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Jules MICHELET 

(Paris, le 22 août 1798 - Hyères, 9 février 1874)


Français.

Historien
.



par Marc Nadaux


 

     Quelques dates :

1819, obtient le titre de docteur ès lettre.
1831, publie les deux premiers volumes de sa grande Histoire de France.
nommé chef de section aux Archives nationales.
1846, Le Peuple.
1848, son cours au Collège de France est suspendu.
1862, La Sorcière.
1874, publication de ses souvenirs sous le titre de Ma Jeunesse et mon journal.

 






Jules Michelet naît le 22 août 1798 à Paris, dans une chapelle du quartier Saint-Denis, transformée sous la Terreur en maison de rapport. L’immeuble est également occupé par l’atelier de son père, un modeste imprimeur. Ce dernier est mis en difficulté par les lois qui régissent le régime de la presse sous le Consulat. Son fils Jules, comme toute la famille, doit aider l’artisan dans son travail, avant que ce dernier ne soit définitivement ruiné en 1800. Il abandonne alors son métier et subvient aux besoins des siens en offrant ses services de comptable aux commerçants du voisinage. Les Michelet se sont à présent installés près du Jardin des Plantes. Leur fils passera ainsi une partie de son enfance auprès des artisans et autres gens du peuple.

Jules Michelet effectue ses études à l’institution Briand, puis au collège Charlemagne. Remarqué par ses professeurs, il remporte un prix de discours français au concours général en 1816, avant d’être reçu au Baccalauréat l’année suivante. En 1819, après quelques années passées à la Sorbonne, Michelet obtient le titre de docteur ès lettre, après avoir soutenu avec succès ses deux thèses - l'une porte sur les Vies parallèles de Plutarque, l'autre sur L'Idée de l'infini d'après Locke. Le 21 septembre 1821, il est également lauréat de l’agrégation de Lettres.

Après être entré comme professeur à l'institution Briand, Michelet est appelé à enseigner l'histoire au collège Sainte-Barbe. En 1824, il compose un Tableau chronologique de l'histoire moderne à destination de ses élèves, tandis qu’est issu de ses cours un Précis d'histoire moderne, publié en 1829. La même année, Jules Michelet épouse Pauline Rousseau, de sept ans son aînée. Le couple, dans lequel ne règne qu’une entente de façade, aura deux enfants. A cette époque, l’historien hésite encore au sujet de sa vocation. En effet, il se sent également attiré par la philosophie et fait d’ailleurs paraître une traduction de la Philosophie de l'histoire de Vico.

A partir de 1827, Michelet occupe la chaire de philosophie et d'histoire de l'École normale, rétablie depuis peu à l’initiative de Mgr Frayssinous, ministre de l’Instruction et des Cultes, sous l’appellation d’École préparatoire. Ce n’est qu’en 1829 qu’il se consacre à l'enseignement de l'histoire ancienne au collège Sainte-Barbe. Son cours, qui traite de la République, est publié en 1831. Entre temps, au printemps 1830, l’historien effectue son premier voyage en Italie, avant que n’éclate la révolution qui va jeter de nouveau le roi Charles X sur les chemins de l’exil. Ce dernier, qui avait eu vent de la réputation de Jules Michelet, lui avait confié l’éducation de la fille de la duchesse de Berry.



L’historien est distingué par le nouveau pouvoir en place. S’il a pu un temps passer pour un conservateur, un ultra - Michelet a été baptisé en 1816 - , il appartient à l’époque à la mouvance libérale. Aussi la Monarchie de Juillet le confirme dans son poste à l'École normale, lui confiant la chaire d’histoire du Moyen Age et des Temps modernes. En 1831, il est également nommé chef de section aux Archives nationales. Au milieu de cette immense collection de documents, Jules Michelet dispose alors d’un trésor qu’il ne va cesser de parcourir, délaissant parfois son enseignement. Il publie en 1833 un Précis de l'histoire de France, ainsi que les deux premiers volumes de sa grande Histoire de France, dont la rédaction a commencé en 1831. Celle-ci s’arrêtera à la fin du XVème siècle, avec le règne de Louis XI.

Si le deuxième tome s’ouvre avec le Tableau de la France, une préface écrite dans un style flamboyant, l’historien éprouve en effets quelques difficultés à penser le devenir du peuple français, et donc les siècles de la monarchie absolutiste comme les décennies de la période révolutionnaire. En 1834 et 1835, Michelet supplée à la Sorbonne François Guizot, appelé à des responsabilités ministérielles. L’entente entre les deux hommes dure peu de temps cependant. Le républicanisme du premier inquiétant le second. L’historien voyage beaucoup. Il est ainsi en Angleterre, dans le Sud-Ouest de la France, en Flandre, en Allemagne, en Suisse et dans le Nord de l'Italie. Les notes prises au cours de ces différents séjours seront réunies en volume en 1894 sous le titre de Sur les chemins de l'Europe. Les Mémoires de Luther, traduites par ses soins, paraissent également en 1835, Le Moyen-Age de 1833 à 1844, Les Origines du droit français deux années plus tard, les Actes du procès des Templiers, de 1841 à 1851.

Jules Michelet voue son existence à l’histoire, réglant strictement son emploi du temps journalier. Tôt levé, il consacre sa matinée à l’écriture, avant de se rendre aux archives à partir de 11 heures. En milieu d’après-midi, l’historien quitte ses vieux papiers et ses dossiers afin de rendre visite à ses amis et ses relations. Sa femme décède en 1839. L’année précédente, c’est la consécration pour l’homme de science. Le, 13 février, il est en effet nommé au Collège de France, à la chaire d’histoire et de morale. Michelet trouve alors sous la coupole une tribune à la mesure de son éloquence et de son engagement. L’historien milite en effet pour la cause libérale et démocratique. Le Peuple paraît en 1846, suivit l’année suivante par le premier volume de sa monumentale Histoire de la Révolution. L’ensemble sera achevé en 1853 et tranche par rapport aux écrits contemporains, notamment ceux d’Alphonse de Lamartine ou de Louis Blanc, sur cette événement fondateur. La jeunesse estudiantine lit avec passion cet ouvrage qui exalte l’harmonie sociale.



L’année 1848 ouvre une période agitée pour l’historien, qui bientôt mettra un terme à sa carrière universitaire. Au Collège de France, Michelet critique à présent le gouvernement, qu’ébranle la Campagne des Banquets. François Guizot suspend son cours le 2 janvier. Ce dernier est rétablie le 6 mars, quelques jours après l’avènement de la Seconde République, avant d’être de nouveau interrompu l’année suivante, quant le nouveau régime prend un tour plus conservateur. La révolution de 1848 est en effet saluée par Michelet comme un événement libérateur et son cours, public, demeure un foyer d’agitation. Avec Pologne et Russie, en 1851, l’historien fustige la réaction. Aussi est-il révoqué le 12 avril 1852, peu après le coup d’État de Louis-Napoléon Bonaparte. Ayant refusé de prêter serment au Second Empire, l’historien doit également quitter les Archives.

En 1848, Michelet entame également une correspondance avec une jeune institutrice, Mlle Athanaïs Mialaret, de trente années sa cadette. Celle-ci réside à Vienne. Leur rencontre aboutit en 1850 à un mariage qui lui procurera le bonheur domestique. Ce n'est qu'en 1855 que Michelet reprend son Histoire de France. Il la poursuit jusqu'en 1789 avec les onze volumes qui paraissent de 1855 à 1867. Son épouse qui écrit elle-aussi le pousse également à revenir aux études de sciences naturelles qui l'avaient attirées dans sa jeunesse. L'Oiseau en 1856, L'Insecte en 1859, La Mer en 1861, La Montagne en 1868 témoignent de son attachement pour la nature. Avec L'Amour en 1858, La Femme en 1859, Nos Fils en 1869, Michelet se préoccupe également de philosophie morale. En rédigeant La Sorcière, qui paraît en 1862, Jules Michelet fait de nouveau œuvre d’historien, une histoire cependant mêlée de psychologie et de visions personnelles.

En 1869 d’ailleurs, son éditeur souhaitant réimprimer l’ensemble des dix-sept tomes de son Histoire de France, Jules Michelet rédige pour l’occasion une préface pour l’ouvrage, entre le 22 février et le 12 septembre. Jugeant a posteriori son œuvre, l’historien affirme ainsi avoir eu l’intention de se démarquer de ses contemporains. Michelet en effet ambitionne de faire une histoire totale, à la différence de ses confrères trop attachés selon lui à reconstituer ou à interpréter les événements politiques. En écrivain passionné, il tente d’expliquer le mouvement profond des sociétés et des siècles dans un style lyrique. Ses textes, qui s'appuient sur une documentation abondante et de première main, ne sont cependant pas sans parti pris idéologique. Ainsi, influencé par le mouvement romantique, c’est un Moyen-Age foisonnant qu’il nous décrit, avant que ne domine une vision plus sombre à partir de 1855, à l’époque où le républicain doit subir le régime honni.



La guerre de 1870 face à la Prusse, l'invasion du territoire national par l’ennemi, les atrocités commises pendant la Commune parisienne et sa répression par les Versaillais frappent au cœur le patriote. Avec La France devant l'Europe, un opuscule, Michelet proteste contre le Traité de Francfort qui impose la perte de l'Alsace et de la Lorraine. En 1872, il entreprend de poursuivre son grand œuvre et entame une Histoire du XIXème siècle. Celle-ci demeurera inachevée. L’historien décède le 9 février 1874 à Hyères. L’année suivante, son épouse se chargera de la publication de ses souvenirs sous le titre de Ma Jeunesse et mon journal.