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Jean-Baptiste MARCHAND
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Jean-Baptiste
MARCHAND
(Thoissey, 22 novembre 1863 - Paris, 13 janvier 1934)
Français.
Militaire.
par Eric Labayle
Quelques dates :
1896, capitaine.
reçoit le commandement d’une mission
d’exploration baptisée Mission Congo-Nil.
A Fachoda.
1900, lieutenant-colonel.
part pour la Chine avec le
corps expéditionnaire français chargé de s’opposer à la
révolte des Boxers.
1915, général de brigade.
1917, nommé général de Division.
sur le chemin des Dames, devant
Verdun (secteur de Douaumont), sur le saillant de
Saint-Mihiel, puis devant Château-Thierry.
1925, à Château-Thierry, participe à l’inauguration du
nouveau pont sur la Marne (il avait lui-même donné l’ordre
de détruire le précédent...!).
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Jean-Baptiste Marchand est né le 22 novembre 1863 à Thoissey, dans le département
de l’Ain.
Engagé volontaire le 17 septembre 1883 comme simple soldat au 4ème régiment
d’Infanterie de Marine, il rejoignait l’école Militaire d’Infanterie
de Saint-Maixent le 23 avril 1886. Il en sortait sous-lieutenant en décembre
1887 et, après six mois au 1er régiment d’Infanterie de Marine,
devenait officier de tirailleurs sénégalais. Il devait effectuer dès
lors l’essentiel de sa carrière outre-mer, et surtout en Afrique (Sénégal,
Soudan Français, Haut-Oubangui, etc.).
Le 22 juin 1896, il recevait le commandement d’une mission
d’exploration baptisée Mission Congo-Nil. Il était alors capitaine
depuis le 19 décembre 1892. Dans le contexte de la rivalité coloniale
franco-britannique en Afrique, le rôle de cette "mission
Marchand" était primordial. Il s’agissait, en se portant les
premiers sur le Nil depuis les territoires d’Afrique occidentale sous
contrôle français, de contester l’hégémonie britannique sur le grand
fleuve et d’implanter au sud de l’Égypte un nouveau protectorat français.
Pour cette expédition aussi hasardeuse des points de vue sanitaire que
militaire, logistique ou politique, Marchand n’avait négligé aucun détail.
Faisant preuve de la plus grande minutie dans la préparation, il s’était
entouré d’officiers expérimentés, dont un certain lieutenant (puis
capitaine) Charles Mangin, qui devait faire parler de lui pendant la
Grande Guerre...
Le 10 juillet 1898, la colonne arrivait à Fachoda. La place était aussitôt
mise en état de défense avant que, le 19 septembre, les choses ne se
compliquent avec l’arrivée de lord Kitchener. Celui-ci venait de
remporter la victoire d’Omdurman et ne comptait pas laisser des "Européens
quelconques" lui interdire de contrôler le cours du Nil, de son
delta jusqu’à ses sources... Après quelques négociations, les
Britanniques établirent vite un blocus autour de la place de Fachoda et
la crise, de locale, devint très vite internationale. Les relations entre
la France et le Royaume-Uni se tendirent à un point qui fit craindre,
l’espace d’un instant, qu’une guerre fût possible. Jouet malheureux
des événements diplomatiques, Marchand (nommé chef de bataillon
entre-temps, le 1er octobre 1898) avait toutes les peines du
monde à communiquer avec Paris. En janvier 1899, un accord fut finalement
trouvé entre les deux puissances coloniales. La Mission Congo-Nil évacua
Fachoda sur ordre. Elle avait rempli sa mission mais ne pouvait tenir tête
indéfiniment à une armée britannique beaucoup plus puissante.
Le 6 juillet 1899, le commandant Marchand était affecté au 4ème
régiment d’Infanterie de Marine. Il était désormais nanti d’une
popularité nationale, qui semblait bien le promettre au plus bel avenir
militaire. Le 5 janvier 1900, il devenait lieutenant-colonel, après
seulement quinze mois passés au grade inférieur ! En septembre suivant,
il partait pour la Chine avec le corps expéditionnaire français chargé,
au sein d’une force internationale, de s’opposer à la révolte des
Boxers. Il y servait jusqu’en avril 1902. De retour en France, il était
nommé colonel le 1er octobre 1902 et prenait la tête du 8ème régiment
d’Infanterie Coloniale. Le 17 mai 1904, il donnait sa démission de
l’armée française. Il était alors chef de corps du 4ème
R.I.C.
Sa carrière civile a nettement moins d’éclat que sa carrière
coloniale. Il entra en journalisme et s’essaya à la politique, mais
sans grand succès. C’est pendant cet intermède qu’il épousa
mademoiselle de Saint-Roman et s’installa dans le Gard.
Il reprit l’uniforme avec le déclenchement de la Grande Guerre. En août
1914, comme colonel de réserve, il était nommé adjoint au général
gouverneur de Belfort. Le 8 septembre, il prenait la tête de la 2ème
brigade coloniale. Il était blessé une première fois le 1er octobre par
un éclat d’obus qui lui fracassait le tibia, mais ne quittait son poste
qu’après avoir mené à bien sa mission. Il revenait au front un mois
plus tard, incomplètement guéri. Le 20 février 1915, il recevait les étoiles
de général de brigade puis, le 14 mai, devenait commandant par intérim
de la 10ème D.I.C. Malgré quelque parenthèses, il devait conserver ce
poste jusqu’à la fin de la guerre. Le 25 septembre 1915, alors que ses
troupes participaient à la deuxième bataille de Champagne, il était très
grièvement blessé au ventre par une balle de mitrailleuse. Mais il en
fallait plus pour abattre cette force de la nature qui avait déjà
maintes fois triomphé des fièvres tropicales. Après une période de
convalescence, il retrouvait sa division. Il était une nouvelle fois
blessé le 17 octobre 1916 dans la Somme, par éclat d’obus cette fois,
mais refusait de se faire évacuer et conservait son commandement. C’est
qu’en plus de sa remarquable santé, le général Marchand était doté
d’un caractère peu commun. Orageux mais sensible, souvent obstiné et
d’humeur changeante, il était aussi dur à la douleur que
jusqu’au-boutiste pour lui-même. Le 4 avril 1917, il était nommé général
de Division du cadre des officiers de réserve. On le trouve ensuite avec
sa division sur le chemin des Dames, devant Verdun (secteur de Douaumont),
sur le saillant de Saint-Mihiel (hiver et printemps 1918) puis devant Château-Thierry,
fin mai, où il interdit aux Allemands le passage de la Marne. Il resta
fidèle à ce champ de bataille sur lequel il combattit jusqu’au 27
juin, puisqu’il y revint le 21 juin 1925, pour participer à
l’inauguration du nouveau pont sur la Marne (il avait lui-même donné
l’ordre de détruire le précédent...!).
Jean-Baptiste Marchand quittait l’armée, définitivement cette fois, le
4 avril 1919. Il est mort à Paris le 13 janvier 1934 et est inhumé à
Thoissey, son village natal de l’Ain.
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