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Félicité Robert de LAMENNAIS 

(Saint-Malo, 19 juillet 1782 - Paris, 27 février 1854)


Français.

Religieux.



par
Marc Nadaux


 

     Quelques dates :

1816, reçoit l’ordination.
1817, Essai sur l’indifférence en matière de religion.
1818, fonde un journal semi-périodique, Le Conservateur.
1825, De la religion considérée dans ses rapports avec l’ordre politique et social.
1828, fonde une école libre, la congrégation de Saint-Pierre.
1830, crée un journal polémique, L’Avenir, dont la devise est "Dieu et la liberté".
1832, Grégoire XVI condamne ses idées par l’encyclique Mirari vos.
1834, Paroles d’un croyant.
1837, Le Livre du peuple. 

 






Félicité de Lamennais (ou de La Mennais) est né à Saint-Malo le 29 juillet 1782. Il est le fils cadet d’un armateur malouin anobli. Élevé par son oncle, il subit également l’influence de son frère aîné, Jean-Marie. Celui-ci fonde le petit séminaire de Saint-Malo, dans lequel Félicité est le professeur de mathématiques, de 1804 à 1805 puis de 1808 à 1810. Une retraite de plusieurs années dans la propriété familiale, entre 1805 et 1807 puis de 1810 à 1814, décide alors de sa vocation religieuse. Lamennais reçoit l’ordination en 1816 à Vannes.

Auparavant, il a fait publier en 1808 ses Réflexions sur l’état de l’Église de France pendant le XVIIIème siècle et sur sa situation actuelle. De tendance ultramontaine, cet ouvrage est censuré par les autorités impériales. Quelques années plus tard, en 1814, craignant des poursuites pour un nouvel ouvrage sur les Traditions de l’Église, il s’exile à Guernesey. Après la défaite de Waterloo et la chute de l’Aigle, Lamennais s’installe à Paris dans la communauté des Feuillantines.



Il se fait alors connaître grâce à la publication, le 20 décembre 1817, d’un Essai sur l’indifférence en matière de religion. En 1818, il fonde en compagnie de François-René de Chateaubriand un journal semi-périodique, Le Conservateur. Celui-ci paraîtra jusqu’en 1820. Il effectue ensuite un voyage à Rome puis publie dans Le Drapeau blanc, un journal d’opinion de tendance ultra-légitimiste, une série d’articles contre l’esprit de l’Université royale, pourtant noyautée d’ecclésiastiques. Quelques années plus tard, en 1825, un nouvel essai, De la religion considérée dans ses rapports avec l’ordre politique et social lui vaut de nouvelles poursuites et l’hostilité des catholiques gallicans. Lamennais se prononce en effet pour une subordination du pouvoir temporel au pouvoir spirituel, celui du Pape.

Afin de concilier la foi chrétienne et les idéaux de 1789 auxquels il est également attaché, Lamennais se fait le promoteur d’un catholicisme libéral. En 1828, il s’oppose aux ordonnances de Monseigneur Frayssinous, ministre de l’Instruction Publique et des Cultes, qui limitent l’activité des séminaires. Il fonde alors une école libre, la congrégation de Saint-Pierre, destinée à former un clergé capable de comprendre son temps. Après la Révolution de 1830, il continue de réclamer davantage de liberté d’action pour l’Église catholique. Dans cet esprit, il crée avec Henri de Lacordaire et Charles de Montalembert un journal polémique, L’Avenir, dont la devise est "Dieu et la liberté", et qui paraît à partir du 16 octobre 1830  ainsi que l’Agence générale pour la défense de la liberté religieuse. Ils mènent ainsi un combat contre la Monarchie de Juillet, accusée d’exercer une tutelle sur l’Église de France dans le cadre du Concordat au détriment de l’autorité pontificale. Rompant avec l’alliance traditionnelle du trône et de l’autel, ils réclament la séparation de l’Église et de l’État, la liberté de l’enseignement. Le journal lance d’ailleurs dès le mois de décembre une campagne de pétition sur ce dernier thème. Le 15 novembre 1831, Lamennais suspend la publication de son journal puis se rend à Rome au mois de mars suivant pour essayer de convaincre le Pape de la justesse de ses positions. En vain. Grégoire XVI condamne ses idées par l’encyclique Mirari vos le 15 août 1832. Cette sanction lui vaut également l’éloignement de ses amis et l’isolement.



Après deux années de retraite et de réflexions, Lamennais publie ses Paroles d’un croyant en 1834. Il y dénonce la suggestion aux pouvoirs politique et religieux. Ces thèses radicales lui valent une nouvelle sanction de l’autorité pontificale par l’encyclique Singulari nos. C’est la rupture définitive avec Rome et l’Église. Il exprime plus tard son désir d’une Église associée dans une moindre mesure au pouvoir politique avec Les Affaires de Rome (1836-1837). Dès lors, Lamennais se fait l’apologiste d’un catholicisme plus préoccupé des problèmes sociaux. Cette nouvelle orientation se précise avec Le Livre du peuple (1837) puis L’Esclavage moderne (1839) et enfin Le Pays et le gouvernement (1840). Ce dernier lui vaut une année de prison, ses inclinations démocratiques lui attirant les foudres de la Monarchie de Juillet. Dans son dernier ouvrage, De la religion, publié en 1841, il exprime sa conception de Dieu et se prononce pour la liberté de conscience.

Après les événements de février 1848, Lamennais est élu député à l’Assemblée Constituante et s’agrège au courant des républicains de gauche, aux cotés de Victor Hugo ou de Victor Schœlcher. Il fonde également à cette époque un nouveau journal, Le Peuple constituant. Étroitement surveillé après le coup d’État du 2 décembre, il se retire dans sa propriété de la Chesnaie en Bretagne. Il décède le 27 février 1854 à Paris. Non réconcilié avec les autorités ecclésiastiques, Lamennais est enterré lors d’obsèques civiles où la foule présente peut montrer son désaccord avec le régime en place.