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Alexandre MILLERAND
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Alexandre MILLERAND
(Paris, 10 février
1859 -
Versailles,
6
avril 1943)
Français.
Homme politique.
par Marc Nadaux
Quelques dates :
1883, avocat, assure la défense d’Ernest Roche, un
des meneurs de la grève de Decazeville.
1889, défend, devant la cour d'assises de Douai, Paul
Lafargue, gendre de Karl Marx, accusé de " provocation à
l'émeute ".
1893, élu député de la Seine.
1896, au banquet de Saint-Mandé, expose le programme du
radicalisme.
1902, ministre " du Commerce, de l’Industrie et des Postes
et Télégraphes ".
1912, devient ministre de la Guerre.
1919,
commissaire général de la
République en Alsace et en Lorraine.
1920, élu président de la République.
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Alexandre
Millerand naît à Paris le 10 février 1859. Son père, fils lui-même
d’un bougnat monté à Paris, est un négociant en drap installé dans
le quartier du Sentier. Désireux de s’élever dans la hiérarchie
sociale suivant l’exemple paternel, l’adolescent fait son droit.
Licencié en 1881, il s’inscrit au barreau de Paris. Alexandre Millerand
se fait connaître en 1883 au moment où, en compagnie de Georges
Laguerre, il assure la défense d’Ernest Roche, un des meneurs de la grève
de Decazeville. La fibre ouvrière ne le quittera plus. L’année
suivante, l’avocat entre en politique et est élu conseiller
municipal de Paris, puis député radical-socialiste de la Seine,
le 27 décembre 1885. Réélu en 1889, il représentera le XIIème
arrondissement de Paris jusqu'en 1919 ! Commence ainsi une des plus
longue carrière de parlementaire de la Troisième République. Au mois de
juillet 1889, Alexandre Millerand est de nouveau sous les feux de
l’actualité, lorsqu’il défend, devant la cour d'assises de Douai,
Paul Lafargue, gendre de Karl Marx, accusé de " provocation à
l'émeute ".
En 1893, après les élections législatives marquées par une percée de
la gauche révolutionnaire, le député de la Seine prend l'initiative de
la formation d'un groupe parlementaire socialiste. Trois années plus
tard, le 30 mai 1896, au banquet de Saint-Mandé, Alexandre Millerand,
dans un discours célèbre, expose le programme du radicalisme pour les décennies
à venir : substitution progressive de la propriété sociale à la
propriété capitaliste ; conquête des pouvoirs publics par le suffrage
universel, entente internationale des travailleurs. Au mois d’août
1898, à la suite du suicide du colonel Henry, il rejoint les partisans de
la révision du procès Dreyfus. Comme la plupart des socialistes, Jean
Jaurès notamment, il n'avait vu jusque-là dans « l'Affaire »
qu'une querelle entre factions bourgeoises. Après avoir dirigé à partir
du mois de juillet 1893 La Petite République, l’organe des
socialistes indépendants, il rejoint à cette époque l’équipe de La
Lanterne aux cotés de Georges Clemenceau.
Après que le scandale de Panama eut discrédité nombre de ses pairs aux
yeux de l’opinion, son influence grandit au sein du monde politique. Et
le juin 1899, il accepte l’offre de Pierre Waldeck-Rousseau d’une
participation dans son ministère de " Défense républicaine ".
Jusqu’au 3 juin 1902, Millerand occupe ainsi les fonctions de ministre
" du Commerce, de l’Industrie et des Postes et Télégraphes ".
Le cas Millerand est passionnément discuté chez les socialistes. Car il
pose le problème général de leur participation au pouvoir. Alexandre
Millerand est en effet le premier socialiste français à occuper des
responsabilités ministérielles. Celles-ci lui permettent d’élaborer
une abondante législation sociale, concernant notamment le travail des
femmes et des enfants (loi du 29 mars 1901), l’abaissement à onze
heures de la durée du travail journalier (loi du 30 septembre 1901). Son
ministère pose également les bases de la future retraite des salariés,
adoptée en 1910. Au-delà de ces nouveaux aménagements, Alexandre
Millerand donne enfin à l’État un véritable rôle d’arbitre entre
les masses laborieuses et le patronat français. Pour cela, le ministre
encourage au développement des syndicats, y compris dans la fonction
publique. Il pense ainsi conférer à ces associations ouvrières un véritable
rôle représentatif devant le Conseil supérieur du Travail.
Au mois de janvier 1904, la fédération
socialiste de la Seine exclut Alexandre Millerand,
qui renonce à faire appel devant le Congrès national. Ceci est révélateur
de l’évolution politique du député de la Seine, son éloignement
progressif du credo de l’extrême-gauche aboutissant au divorce d’avec
ses alliés de toujours. Dans les mois qui suivent, ses attaques contre le
ministère radical d’Émile Combes se multiplient. Millerand reproche en
effet à ce dernier de tout sacrifier à la lutte contre les congrégations.
L’ancien avocat retrouve alors le barreau et se spécialise dans le
droit des affaires. C’est le 24 juillet 1909 qu’il retrouve des
responsabilités ministérielles. L’espace d’une année, jusqu’au 2
novembre 1910, Millerand est ministre des Travaux publics dans le premier
gouvernement Briand. Puis le 14 janvier 1912, c’est aux côtés de
Raymond Poincaré qu’il officie. L’ancien député radical-socialiste
devient ministre de la Guerre, un poste où il accomplit une importante œuvre
de réorganisation. Cependant cette période est aussi celle de son
rapprochement avec la droite. N’a t-il pas demandé à la troupe
d’intervenir lors de la grève dans les chemins de fer, du 10 au 17
d’octobre 1910 ? Cette fois-ci, Alexandre Millerand
démissionne à propos de l'affaire du Paty de Clam, en janvier 1913. Il
avait en effet accepter de faire entrer l’officier, ancien acteur de
premier plan dans l’Affaire Dreyfus, à la demande de ce dernier dans la
réserve, après qu’il eut retirer une plainte contre
l’administration. Dans les mois qui suivent, il milite en faveur du
projet de loi qui allongerait la durée du service militaire à trois ans,
au sein d’une Fédération des Gauches constituée pour l’occasion
avec l’aide d’Aristide Briand et de Louis Barthou.
Après le début du premier conflit mondial, dans le cadre de l’Union
sacrée, il détient à nouveau le portefeuille de la Guerre dans le
gouvernement d'Union nationale de Raymond Viviani, du 26 août 1914 au 29
octobre 1915. Pendant toute cette période, il assurera constamment le général
Joffre, commandant en chef des armées, de son soutien, le préservant
tant bien que mal des controverses et autres manœuvres politiciennes. Le
19 septembre 1914, alors que depuis le début du conflit la censure
militaire s’applique à la presse, le ministre recommande d’ailleurs
dans une circulaire à ses Préfets d’interdire " les articles
de fond attaquant violemment le gouvernement ou les chefs de l’armée ".
C’est donc une censure politique qui se met en place, suivant sa volonté.
Quatre secrétaires d’État lui sont progressivement adjoints, dont
Albert Thomas à partir du 18 mai 1915 chargé plus particulièrement de
l’artillerie et de l’équipement militaire. Afin d’accélérer la
production d’armement, il utilise la loi Dalbiez, votée le 26 juin
1915, afin de rapatrier les ouvriers spécialisés mobilisés sur les
fronts vers les usines d’armement. Après l’armistice qui met fin aux
hostilités, Georges Clemenceau, toujours président du Conseil, le nomme
commissaire général de la République en Alsace et en Lorraine au mois
de mars 1919, avec la charge de réorganiser les trois anciens départements
redevenus français sans référendum. Avec la retraite du Tigre et
après les élections du mois de janvier 1920, celles qui donnent
naissance à la Chambre " bleu horizon ", Millerand
apparaît comme le chef de la nouvelle majorité et devient président du
Conseil grâce à l’appui d’une coalition de centre-droit, le Bloc
national. A ce titre, jusqu’au 23 septembre suivant, il participe
activement à l’application des clauses du Traité de Versailles.
Le 23 septembre 1920, couronnement de sa déjà longue carrière
politique, il est élu président de la République par le Parlement à la
place de son prédécesseur, Paul Deschanel, démissionnaire pour raison
de santé. Il s’oppose à la détente avec l’Allemagne souhaitée par
son président du Conseil, Aristide Briand, ce qui entraîne, le 12
janvier 1922, la démission de ce dernier. Le 14 octobre 1923, dans un
discours retentissant, à Évreux, le nouveau chef de l’État se
solidarise ensuite avec la majorité sortante, une stratégie qui rompt
avec l’esprit des institutions. L’ensemble des partis e gauche,
socialistes et communistes, lui reproche d’ailleurs cette prise de
position partisane. Aussi, le 11 mai 1924, la victoire du Cartel des
gauches aux élections législatives apparaît comme une défaite
personnelle pour Alexandre Millerand. La nouvelle Chambre exige son départ
et refuse d'entrer en contact avec un ministère procédant de son autorité.
Quelques semaines plus tard, le 11 juin, il se résigne à démissionner
de ses fonctions. Au mois d’avril 1925, l’ancien chef de l’État est
élu sénateur de la Seine. Il siégera ensuite au palais du Luxembourg en
tant qu’élu de l'Orne, intervenant le plus souvent devant ses pairs sur
les questions, alors omniprésentes, de politique étrangère. Absent à Vichy au mois de juin 1940, il ne participe pas au
vote des pleins pouvoirs à Philippe Pétain.
Le
6 avril 1943, Alexandre Millerand décède à Versailles.
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