent à l’humanité.
La Révolution de 1848 fait sur lui forte impression. Renan fréquente la
jeunesse libérale et collabore à La Liberté de pensée, une
revue philosophique dirigée par Jules Simon. Chargé de mission par
l'Institut, il séjourne ensuite huit mois en Italie, d'octobre 1848 à
juin 1849, dans le but de collecter des manuscrits. De retour à Paris, il
est chargé du classement des manuscrits syriaques de la Bibliothèque
nationale. Commence également une collaboration avec la Revue des Deux
Mondes en 1851 et le Journal des débats en 1853. L'année précédente,
il est enfin nommé docteur ès lettres après le soutien de sa thèse, Averroès
et l’averroïsme.
Renan ne manifeste pas de véritable réaction d’opposition à l’égard
du coup d’État du 2 décembre. Il se marie
avec Cornélie Scheffer le 11 septembre 1856, année où il est élu
membre de l’Académie des Inscriptions et Belles Lettres.
L’universitaire est désormais un philologue qui fait autorité. Il
traduit en 1858 le Livre de Job puis le Cantique des Cantiques
en 1860 dans le but de faire connaître au grand public l'état de la
critique biblique. Son intérêt pour la culture hébraïque l’avait
amené quelques années auparavant à rédiger une Histoire générale
et comparée des langues sémitiques. Si l’antisémitisme est alors
dans l’air du temps, avec cet ouvrage, Renan s’essaie à lui donner
des fondements scientifiques. Il s’attache notamment à démontrer
l’infériorité de la "race sémitique" par rapport à la
"race européenne". A cette époque, il est également introduit
dans les milieux littéraires du Second Empire, ceux du dîner Magny et du
salon de la princesse Mathilde. Il se lie alors avec le prince Napoléon,
fils de Jérôme Bonaparte, et se rallie au régime impérial. Celui-ci
lui accorde bientôt les honneurs de la Légion d’Honneur.
Renan effectue en 1860 un second voyage, cette fois-ci au Liban et en
Syrie dans le cadre d’une mission archéologique. Sa sœur qui
l’accompagne est alors emportée par les fièvres. Il lui dédie un
ouvrage, Ma sœur Henriette, en 1862. Cette année est celle de la
consécration pour le savant. Renan est nommé professeur au Collège de
France, titulaire de la chaire d’hébreu. Cependant sa leçon inaugurale
fait scandale : il parle dans son discours du Christ comme
d’"un homme incomparable". L’année suivante paraît la Vie
de Jésus, premier volume de son Histoire des origines du
christianisme. Nonobstant l’emploi d’un style poétique, Renan
effectue une analyse rationaliste du personnage de Jésus grâce à la
critique historique. Le savant contribue à désacraliser l’étude des
textes religieux. C’est l’acte de naissance de l’exégèse laïque
en France. Cet ouvrage connaît un immense retentissement. Nouveau
scandale cependant. Son cours est suspendu puis supprimé en 1864 par le
ministre de l'Instruction publique Victor Duruy. Renan effectue alors un
second voyage en Orient. Celui - ci le conduit en Égypte, en Asie mineure
et enfin en Grèce au printemps 1865. Il compose à cette occasion La
Prière sur l’Acropole, par laquelle il célèbre avec lyrisme
l'hellénisme et l’harmonie entre la beauté, la raison et le divin.
En accord avec la libéralisation du Second Empire, Renan tente en 1869
d’entrer en politique. Il se présente sous l’étiquette d’indépendant
à la députation dans le département de la Seine-et-Marne. C’est un échec.
La guerre franco-prussienne provoque bientôt la chute de Napoléon
III et du régime. Choqué par la débâcle, il publie en 1871 La
Réforme intellectuelle et morale proposant aux Français de prendre
exemple sur le modèle prussien pour assurer le redressement de la nation.
Il se rallie rapidement à la République et est réintégré dans son
cours au Collège de France, grâce au ministre de l’Instruction
publique du Gouvernement de Défense nationale Jules Simon. Le savant
participe au débat du temps. Ses Dialogues philosophiques, publiés
en 1876 et inspirés par la défaite de 1870 et la Commune, justifient également
la colonisation et affirment la supériorité de l’Européen. Le 11 mars
1882, il prononce en Sorbonne la conférence Qu’est-ce qu’une
nation ? et prend ainsi, malgré sa germanophilie, une part
active à la controverse opposant intellectuels français et allemands. Il
publie également en 1883 ses Souvenirs d’enfance et de jeunesse.
Renan est élu à l’Académie Française en 1878 puis nommé
administrateur du Collège de France le 19 juin 1883. Il s’occupe désormais
à achever l’entreprise de sa vie, sa vaste Histoire des origines du
christianisme. Le septième et dernier volume, Marc-Aurèle,
est publié en 1881. Son oeuvre est enfin complété par une Histoire
du peuple d’Israël, composée de cinq volumes publiés de 1887 à
1893.
Ernest Renan meurt à Paris le 2 octobre 1892, la Troisième République
lui offrant les obsèques nationales.
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