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PIE VII
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Gregorio Luigi
Barnaba CHIARAMONTI,
PIE VII
(Cesena, 14 avril 1742 -
Rome, 20 août 1823)
Italien.
Religieux.
par Marc Nadaux
Quelques dates :
1800, élu Pape, prend le nom de Pie VII.
1801, signature du Concordat à la France.
1804, accepte de venir à Paris pour le sacre de
l’Empereur Napoléon 1er.
1809, les États de l’Église sont réunis à l’Empire.
publie la bulle Quum memoranda qui
excommunie l’empereur.
1814, par la constitution Sollicitudo, rétablie
également la Compagnie de Jésus.
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Gregorio Luigi
Barnaba Chiaramonti nait à Cesena dans les États pontificaux, le 14
août 1742. De naissance noble, il est élevé dans une famille très
pieuse. A l’âge de seize ans, il entre au Monastere de Santa Maria del
Monte de Cesena. A partir de 1758, Gregorio Chiaramonti y est
d’ailleurs appelé Frère Grégorio. Dans cet environnement conventuel,
il achève ses études de philosophie et de théologie, qu'il
enseigne à Parme puis à Rome dans les collèges de son
ordre. Frère Grégorio est bientôt nommé abbé du monastère de saint
Calixte situé dans la ville sainte par le pape Pie VI, ami de la
famille Chiaramonti.
Cependant, une plainte s’élève contre le nouvel abbé. L’abbé de
Barnaba est accusé de non résidence dans son monastère. Après enquête
de la papauté, il est blanchi. Pie VI le nomme alors évêque de Tivoli
en 1782. Monseigneur Chiaramonti rejoint ensuite le diocèse d’Imola ;
il est en même temps élevé à la dignité de cardinal, le 14 février
1785. En 1797 cependant, les troupes françaises envahissent le nord de la
péninsule italienne. Soucieux d’éviter les malheurs de la guerre, l’évêque
d’Imola recommande à ses fidèles de s’abstenir de toutes formes de résistance
face à un ennemi plus puissant. Il doit de plus intercéder auprès du général
Augereau afin que ce dernier épargne les habitants de Lugo, peu attentifs
à ses conseils. Quelques temps plus tard, dans son homélie prononcée
lors des célébrations de noël, il préconise d’ailleurs la soumission
à la République cisalpine. Selon l’évêque d’Imola, l’adhésion
à la démocratie n’est pas inconciliable avec les commandements de l’Église.
A la mort du pape Pie VI, les cardinaux se réunissent en conclave à
Venise. Monseigneur Chiaramonti est alors élu le 14 mars 1800, puis
couronné le 21 mars suivant. Il prend
le nom de Pie VII.
Pie VII quitte bientôt cette ville autrichienne et rejoint Rome le 3
juillet de la même année : le nouveau pape fait une entrée
solennelle dans la ville sainte. Vainqueur à Marengo quelques temps plus
tôt, Bonaparte est maître de la ville. Désireux d’apaiser les
tensions issues de la période révolutionnaire, le premier consul fait
alors au souverain pontife quelques propositions afin de régler la
question religieuse. Pie VII lui-même est soucieux de la condition dans
laquelle se trouve les catholiques au-delà des Alpes. Malgré les
difficultés dues aux oppositions anticléricales ou gallicanes, à la
situation des évêques non jureurs ou à celle de l’Église
constitutionnelle en France, les négociations laborieuses menées pour la
papauté par le cardinal Consalvi aboutissent à la signature du
Concordat, le 15 juillet 1801. Celui-ci régira pendant tout le siècle
les relations entre l’Église de France et les autorités. Pie VII fait
par cet accord de nombreuses concessions. Il renonce aux propriétés du
clergé, confisquées et vendues comme biens nationaux. De plus, aucune
mention n’est faite dans ce texte des légations (les terres d’Église
annexées par la France). Il entérine également la démission de tous
les évêques issus de l’Ancien Régime. Enfin, le catholicisme dans la
France de Bonaparte n’est plus que " la religion pratiquée
par le Premier Consul ". En échange le souverain pontife
obtient le désaveu de la constitution civile du clergé, la déposition
de l’épiscopat institué depuis 1790 ainsi que le droit d’accorder
l’investiture canonique aux nouveaux prélats. Le pape triomphe donc du
gallicanisme et impose son autorité au clergé de France. Cependant, le
premier consul apporte quelques temps plus tard des aménagements à cet
état de fait par la publication des articles organiques. Ceux-ci
affirment l’autorité du pouvoir civil sur l’Église de France. Le
ministère des Cultes doit donner son aval à la publication des bulles et
des conciles. La réunion des synodes diocésains et la création de séminaires
sont également soumises à son autorisation. Enfin le clergé devient un
corps de fonctionnaires, les prêtres des desservants de leur paroisse rétribués
par l’État.
Pie VII conclu un accord semblable avec la République italienne le 16
septembre 1803. Les tractations menées par le Saint Siège avec les
royaumes de Bavière et du Wurtemberg n’aboutissent pas. Pie VII
souhaite de nouveau traiter directement avec Bonaparte qui a mis fin en
1806 au Saint Empire romain germanique. Cependant, les relations avec ce
dernier se tendent. Espérant une renégociation des articles organiques
du concordat, Pie VII accepte de venir à Paris pour le sacre de l’Empereur
le 2 décembre 1804 (et attend pendant deux heures et quart à Notre Dame
l’arrivée du cortège amenant Napoléon). Mais les motifs de friction
entre l’Empereur et la papauté se multiplient. Pie VII proteste contre
l’occupation de la ville d’Ancône en 1805. Il s’offusque également
de la condition du clergé italien placé sous l’autorité de Napoléon,
roi d’Italie. Enfin, le pape refuse de participer au blocus continental
imposé à l’Europe. Le 2 février 1808, les troupes du général
Miollis occupent Rome. Pie VII, intransigeant et refusant toutes négociations,
se considère désormais comme prisonnier dans son palais du Quirinal.
Quelques temps plus tard, le 16 mai 1809, les États de l’Église sont réunis
à l’Empire, le Saint Siège est donc dépossédé de son pouvoir
temporel. Pie VII réplique par la bulle Quum memoranda qui
excommunie l’empereur le 10 juin de la même année. Le 6 juillet, il
est arrêté par le général Radet puis par Florence, Grenoble et Nice,
il est conduit de force à Savone, près de Gènes. Bientôt les cardinaux
sont appelés à Paris, capitale de l’Empire et centre de la chrétienté
désormais.
Pie VII refuse pourtant de se plier à la volonté de Bonaparte et
s’oppose à l’investiture canonique de nouveaux évêques. De Savone,
le pape continue d’ailleurs à diriger l’Église. Aussi l’Empereur
donne t-il bientôt des ordres afin qu’on le place au secret. Le 17 juin
1811, il convoque un concile national, placé sous la présidence du
cardinal Fesh, son oncle, et auquel participent des prélats allemands et
italiens. Celui-ci, après menaces et arrestations, décide de conférer
ce pouvoir de l’investiture à l’évêque métropolitain. Le pape désavoue
aussitôt cette décision. Le 20 juin 1812, il est amené à
Fontainebleau, Bonaparte devant son refus considérant le concordat de
1801 comme annulé. Après la retraite de Russie, Pie VII signe, sous la
pression de l’Empereur, un nouveau concordat d’inspiration très
gallicane, le " concordat de Fontainebleau ", le 25
janvier 1813. Il le récuse peu après le 24 mars suivant. Malgré la
publicité qu’en fit Bonaparte en le publiant dans Le Moniteur,
les curés et les évêques français ne furent pas dupe de ce traité
passé sous la contrainte. L’opposition larvée du clergé à L’Empereur
persista. Le soulèvement des nations européennes apaisent bientôt les
difficultés du pape. Pie VII quitte Fontainebleau le 23 janvier 1814. Il
est de retour à Rome, le 24 mai, avec l’accord de l’Empereur.
Le prestige de la papauté sort renforcé de ces événements dramatiques.
Elle suscite l’intérêt des apologistes du courant ultramontain. En
France, Joseph de Maistre dans son essai Du Pape fait de
l’infaillibilité pontificale la clef de voûte de la restauration de
l’ordre européen. Différents souverains rendent bientôt visite au
pape de Rome : l’empereur d’Autriche en 1819, le roi de Naples en
1821, le roi de Prusse en 1822. Ceci confère à Pie VII le statut
d’interlocuteur auprès des puissances européennes de la restauration.
Le souverain pontife dans sa grande mansuétude accorde même
l’hospitalité à la famille Bonaparte, à la reine Hortense, mère de
l’Empereur en exil, à ses frères Lucien et Louis ainsi qu’à son
oncle, le cardinal Fesch. Il intervient d’ailleurs auprès des autorités
anglaises afin que les conditions de captivité de Napoléon soient plus
clémentes. Pie VII lui envoie bientôt un aumônier, l’abbé Vignali.
Le Congrès de Vienne où la papauté est représentée par monseigneur
Consalvi rend au Saint Siège sa souveraineté sur les États de l’Église.
Jusqu’au terme de son pontificat, Pie VII est occupé à restituer dans
une Europe bouleversée par vingt années de conflits la situation des Églises
nationales. Les tractations du Saint Siège aboutissent à la signature
des concordats avec les royaumes de Piémont Sardaigne et de Bavière en
1817, le royaume des Deux-Siciles en 1818 et enfin avec la Prusse en 1821.
De nouveaux évêchés sont également érigés aux États-Unis d’Amérique.
Avec la France, Pie VII renonce au concordat envisagé en 1817 en
compagnie du nouveau souverain Louis XVIII. Cet accord est en effet
repoussé par la Chambre des députés. On en revient au texte de référence,
le concordat signé en 1801 avec le premier consul.
Dans ses États, la papauté fait le choix de conserver certaines
innovations issues de la présence française. Pie VII entérine ainsi
l’abolition des droits féodaux de la noblesse, la suppression des
antiques privilèges des villes. Ces mesures accroissent le pouvoir
temporel du Saint Siège. Elles renforcent également l’opposition libérale
des carbonari contre laquelle Pie VII doit bientôt lutter. Celle-ci
s’organise bientôt dans la clandestinité. Par la constitution Sollicitudo,
publiée le 7 août 1814, le pape rétablie également la Compagnie de Jésus.
Victime d’une chute le 6 juillet 1823, Pie VII décède le 20 août
suivant.
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