|
A voir et à lire
sur
19e.org,
et ailleurs.
|
|
| |
sur 19e.org |
|
|
|
Vous êtes ici :
>
RASPOUTINE
|
|
Grigori
Iefimovitvh NOVYI
, dit
RASPOUTINE
(Pokrovskoie, 10 janvier
1869 -
Saint-Pétersbourg, 17 décembre 1916)
Russe.
Religieux et homme politique.
par Marc Nadaux
Quelques dates :
1908, fait la preuve de ses talents de guérisseur en calmant
les crises d’hémophilie du tzarevitch Alexis, l’unique
héritier du trône.
1911, écarté de la cour.
1916, assassiné.
|
|
Grigori
Iefimovitvh naît le 10 janvier 1869 à Pokrovskoie, un village sibérien
du district de Tioumen, dans la province de Tobolsk. A noter qu’au mois
de mai 1907, l’adjonction de Novyi – qui signifie nouveau – à son
patronyme sera officiellement enregistrée par l’administration, afin de
le distinguer de ses nombreux homonymes. Dès l’âge de dix huit ans,
celui qui se fait appeler Raspoutine, un surnom polysémique dont l’origine
demeure obscure, est sujet à de grandes crises mystiques. En 1887, il
épouse Praskovja Doubrovina, une jeune paysanne du voisinnage, tout aussi
dépourvue que lui d’instruction. Le couple aura cinq enfants. Leurs
deux premiers fils Mikhail et Georguij décèdent prématurément, tandis
que Dimitri vient au monde en 1895, suivie par ses deux sœurs, Matrona,
trois années plus tard, et enfin Varvara, en 1900.
A cette époque, Raspoutine est déjà connu dans son entourage pour ses
excès de débauche et d’ivrognerie. Il quitte bientôt femmes et
enfants, et mène la vie d’un errant qui survit grâce à la charité et
à l’aumône. Parcourant la Sibérie occidentale, Raspoutine frappe à
la porte des monastères et acquiert au fur et à mesure de ses
pérégrinations une réputation de sage et de guérisseur. Au contact des
multiples sectes qui fleurissent sur le terreau de la religion orthodoxe,
son mysticisme se fait doctrinaire et le conduit à l’élaboration d’obscures
théories sur la régénération par le péché et les excès en tous
genres. En 1903, Raspoutine arrive à Saint-Pétersbourg. Dans la capitale
des Tzars, il se fait rapidement connaître du haut clergé local et
devient même un personnage en vogue dans la société aristocratique,
friande d’occultisme.
Raspoutine est introduit en 1905 auprès de la tzarine par Anna Vyroubova,
une de ses dames de compagnie et disciple passionnée du mage. C’est qu’Alexandra
Fedorovna elle-même aime à s’entourer de personnages étranges. Dans
les années qui suivent cependant, Raspoutine ne paraît que rarement à
la cour. En 1908, il fait la preuve de ses talents de guérisseur en
calmant les crises d’hémophilie du tzarevitch Alexis, l’unique
héritier du trône. Raspoutine bénéficie dès lors de la confiance de
la tzarine. Nicolas II lui-même est attiré par le personnage. Après le Dimanche
Rouge du 25 janvier 1905, celui qui se vêt comme un paysan russe n’est-il
pas le symbole de la permanence de son union mystique avec le
peuple ? Aussi Raspoutine est à présent entrer dans l’intimité
des Romanov.
A la cour, le starets – mot qui désigne un vénérable laïc –
exerce peu à peu les fonctions de guide spirituel. De taille robuste, les
cheveux longs et la barbe en désordre, chaussé de ses grandes bottes
vernies et enveloppé dans un vieux manteau sombre, Raspoutine inquiète
autant qu’il fascine. Son regard perçant est difficile à soutenir pou
ses admiratrices. Habile à se mettre en scène, il se produit également
à Saint-Pétersbourg ou au palais impérial de Tsarskoie Selo dans des
séances d’exorcisme et de prières. Des rumeurs circulent d’ailleurs
à son propos. Ainsi les récits de ses débauches, prétendues ou
avérées, se multiplient et font scandale. Ses partisans et ses
détracteurs se déchaînent, d’autant plus que la présence du starets
auprès du couple impérial contribue à couper le pouvoir de son
entourage traditionnel. On accuse Raspoutine de faire et défaire les
carrières des généraux, des métropolites et même des ministres.
Parmi ses admirateurs figurent le professeur de théologie du tzarevitch
Alexis, l’archiprêtre Vassiliev, le général Voikov, commandant de la
garde du palais, le métropolite Pitirim ou la grande-duchesse Anastasia.
Lui est cependant hostile Piotr Stolypine, président du Conseil depuis
1906. Celui-ci déclenche une enquête et fait surveiller Raspoutine par l’Okhrana,
la police secrète du Tzar. Les rapports qui accablent le starets et
que ce dernier ne peut ignorer se multiplient. L’un d’entre-eux est d’ailleurs
exposé par Rodzianko, le président de la Douma. En 1911, Raspoutine est
écarté de la cour. Il se décide alors à partir en destination de la
Terre sainte, mais est de retour à Saint-Pétersbourg dès l’automne.
Avec le déclenchement de la première Guerre Mondiale au mois d’août
1914, le sulfureux personnage est définitivement discrédité. On accuse
Raspoutine de représenter le parti de l’Allemagne à la cour de
Saint-Pétersbourg. Et lorsqu’au mois de septembre 1915, contrairement
à l’avis de ses conseillers, le Tzar Nicolas II prend personnellement
le commandement des troupes, destituant par là même le grand-duc Nicolas
Nikolaevitch, on voit agir en sous-main le diabolique starets. Dès
lors, les projets d’assassinat de Raspoutine, qui vise à restaurer le
pouvoir impérial, se multiplient.
Dans la nuit du 16 au 17 décembre 1916, celui-ci tombe sous les coups des
conjurés. Invité à une réception chez le prince Félix Youssoupov,
Raspoutine résiste au poison contenu dans les mets qui lui sont servis.
Le parent de Nicolas II en personne lui tire alors une balle en pleine
poitrine. Cependant le starets, laissé pour mort, ressuscite et se
précipite à l’extérieur du palais où il est abattu par le député d’extrème-droite
Vladimir Pourichkevitch, avant de gagner la rue. Avec l’aide des autres
membres du complot – le grand-duc Dimitri Pavlovitch, cousin germain du Tzar, le
lieutenant Soukhotine et le docteur Lazovert - , ils se saisissent du
corps sans vie et le jette dans la Neva. Celui-ci est retrouvé quelques
jours plus tard. Suivant la volonté de la tzarine Alexandra Fedorovna,
Raspoutine est inhumé dans le parc du palais de Tsarskoie Selo.
Entretenue de son vivant par l’intéressé, la légende qui entoure
Raspoutine enfle après son décès. L’autopsie révèle ainsi que
celui-ci est mort noyé dans le fleuve et qu’il aurait donc résisté
aux cinq balles tirées par ses assassins. Le mythe de cette surnaturelle
résistance prend une nouvelle ampleur à partir de 1917. Après la
révolution de février, le cadavre de Raspoutine est exhumé et
incinéré. On raconte cependant qu’il refusa de brûler… Que dire de
ses dons de mage et d’astrologues… Quant au souvenir fantasque des
performances sexuelles hors du commun du starets, il perdure même
grâce aux Boney M, un groupe disco américain !
|