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Charles-Auguste de MORNY
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Charles-Auguste
de MORNY
(Paris, 17
septembre 1811 - Paris, 10
mars 1865)
Français.
Homme politique.
par Marc Nadaux
Quelques dates :
1832, sort de l'École d'état-major, avec le grade de
sous-lieutenant.
1837, officier d'ordonnance du général Oudinot. Démissionne.
1842, élu député du Puy-de-Dôme.
1849, réélu à l'assemblée législative.
membre du Parti de l'Ordre.
1851, participe au coup d'État du 2 décembre.
1852, quitte le ministère de l'Intérieur, démissionnant par
opposition au décret sur la confiscation des biens de la
famille d'Orléans.
1853, présidence du chemin de fer du Grand Central.
1854, président du Corps législatif.
1856, nommé ambassadeur à Saint-Pétersbourg.
1861, fonde également l'établissement touristique et
balnéaire de Deauville.
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Charles-Auguste de Morny naît à Paris le 17 septembre 1811. L'acte civil
de naissance rédigé pour l’occasion est un faux. Son véritable père
est en réalité Charles de Flahaut, général d'Empire et brillant
officier de l'État-major impérial ; sa mère, la
reine Hortense, est la fille de l'Impératrice Joséphine, issue de son
premier mariage avec Alexandre, vicomte de Beauharnais. Élevé par sa
grand-mère paternelle, la comtesse de Souza, il effectue ses études au collège Bourbon - où il a notamment pour ami le
futur comte Alfred de Falloux - , avant d'embrasser très tôt la carrière militaire.
En 1832, le jeune homme sort de l'École d'état-major, avec le grade de
sous-lieutenant, et est affecté au 1er régiment de lanciers.
Morny est en garnison à Clermont-Ferrand, puis à Fontainebleau avant de servir en Algérie.
Il participe ainsi à l'aventure coloniale et militaire. Après une
action d'éclat au siège de Constantine en 1837, Morny est nommé
chevalier de la Légion d'honneur. Quelques mois plus tard cependant,
l'officier d'ordonnance du général Oudinot donne sa démission, motivée
par des raisons de santé, et est de son retour en France.
L'année précédente, au mois d'octobre 1837, il assiste à Rueil, aux
cotés de son père, à l'inhumation du corps de la reine Hortense,
décédée le 5 octobre dans sa propriété d'Arenenberg,
en Suisse, au sud du lac de Constance.
Charles-Auguste de Morny se décide alors à entrer en politique. Élu le
9 juillet 1842 et à l’âge de
trente et un ans député du Puy-de-Dôme, il se montre favorable à la
Monarchie de Juillet. Il apparaît à l'époque comme le type même du grand bourgeois
libéral dévoué à l’orléanisme. Affairiste de talent, Morny fait l’acquisition en 1838 d’une industrie sucrière près de
Clermont-Ferrand. Sa maîtresse, Fanny Le Hon, héritière d'une riche
famille d'hommes d'affaires belges, avait favorisé son ascension.
Celle-ci se poursuit dans les années qui suivent. A la Chambre des
députés, Morny soutient la politique
conservatrice du ministère dirigé par François Guizot. Il fait bientôt
figure de futur ministre, mais les évènements de la rue en décident
autrement.
Le mécontentement est en effet aiguisé par les crises économiques. Le
22 février 1848, l'interdiction d'une manifestation provoque bientôt
une émeute dans la capitale parisienne. Le surlendemain, le palais des
Tuileries est pris d'assaut, Louis-Philippe Ier doit abdiquer. Un
gouvernement provisoire dominé par le poète Lamartine proclame la République.
Une Assemblée constituante, élue le 23 avril et composée de républicains
modérés, est chargée de rédiger une constitution, promulgué le 4
novembre 1848. Morny est réélu l’année suivante, le 13 mai, à l'assemblée législative.
Sous la Seconde République naissante, il est désormais l'un des représentants
du Parti de l'Ordre, aux côtés d'Adolphe Thiers, qui rassemble nombre
d'anciens élus du régime déchu. Ruiné par la révolution de février,
Morny est à cette époque poursuivit par les créanciers. A Londres,
auprès de son père, le plus souvent, il cherche à vendre sa collection
de tableaux afin d'honorer ses dettes. Ses indemnités de parlementaire
sont saisies.
Peu soucieux du destin des Orléans - qui, selon lui, avait failli - , il
songe à passer au légitimisme, avant de faire la
connaissance de son demi-frère, Louis-Napoléon Bonaparte. Charles-Auguste de Morny
avait soutenu ce dernier dans sa candidature à la présidence
de la République, le considérant comme le meilleur rempart face aux
risques révolutionnaires. L'élection de son parent est une chance qu'il
doit saisir et les deux hommes se rencontrent pour la première fois à l'Élysée,
au mois de janvier 1849. Dès le printemps suivant, Morny devient le
principal conseiller du président de la République. Il invite en
particulier ce dernier à ne pas reculer dans son opposition avec la
Chambre et même à organiser un coup de force qui lui donnerai
enfin les pleins pouvoirs.
Morny participe activement aux côtés de Louis-Napoléon Bonaparte au coup d'État
qui préside à l'avènement du Second Empire. Après une réunion des
conjurés au soir du 1er décembre 1851, à l'Élysée, Morny prend possession du ministère de l'Intérieur, le 2 décembre au
matin, jour anniversaire du sacre de Napoléon Ier et de la victoire
d'Austerlitz. Après une période de calme dans la capitale, il gagne la bataille de la rue
dans la journée du 4 décembre suivant, face
aux barricades érigées et défendues par les opposants républicains et
socialistes. La préparation du plébiscite des 21 et 22 décembre et des
élections législatives de 1852 lui permettent de montrer à nouveau son
efficacité. Morny instaure à cette occasion le système des
" candidatures officielles ", repris par son successeur Victor de
Persigny, recommandant aux préfets le choix d’hommes nouveaux, se démarquant
de la classe politique et issus du monde des entrepreneurs. C'est ce
dernier cependant qui se chargera d'organiser la répression et l'exil des
proscrits.
Le 23 janvier 1852 en effet,
Morny quitte le ministère de l'Intérieur, démissionnant par opposition au décret sur
la confiscation des biens de la famille d'Orléans. Son départ fait grand
bruit. Morny refuse alors une ambassade, son entrée au Sénat et devient
le 29 février, après une nouvelle élection au siège de
député du Puy-de-Dôme, membre du Corps législatif. Il en est le président
à partir du 14 novembre 1854, jusqu'à sa mort. Morny occupe également
le poste-clé de membre du conseil privé, éventuel conseil de régence
créé le 1er février 1858. Homme de pouvoir sous le Second Empire, il se montre
favorable à la modernisation du système économique et favorise
notamment la création des établissements de crédit. Morny est également
partisan des compagnies puissantes et donc du grand capitalisme dans la
conquête du réseau ferroviaire qui se constitue. Cette collusion avec la
haute banque parisienne, notamment avec celle des frères Pereire, lui
permet de réaliser quelques grandes opérations financières au nom du
chemin de fer du Grand Central, dont il accepte la présidence en 1853.
L'année précédente, le demi-frère de l'Empereur aurait ainsi réalisé
six millions de Frs de bénéfices. Autour de l'influent homme d'affaires se constitue ainsi le groupe Morny,
qui spécule sur toutes affaires en cours. Il investie notamment dans l'exploitation des mines du Massif Central (Loire,
Montluçon, Saint-Aubin...). Attiré par les forts profits réalisés à
Carmaux, il vient également en aide au marquis de Solages, propriétaires
des mines, afin d'accélérer l'extraction de la houille. En 1860, le
comte de Morny devient le président de la Compagnie des Mines et chemins
de fer de Carmaux-Toulouse.
Le comte, puis duc de Morny à l'été 1862, est également l’une
des grandes figures de la vie parisienne, épris de conquêtes féminines. Ce
grand mondain passionné par les courses crée l'hippodrome de Longchamp,
puis fonde également l'établissement touristique et balnéaire de
Deauville, sur la cote normande, en 1861. Son train de vie fastueux, sa réputation
d'affairiste nuit cependant à l'image que donne le pouvoir. D'autant plus
que ses frasques coûtent à l'État ! Ainsi, s'étant opposé à la
guerre de Crimée, Morny est nommé ambassadeur à Saint-Pétersbourg en 1856 et
1857. Il y fait la rencontre
et se marie à une princesse russe de la famille Troubetskoï. Cette union
cependant entraîne la rupture d'avec comtesse Le Hon, qui exige le remboursement
de leur communauté financière, soit plus quatre millions de Frs. Afin
d'étouffer le scandale, le Trésor public en paiera une partie, l'affaire
se réglant grâce au talent de " débrouilleur " d'Eugène
Rouher, poussé au début de sa carrière de ministre par le président du Corps
législatif. Plus tard cependant, lié aux intérêts
du banquier suisse Jecker à qui il accorde son appui au prix d’une
commission - un tiers des crédits du financier, soit environ deux millions
de Frs - , le duc de Morny contribue à entraîner le gouvernement français dans une
expédition militaire malheureuse au Mexique (1862-1867), suite au refus
du président Juarez de reconnaître et de rembourser les dettes extérieures
de son pays.
Morny, l'un des principaux acteurs du coup d'État, influe également sur
le devenir du Second Empire. Convaincu que l'Empire autoritaire ne peut être
qu'un régime transitoire, mais qu'en même temps il est encore trop tôt
pour accorder de véritables libertés politique, il se fait le défenseur auprès de l’Empereur
de sa libéralisation. Au cours de ces années, par la stature, par sa
prestance, le président du Corps législatif avait conféré aux débats
parlementaires une certaine tenue. Sentant que l'esprit avait changé, il
propose à l'Empereur une modification du règlement de la Chambre,
approuvé par ce dernier. Le 24 novembre 1860, un décret impérial accorde
enfin le droit d'adresse aux parlementaires. Il pousse également à la
venue dans le gouvernement d'Émile Ollivier, qui s'affirme comme le
principal orateur de l’opposition. Cet opposant résolu et pragmatique
accepte ainsi d'être le rapporteur de la loi promulgué le 25 mai 1864 et autorisant les " coalitions "
ouvrières et les grève pacifiques. A l'origine de ce texte, on retrouve
le duc de Morny, qui prône sans cesse auprès de Napoléon III l’obtention de libertés
sociales, notamment aux hommes d’affaires et aux ouvriers.
Morny meurt d'une bronchite aggravée le 10 mars 1865. L’Empereur Napoléon
III lui offre alors les funérailles nationales. Eugène
Viollet-le-Duc est chargé de la construction de son tombeau. Pour la
postérité, le personnage de Morny symbolise l'affairisme qui règne au
cours du règne de Napoléon III, une image que colportera en 1877 un de
ses anciens collaborateurs au Palais-Bourbon, Alphonse Daudet, dans son
roman Le Nabab.
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