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                                                                              Michel Vasiliev BOUTACHEVITCH-PETRACHEVSKI

 

Michel Vasiliev BOUTACHEVITCH-PETRACHEVSKI 

(1821 - 1866)


Russe.

Homme politique.



par Marc Nadaux


 

     Quelques dates :

1849, arrêté par la police du Tzar, avoue ses convictions fouriéristes, déporté.

 






Michel Vasiliev Boutachévitch-Petrachevski naît en 1821. Issu d'une famille de l'aristocratie terrienne, il effectue ses études au lycée de Tsarskoié-Sélo. Bon élève, il entre ensuite à la Faculté, fait son droit, avant d'être employé - comme beaucoup de jeunes nobles à cette époque en Russie - dans l'administration du Tzar. Petrachevski est nommé interprète au ministère des Affaires étrangères en 1840. Là, le jeune homme étonne par l'aspect peu commun de sa tenue vestimentaire, ses cheveux longs, sa barbe hirsute... ces attributs qu'il conservera malgré les avertissements de ses supérieurs. Petrachevski est cantonné à des tâches subalternes. Il trouve néanmoins à s'occuper en classant et en inventoriant les biens des étrangers, tombés en déshérence. Le jeune homme met ainsi la main sur de nombreux ouvrages interdits par la censure tsariste, de quoi se constituer une bibliothèque originale.

Celle-ci s'installe dans la grande maison familiale, sise au coin de la rue Sadovaia et de la place Pokrovski. C'est là que Boutachévitch-Petrachevski vit, en compagnie de sa mère et de ses cinq soeurs. A partir de 1842, chaque vendredi, dans l'appartement que Petrachevski s'est attribué, se réunit un petit cercle d'amis. Jeunes officiers, fonctionnaires, intellectuels, ceux-ci partagent les mêmes idées libérales, très avancées en matière sociale et politique. Le poète Spechnev, l'écrivain Dostoïevski sont des leurs. Après une conférence prononcée par l'orateur de la semaine, on boit, on mange, on s'amuse et on devise sur l'actualité du temps. Un " Dictionnaire de mots étrangers ayant pénétré dans la langue russe " est publié par les soins de ce petit cercle libertaire. C'est l'occasion pour eux, sous couvert de curiosité linguistique, d'évoquer dans ce volume certaines théories nouvelles. Le projet de création d'une Confrérie d'aide mutuelle sera lui rapidement abandonné.



Avec le décès de son père, survenu alors qu'il n'est âgé que de treize ans, Petrachevski hérite d'une petite fortune. En bon disciple du philosophe socialiste Jacques Fourrier, il va alors s'employer à réaliser dans la pratique les projets - tout théorique - de création d'une nouvelle société décrite par ce dernier. En effet, le fonctionnaire possède à présent un hameau de sept misérables isbas dans le district de Saint-Pétersbourg. Sur le modèle du phalanstère de Fourrier, il entreprend alors la construction d'une maison commune à destination de ses moujiks. Celle-ci comprend notamment une cuisine et une salle commune, ainsi que des bâtiments d'exploitation. Mais les paysans - sans doute pas encore au fait des joies de la vie communautaire - décident de mettre le feu au palais social, le lendemain de son inauguration ...

La révolution de 1848 plonge cependant le pouvoir et Nicolas Ier dans l'inquiétude. Et si ce vent de liberté gagnait la Russie, pourtant préservée des événements de 1789, deux générations plus tôt ? Pekrovski, le ministre de l'Intérieur, et le comte Orlov, chef du " Corps des Gendarmes ", une police politique dévouée au Tzar, rivalisent pour placer sous surveillance les agitateurs potentiels. Parmi eux, Petrachevski et ses amis. Ce dernier est arrêté à son domicile, le 23 avril 1849, et enfermé dans une cellule de la forteresse Pierre-et-Paul de Saint-Pétersbourg. L'enquête commence et, après vingt-trois jours passés au secret, le prisonnier est interrogé. Petrachevski avoue ses convictions fouriéristes. En compagnie de ses amis, il comparaît ensuite au tribunal, au moment où s'ouvre le procès des Pétrachistes.

Soixante inculpés, puis, rapidement, vingt-trois accusés accompagnent Petrachevski. Ceux-ci sont condamnés à mort par ordre de Nicolas Ier, le 23 décembre 1849, avant que la sentence ne soit commuée, pour le fouriériste et deux de ses amis, Mombelli et Spechnev, en détention à perpétuité, sur le lieu même de l'exécution. De longues années durant, ces derniers vont connaître l'exil dans les camps de travail de Sibérie, évoqué plus tard par leur ancien ami Dostoïevski dans ses Souvenirs de la maison des morts. Petrachevski, lui-même, décède loin de Saint-Pétersbourg, au fond d'une masure glacé, devenu à moitié fou.