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Charles PÉGUY 

(Orléans, 7 janvier 1873 - Villeroy, 5 septembre 1914)


Français.

Ecrivain.



par Marc Nadaux


 

     Quelques dates :

1894, admis entre à l'École Normale Supérieure.
1900, fonde les Cahiers de la Quinzaine, une maison d'édition indépendante.
1905, Notre Patrie.
1910, Notre Jeunesse.
         Le Mystère de la charité de Jeanne d'Arc.



 






Charles Péguy naît à Orléans, au 50 rue Faubourg Bourgogne, le 7 janvier 1873, au sein d’une famille de modeste condition. Son père, Désiré Péguy, menuisier de son état, décède l'année même de sa naissance, le 18 novembre. Aussi l’enfant est élevé par sa mère, née Cécile Quérée, originaire du Bourbonnais, qui apprend alors le métier de rempailleuse de chaises, afin de subvenir à leurs besoins. En ces années où se met en place " l’école de Jules Ferry ", gratuite laïque et obligatoire, Péguy est un remarquable élève. Entré à l'école primaire au mois d'octobre 1879, il obtient cinq années plus tard son certificat d'études. Aussi au mois d'octobre 1884, l'élève modèle entre cette fois-ci à l'École primaire supérieure du Cloître Sainte-Croix. Distingué par ses maîtres d’école, Charles Péguy bénéficie d’une bourse d’enseignement et est admis en 6e, année de sa première communion. Le Lycée Lakanal de Sceaux l'accueille au mois d'octobre 1891, après qu'il eut obtenu, le 21 juillet précédent, le Baccalauréat es Lettres. L'année suivante, ayant échoué une première fois au concours d'entrée à l'École normale supérieure,  Charles Péguy devance l'appel et s'engage au 131e régiment d'infanterie, à Orléans bénéficiant ainsi de la loi dite du " volontariat de un an ".

Au mois d'août 1894, il est enfin  admis entre à l'École Normale Supérieure et découvre ainsi les humanités. Charles Péguy et ses camarades ont alors pour professeur des maîtres à penser prestigieux comme le médiéviste Joseph Bédier ou l’écrivain Romain Rolland. Le philosophe Henri Bergson, auteur quelques années plus tard de L’Évolution créatrice, aura une grande influence sur la maturation intellectuelle du jeune homme. Ce dernier est licencié ès lettres au mois de novembre 1894. Après avoir échouer à l'agrégation de philosophie, il démissionne de l’institution au mois de novembre 1897. Dans les mois qui ont précédé cette décision, Charles Péguy a abandonné toute pratique religieuse et s’est engagé avec conviction dans la cause dreyfusiste, après avoir fait la connaissance de Bernard Lazare. Il s’essaie aussi à la littérature et collabore à la Revue Blanche. Péguy achève à la même époque sa première œuvre, Jeanne d’Arc, un vaste drame poétique en trois pièces et vingt-quatre actes. Celui-ci est publié au mois de décembre 1897 et l’on perçoit déjà toute la fascination de son auteur pour l'héroïsme et la sainteté du personnage. Cette dernière le hantera sa vie durant.

Le 28 octobre 1897, Péguy se marie civilement avec Charlotte Baudouin, la sœur de son plus intime ami, Marcel Baudoin, récemment décédé. Le couple, qui demeure au 7, rue de l’Estrapade à Paris (5e) , aura quatre enfants : Marcel naît le 10 septembre 1898 ; Germaine, le 7 septembre 1901 ;  Pierre, le 25 juin 1903 et enfin Charles-Pierre, le 4 février 1915. Ses convictions évoluent alors et s’orientent vers les idées socialistes. Charles Péguy s’engage ainsi publiquement aux côtés de Jean Jaurès, Lucien Herr et Charles Andler, signant notamment une pétition pour la révision du procès d'Alfred Dreyfus dans L'Aurore. Il collabore activement à la Revue Socialiste. Péguy investit également dans une librairie, ouverte le 1er mai 1898 au 17 rue Cujas (5e) en compagnie de Georges Bellais. Le capital de l'entreprise est mis à sa disposition par sa belle-famille. Installée rue de la Sorbonne, celle-ci devient rapidement un foyer de résistance au socialisme marxiste prônée par Jules Guesde, ainsi qu’à l’influence de Jean Jaurès sur la vie de la gauche parlementaire. L’affaire périclite cependant à la suite de nombreuses difficultés financières. Au mois de juillet 1899, elle se transforme en Société nouvelle de librairie et d'édition et Charles Péguy en perd le contrôle. Ceci l’éloigne de manière définitive de ses amitiés de gauche. Quelques temps auparavant, les Péguy déménagent à Saint-Clair, près d'Orsay. 



Au mois de janvier 1900, Charles Péguy fonde les Cahiers de la Quinzaine, une maison d'édition indépendante qui publie chaque mois sa propre revue littéraire. Installée bientôt au 8 rue de la Sorbonne, l’écrivain en assume personnellement la direction, tandis qu'il prend André Bourgeois pour administrateur. Celle-ci connaîtra 238 livraisons entre 1900 et 1914 qui lui permettent de publier ses œuvres, ainsi que celles de ses amies tels André Suarès, Anatole France, Georges Sorel ou Julien Benda. Charles Péguy rédige également des Textes formant dossier sur les aspects brûlants de l'actualité comme la séparation de l'Église et de l'État, la défense des peuples luttant pour leur indépendance ou la crise de l'enseignement… Lui-même, journaliste et chroniqueur, dialogue avec ses abonnés pour dénoncer la démagogie ambiante et les totalitarismes à venir. De Jean Coste, le 4 novembre 1902, s’attaque à Jaurès ; Courrier de Russie, ainsi que Les Suppliants parallèles, le 12 décembre 1905, manifestent son intérêt pour la lutte sociale et les événements de la Russie de Nicolas II...

Avec la naissance du siècle, le discours de Charles Péguy se teinte de nationalisme. S’il poursuit son combat pour les idées humanitaires, l'incident de Tanger en 1905 lui révèle la menace allemande et l'ampleur du " mal universel ". Péguy s’élève alors contre le pacifisme et l'internationalisme de la gauche. Au mois d’octobre 1905, il publie Notre Patrie, un écrit polémiste et patriotique. Le 26 décembre suivant, Louis de Gonzague invite à demeurer vigilant devant l'éventualité d'une nouvelle guerre. Dans les années qui suivent, l’écrivain dénonce également le scientisme du " parti intellectuel ", autrement dit ses anciens professeurs de l'enseignement supérieur. Situations notamment est publié à partir de 1907. Le 12 juillet 1910, avec Notre Jeunesse, il se souvient du combat passé de l'Affaire Dreyfus.

Dès le mois de mars 1907, à son ami Jacques Maritain, Charles Péguy avait fait la confidence de son retour à la foi. Souffrant de maladie, c'est à Joseph Lotte qu'il avoue ensuite son adhésion au catholicisme, le 10 septembre de l'année suivante. En 1912, du 14 au 17 juin, puis de nouveau en 1913, du 25 au 28 juillet, il effectuera à deux reprises le pèlerinage à Notre-Dame de Chartres. Dans les Cahiers de la Quinzaine, l’écrivain fustige à présent le socialisme officiel, auquel il reproche sa démagogie et son sectarisme anticlérical, après la séparation de l’Église et de l’État. Péguy  se fait mystique dans des essais philosophiques comme Clio, dialogue de l’histoire et de l’âme païenne, publié entre 1909 et 1912, ou Victor-Marie, comte Hugo, en 1910.

Son style personnel et intemporel trouve aussi à s’exprimer dans de vastes poèmes oratoires aux rythmes lancinants : Le Mystère de la charité de Jeanne d'Arc, publié le 16 janvier 1910 ; Le Porche du mystère de la deuxième vertu, le 22 octobre de l’année suivante ; Le Mystère des saints Innocents, le 24 mars, et La Tapisserie de sainte Geneviève et de Jeanne d'Arc, le 1er décembre 1912 ; La Tapisserie de Notre-Dame, le 11 mai 1913. Ces dernières œuvres, écrites en alexandrins, sont dominées par le thème de la lutte en l'Homme de la grâce divine et des forces mortelles. Charles Péguy s’attache aussi à exprimer ce qui lie le spirituel au temporel. Enfin, avec Ève, le 28 décembre 1913, un vaste poème symphonique de quelque 3.000 quatrains, l’écrivain patriotique célèbre de nouveau les morts " pour la terre charnelle ", celle des ancêtres.



Le 2 août 1914, la mobilisation générale contraint celui qui appelle la naissance de la " génération de la revanche " d'interrompre sa Note conjointe sur M. Descartes et la philosophie cartésienne, un plaidoyer pour la défense de Henri Bergson. Engagé volontaire à l’âge de 41 ans, l’officier de réserve Charles Péguy, avec le grade de lieutenant, effectue la campagne de Lorraine à la tête de la 19e compagnie du 276e régiment d'infanterie, du 11 au 28 août 1914. Celui-ci effectue une retraite à pied jusqu'aux portes de Paris, du 29 août eu 4 septembre suivant. L'écrivain est tué, le 5 septembre 1914, lors des premiers combats de la bataille de la Marne. A Villeroy, à proximité de Neufmontiers-les-Meaux, et à la tête de sa section d'infanterie, une balle allemande l’atteint au front.