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Joseph de MAISTRE 

(Chambéry, 1er avril 1753 - Turin, 26 février 1821)


Par Marc Nadaux


Français.

Philosophe.



par Marc Nadaux


 

     Quelques dates :

1793, émigre à Lausanne.
1797, Considérations sur la France..
1798, Le Plan d’un nouvel équilibre de l’Europe.
1802, Charles-Emmanuel IV, roi de Piémont, le nomme ministre plénipotentiaire à Saint-Pétersbourg.
1808, Essai sur le principe générateur des constitutions politiques.
1819, Du Pape.
1821, Les Soirées de Saint-Pétersbourg ou Entretiens sur le gouvernement temporel de la Providence.

 






Joseph de Maistre est né en 1753 à Chambéry, une ville située à l’époque dans les États du roi de Sardaigne. Il appartient à un milieu catholique et austère, une famille de petits commerçants anoblis et qui s’illustre à présent dans la magistrature. Joseph de Maistre effectue donc des études de droit à Turin puis devient membre du Sénat de Savoie, une cour de justice, en 1774. Le jeune magistrat se lie bientôt avec le groupe des Illuministes de Lyon, il fait alors la découverte de la pensée du philosophe Claude de Saint Martin. Puis son mysticisme se mue en déisme sous l’influence de la pensée des Lumières. Il adhère bientôt à la maçonnerie. Hostile à l’absolutisme monarchique, il est l’un des représentant de la noblesse libérale.

Joseph de Maistre émigre cependant à Lausanne, en janvier 1793, quand les armées françaises et républicaines occupent sa province. Le coup d’État de fructidor (4 septembre 1797), exécuté par les membres républicains du Directoire aux dépends des royalistes victorieux aux élections précédentes de germinal, l’amène à s’interroger sur les événements révolutionnaires et les bouleversements que connaît l’Europe des rois. Il publie en 1797 ses Considérations sur la France. Cet essai se présente comme une réplique de l’ouvrage de Rousseau, Du Contrat social. Il y condamne la Révolution et le peuple français, coupable envers son souverain et la religion. Joseph de Maistre propose une lecture providentialiste des événements : Dieu châtie la France, modèle de l’Europe pour son irréligion et son impiété. Cet événement, la Révolution française qu’il considère donc comme radicalement "mauvais" et corrupteur, marquera profondément ses pensées.



Sous la pression du Directoire, l’émigré est expulsé de Lausanne. Il se réfugie bientôt à Turin en 1797. Joseph de Maistre fait publier Le Plan d’un nouvel équilibre de l’Europe l’année suivante. Sa pensée politique s’enrichit mais se couvre également de pessimisme. Selon lui, l’Homme est coupable car l’histoire est devenu le lieu du mal. Il rejoint bientôt Charles-Emmanuel IV, roi de Piémont en Sardaigne, en 1799. En 1802, celui-ci lui confie le poste de ministre plénipotentiaire à Saint-Pétersbourg, charge qu’il occupera jusqu’en 1817. Son frère Xavier, officier de l’armée sarde, le suit bientôt en Russie. Là, Joseph de Maistre se lie avec le tsar Alexandre Ier. Il côtoie également la haute société aristocratique russe.

Cette période est particulièrement prolifique pour l’écrivain. Il rédige un Essai sur le principe générateur des constitutions politiques en 1808 puis fait publier l’opuscule Du Pape en 1819. Dans ces ouvrages, Joseph de Maistre précise la fonction qu’il assigne dans sa pensée à la religion et au pouvoir spirituel du pape. Ce dernier se voit coiffer du rôle fondamental de régénérateur de l’histoire. Il prône en effet un retour à l’Ancien Régime et à une société parfaite car hiérarchisée. Celle - ci connaissait également l’unité religieuse et la soumission à l’autorité monarchique et pontificale. Cette dernière est donc la clef de voûte de la restauration de l’ordre européen. Dans sa justification de théoricien ultramontain, Joseph de Maistre va jusqu’à proclamer l’infaillibilité pontificale. Influencé par le spiritualisme de Swedenborg et l’illuminisme de Saint-Martin, il publie ensuite Les Soirées de Saint-Pétersbourg ou Entretiens sur le gouvernement temporel de la Providence en 1821 (la composition de l’ouvrage étant vraisemblablement antérieure à 1814). Celui-ci se présente comme la relation de onze entretiens entre trois aristocrates. Joseph de Maistre y affirme l’action providentielle de Dieu qui se manifeste parfois, notamment par les miracles auxquels l’homme ne peut répondre que par la prière. Ceci lui permet néanmoins d’agir sur les événements.



Au terme de son ambassade auprès du tsar de Russie, Joseph de Maistre est rappelé au Piémont en 1817. Résidant à Turin, il se voit confier la chancellerie du royaume avec le titre de ministre d'État. Celui qui sera l’inspirateur de l’ultracisme et de la pensée contre-révolutionnaire décède le 26 février 1821. Peu après sa mort, en 1826, un Examen de la philosophie de Bacon où il s’interroge notamment sur la science et la raison sera également publié.