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Gérard de NERVAL
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Nicéphore
NIEPCE
(Chalon-sur-Saône,
7 mars 1765
-
Saint-Loup-de-Varennes,
5
juillet 1833)
Français.
Physicien.
par Marc Nadaux
Quelques dates :
1824, obtient ses
fameux " Points de vue à la chambre obscure ", les premières
photographies..
1839, présentation à
l'Académie des Sciences du " Daguerréotype ".
1841, Historique
de la découverte improprement nommé daguerréotype, précédé
d'une notice sur son véritable inventeur Nicéphore Niepce.
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Joseph
Niepce naît le 7 mars 1765 à Chalon-sur-Saône. Son père s’est mis au
service de la monarchie. Avocat, il est aussi conseiller du Roi, titulaire
de la charge de receveur des consignations du Chalonnais. Joseph, qui a
une sœur et deux frères, entre en 1786 chez les frères Oratoriens à
Angers. Ses parents le destinent en effet à la prêtrise. Auprès des
religieux, l’enfant, puis l’adolescent, s’il fait ses humanités, se
passionne surtout pour la physique et la chimie, des disciplines neuves
portées par le mouvement des Lumières. Ayant quitté l’institution
deux années plus tard, il s’engage dans la Garde nationale à
Chalon-sur-Saône, en 1789. Niepce adhère en effet à ces idées neuves
qui abolissent l’ordre ancien. Désormais, il prend le surnom de Nicéphore
et signe ainsi ses lettres. En 1792, le jeune homme s’engage dans les
armées de la République. « La Patrie est en danger » et il répond
ainsi à la « levée en masse » décidée par le nouveau
pouvoir parisien. Après avoir fait les campagnes du Sud de la France et
de Sardaigne, Nicéphore Niepce, souffrant, quitte la vie militaire en
1794.
Il
vit désormais à Nice, où son frère aîné Claude le rejoint bientôt,
et se marie avec la fille de sa logeuse, Agnès Romero. Un enfant, un fils
prénommé Isidore, naît en 1795 au couple. Plus tard, en 1797, la
famille Niepce effectue un voyage en Sardaigne. C’est à cette époque
que Nicéphore et son frère Claude songe à reproduire des images, à ce
qui deviendra la photographie. De retour à Nice l’année suivante, les
deux frères se livrent à leurs premiers travaux d’inventeurs et
travaillent à la mise au point d’un nouveau principe de moteur.
Contrairement à la machine à vapeur, celui-ci est basé sur la
dilatation de l’air au cours d’une explosion. En 1801 cependant, ils
rejoignent Chalon-sur-Saône, où les appellent la gestion du patrimoine
familial, des terres agricoles et des vignes dont Mme Niepce mère avait
la charge depuis la mort de son mari en 1785.
En
1807, les frères Niepce voient leurs recherches couronnées de succès.
Ils obtiennent en effet pour une période de dix années la jouissance
d’un brevet d’invention de la part de l’Empereur des Français pour
leur moteur qu’ils nomment " Pyréolophore ".
Celui-ci est le premier du genre à combustion interne, celle du charbon
mélangé à de la résine, puis du pétrole.
Afin d’en assurer la mise au point, une
maquette de bateau construite par leurs soins remonte le courant de la Saône,
le moteur des frères
Niepce assurant la propulsion en aspirant
puis en refoulant l'eau. A peine savourent-ils
cette première réussite qu’ils se lancent dans un autre projet :
l’élaboration d’une pompe hydraulique destinée à remplacer la
machine de Marly, qui
assure l’alimentation en eau du château de Versailles. Mais c’est un
projet concurrent qui sera finalement retenu.
Les
circonstances politiques orientent également leurs recherches. Napoléon
décide de la mise en place d’un blocus sur le continent afin d’épuiser
l’économie de l’Angleterre. Nicéphore Niepce et son frère
travaillent alors à la culture du pastel, une plante dont est tiré un
colorant, afin d’en augmenter les rendements. Celui-ci permet ainsi de
remplacer l’indigo, importé depuis le siècle précédent des colonies
antillaises, qui manquent cruellement. Car l’ennemi anglais et la Royal
Navy, depuis Trafalgar, est maître des mers, donc de l’Océan
atlantique. En 1816, leur brevet d’invention du Pyréolophore arrivant
bientôt à expiration, Claude Niepce quitte la maison familiale et gagne
Paris, puis l’Angleterre. Pour aller de l’avant et éviter la ruine,
les deux inventeurs doivent en effet tirer quelques deniers de leurs précédents
travaux.
En
1815, à
Paris, dans les jardins du Luxembourg,
Karl Drais von Sauerbronn avait présenté au public présent sa « Draisienne ».
Sur un cadre auquel il avait fixé des roues, l’Allemand avait parcouru
quelques centaines de mètres. Sur le même modèle, mais après y avoir
adapté une selle réglable, Niepce se
construit un engin roulant. Demeuré seul à Chalon-sur-Saône, Nicéphore
Niepce se lance enfin dans des recherches
sur la fixation des images, un projet qui lui tient depuis longtemps à cœur.
Au mois de mai 1816, il utilise ainsi le chlorure d'argent, qui à la
propriété de noircir. Ayant enduit de cette substance une feuille de
papier placée au fond de la chambre, il parvient à reproduire en négatif
des gravures, des lithographies, une vue de sa fenêtre. Niepce appelle
ces premiers documents des " rétines ". S'il s'agit d'une première
avancée, ceux-ci cependant sont inutilisables, puisque le chlorure
continue de noircir à la lumière. Cherchant à pallier à ce défaut,
l’homme de sciences découvre qu'il est également possible d'obtenir
des positifs grâce au bitume de Judée. Il réalise ainsi en 1822 une
copie de dessin – un portrait du pape Pie VII - par la seule action de
la lumière du soleil sur une plaque de verre enduite de ce goudron
naturel.
Niepce
s'intéresse ensuite au procédé de la chambre noire, jusqu'à présent
utilisé comme instrument à dessiner. A l’époque, grâce à une simple
boîte percée d’un trou muni d’une lentille, on obtenait une image
renversée. Niepce
s’adresse à des opticiens de Paris, Vincent
et Charles Chevalier, qui lui fournissent des optiques afin de
perfectionner le système de la chambre obscure. Ainsi, en 1824, Nicéphore
Niepce obtient ses fameux " Points
de vue à la chambre obscure ", les premières photographies. Le
temps de pose nécessaire cependant est considérable, cinq journées entières
avant que l’image ne se fixe sur des pierres lithographiques enduites de
bitume. Aussi cherche t-il par la suite à obtenir des images gravées sur
du cuivre en traitant par la méthode des eaux-fortes – en appliquant un
acide sur le métal - les photographies obtenues avec le bitume. Pour
mener à bien, cette nouvelle opération, Niepce fait
appel cette fois-ci à un graveur Parisien, Augustin Lemaître. A partir
de 1826, c’est aussi sur l’étain qu’il fixera ces mêmes images.
En
1825, son fils Isidore
se marie avec Eugénie de Champmartin. A présent, alors que l’industrie
textile connaît ses premiers développement en France, l’inventeur
s’occupe à la production d’une fibre naturelle propre au tissage à
partir d’une plante, l’asclépias de Syrie. Une pause dans ses travaux
sur la reproduction des images. En 1827, ayant traversé la Manche, Niepce
est au chevet de son frère mourant en Angleterre. Celui-ci n'a obtenu que
peu de résultats dans sa recherche d'appuis financiers en vue de
l'utilisation du Pyréolophore, leur moteur d'un nouveau genre. Nicéphore
Niepce tente à son tour d'intéresser la Société Royale de Londres à
son procédé de reproduction des images, qu'il nomme alors " Héliographie".
En vain. A son retour à Saint-Loup-de-Varennes, au mois de février 1828,
Niepce reprend ses recherches sur la photographie. Il réalise cette
fois-ci un point de vue sur un étain non gravé, puis sur un argent poli
en traitant l’image au bitume par des vapeurs d’iode.
En
1829 et afin de faire aboutir ses travaux, de réduire le temps de pose nécessaire
notamment, Nicéphore
Niepce s’associe avec un autre chercheur, Louis Jacques Mandé Daguerre, qui
s'était fait connaître grâce à son spectacle scénique et lumineux, le
"Diorama". Celui-ci est, davantage que lui-même, un spécialiste
de la chambre obscure. Ainsi pense t-il améliorer la luminosité et la
qualité de ses images. En 1830 cependant, les deux hommes échouent dans
leurs tentatives pour faire blanchir le bitume. L’enjeu était pourtant
de taille, car il s’agissait d’obtenir des images directement
positives. L’année suivante, ils travaillent de nouveau sur toutes
sortes de résines, sans obtenir de résultats probants. Au mois de juin
1832 enfin, les deux associés décident d’utiliser un nouveau produit
photosensible, issu de la distillation de l’essence de lavande. Ils
obtiennent alors des images, après un temps de pose de huit heures. Sur
l'initiative de Niepce, un diaphragme est adapté sur l'objectif, ce qui
permet d'améliorer la netteté des prises de vue. Niepce
et Daguerre nomment leur nouveau procédé le « Physautotype ».
Le
5 juillet 1833, Nicéphore
Niepce meurt subitement, sans qu’aucun de ses travaux sur la
reproduction des images ne soit connu du public. Dans les années qui
suivent, son associé développe le procédé photographique mis au point
en commun. Dès 1835, il obtient des photographies grâce à des temps de
pose très courts, quelques minutes. Ayant présenté ses résultats au
grand savant Louis Arago, ce dernier en fait une présentation officielle
à l'Académie des Sciences, le 19 août 1839. Le " Daguerréotype "
connaît ainsi un énorme succès, qui vaut à son inventeur et à Isidore
Niepce, fils de son défunt associé, une rente annuelle de 4.000 Francs.
Daguerre acquiert dès lors une célébrité mondiale. Plus tard, en 1841,
Isidore Niepce publie un petit ouvrage intitulé Historique
de la découverte improprement nommé daguerréotype, précédé d'une
notice sur son véritable inventeur Nicéphore Niepce. Ce dernier sera
ainsi bientôt reconnu comme étant le véritable inventeur de la
photographie.
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