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LOUIS XVIII 

(Versailles, 17 novembre 1755 - Paris, 16 septembre 1824)


Français.

Homme politique.



par Marc Nadaux


 

     Quelques dates :

1787, fait d'abord de l'opposition aux réformes proposées par Alexandre de Calonne, le contrôleur général des Finances.
1791, émigre.
1793, devenu Régent à la mort de son frère Louis XVI.
1795, devient roi de France sous le nom de Louis XVIII et est reconnu comme tel par les princes européens.
1814, à Paris, octroie une Charte constitutionnelle.
1815, pendant les Cent-Jours, se réfugie à Gand.
1816, dissout la Chambre " introuvable ", dominé par le courant ultra-royaliste.

 






Louis-Stanislas-Xavier, troisième fils du Dauphin de France, enfant unique du roi Louis XV, et de Marie Josèphe de Saxe, est né à Versailles le 17 novembre 1755 à trois heures du matin. Il porte alors le titre de comte de Provence, son grand-père l’ayant également gratifié du Cordon bleu de l’Ordre du Saint-Esprit. Confié aux soins de Mme de Marsan, Louis est ensuite placé en 1762 sous la responsabilité du duc de La Vauguyon. L’enfant révèle alors de grandes aptitudes à l’apprentissage et se découvre une passion pour le latin. Fin lettré, le comte de Provence sa vie durant ne manquera une occasion de citer Virgile ou Horace.

Le 14 mai 1771, il se marie avec Marie-Joséphine Louise de Savoie, fille du roi de Sardaigne. Le couple princier cependant n’aura pas d’enfant. Lorsque son frère aîné monte sur le trône en 1774, le titre de Monsieur lui revient de droit. Écarté des affaires du royaume, il mène alors grand train dans l’aile gauche du château de Versailles et aux Tuileries qui lui sont toutes deux attribuées, au château de Brunoy dont il fait l’acquisition. Le comte de Provence contribue ainsi par ses dépenses somptuaires à creuser ce gouffre financier qu’est le train de vie de la cour, celui-ci indisposant chaque jour davantage l’opinion.

Monsieur aime à s’entourer de beaux esprit. En 1781 et avec l’aide de Pilâtre des Roziers, son intendant, il fonde le Musée de Monsieur réunissant l’aristocratie mondaine autour de conférences données par Condorcet, Monge, Marmontel ou La Harpe. Le comte de Provence s’essaie également à l’écriture, livrant à l’occasion sous un pseudonyme des pièces en vers à la Gazette de France ou au Journal de Paris. Alors que la reine a donné à son frère et au royaume un héritier pour le trône en 1781 le privant ainsi d’une succession espérée, il s’amuse en compagnie du Paris de la rive gauche aux scandales qui éclaboussent la monarchie dans les années qui suivent.



A l'Assemblée des notables réunie le 22 février 1787 pour résoudre les problèmes financiers du royaume, Monsieur fait d'abord de l'opposition aux réformes proposées par Alexandre de Calonne, le contrôleur général des Finances. Afin de masquer l’égoïsme de la noblesse dont il se sent solidaire, le comte de Provence propose ainsi de manière démagogique de supprimer les Gabelles. Puis, ménageant sa popularité, il se fait l’avocat de la double représentation du Tiers État. Poursuivant cette politique de conciliation aux États généraux, Monsieur est bientôt impressionné par les mouvements de foule du peuple parisien et par la prise de la Bastille, le 14 juillet 1789.

Il prend alors conscience de l’ampleur du mouvement révolutionnaire et demande à Louis XVI la Lieutenance du royaume. Monsieur se voit opposer un refus sous la pression de la reine Marie-Antoinette. Très vite, il se prononce pour la contre-révolution et est bientôt accusé par la rue d'avoir suscité le complot du marquis de Favras. Le comte de Provence laisse exécuter son ancien officier des Gardes, le 19 février 1790, après avoir protesté de son innocence. Il émigre le 20 juin 1791 et se rend alors à Mons puis à Bruxelles où il rejoint son frère, le comte d’Artois. A Coblence, les princes du sang sont accueillis le 7 juillet suivant par leur oncle le prince-électeur Clément-Wenceslas. Celui-ci leur offre l’hospitalité du château de Schonbornlust où une vie de cour s’organise bientôt. L’exil volontaire des frères du roi accélère alors l’émigration de l’ancienne noblesse.

Sommé par l’Assemblée législative de revenir de l’étranger, Monsieur exhorte son frère Louis XVI à la résistance dans une correspondance secrète. Le 20 avril 1792 cependant, la France déclare la guerre " au roi de Bohème et de Hongrie ". Tenu éloigné des préparatifs de campagne de la Prusse et de l’Autriche, les espoirs du comte de Provence sont ruinés le 20 septembre suivant par la victoire de Valmy, suivie quelques jours plus tard de la proclamation de la République à Paris. Le 21 janvier 1793, la mort de Louis XVI lui confère le statut de Régent. Il nomme alors le comte d’Artois Lieutenant général du royaume et proclame roi son neveu, prisonnier au Temple, sous le nom de Louis XVII.



Sous la menace des troupes révolutionnaires qui prennent pied au-delà du Rhin, le comte de Provence doit se réfugier le 24 mai 1794 au nord de l’Italie, avec l’accord des puissances coalisées. A Vérone, il prend alors le titre de comte de Lille. A cette époque et avec l’aide du comte d’Antraigues, le Régent crée un réseau royaliste en France et prend contact avec les Vendéens insurgés. Le 24 juin 1795, la nouvelle de la mort de son neveu arrive à la casa Gozzola où il réside. Le comte de Provence devient alors roi de France sous le nom de Louis XVIII et est bientôt reconnu comme tel par les princes européens.

Une cour se réunit auprès du nouveau souverain en exil. Celui-ci se multiplie en proclamations diverses et forme même un gouvernement placé sous son autorité. Sous le Directoire, Louis XVIII cherche maintenant à gagner à la cause de la monarchie les plus influents de ses dirigeants comme les généraux Pichegru et Moreau, le Directeur Paul Barras. Au mois d’avril 1796, prié par les autorités de quitter la République de Venise menacée par l’avancée des troupes du général Bonaparte, il accepte bientôt au mois de février 1798 l’hospitalité du Tzar au château de Mittau, après avoir séjourné à Riegel et à Blankenbourg dans le royaume de Prusse.

Expulsé de Russie en 1799 par Paul Ier qui vient de quitter la deuxième coalition, Louis XVIII se rend alors de nouveau auprès du roi de Prusse. Il s’installe à Varsovie le 22 février 1801. Au mois de février 1803 cependant, l’aîné de la maison des Bourbons repousse les propositions du Premier Consul, plébiscité et reconnu dans ses pouvoirs par les Français, qui voulait lui faire renoncer à ses droits sur le trône. Le 7 juillet 1807, l’entrevue de Tillsit entre les deux empereurs, Napoléon Ier et le nouveau Tzar Alexandre Ier, décide d’un nouveau lieu d’exil pour Louis XVIII. Revenu en 1804 à Mittau, il se rend alors en Suède et enfin en Angleterre où il débarque le 2 novembre 1807 retrouvant son frère, le comte d’Artois. Louis XVIII achève ainsi son tour d’Europe au manoir d’Hartwell, près de Londres, où il séjourne de 1809 à 1814. C’est en Angleterre que la reine Marie-Joséphine décède au mois de novembre 1810. Elle est alors inhumée à Westminster avec toute la pompe due à un monarque.



Le 30 mars 1814, Paris qui a capitulé est occupée par les Alliés. Le 6 avril suivant, appelé au trône par le Sénat et le Corps législatif qui ont déchu Napoléon Ier de ses pouvoirs quelques jours plus tôt, " Louis le désiré " débarque à Calais et fait une entrée triomphale à Paris, le 3 mai suivant. Celui qui s’annonce comme étant Roi de France et de Navarre en sa dix-neuvième année de règne s’installe alors au Palais des Tuileries. Revenant sur ses différentes proclamations d’exil où il affirmait sa volonté d’un retour à l’ordre ancien, il octroie le 4 juin 1814 une Charte constitutionnelle.

Celle-ci s'ouvre sur un préambule au langage subtil qui insiste sur la légitimité du nouveau souverain et la préservation des acquis issus de 1789. Refermant la parenthèse révolutionnaire, Louis XVIII consent à accorder quelques droits à ses sujets. C'est la signification du mot " Charte ", préféré à celui de "Constitution". Le texte qui s'inspire des institutions britanniques n'en institue pas pour autant une monarchie parlementaire. Le roi qui détient le pouvoir exécutif n'est aucunement responsable devant le Parlement. Celui-ci est composé de deux chambres : la Chambre des Pairs dont les membres sont nommés à vie par le roi, la Chambre des députés élus quant à eux au suffrage censitaire. Cependant les ministres du nouveau régime peuvent être choisis parmi ces derniers.

Pendant les Cent-Jours, Louis XVIII se réfugie à Gand. A son retour en France au mois de juillet 1815, il doit se séparer de son favori, le comte de Blacas, qui rappelle trop l’Ancien Régime et accepter de prendre Joseph Fouché pour ministre. A la tête d’une France divisée par les passions et occupée par les armées alliées, Louis XVIII amnistie les révolutionnaires, à l’exception des régicides, le 2 janvier 1816. Son retour au pouvoir est néanmoins marqué par la Terreur blanche légitimée par l’activisme des représentants du courant ultra-royaliste, au discours réactionnaire et qui souhaitent un retour à la monarchie absolu de droit divin. Celui-ci obtient la majorité des sièges à l'élection d'une Chambre dite introuvable que Louis XVIII est forcé de dissoudre le 5 septembre de la même année, satisfaisant ainsi la majorité des monarchistes modérés et des libéraux.



Sous son règne s’instaure alors dans la France de la Restauration la pratique d’un gouvernement constitutionnel. Celui-ci est ponctué par les débats à la Chambre que sanctionnent des élections régulières au suffrage censitaire, suivant les principes énoncés par la loi Lainé du 8 février 1817. Cette pratique permettra de constituer une amorce de régime parlementaire et de donner parfois à la Restauration un caractère libéral. Non sacré à Reims, le roi Louis XVIII se montre néanmoins soucieux de ses prérogatives. Attaché au prestige de la majesté royale, Louis XVIII se préoccupe de l’étiquette et des formalités de palais, davantage que des réunions de ses ministres.

Le duc de Richelieu contribue au retrait des troupes étrangères du sol français, décidé le 9 octobre 1818 au Congrès d’Aix-la-Chapelle. Lui succède à la tête du ministère le duc Decazes dont la politique de conciliation à l’égard des différents courants politiques à la Chambre correspond aux aspirations de Louis XVIII. Le 5 mars 1819, de nombreuses nominations à la Pairie lui assurent d’ailleurs la stabilité. Cependant, avec l'assassinat du duc de Berry dans la nuit du 13 au 14 février 1820 et sous la pression des ultras, Louis XVIII doit faire appel à des ministres hostiles aux idées libérales, le comte de Villèle en particulier, et restreindre les libertés publiques.

En 1823 a lieu l’expédition en Espagne, décidée à l’initiative du ministre des Affaires étrangères, François-René de Chateaubriand. L'armée française, dirigée par le duc d'Angoulême, neveu du roi, remet ainsi sur le trône le souverain Bourbon, Ferdinand VII, menacé par les libéraux. En appuyant la réaction face aux mouvement d’émancipation, ceci permet à la France de reprendre place dans le concert des nations de l’Europe du Congrès de Vienne.



Louis XVIII décède à Paris le 16 septembre 1824 et est inhumé à la basilique de Saint-Denis. Lui succède alors sur le trône son frère, le comte d'Artois, sous le nom de Charles X.