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Alfred LOISY
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Alfred LOISY
(Ambrières, 28 février 1857
- Ceffonds, 1er
juin 1940)
Français
Philosophe.
par Jean-Marc Goglin
Quelques dates :
1879, ordonné prêtre.
1881, devient professeur d’exégèse à l’Institut Catholique
de Paris.
1900, devient lecteur à l’École des Hautes Études, à la
Sorbonne.
1902, publie L’Évangile et l’Église.
1903, Autour d’un petit livre.
1907, refuse de se soumettre à l’encyclique Pascendi
qui condamne le mouvement moderniste.
1908, est excommunié.
paraît son Commentaire des
évangiles synoptiques.
1909, élu professeur d’histoire des religions au Collège de
France.
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Alfred Firmin
Loisy naît le 28 février 1857 à Ambrières, dans une famille de
paysans. Alors que sa constitution chétive l’empêche de travailler la
terre, Loisy se révèle intelligent et pieux. Aussi, il s’oriente vers
une carrière ecclésiastique. Après des études effectuées au collège
de Saint-Dizier puis au grand séminaire de Châlons-sur-Marne, son évêque
l’envoie, en 1878, à l’Institut Catholique de Paris, qui vient d’être
créée, afin d’y obtenir une licence en théologie. Loisy étudie alors
sous la direction de l’abbé Duchesne, historien des religions réputé.
Il suit également des cours d’assyriologie, d’égyptologie ainsi que
les cours d’hébreu d’Ernest Renan au Collège de France. Loisy est
ordonné prêtre en 1879. Il obtient la charge de plusieurs paroisses
rurales.
En 1881, grâce à sa solide formation, il devient professeur d’exégèse
à l’Institut Catholique de Paris. Sa méthode d’analyse des textes
bibliques est basée sur la critique historique. Cependant ses premières
publications dans la Revue du clergé français inquiètent. Elles
sont jugées trop modernes et critiques vis à vis de l’enseignement
catholique traditionnel. En 1890, Loisy soutient sa thèse sur le Canon de
l’Ancien Testament. Il est reçu mais critiqué et bientôt contraint de
démissionner de son poste de professeur en 1893. L’archevêque de Paris
lui assigne alors une fonction obscure : Loisy est chargé de l’aumônerie
d’un pensionnat de jeunes filles à Neuilly. Il profite alors de son
temps libre pour mettre au clair sa pensée. L’idée directrice de
celle-ci est que la religion est une force immense qui domine l’histoire
de l’humanité et représente la vie morale du genre humain.
En 1898-1899, Loisy rédige un traité La vraie foi dans le temps présent
qui reste inédit. Sa valeur est cependant reconnue. Il devient lecteur à
l’École des Hautes Études, à la Sorbonne, en 1900. En 1902, il publie
L’Évangile et l’Église. Cet ouvrage est une réponse aux
travaux du protestant libéral Adolf von Harnack, qui est également un
historien. Ce dernier pense qu’il est nécessaire de séparer ce qui relève
de l’Évangile de ce qui relève de l’histoire afin de ne conserver de
la tradition que ce qui est nécessaire à la foi. Il affirme notamment
que l’Église chrétienne s’est créée contre l’Évangile. Au
contraire, Loisy affirme que l’on ne peut séparer Évangile et histoire
car Jésus prêche dans l’histoire l’arrivée du Royaume des Cieux.
Ainsi, il estime que si la notion d’Église est étrangère à
l’enseignement de Jésus, elle est la preuve de la réalité du message
de Jésus. Selon lui, il était nécessaire que l’Évangile se fonde
dans l’histoire. Loisy affirme également que les dogmes chrétiens sont
des interprétations humaines du message de Jésus et que les évangiles
ne sont pas des documents historiques rapportant de manière fiable la vie
de Jésus mais des documents catéchétiques exprimant la foi des premiers
chrétiens. Loisy ne rejette pas la tradition, cependant, il note que si
la Vérité est immuable, il est tout de même possible de modifier ses
représentations.
Dès 1903, Alfred Loisy rédige la première synthèse de sa pensée,
intitulée Autour d’un petit livre. Il y situe le fait
religieux et notamment le christianisme dans l’histoire de l’humanité.
Loisy présente la religion comme le moteur de l’évolution de
l’humanité dans l’ordre intellectuel, esthétique et social. Il
estime ainsi que l’humanité progresse grâce à la religion. Les idées
de l’exégète français dérangent et, le 16 décembre 1903, ses livres
sont mis à l’Index. L’année suivante, il quitte son poste aux Hautes
Études. A cette époque, Loisy est devenu un des chefs de file du
mouvement moderniste. Il refuse de se soumettre à l’encyclique Pascendi
du 8 septembre 1907 qui critique ce courant de pensée et est
excommunié le 7 mars 1908, année où paraît son Commentaire des évangiles
synoptiques.
La carrière professorale de Loisy est cependant relancée, puisque l'année
suivante, il est élu
professeur d’histoire des religions au Collège de France. La dureté de
la première Guerre mondiale lui fait prendre conscience du caractère
dramatique et douloureux de l’évolution humaine. Sa pensée s’en
trouve modifiée et il estime que l’Église chrétienne a trahi sa
mission. Loisy aborde désormais la religion d’un point de vue
politique. L’homme a besoin d’une religion car celle-ci aide à vivre
mais il doit s’affranchir de celles existantes. Loisy publie régulièrement :
Les Mystères païens et le Mystère chrétien en 1919, Les
Actes des Apôtres en 1925. Il prend sa retraite du Collège de France
en 1931 et continue toujours d’écrire : La naissance du
christianisme en 1933 et Les origines du Nouveau Testament en
1936.
Après une existence solitaire entre Paris et Ceffonds, en Haute-Marne,
Loisy décède à Ceffonds, le 1er juin 1940.
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