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Julien VIAUD,
dit
 
Pierre LOTI 

(Rochefort, 14 janvier 1850 - Hendaye, 10 juin 1923)


Français

Ecrivain.



par
Marie-Gabrielle Ely & Jean-Marc Goglin


 

     Quelques dates :

1867, enfin à l’École Navale de Brest.
1872, découvre Tahiti.
1876, en Turquie.
1879, Le Mariage de Loti.
1881, promu lieutenant de vaisseau.
1883, participe à la campagne du Tonkin, embarquant à bord de l'Atalante.
1886, Pêcheur d’Islande.
1891, élu à l’Académie française.
1900, participe à bord du Redoutable à la guerre de Chine.
1905, Les Désenchantées.
1906, promu capitaine de vaisseau.
1914, agent de liaison auprès du général Gallieni, gouverneur militaire de Paris.
1923, funérailles nationales.

 






Julien Viaud naît le 14 janvier 1850 à Rochefort, ville dans laquelle son père, Théodore, est un modeste employé de mairie. Julien est le troisième enfant du couple. Lorsque son frère aîné Gustave, chirurgien de marine, s’embarque pour Tahiti en 1858, l'enfant est saisi par le désir de devenir marin. Au mois d'octobre 1864, il quitte ainsi ses études au Collège de Rochefort et décide de monter à Paris. Julien Viaud entre alors au Lycée Napoléon (actuel Lycée Henri IV) afin de préparer l’École Navale. L’année suivante, un drame familial, le décès en mer de son frère, ne le fait pas changer d’avis. Persévérant dans ce qu’il estime être sa vocation, Julien Viaud entre enfin à l’École Navale de Brest en 1867. Il en sort quelques années plus tard, en 1870.

Commence alors une très longue carrière de marin. Ses premiers voyages l’emmènent en mer du Nord puis en mer Baltique. Le déclenchement du conflit franco-prussien en 1870 interrompt ses pérégrinations. Julien Viaud prend part à la lutte contre l’ennemi à bord de la corvette Decrès. A la fin de la guerre, ses voyages reprennent. Il découvre ainsi Tahiti en 1872 et séjourne quelques mois dans l’île de la Polynésie, récemment placée sous protectorat français. Cette expérience le marquera à jamais. En effet, Julien Viaud vit une aventure passionnée avec une vahiné qui le surnomme Loti, du nom d’une fleur locale. Épris de ces paysages exotiques, il rapporte dessins et aquarelles de l’île enchanteresse. Après un nouveau voyage au Sénégal à bord du Pétrel, Julien est affecté en 1873 au bataillon de Joinville où il mène une vie joyeuse. Canotant sur les bords de la Marne, il noue des amitiés durables, celle de l’actrice Sarah Bernhardt ou d'Alphonse Daudet notamment.

Quelques années plus tard, en 1876, Julien Viaud découvre la Turquie où il rencontre l’amour de sa vie, Hakidié, une jeune Circassienne. Ces terres d’Asie mineure apparaissent désormais comme sa seconde patrie. Aussi son départ en 1877 est un véritable déchirement. A son retour, Julien cherche l’oubli dans des amours tumultueuses avec un marin breton. Il reprend également les notes issues de son séjour à Constantinople et rédige un roman. Aziyadé est publié au mois de janvier 1879, sans nom d’auteur. Une deuxième oeuvre, Le Mariage de Loti, qui parait au mois de mars de l’année suivante remporte un succès immédiat. A cette époque, Julien Viaud participe à la campagne du Tonkin, embarquant au mois de mai 1883 à bord de l'Atalante. Il décrit d’ailleurs les atrocités dont il a été le témoin dans les colonnes du journal Le Figaro. Ceci lui vaut une sanction de la part du ministère dirigé par Jules Ferry, à l’origine de l’entreprise en Extrême-Orient.



Sans renoncer à sa carrière militaire, Julien Viaud, affecté maintenant à Rochefort, se consacre davantage à l’écriture. Il adopte à cette époque le pseudonyme de Pierre Loti et signe sous ce nom en 1881 son troisième roman, Le Roman d’un spahi. La même année, Loti est promu lieutenant de vaisseau. Le 19 novembre 1883 paraît Mon frère Yves, qui narre la vie d’un marin qui lutte contre son ivrognerie héréditaire. Enfin, le 26 juin 1886, Pêcheur d’Islande conte une histoire d’amour entre un marin breton, pêcheur en Islande, et une jeune fille. Il accède alors à la gloire littéraire et remporte le prix Vitet. Son ouvrage renforce à cette époque la réaction contre le courant naturaliste, initiée par Anatole France.

Le 20 octobre de la même année, Loti épouse Blanche de Ferrière. C’est un mariage de convenance et d’intérêt, Loti ne songeant qu’à s’assurer une descendance. Le premier fils attendu est perdu. Et la naissance du second, prénommé Samuel, en 1889, ne rapproche pas les deux époux. Désirant voyager pour son propre compte, Loti bénéficie alors de congés accordés par l’armée. Il repart en Turquie afin de retrouver Hakidié mais une mauvaise nouvelle l’y attend : sa bien-aimée est décédée. Loti, désespéré, vole alors sa pierre tombale et la rapporte en France où il ne demeure que peu de temps. L’écrivain effectue un nouveau voyage en Orient, parcourant le Maroc, l’Égypte et la Terre Sainte.

Ses œuvres rencontrant toujours un grand succès auprès du public, Loti connaît maintenant les honneurs. Le 21 mai 1891, il est élu à l’Académie française, malgré la concurrence avec Émile Zola. C’est à bord du Formidable, en rade à Alger, qu’il apprend son élection. La même année, il publie Le Livre de la pitié et de la mort. L’armée l’envoie ensuite prendre un poste à Hendaye. Il y rencontre Crucita Gainza, une jeune femme dont il aura trois enfants. Ramuntcho est publié en 1897. L’année suivante, Loti revient s’installer à Rochefort et entreprend de transformer sa maison natale en fantaisie architecturale, aménageant une salle gothique, une autre de style Renaissance mais aussi deux salons à la mode orientale, turc et chinois. Celle-ci possédera même une mosquée.



Le goût des voyages ne le quitte pas. En 1900, après avoir participé à bord du Redoutable à la guerre de Chine déclenchée à la suite de la révolte des Boxers, il part pour l’Inde, gagne ensuite la Chine puis de nouveau la Turquie. De son séjour en Asie, il rédige deux œuvres de réflexion : Les derniers jours de Pékin ainsi que L’Inde (sans les anglais). A son retour en France, en 1905, Blanche le quitte. L’année suivante, Loti fait paraître Les Désenchantées. Ce roman, qui défend la femme turque, obtient un énorme succès. Il est promu capitaine de vaisseau en 1906 avant d'être admis à la retraite de la marine quatre années plus tard. En 1912, est publiée une nouvelle œuvre intitulée Le Pèlerin d’Angkor.

La retraite de l’officier s’avère courte. Lorsque éclate la guerre pendant l’été 1914, Loti décide de reprendre du service et demande à être mobilisé. Affecté comme agent de liaison auprès du général Gallieni, gouverneur militaire de Paris, il joue alors les émissaires secrets entre la France et la Turquie, alliés des Empires. Au mois d'août 1918, Loti dénonce l’Horreur allemande. A la fin du conflit, l’écrivain œuvre afin d’éviter le démantèlement de l’Empire ottoman par les puissances occidentales vainqueurs. Cependant la participation des Ottomans à la Première Guerre mondiale aux côtés des Allemands ne leur vaut aucune indulgence lors des traités de paix signés en 1919. Le désenchantement gagne Loti et ne le quittera plus désormais. Un ouvrage révèle d’ailleurs son humeur : Prime jeunesse.

Atteint d'hémiplégie à partir de 1921, il décède le 10 juin 1923 à Hendaye. Alors qu'on l'honore en organisant des funérailles nationales le 16 juin suivant, Loti est enterré dans sa maison de Rochefort transformée en musée. Son fils, Samuel, entreprend au cours des années qui suivent de publier le journal de son père. La première partie du journal de Loti, couvrant les années 1878-1881, est édité en 1925 ; la seconde, qui concerne les années 1882-1885, en 1929.