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MAINE DE BIRAN
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Marie François Pierre
GONTIER DE BIRAN,
dit
MAINE DE BIRAN
(Bergerac, 28 novembre 1766 - Paris,
16 juillet 1824)
Français.
Philosophe.
par Jean-Marc Goglin
Quelques dates :
1787, signe " Maine de Biran ", du nom d’une terre
appartenant à sa famille.
1802, Influence de l’habitude sur la faculté de penser.
1805, Décomposition de la pensée.
1806, nommé sous-préfet de Bergerac.
1811, Sur les rapports du physique et du moral de
l’homme.
1812, devient membre du Corps législatif.
1816, Louis XVIII, le nomme conseiller d’État.
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Marie François Pierre Gontier
de Biran naît à Bergerac, le 29 novembre1766, dans une famille de
notables. Son père est médecin. En 1785, il fait son entrée dans les
Gardes du Corps du roi. A partir de 1787, le jeune homme signe " Maine
de Biran ", du nom d’une terre appartenant à sa famille.
Dans la capitale parisienne, il participe bientôt aux évènements de
1789. Ainsi au mois d’octobre 1789 et avec son corps de troupe, il fait
partie de ceux qui défendent le château de Versailles face aux révolutionnaires.
Après la proclamation de la République, le 22 septembre 1792, Maine de
Biran juge cependant plus prudent de se retirer en province, à Grateloup
près de Bergerac.
Il bénéficie bientôt de la chute de Robespierre le 9 thermidor an II
(27 juillet 1794). En effet l’année suivante, le Directoire fait appel
à lui pour occuper la charge d’administrateur du département de la
Dordogne, sa famille étant localement très connue et respectée. Le
notable est ainsi chargé de restaurer l’ordre compromis pendant la
Terreur. Sa carrière politique est lancée. En 1797, Maine de Biran est
élu au Conseil des Cinq-Cents. Quelques mois plus tard, le coup d’État
du 18 fructidor (4 septembre) invalide cependant son élection ainsi que
celles des députés soupçonnés de tiédeur républicaine.
L’avènement du Consulat et la prise du pouvoir par Bonaparte décide de
son retour aux affaires. Maine de Biran voit ainsi dans la personne du
Premier Consul le pacificateur et le constructeur dont la France a besoin.
En 1802, il devient conseiller général à Périgueux puis conseiller de
préfecture en 1805, peu après la proclamation du Premier Empire. L’année
suivante, Maine de Biran est nommé sous-préfet de Bergerac. Au sein de
son département, le représentant du Gouvernement fait preuve d’un
grand dynamisme. Il est ainsi à l’origine de la construction de ponts
devant favoriser le développement du commerce. Ses préoccupations hygiénistes
l’incitent également à encourager l’assèchement de marais
insalubres et à organiser la mise en œuvre d’une campagne
d’inoculation. Sur le plan culturel, Maine de Biran contribue à la
protection des monuments historiques et au développement de
l’enseignement public.
Au mois d’octobre 1812, il devient membre du Corps législatif qui siège
à Paris. De retour dans la capitale, Maine de Biran montre bientôt son désaccord
avec la politique militaire de Napoléon I er. Il fait ainsi
partie de la " Commission des cinq " qui, le 29 décembre
1813, ose présenter des remontrances à l’Empereur en condamnant la
poursuite de la guerre et la suppression des libertés politiques. Son
activité politique se poursuit après la chute de l’Aigle et avec la
Restauration. Maine de Biran est élu député de Bergerac. Il le restera
jusqu’à sa mort. En 1816, le nouveau souverain, Louis XVIII, le nomme
conseiller d’État.
Parallèlement à cette carrière politique, Maine de Biran se préoccupe
de philosophie. Il adhère ainsi à la pensée des " idéologues ",
très en vogue pendant la République. Ceux-ci désirent une philosophie
sans Dieu. Maine de Biran rejette notamment l’idée que la raison puisse
démontrer l’existence de Dieu. Le penseur écrit beaucoup mais publie
peu. Il rédige en 1802 un ouvrage intitulé Influence de l’habitude
sur la faculté de penser et couronné par l’Institut. Celui-ci est
suivi quelques années plus tard, en 1805, d’une autre publication, Décomposition
de la pensée, où il s’attache à décrire le lien existant entre
l’activité de la volonté et la conscience, réfutant ainsi les théories
kantiennes d’une pensée pure.
En 1817, Maine de Biran publie un opuscule de cent vingt pages, l’Examen
des leçons de philosophie de M. Laromiguière. Il rédige bientôt
l’article " Leibniz " pour la Biographie
universelle de Joseph et Louis-Gabriel Michaud, éditée à partir de
1819. Le philosophe poursuit également ses recherches à travers une
suite de mémoires académiques : La décomposition de la faculté
de penser en1805, De l’aperception immédiate en 1807, Sur
les rapports du physique et du moral de l’homme en 1811. Il
s’attache notamment à développer la notion de conscience et à montrer
l’influence de l’état physique sur le moral.
A la Société médicale de Bergerac qu’il a contribuée à fonder, Main
de Biran rend public des communications sur des questions particulières.
Il s’intéresse ainsi aux perceptions obscures, au sommeil et aux
songes, au somnambulisme... Le notable réunit également régulièrement
chez lui, à son domicile parisien, une société philosophique en
compagnie de laquelle il peut partager ses préoccupations métaphysiques.
Maine de Biran forme bientôt le projet d’un ouvrage sur les fondements
de la psychologie et qui formerait la synthèse de ses réflexions. Il en
commence la rédaction en 1813. Peu après, le philosophe met en chantier
les Rapports des sciences naturelles avec la psychologie. Sa pensée
s’oriente alors vers le mysticisme. Maine de Biran expérimente
ainsi l’impuissance de la volonté humaine à contenir les désirs et
les passions. S’il parvient à distinguer, en l’Homme, sa vie propre
et celle de la divinité, le philosophe estime cependant que celui-ci est
dépendant de son créateur qui est en fait sa cause.
Maine de Biran décède à Paris, le 16 juillet 1824, laissant inachevé
le grand traité sur la science de l’Homme qu’il avait en projet.
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