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Théodore Hersart de
LA VILLEMARQUÉ
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Théodore Hersart de
LA VILLEMARQUÉ
(Paris, 6 mai 1815 - Paris,
23 janvier 1888)
Français.
Folkloriste
par
Marc Nadaux
Quelques dates :
1839, Barzaz-Breiz.
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Théodore
Claude Henri Hersart de La Villemarqué naît le 7 juillet 1815 à
Quimperlé, dans le Finistère. Il est le dernier né d'une famille de
huit enfants. Sous la Restauration, son père, vicomte et membre de la
Congrégation, est aussi député du Finistère de 1815 à 1827. Sa mère,
en aristocrate soucieuse du bien-être de ses paysans, s'occupe à
soulager la misère autour d'elle. En sa compagnie, Théodore Hersart de
La Villemarqué apprend le breton. Dans son entourage proche en effet, on
ne s’exprime qu’en français. Après avoir effectué des études au
collège des Jésuites d'Auray, ainsi qu’au petit séminaire de
Guérande, le jeune homme obtient son baccalauréat en 1833 à Rennes.
Ayant quitté sa Cornouaille natale, il monte ensuite à Paris.
L'étudiant fréquente alors l'École des Chartes, en élève libre, ainsi
que la faculté de droit.
Dans la capitale, il fréquente les salons de l'aristocratie, celui
d'Auguste Gourcuff notamment. Au milieu d'autres gens d'esprit, La
Villemarqué s'imprègne de la culture bretonne. Au mois de février 1835,
il rencontre ainsi Jean-François Le Gonidec, lexicographe et grammairien,
qui l'aide à étudier l'écrit de la langue de sa province natale. Depuis
1833, La Villemarqué parcoure ainsi les campagnes de Cornouaille, prenant
en note les chants traditionnels des paysans et autres gens du peuple. A
ce travail de recensement, s'ajoute également l'étude et l'annotation de
ces textes. En 1837, le folkloriste publie un ouvrage intitulé Essai
sur l'histoire de la langue bretonne. Il
affirme dans cet ouvrage que le breton dérive de l'ancien gaulois et est
ainsi antérieur au français, une thèse militante. Enfin, le 24 août
1839, paraît à Paris la première édition du Barzaz-Breiz.
L'ouvrage connaît un succès
immédiat, la presse se fait l'écho du retentissement de la publication
de ces Chants populaires de la Bretagne auprès du public. Ainsi
Les journaux bretons et même parisiens publient ainsi des articles de
critique favorables aux textes exhumés par La Villemarqué. Le Barzaz-Breiz
est bientôt traduit à l'étranger, notamment au Royaume-Uni. En
France, c'est aussi la langue bretonne que l'on découvre, ses qualités
poétiques et lyriques notamment. Ainsi l'écrivain George Sand vante ces
cinquante chants qu'elle place au " plus haut niveau du génie des
nations poétiques ". L'époque est d'ailleurs à l'affirmation des
identités régionales. Au mois de septembre 1843, se créée une
Association bretonne sur le modèle de celle fondée par Arcisse de
Caumont en Normandie. Le folkloriste en est un des membres les plus
actifs.
En 1846, La Villemarqué épouse Clémence Tarbé. Le couple aura quatre
enfants. Peu de temps après, il se voit décerner la Légion d'honneur et
est élu en 1851 à l'Académie de Berlin, avant d'entrer - suprême
honneur - à l'Académie des Inscriptions et Belles-Lettres en 1858. Au
cours de ces années, l'érudit poursuit
ses travaux de collecte des textes anciens, en Bretagne et au-delà
de la Manche. Il publie ainsi des Poèmes
des bardes bretons au VIème siècle en 1850, La Légende celtique
en Irlande, en Lambrie et en Bretagne en 1859, ainsi que Myrdhinn
ou l'enchanteur Merlin en 1862.
En 1867 cependant, après la réédition du Barzaz-Breiz, naît une
intense polémique au sujet des cinquante textes édités par le
folkloriste. Déjà le contenu de l'ouvrage avait suscité par le passé
quelques réactions. Le vicomte breton, qui s'était présenté en 1849
aux élections législatives sur une liste républicaine, a choisit en
effet une série de chants à l'aspect militant. Voisines ainsi dans ces chants
populaires de la Bretagne les nobles, débauchés et violents, et les
paysans, soumis et profondément croyants. A présent, on songe plutôt à
la supercheries de l'Ossian de James Macpherson, rédigé cent ans plus tôt.
Les premiers doutes sur l'authenticité des chants présentés par La
Villemarqué, jusqu'alors exprimés à mots couverts, sont étalés
publiquement. Celui-ci est accusé d'avoir écrit de sa main ces chants
populaires, ainsi que les mélodies qui les accompagnent. Certains
affirment même que l'illustre membre de l'Institut, ne connaissant pas
suffisamment la langue bretonne, a écrit ses textes en français puis les
a fait traduire !
La Villemarqué se réfugie dans le silence et dédaigne de participer aux
débats. Plus tard en effet, ce sont les qualités littéraires du Barzaz-Breiz
que l'on apprécie, davantage que le travail scientifique du compilateur.
A la mort de sa femme en 1870, il s'installe à Keransker, près de
Quimperlé, et décède le 8 décembre 1895. La polémique ne s'arrête
pas pour autant. Celle-ci trouve en 1964 un ultime rebondissement.
Donatien Laurent, ethnologue et chercheur au C.N.R.S., découvre ainsi
dans les archives familiales, au manoir même de La Villemarqué, ses
carnets de notes. Ceux-ci
permettent de reconstituer le travail du folkloriste et de conclure à
propos de leur valeur. Certains chants bretons publiés en 1839 ont ainsi
été transformé par La Villemarqué, d'autres totalement écrits de sa
main. Il n'a de plus retenu du corpus réuni par ses soins que les textes
les moins grossiers, les situant de manière arbitraire au Moyen Âge plutôt
qu'à l'époque moderne.
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