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LOUIS-PHILIPPE Ier
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LOUIS-PHILIPPE Ier
(Paris, 6 octobre 1773 - Claremont, 26 août
1850)
Par Marc Nadaux
Français.
Homme politique.
par Marc Nadaux
Quelques dates :
1790, fait son entrée au club des Jacobins.
1792, aux côtés du général Dumouriez aux batailles de Valmy,
lpuis de Jemmapes.
1793, se réfugie en Suisse et refuse à servir dans les rangs
des armées de l’émigration.
1814, reçu par Louis XVIII, qui le nomme colonel-général des
hussards et pair de France.
1830, les députés libéraux de la Chambre le nomment "
lieutenant général du royaume ".
proclamé roi des Français et choisit de se faire appeler
Louis-Philippe Ier .
1835, attentat de Fieschi.
1848, doit abdiquer et s’exiler de nouveau.
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Louis-Philippe est né le 6 octobre 1773 à Paris. Il est le fils aîné de
Louis-Philippe Joseph d'Orléans et de Louise-Marie de Bourbon Penthièvre.
Appelé dans un premier temps duc de Valois, il se voit attribuer en 1785 le
titre de duc de Chartres. L’enfant est élevé durement par Mme de Genlis, maîtresse
de son père, à qui il est confié. Celle-ci s’inspire en effet des préceptes
de Jean-Jacques Rousseau, développés dans son ouvrage Émile ou de l’éducation.
L’aîné des Orléans effectue ainsi des exercices physiques, s’initiant à
la menuiserie aussi bien qu’aux choses de l’esprit, la soif de découverte
devant guider son apprentissage.
A l’âge de dix-huit ans, le duc de Chartres, qui a entamé une carrière
militaire, accède au grade de colonel de dragons. Dans le sillage de son père,
il adopte les idées de la noblesse libérale. Celui que l’on dénommera à
partir de 1792 Philippe Égalité est en effet le chef de file de cette
aristocratie, réceptive à la pensée des Lumières et consciente des réformes
nécessaires à la survie du régime. Dès 1789 et les premiers événements
parisiens, Louis-Philippe prend ainsi fait et cause pour le mouvement révolutionnaire.
Le jeune homme suit alors avec attention les séances de l'Assemblée nationale,
fréquentant également le club des Jacobins où il fait son entrée le 2
novembre 1790.
Avec la proclamation de la République et la chute du roi, alors que son père
est élu à la Convention, le duc de Chartres devient maréchal de camp le 7 mai
1792. Il se voit bientôt confier un commandement dans l’armée du Nord et est
placé sous les ordres du duc de Biron. Nommé lieutenant général le 11
novembre de la même année, il prend alors part aux côtés du général
Dumouriez aux batailles de Valmy, le 20 septembre 1792, puis de Jemmapes, le 6
novembre suivant. Ces deux engagements mettent un coup d’arrêt à l’avancée
des armées alliées, permettant à la Révolution de poursuivre sa marche en
avant.
Cependant, après la défaite de Neerwinden le 18 mars 1793, bien qu'il ne
s'associât pas à la défection de l’ancien commandant en chef, relevé de
ses fonctions, le duc de Chartres se trouve compromis. A Paris d’ailleurs,
Philippe Égalité, qui vient de voter, il y a de cela quelques mois, la mort de
son cousin Louis XVI, est lui aussi de ce fait inquiété. Alors que la
Convention montagnarde met la Terreur à l’ordre du jour, il est guillotiné
le 6 novembre 1793. La même année, son fils, qui prend alors le titre de duc
d’Orléans, se réfugie en Suisse. Il se refuse bientôt à servir dans les
rangs des armées de l’émigration.
Louis-Philippe d’Orléans est professeur de mathématiques au collège de
Reichenau pendant quelques mois. En 1795, il gagne la ville de Hambourg puis la
Scandinavie avant de s’embarquer, au mois de septembre 1796, pour l’Amérique,
sous la pression diplomatique du Directoire. Le duc d’Orléans est de retour
en Europe en 1800, ces années de voyage lui ayant tout de même permis d’acquérir
une connaissance de l’étranger peu commune pour l’époque. Il réside en
Angleterre et tente alors de se réconcilier avec ses cousins, frères du roi défunt.
Le comte de Provence qui se fait maintenant appeler Louis XVIII et le comte d’Artois
sont eux aussi exilés outre-Manche. Le 25 novembre 1809, le duc d’Orléans épouse
la princesse Marie-Amélie, fille du roi Ferdinand IV de Naples. Le couple aura
huit enfants. Alors que les armées de l’Empire s’enlisent en Espagne et en
Russie, Louis-Philippe vit en Sicile, à Palerme.
Avec la chute de Napoléon Ier, la famille d’Orléans est de retour
en France. Le 12 mai 1814, Louis-Philippe est reçu au palais des Tuileries par
le nouveau souverain, Louis XVIII, qui le nomme colonel-général des hussards
et pair de France. Pendant les Cent-Jours cependant, le duc d’Orléans
choisit de se retirer à Twickenham en Angleterre, et non à Gand auprès du
roi. Lui reprochant ensuite d’avoir mené des intrigues auprès du parti libéral
au cours de ces quelques mois, celui-ci lui interdit le séjour dans le royaume
jusqu'en 1817. Demeurant maintenant au Palais-Royal, il s’occupe alors à gérer
les biens de la famille d’Orléans qui lui ont été rendus. Ceux-ci
s’accroissent d’ailleurs au début du règne de Charles X, Louis-Philippe
recevant une dotation importante sur le " milliard des émigrés ".
Cette loi, votée le 28 avril 1825, vise en effet à indemniser les nobles émigrés
dont les possessions avaient été saisis pendant la période révolutionnaire.
Sous la Restauration, le duc d’Orléans se tient donc à l’écart de la cour
qui entoure les souverains bourbons aux Tuileries. Hostile au parti ultra qui
domine maintenant la vie politique, celui qui possède une des plus grosses
fortunes de France cultive dans la discrétion sa différence d’avec la
branche aînée au pouvoir. Il reçoit ainsi fréquemment les représentants les
plus illustres de la bourgeoisie libérale, mais aussi le Tout-Paris artistique
et intellectuel. Sa réputation de voltairien, la simplicité de son existence -
ses fils aînés effectuent alors leurs études dans les collèges royaux - le
rendent bien vite populaire aux yeux des Parisiens. Ceux-ci réagissent bientôt
à l’annonce de la publication de quatre ordonnances contraires à l'esprit de
la Charte de 1814 et publiées le 25 juillet 1830. Alors que la crise économique
aiguise le mécontentement, celles-ci déclenchent une émeute dans Paris. Les Trois
Glorieuses des 27, 28 et 29 juillet provoquent alors la chute de Charles X.
Retiré dans sa propriété de Neuilly, aux portes de Paris, Louis-Philippe d’Orléans
se tient néanmoins au courant de l’évolution des événements. Alors
qu’une Commission municipale est formée se réunissant à l’Hôtel-de-Ville,
une proclamation qui fait l’apologie du duc d’Orléans, œuvre d’Adolphe
Thiers, s’étale sur les murs de Paris. Escamotant alors la révolution
populaire, les députés libéraux de la Chambre le nomment le 30 juillet
"lieutenant général du royaume". Le surlendemain, le duc d’Orléans
forme un nouveau gouvernement placé sous son autorité tandis que le roi
Charles X et son fils prennent le chemin de l'exil. Celui-ci avait auparavant
abdiqué en faveur de son petit-fils, le duc de Bordeaux, confiant la régence
du royaume à son cousin. Délaissant cette proposition, Louis-Philippe est
bientôt proclamé roi des Français, le 7 août 1830, sur la proposition de
Victor Bérard et grâce au cautionnement du marquis de La Fayette.
Le 14 août suivant, une nouvelle Charte constitutionnelle est promulguée, après
avoir été votée quelques jours auparavant par la Chambre des députés et par
la Chambre des pairs. Le 9 août au Palais-Bourbon, le nouveau souverain a également
juré d’en respecter les principes. Ce texte constitutionnel est un compromis
entre les aspirations des républicains et celles des monarchistes
constitutionnels. Le préambule disparaît de la Charte de 1830 car les pouvoirs
du roi des Français émanent désormais de la nation. Le nouveau souverain,
issu des Trois Glorieuses, choisit alors de se faire appeler
Louis-Philippe Ier et non Philippe VII. Suivant ses convictions, il
adopte également le drapeau tricolore, acceptant ainsi le legs idéologique de
la Révolution de 1789. Le catholicisme n’est plus religion d’État. Tandis
que la censure est abolie, les prérogatives du roi diminue au profit de celles
de la Chambre des députés. Cet aménagement confère à la Monarchie de
Juillet son caractère libéral, Louis-Philippe apparaissant ainsi comme un
" roi citoyen ".
La Charte de 1830 n’institue pas une véritable monarchie parlementaire, le
roi n’étant pas obligé de choisir un gouvernement au sein de la majorité
des députés à la Chambre désignée par le vote des électeurs. Cependant,
les conditions de l’avènement de la Monarchie de Juillet font que cette dernière
solution apparaît comme quasi-obligatoire pour le nouveau souverain. Pourtant,
après s’être allié pendant les premiers mois de son règne avec les libéraux
avancés du " mouvement ", comme le banquier Jacques
Laffitte, Louis-Philippe Ier établit ensuite un pouvoir personnel,
prétendant gouverner et non simplement régner. Il se tourne alors vers la
" résistance " qui s’organise autour de Casimir Périer
et du duc de Broglie, confiant également la charge du ministère à ses fidèles,
le maréchal Soult ou le comte Molé, mais aussi à Adolphe Thiers.
C’est sur la bourgeoisie d’affaires et les notables urbains que le nouveau régime
s’appuie. Avec l’abolition de la pairie héréditaire décidée dès le 29 décembre
1831, le système électoral et le suffrage censitaire correspondent en effet
aux aspirations de cette classe montante. La Monarchie de Juillet favorise
d’ailleurs son élévation, suivant les commandements de la pensée libérale
résumés par le mot de François Guizot " enrichissez-vous par le
travail et par l’épargne ". Cette époque voit ainsi l’essor du
crédit et le développement de l’industrialisation, portés par la création
d’un réseau ferré avec l’adoption d’une loi sur les chemins de fer le 11
juin 1842. Le règne de Louis-Philippe est ainsi un moment décisif de l’évolution
de la société française, amplement décrit par Honoré de Balzac. Voisinent
dans la Comédie Humaine, l’illustre Gaudissart, un voyageur représentant
de commerce avec le père Grandet, tonnelier enrichi dans la vente des biens du
clergé ; le baron de Nucingen, un brasseur d’argent sans scrupules avec
le comte de Marsay, le dandy qui réussit en entrant dans la politique. Dans les
campagnes, la croissance démographique ainsi que les progrès techniques qui se
diffusent en libérant une main d’œuvre abondante conduisent à un fort exode
rural. Paris voit alors affluer au cours de ces années ces populations paupérisées
tandis que les premiers quartiers industriels s’installent à la périphérie
des grandes villes. Ceux-ci sont amplement décrits par les médecins et autres
philanthropes qui en dénoncent l’insalubrité
Pour favoriser le développement économique, le gouvernement philippard mène
une politique extérieure prudente, faite de compromis. C’est ainsi qu’il
s’abstient de soutenir en 1831 la Pologne insurgée contre le pouvoir russe,
comme le réclame Charles de Montalembert dans son journal progressiste L’Avenir.
Le 16 février de la même année, Louis-Philippe refuse également au détriment
de son fils, le duc de Nemours, la couronne de Belgique que lui offrait la Congrès
national. En 1840, il laisse ensuite l’Angleterre de la reine Victoria prendre
le pas sur la France dans les affaires égyptiennes. Il s’agit ainsi pour la
Monarchie de Juillet de rompre l’isolement diplomatique de la France en ménageant
l’Angleterre. Le 8 octobre 1844, le pied d’un souverain français foule
d’ailleurs le sol anglais, chose qui ne s’était pas vu depuis la captivité
de Jean II, à l’issue de la défaite de Poitiers ! C’est en effet
davantage dans la poursuite d’une politique coloniale offensive que se réalise
le nouveau régime à l’extérieur des frontières du royaume. Un autre des
fils du roi des Français, le duc d’Aumale, s’illustre bientôt aux côtés
du maréchal Bugeaud dans la poursuite des opérations de conquête de l’Algérie,
commencées pendant la Restauration.
Dans les premières années du règne de Louis-Philippe Ier, est
organisée une épuration massive au sein de l’administration ainsi que parmi
les cadres de l’armée et de la justice. Ceci permet aux autorités de pouvoir
compter sur la fidélité du personnel dirigeant du royaume. Cette précaution
permet à la Monarchie de Juillet de faire face aux nombreuses attaques dont
elle est l’objet. De fréquentes émeutes populaires agitent ainsi Paris et
les grandes villes de province, Lyon notamment. Celles-ci trouvent leur origine
dans l’opposition violente que lui manifeste les républicains, organisés
autour d’Auguste Blanqui, de François Raspail, ou d’Armand Barbès au sein
de diverses sociétés secrètes comme la Société des Amis du Peuple,
dissoute en 1832, la Société des Saisons ou la Société des
Familles. Au-delà du régime proprement dit, c’est aussi la personne du
roi qui est directement menacée. Le 28 juillet 1835, alors que Louis-Philippe
s'apprête à célébrer le cinquième anniversaire des Trois Glorieuses,
il échappe ainsi lors de son passage boulevard du Temple à Paris à la
"machine infernale" de Giuseppe Fieschi. Le gouvernement peut néanmoins
exploiter l'émotion suscitée parmi la population par cette tentative de régicide
(qui fait dix-huit victimes). Le 9 septembre suivant en effet, est votée une
loi restreignant la liberté d'expression qui permet au régime d'étouffer
l'opposition républicaine. Signe des temps, quelques années auparavant, le 15
février 1831, est ouvert à Paris le "Pavillon des princes" à la
prison de Sainte-Pélagie, dévolu aux détenus politiques.
Louis-Philippe d’Orléans doit également faire face à l’opposition des légitimistes,
partisans de la branche aînée des Bourbons, qui le qualifient d'"
usurpateur ". Dans la presse d’opinion, c’est l’écrivain François-René
de Chateaubriand qui se fait sous la Monarchie de Juillet le porte-parole de
cette aristocratie évincée du pouvoir. Alors que se réveille la chouannerie
dans l’Ouest du royaume, l’année 1832 voit échouer au mois de novembre la
chevauchée de la duchesse de Berry. Grandit également dans l’esprit des
" enfants du siècle " la légende de l’Empereur des Français.
En 1840, alors qu’est inauguré place de la Bastille le monument commémorant
les Journées de Juillet 1830, la cérémonie du retour des cendres de
Napoléon Ier est l’occasion d’une grande célébration
populaire. Au cours de ces années, la Monarchie de Juillet doit aussi faire
face aux coups de main organisés par celui qui se considère, depuis le décès
du roi de Rome en 1832, comme le garant de la tradition impériale. A deux
reprises, le 30 octobre 1836 à Strasbourg ainsi que le 6 août 1840 dans le
port de Boulogne, Louis-Napoléon Bonaparte organise un pronunciamiento contre
le pouvoir en place.
Le 13 juillet 1842, la mort accidentelle de l’héritier du trône, le jeune
duc d'Orléans, entraîne un regain de sympathies populaires en faveur du roi
des Français. Cependant, à partir de 1840 grandit également auprès du
souverain l’influence de François Guizot. Alors que revient de manière
lancinante à la Chambre des députés la question de l’élargissement du
corps électoral, celui-ci développe une politique conservatrice qui coupe peu
à peu Louis-Philippe de la nation. Le roi, convaincu de la pérennité de son
pouvoir, n’accepte plus aucune réforme, aucun aménagement supplémentaire à
la Charte de 1830. Les manifestations réformistes et révolutionnaires se
multiplient tandis que le mécontentement est aiguisé par les crises économiques.
C’est alors que la Campagne des banquets, inaugurée le 9 juillet 1847
à Paris, mobilise les oppositions à la Monarchie de Juillet. Le 22 février
1848, l'interdiction d'une manifestation provoque bientôt une émeute dans la
capitale parisienne. Le lendemain, François Guizot est renvoyé, ce qui ne
suffit guère à calmer l’opinion. Le 24 février, c’est le palais des
Tuileries qui est pris d'assaut par la population parisienne. Louis-Philippe Ier
qui s’oppose à toute effusion de sang se voit contraint d’abdiquer en
faveur de son petit-fils, le comte de Paris. Cependant, malgré l’intervention
d’un pair de France, Victor Hugo, en faveur d'une régence de la reine
Marie-Amélie, un Gouvernement provisoire dominé par Alphonse de Lamartine
proclame la République. Une Assemblée constituante, élue le 23 avril et
composée de républicains modérés, est bientôt chargée de rédiger une
constitution.
Louis-Philippe d’Orléans, qui prend le titre de comte de Neuilly, du nom du
château qu’il possède, pillé et incendié le 25 février 1848, doit
s’exiler de nouveau, avec l’avènement d’une Seconde République. Installé
en Angleterre, au château de Claremont dans le Surrey, il décède le 26 août
1850.
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