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Ernest LAVISSE
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Ernest LAVISSE
(Nouvion-en-Thiérache,
17 décembre 1842 -
Paris, 25 août 1922)
Français.
Historien.
par
Marc Nadaux
Quelques dates :
1888, professeur en Sorbonne.
1884, publie un manuel d’histoire, Le petit Lavisse ,
qui connaît un immense succès.
1892, élu à l’Académie française.1908, directeur de
l’École Normale Supérieure.
1903-1911, L’Histoire de France de l’époque
gallo-romaine à la Révolution.
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Ernest Lavisse est né le 17 décembre 1842 au Nouvion-en-Thiérache (Aisne). Cet Axonais est le fils d’un boutiquier, "marchand de nouveautés".
Il effectue ses études secondaires au collège de Laon puis songe à
entrer à l’École Spéciale Militaire de Saint-Cyr dans le but
d’effectuer une carrière militaire. Il se décide cependant à intégrer
l’École Normale Supérieure.
Cette nouvelle existence parisienne est remplie du labeur des études,
mais également de la lecture d’auteurs "progressistes et républicains"
comme Victor Hugo, l’exilé, ou Jules Michelet, l’auteur du Peuple.
Lavisse fréquente également Léon Gambetta ou Georges Clemenceau, des
hommes politiques en vue et hostiles à l’Empire.
A sa sortie de la rue d’Ulm, il est nommé professeur au Lycée Henri IV.
Lavisse est alors remarqué par Victor Duruy, ministre de l’instruction
publique depuis 1863. Celui-ci en fait de manière officieuse son
directeur de cabinet, avant de le recommander comme précepteur du Prince
Impérial en 1868. Quelques années plus tard, la chute de l’Empire
ruine ses ambitions.
Comme nombre d’intellectuels de l’époque, Lavisse est troublé par
l’ampleur de la défaite française face à une puissance naissante dans
l’Europe du XIXème siècle. Il séjourne alors trois années
de suite outre-Rhin, observant les pratiques du métier d’historien dans
les brillantes universités du IIème Reich. Il rédige également sa thèse,
soutenue en 1875 et intitulée La Marche de Brandebourg, essai sur les
origines de la Monarchie prussienne. D’autres publications ayant
trait au passé germanique suivront : L’Histoire de la Prusse
(1879), Trois Empereurs d’Allemagne (1888), et Le Grand Frédéric
(1891).
Sous la Troisième République, le jeune historien gravit tous les échelons
de la carrière universitaire. Il est maître de conférence en 1878, puis
professeur en Sorbonne en 1888 et enfin directeur de l’École Normale
Supérieure en 1908. Lavisse prend également part aux cotés de Gabriel
Monod à la rédaction et à l’animation de la Revue Historique
qui devient rapidement la publication de référence dans le monde
universitaire. Son œuvre d’historien s’enrichit de la direction
d’un projet éditorial qui s’inscrit comme une vaste tentative de
reconstruction du passé national, L’Histoire de France de l’époque
gallo-romaine à la Révolution, publiée de 1903 à 1911. Il
reçoit à cette occasion la collaboration d’historiens (Langlois,
Luchaire , Lemonnier, Sagnac…) et d’un géographe de renommée, Vidal
de la Blache . Lui-même rédige un Louis XIV, publié en 1905 et
1906, qui fera autorité pendant de longues décennies. L’entreprise
trouve son prolongement de 1920 à 1922 dans l’Histoire de la France
contemporaine de la Révolution à 1919. La direction effective en
revient cependant à son disciple Seignobos.
Le brillant universitaire se met également au service de l’enseignement
primaire qui prend un nouveau développement grâce aux lois initiés par
Jules Ferry du début des années 1880. Il publie en 1884 un manuel
d’histoire de 240 pages et 100 gravures, Le petit Lavisse,
qui connaît un immense succès. La 75ème édition est
atteinte dès 1895. Le langage est simplifié, la narration imagée et les
traits grossis pour se mettre à la portée des enfants. L’histoire de
France se construit avec la succession de tableaux expressifs : "nos
ancêtres les Gaulois", le bon roi Henri IV ... Cette longue marche
vers la formation de l’État-nation est jalonnée de références à des
personnages exceptionnels et vertueux (Vercingétorix, Saint Louis, Jeanne
d’Arc, Louis XIV…) qui ont renforcé l’autorité de l’État.
Lavisse fait également l’apologie du régime républicain et exalte la
Mère-Patrie. Il défend également la mission civilisatrice de la France
dans son entreprise colonisatrice. L’ensemble constitue un outil pédagogique
vivant mais également un instrument efficace aux mains des instituteurs,
"les hussards noirs de la République", chargés de former de
bons républicains et de vaillants soldats.
Lavisse est également un historien influent auprès des autorités
politiques. En 1896, il participe aux travaux préliminaires et à la rédaction
de la loi Poincaré qui réforme en profondeur l’enseignement supérieur
(réglementation des cours, création du diplôme d’études supérieures,
aménagement du concours de l’agrégation et consolidation du réseau
des universités de province). Son autorité dépasse les sphères
universitaires et les salles de cours. En 1894, il devient le rédacteur
en chef de la Revue de Paris.
Autorité intellectuelle reconnue en cette fin de siècle, leader
d’opinion au même titre qu'Ernest Renan, Lavisse reçoit en 1892 un
couronnement, une reconnaissance de son travail d’historien.
L’ "instituteur national" est élu à l’Académie française.
Après avoir quitté la direction de l’École Normale Supérieure en
1919, Ernest Lavisse meurt en 1922 à Paris.
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