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Frédéric LE PLAY
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Frédéric LE PLAY
(La Rivière Saint-Sauveur, 11
avril 1806 -
Paris, 5 avril
1882)
Français
Sociologue.
par Marc Nadaux
Quelques dates :
1855, Les Ouvriers européens.
1856, fonde la Société internationale des études
pratiques d’économie sociale.
1864, La Réforme sociale.
1867, organisateur de l’Exposition universelle à Paris.
se voit confier les fonctions de sénateur.
1872, fonde les Unions pour la paix sociale.
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Frédéric Le Play
est né le 11 avril 1806 à La Rivière Saint-Sauveur, près de Honfleur
dans le Calvados. Il est élevé par les soins de sa mère, devenue veuve
en 1811. L’aide financière d’un prêtre lui permet d’entrer au collège
du Havre et d’accéder ainsi à l’instruction. A l’âge de dix-huit
ans, il quitte la Normandie et monte à Paris. Frédéric Le Play suit
alors les cours du Collège Saint-Louis. Attiré par l’apprentissage des
sciences, l’étudiant entre bientôt à l’École polytechnique. Le
Play est ensuite admis à l’École des Mines où il obtient, après deux
années d’études, le grade d’ingénieur de deuxième classe.
Quelques années plus tôt, les contraintes de l’enseignement à l’École
des Mines l’avait obligé à effectuer un voyage d’étude. En
compagnie d’un de ses camarades, Frédéric Le Play entreprend ainsi de
mai à octobre 1829 un long périple en Prusse puis dans les provinces du
Rhin, du Hanovre et du Brunswick. L’étudiant laisse percevoir à côté
de ses observations sur les sites industriels et miniers des préoccupations
sociales. C’est en effet l’occasion pour lui de prendre contact avec
la dure réalité de l’existence ouvrière. L’ingénieur et disciple
de Saint-Simon, guidé par sa foi dans le progrès, s’intéresse alors
aux moyens d’améliorer leur sort. En 1840, Le Play est nommé
professeur de docimasie à l’École des Mines, un domaine de la métallurgie
qui s’attache à l’étude de la composition des minerais et donc à
leur éventuelle utilisation à des fins industrielles. Il devient ensuite
sous-directeur puis inspecteur des études de l’institution. Frédéric
Le Play occupera ces différents postes jusqu’en 1856.
Il multiplie pendant cette période les voyages dans les différents États
européens. Le gouvernement espagnol lui demande ainsi en 1833 de dresser
une carte géologique du pays. C’est l’occasion pour lui de rédiger
une monographie intitulée Le Mineur paysan de Galice.
Louis-Philippe le charge ensuite en 1835 de régler un différent
frontalier entre la France et son voisin belge. Deux années plus tard, le
tzar de Russie Nicolas II lui confie l’exploration de terrains carbonifères
en vue d’une éventuelle utilisation industrielle. Le Play retournera
d’ailleurs dans la province de l’Oural en 1845 afin d’organiser
l’exploitation des mines de houille et de minerais du prince Demidoff
qui y emploie 45 000 ouvriers.
Lors de ces différents voyages, l’ingénieur collecte de nombreuses
informations concernant la vie des masses laborieuses. Celles-ci sont
bientôt la matière d’un ouvrage au grand retentissement publié le 21
juillet
1855, Les Ouvriers européens. Désirant asseoir son étude
sociologique sur une base scientifique, Le Play présente ainsi 300
monographies de familles ouvrières, réparties dans une douzaine de pays
européens et organisées en trente-six séries différentes. Après avoir
présenté dans un premier temps le contexte économique et social
particulier à chacune d’entre-elles, il dresse le tableau de leur
budget avant de s’essayer à un commentaire personnel.
Tandis qu’il se détache de ses obligations professionnelles à l’École
des Mines, cette nouvelle notoriété vaut à Frédéric Le Play d’être
nommé par l’empereur Napoléon III commissaire général de l’Exposition
universelle qui se tient à Paris. Il met ainsi à profit sa connaissance
du monde industriel pour juger des différentes prestations qui lui sont
présentées de mai à novembre 1855. Sept années plus tard en 1862, Le
Play devient le responsable de la section française présente à Londres
dans les mêmes circonstances. Enfin son expérience en la matière lui
permet d’organiser, d’avril à novembre 1867, l’Exposition
universelle de nouveau installée dans la capitale parisienne.
L’ingénieur et sociologue fonde en 1856 la Société internationale
des études pratiques d’économie sociale qui regroupent bientôt
les personnalités les plus en vue du Second Empire. Les manifestations
organisées au sein de ces cercles de discussion ont pour vocation de présenter
aux autorités politiques des propositions destinées à faire face aux
problèmes posés par l’avènement d’une nouvelle société
industrielle. Elles s’inspirent ainsi des travaux de sociologie de Frédéric
Le Play.
Celui-ci expose bientôt ses théories dans La Réforme sociale, édité
en 1864. L’ouvrage connaît aussitôt le succès. Sept éditions sont
tirées successivement dans les trois années qui suivent la première
publication. Cette réforme est selon Frédéric Le Play
indispensable à l’amélioration de la condition des populations ouvrières.
Il critique ainsi le partage successoral imposé par le Code civil qui
appauvrirait les masses laborieuses. Une restauration des valeurs morales
s’impose également. Celle-ci doit s’appuyer sur le Décalogue et
l’enseignement judéo-chrétien. Le Play soutient ainsi la nécessité
de l’autorité des institutions, l’État et l’Église.
L’entreprise industrielle est également devenue un cadre de vie
important. L’autorité du patron dans l’usine et sur ses ouvriers doit
s’imposer tout comme celle du père de famille au sein de son ménage.
S’opposant à l’interventionnisme étatique et au socialisme comme au
libéralisme, Le Play demande donc aux élites économiques de jouer un rôle
dans l’encadrement des sociétés industrielles. Ce modèle patriarcal
influencera par la suite le haut patronat dans la mise en place de leur
politique paternaliste de patronage.
Nommé conseiller d’État en 1855 suivant la volonté de Napoléon III,
Frédéric Le Play se voit bientôt confié les fonctions de sénateur en
décembre 1867. Il se retire bientôt de la vie politique en 1870, peu après
la chute du Second Empire. L’économiste et sociologue fonde alors en
1872 les Unions pour la paix sociale. Celles-ci associent patrons
et ouvriers au sein de groupes de discussion et comptent bientôt 3 000
adhérents. Quelques années plus tard en 1882, Le Play est également à
l’origine de la création d’une revue, La Réforme sociale, qui
se charge de la publication de travaux de sociologie et diffuse également
jusqu’à la fin du siècle sa pensée réactionnaire.
Frédéric Le Play décède à Paris, le 5 avril 1882.
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