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                                                                              Pierre-Joseph PONSON DU TERRAIL

 

Pierre-Joseph PONSON DU TERRAIL

(Montmaur, 8 juillet 1829 - Bordeaux, 18 septembre 1895)



Français.

Ecrivain.



par Marc Nadaux



 

     Quelques dates :

1853, Les Coulisses du Monde.
1859, Les Exploits de Rocambole.


 






Pierre-Alexis Ponson du Terrail naît le 8 juillet 1829 à Montmaur, dans les Hautes-Alpes. Après quelques études - sans grands résultats -, l’adolescent monte à Paris où les événements de février 1848 le jettent dans l’action. Suivant ses convictions, les idées de son milieu, Ponson du Terrail s’enrôle dans la Garde nationale. Avec le grade de capitaine, l’aristocrate lutte à la tête de sa compagnie contre l’émeute qui ébranle la Monarchie de Juillet. Licencié avec la proclamation de la république, le provincial se retrouve dans la capitale, sur le pavé et sans le sou.

Après les journées de juin, l’audience des militants socialistes demeure importante. A l’Assemblée constituante, quelques-uns d’entre eux font encore entendre leurs voix. Et il trouve avec les journaux, et autres périodiques un soutien précieux. Dans le monde de la presse, les titres se sont multipliés au cours des derniers mois. Aussi Ponson du Terrail décide de poursuivre son combat grâce à sa plume. Il se présente ainsi à Alfred Nettement, directeur de L’Opinion publique, un quotidien royaliste, et lui soumet son article. Intitulé L’Icarie, il s’agit d’une critique de l’ouvrage d’Etienne Cabet, qui avait élaboré le projet d’une société idéale, une communauté située dans ce pays imaginaire.

Cet écrit n’obtient que peu d’écho. Toujours désireux de vivre de sa plume, Ponson du Terrail s’essaie alors à la littérature, dans un genre nouveau : le roman-feuilleton. Né avec la décennie précédente à l’initiative des patrons de presse, il s’agissait pour ces derniers de fidéliser leurs lecteurs, d’accroître l’audience de leurs journaux en publiant le roman d’un écrivain – Dumas, Balzac, Sue – par épisodes. A partir de 1850, Ponson du Terrail, qui révèle un talent particulier pour ce type d’écrits, collabore également avec La Mode. Il devient célèbre en 1853 avec Les Coulisses du Monde, ce qui l’amène à publier également ses œuvres dans La Patrie, L’Opinion nationale, Le Petit Journal, La petite Presse, Le Moniteur du Soir



Grâce à sa prodigieuse imagination, Ponson du Terrail devient donc un des écrivains à succès du Second Empire. Il inonde en effet la presse de ses textes, entièrement dévoués à l’action, de la série des Rocambole notamment, un héros génial par son habileté à se tirer des faux pas. Dans Les Exploits de Rocambole en 1859, puis dans de multiples suites, le lecteur peut ainsi suivre les aventures de Joseph Fipart, natif de Belleville. Ce dernier, qui choisit au sein du Club des Valets de cœurs le surnom de Rocambole, fait son apprentissage du métier de voleur. A présent habile dans l’art de la dissimulation, de l’évasion, il devient au fil de ces milliers de pages rédigées à la hâte une sorte de redresseur de torts, un héros devenu invincible, qui finit même par commander aux foules, voire aux éléments.

Sans secrétaire particulier, ni nègre – une pratique pourtant courante dans les milieux littéraires -, Ponson du Terrail en arrive à écrire en 1865 jusqu’à cinq romans à la fois. C’est trop pour un seul esprit, et bientôt ses détracteurs ne manquent point de faire remarquer, outre son style approximatif, ses raccourcis au comique involontaire, les invraisemblances de l’intrigue. Les retours au premier plan de personnages déjà morts et enterrés dans un précédent volume sont en effet devenus par trop fréquents ! A tel point que, touché par cette polémique, Ponson du Terrail change sa méthode de travail. Il fait ainsi confectionner des poupées à l’effigie des héros de ses feuilletons « rocambolesques », les pose sur sa table de travail, les faisant ensuite disparaître quant l’histoire en cours venait de sonner leurs glas. Enfermée dans une armoire, la poupée, et donc le héros, ne risque donc point de réapparaître de manière incongrue.

Ce travail de titan impose cependant à l’écrivain un régime de vie particulier. Levé très tôt, entre quatre et cinq heures du matin, celui-ci s’impose un premier temps de labeur jusque dix heures, avant de descendre de son appartement de la rue Vivienne pour aller déjeuner. Puis vient le moment de l’exercice, à la salle d’armes ou au bois, puis la promenade au Bois où le dandy se montre et salue. De retour chez lui, l’écrivain est de nouveau à sa tache. Ignorant la bohème littéraire, c’est sur les terrasses des boulevards, les nouveaux lieux où il faut être vu du Paris haussmanien, que l’on peut rencontrer Ponson du Terrail, chez Tortoni, le glacier à la mode, ou au Café anglais. Marié à une riche héritière originaire de Lyon, il gagne en sa compagnie l’été venu sa propriété de Donnery, à la Fay-aux-Loges, dans l’Orléanais.



Nommé chevalier de la Légion d’honneur, Ponson du Terrail quitte Paris au moment où la guerre est déclarée à la Prusse en 1870. Il forme et équipe un petits groupes de combattants et entend ainsi lutter contre l’envahisseur. Après quelques coups de main, Ponson du Terrail dissout le corps franc et gagne Bordeaux où s’est réfugié le Gouvernement provisoire, après la proclamation de la République à Paris. Là, il apprend que son château et ses fermes ont été incendié par les Prussiens. L’écrivain, souffrant de la variole, est à présent alité. Il décède le 20 janvier 1871, à la fin de l’après-midi. Au milieu de ces moments dramatiques, Pierre-Alexis Ponson du Terrail, créateur de Rocambole, a tout de même droit aux honneurs de ses contemporains lors de ses funérailles. Enterré à la Chartreuse de Bordeaux, son corps, exhumé, sera ensuite transporté à Paris en 1878.