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Émile OLLIVIER
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Émile OLLIVIER
(Marseille, 2 juillet
1825 - Saint-Gervais-les-Bains, 20
août 1913)
Français.
Homme politique.
par Jean-Marc
Goglin
Quelques dates :
1848, nommé Commissaire de la République dans le département
des Bouches-du-Rhône et le Var.
1857, élu député de la Seine.
1864, accepte d'être le rapporteur de la loi
octroyant le droit de grève.
1870, Ministre de la Justice et des Cultes et chef du
gouvernement.
met en place les institutions
de l'Empire libéral.
élu à l’Académie française.
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Émile Ollivier naît
à Marseille le 2 juillet 1825 où son père est négociant. Après avoir
fait son droit, il devient avocat à Paris alors que le pouvoir, sous la
Monarchie de Juillet, est confisqué depuis plusieurs années par les
ministères conservateurs. Avec l’avènement de la Seconde République
et grâce aux relations familiales, à l’amitié de Ledru-Rollin
notamment, Ollivier est nommé Commissaire de la République dans le département
des Bouches-du-Rhône et le Var au mois de février 1848. Puis, après les
Journées de juin et alors que le général Cavaignac est nommé Président
du Conseil, Ollivier est muté en Haute-Marne, en tant que Préfet à
Chaumont. Avec la victoire de Louis-Napoléon Bonaparte le 10 décembre
1848 aux élections présidentielles, il est bientôt écarté de ses
fonctions, au mois de janvier 1849. L'avocat retourne alors à ses activités
au Palais de justice.
Alors que son père, député républicain à l’Assemblée nationale,
est bientôt proscrit après le coup d’État du 2 décembre, Ollivier
s’oppose à la proclamation du Second Empire, le 2 décembre 1852.
L’autoritarisme du nouveau régime l’incite à se lancer dans une
carrière politique. Il est bientôt élu député de la Seine aux élections
législatives organisées les 21 et 22 juin 1857. Cependant, Ollivier, qui
est un des cinq élus républicains, est contraint de prêter serment à
l’Empire afin de pouvoir siéger au Corps législatif. Sa carrière
parlementaire débute ainsi sous le signe du compromis. Avec Jules Favre,
Ernest Picard, Jacques-Louis Hénon, Louis Darimon, il fonde alors le
Groupe des Cinq.
Ollivier n'abandonne pas pour autant ses convictions et s'affirme d'emblée
comme le principal orateur de l’opposition. Il adopte l'attitude d'un
opposant résolu et pragmatique, réclamant sans relâche des réformes. Le
décret du 24 novembre 1860 fait d’ailleurs naître en lui l'espérance
d'une évolution des institutions conduisant au parlementarisme. Réélu
les 30 et 31 mai 1863, il se rapproche alors du régime lorsqu'il accepte
d'être le rapporteur de la loi promulgué le 25 mai 1864 et octroyant le
droit de grève. Le député républicain rencontre bientôt l’Empereur
l’année suivante.
Ollivier devient alors suspect à ses anciens amis qui le rejettent. Il se
voit en même temps proposer des postes ministériels, d'abord par le duc
de Morny, en 1865, puis par le comte de Walewski, en 1867 qui lui offre le
portefeuille de l'Instruction publique et la fonction d'orateur du
gouvernement au Corps législatif. Ceux-ci se heurtent à un refus catégorique. Ollivier
souhaite en effet que son arrivée au pouvoir signifie clairement le
triomphe de ses idées et le ralliement de Napoléon III à ses
conceptions. Les promesses libérales de la Lettre impériale du 19
janvier 1867 lui procurent alors de nouveaux espoirs. Déçu par
l'application qui en était faite par Eugène Rouher, il se pose désormais
comme son rival.
Tandis que celui-ci est contraint de démissionner en 1869, Émile
Ollivier est de nouveau élu aux élections législatives des 23 et 24
mai, la même année. Le député du Var se voit alors comme le chef du
Tiers Parti victorieux. Le 27 décembre 1869 d’ailleurs, Napoléon III
charge Ollivier de proposer un cabinet représentant la majorité législative.
Cette demande marque la victoire du parlementarisme et le début d'une ère
constitutionnelle nouvelle pour l'Empire. Le 2 janvier 1870 entre en
fonction un gouvernement d'hommes nouveaux qui associe les bonapartistes
libéraux, de centre droit, et les orléanistes ralliés à l'Empire libéral,
de centre gauche ; les bonapartistes autoritaires en étant exclus.
Ollivier se réserve la charge du Ministère de la Justice et des Cultes.
Disposant de la confiance et de l'affection de Napoléon III, il est le véritable
chef du ministère. Dans un opuscule écrit de sa main, Le 19 Janvier, Émile
Ollivier avait d'ailleurs exposé ses conceptions à propos du nouveau
fonctionnement des institutions. Cependant, son autorité est rapidement contestée.
L’œuvre d’Émile Ollivier durant sa présence au gouvernement est très
importante. Fidèle à ses idées et loyal vis-à-vis de l'Empereur, il
engage une révision constitutionnelle d'ensemble qui crée un système
parlementaire. Celui-ci est officialisé avec la Constitution du 21 mai
1870. Les procédés de la candidature officielle sont désormais abandonnées
tandis que le baron Haussmann ainsi que quelques autres préfets
autoritaires sont renvoyés. L’amnistie est également prononcé pour
Ledru-Rollin, exilé depuis 1849. S’il s’attache à une application
modérée de la législation sur la presse, Émile Ollivier met cependant
fin à l'agitation qui règne depuis 1868 en faisant preuve de fermeté
face aux manifestations dues à l'affaire Victor Noir. Ainsi, peu près la
levée de son immunité parlementaire, Henri Rochefort, fondateur du
journal La Lanterne, est placé en détention. Le chef du
Gouvernement fait également envoyé la troupe contre les grévistes du
Creusot et arrêter les principaux dirigeants de la section française de
l'Internationale des travailleurs, créée à Londres quelques années
plus tôt. Le plébiscite du 8 mai 1870 consacre alors la réussite de sa
politique. Celle-ci lui permet d’ailleurs d’être élu à l’Académie
française, le 7 avril 1870.
Bien que personnellement favorable à la paix avec la Prusse, Émile
Ollivier se laisse dépasser par les partisans de la guerre. Demeurant
passif face à leurs initiatives, il assume pourtant personnellement la
responsabilité du déclenchement des hostilités, le 19 juillet 1870. Les
premiers revers fournissent à ses opposants l'occasion de renverser son
gouvernement, le 9 août suivant. Son impopularité oblige alors Émile
Ollivier à s’exiler en Italie où il demeure jusqu'en 1873. Son retour
en France signifie également l’entrée à l’Académie française, son
départ précipité quelques mois plus tôt ne lui ayant pas donné le
temps d’être reçu au sein de l’institution. Cependant le discours,
trop politisé, qu’il prononce à cette occasion n’emporte pas l’adhésion
des académiciens qui l’accueille avec froideur.
Émile Ollivier souhaite alors reprendre son combat politique au sein de
la Troisième République. Il se représente aux élections législatives,
de nouveau dans le département du Var, en 1876 et en 1877, mais est à
chaque fois battu. Ollivier, résigné, décide de consacrer
le reste de son existence à l'écriture, cherchant à justifier son action. Les
dix-sept volumes de son Empire libéral, vaste plaidoyer sous forme
de mémoires publié de 1894 à 1902, constituent ainsi une véritable
histoire du règne de Napoléon III. Pendant ces années, Émile Ollivier
assiste également aux séances de l’Académie française où il se fait
souvent remarquer par ses prises de positions politiques. Il en devient le
doyen en 1906.
Émile Ollivier décède le 20 août 1913, à Saint-Gervais-les-Bains.
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