François-Vincent Raspail naît à Carpentras le 29 janvier 1794. Son père, un aubergiste à la foi religieuse intense, le fait entrer au séminaire d’Avignon, sur la recommandation de l'abbé Eymeric. Il est ensuite admis au Collège de la ville où lui est bientôt proposée la fonction de régent. Pendant les Cent-Jours, Raspail compose une ode à la gloire de l'Aigle, qui connait son moment de célébrité dans la ville. Il est révoqué avec la Restauration, peu après la chute de l’Empereur Napoléon Ier. Ses études achevées, Raspail se décide alors à monter à Paris en 1816. Dans la capitale, François Raspail est expulsé du collège Stanislas après avoir rédigé des pamphlets républicains. Il est ensuite contraint de devenir répétiteur afin de financer ses études de droit.

S’éloignant des convictions paternelles et de la tradition familiale, l’étudiant adhère à la libre-pensée et à l’opposition libérale. Il publie ainsi en 1821 un ouvrage intitulé Les Missionnaires en opposition avec les bonnes mœurs qui fait scandale. L’année suivante, François-Vincent Raspail change d’orientation intellectuelle et s’inscrit à la Faculté de médecine. Dans les années qui suivent, il rédige plusieurs études sur les tissus animaux et végétaux, des articles remarqués qui paraissent dans les revues scientifiques. A cette époque, Raspail adhère également à la charbonnerie. Organisée en ventes, une réunion de quelques conjurés, cette société secrète intrigue sur le modèle italien contre le régime en place.

En 1830, François-Vincent Raspail participe aux côtés du peuple parisien insurgé aux Trois Glorieuses. Lors des journées d’insurrection des 29, 30 et 31 juillet qui mettent fin au règne de Charles X, il est d’ailleurs sérieusement blessé au cours des combats sur les barricades dressées dans Paris. Quelques temps plus tard, l’insurgé préside la Société des Amis du Peuple, dissoute en 1832 par le nouveau pouvoir en place au moment du procès des Quinze. Il est alors condamné à quinze mois de prison et à 500 francs d’amende pour " offense au roi ". A cette époque, Raspail commence à exercer la médecine auprès du public. Il accède à la notoriété dans le monde scientifique grâce à l’édition de ses travaux : un Essai de chimie microscopique en 1830 suivi par le Nouveau Système de chimie organique en 1833. Le savant s’intéresse également aux conditions de vie dans les prisons, au travail dans les manufactures.



Sous la Monarchie de Juillet, François-Vincent Raspail cultive ces deux aspects de son existence. A sa sortie de prison, le républicain se place à la tête de l’Association républicaine de défense de la liberté de la presse. Il fonde le 9 octobre 1834 un journal d’opinion, Le Réformateur. Celui-ci disparaît au mois d’octobre de l’année suivante. Quelques séjours en prison, à Sainte Pélagie où sont maintenant détenus les prisonniers politiques, ralentissent son travail de savant. En 1840, sa déposition au procès de Marie Capelle, accusé d'avoir empoisonné son mari à l'arsenic fait grand bruit. Il faut cependant attendre l’année 1843 pour voir la publication de son Histoire naturelle de la santé et de la maladie, qui est suivie en 1845 d’un Manuel annuaire de la santé en 1845. Ces deux derniers ouvrages de vulgarisation lui assurent de confortables revenus. Dans ces volumes, François-Vincent Raspail précise également sa théorie parasitaire, qui anticipe de manière prémonitoire la doctrine microbienne. Cependant ces idées scientifiques lui valent l’hostilité des milieux officielles. Sa pratique de l’art de la médecine, condamné en 1846 par la faculté, se fait également militante. François Raspail est ainsi l’un des premiers propagateurs de l’hygiène et de l’antisepsie auprès des classes populaires, celles-ci préservant selon lui de la maladie.

Au mois de février 1848, Raspail participe à l’insurrection parisienne qui est à l’origine de la chute du roi Louis-Philippe et de la proclamation de la Seconde République. Le 27 février, il fonde à cette occasion un nouveau journal. L’Ami du Peuple, qui, reprenant le titre du journal de Marat, paraîtra à vingt et une reprises jusqu’au 14 mai suivant. En effet, Raspail s’associe le lendemain, 15 mai, aux manifestants qui, sous prétexte de solidarité à la Pologne insurgée contre l’autorité russe, organise un rassemblement de la gauche républicaine. Celui-ci se transforme en émeute sous l’action d’Auguste Blanqui et des membres de son parti. Le Palais-Bourbon et l’Assemblée constituante sont envahis par la foule. François-Vincent Raspail est arrêté par les autorités du Gouvernement provisoire et placé en détention au donjon de Vincennes. Le militant républicain est néanmoins élu député de Paris et de Lyon lors des élections partielles organisées le 17 septembre 1848. Quelques mois plus tard, alors qu’il est toujours maintenu en détention, François-Vincent Raspail est choisi comme candidat aux élections présidentielles par les républicains socialistes. Il n’obtient que 36.900 voix lors du scrutin, le 10 décembre 1848.



Enfin, à la suite de son procès qui a lieu au mois de mars 1849, François-Vincent Raspail est condamné à six années de prison puis transféré à la citadelle de Doullens (Somme) afin de purger sa peine. En 1853, au lendemain du rétablissement de l’Empire et avec la mort de son épouse, Napoléon III commue la sentence en bannissement. François-Vincent Raspail s’exile alors en Belgique. En 1854, il publie un nouveau ouvrage, Le Fermier vétérinaire. Bénéficiant de l’amnistie prononcée le 15 août 1859 à l’égard des condamnés politiques, le militant républicain rentre en France en 1863.

Il s’installe alors à Lyon et se consacre de nouveau à l’exercice de la médecine. Considéré comme un philanthrope et investie d’une nouvelle popularité dans la cité lyonnaise, Raspail est élu le 31 mai 1869 aux élections législatives. Son mandat est cependant écourté en raison de la chute du Second Empire provoquée par la défaite de Sedan face aux armées prussiennes. Quelques mois plus tôt, François-Vincent Raspail avait voté contre la déclaration de guerre. Le 4 septembre 1870, la République est de nouveau proclamé. Raspail demeure à Paris pendant le siège de la capitale par les armées ennemies puis pendant la Commune. Il s’abstient cependant de se prononcer clairement à propos du mouvement insurrectionnel.

Cependant, en 1874, François-Vincent Raspail est inquiété en raison de ses prises de position hostiles à la répression lors du procès des communards. Avec la publication l’année précédente d’un éloge de Charles Delescluze, il est ainsi d’être condamné à un an de prison pour " apologie de faits qualifiés de crime " par les tribunaux de l’Ordre moral. Réélu député le 5 mars 1876 dans le département des Bouches-du-Rhône, Raspail se range le 16 mai parmi les opposants au maréchal de Mac-Mahon, le Président de la République, à la Chambre des députés. Ceci lui vaut d’être triomphalement réélu à Marseille au mois d’octobre 1877.



François-Vincent Raspail décède le 7 janvier 1878 à Arcueil.