 |
A voir et à lire
sur
19e.org,
et ailleurs.
 |
|
 | |


sur 19e.org |
|
|
|

Vous êtes ici :
>
LAMARCK
 |
|

Jean-Baptiste de Monet, chevalier de
LAMARCK
(Bazentin, 1er août
1744 - Paris, 28 décembre 1829)
Français.
Biologiste.
par
Dominique Petrignani
Quelques dates :
1778, Flore française.
devient conservateur de l’herbier du Jardin des plantes.
1779, élu à l’Académie des sciences.
1783, accepte une chaire d’enseignement en zoologie des
insectes au Muséum d’histoires naturelles.
1797, invente le terme d’ " invertébrés ".
1800, invente le mot " biologie " afin de décrire ses
travaux.
1801, Système des animaux sans vertèbres.
1809, exprime la première théorie de l’évolution dans sa
Philosophie zoologique.
|
 |
Le 1er août 1744,
Jean-Baptiste de Monet, chevalier de Lamarck, naît à Bazentin dans la
Somme, au sein d’une famille d’ancienne noblesse mais de modeste
condition. Fils cadet, l’enfant est destiné au sacerdoce. Aussi est-il
envoyé au collège des Jésuites à Amiens suivre des études et se préparer
ainsi à entrer dans les ordres. Cependant, à la mort de son père en
1761, Lamarck s’enfuit de l’institution. Il s’engage dans l’armée
du maréchal de Broglie alors que la guerre de Sept ans oppose la France
à l’Angleterre et à la Prusse. Un fait d’arme pendant la journée de
Villingshausen lui permet alors d’accéder au grade d’officier
d’infanterie.
Le conflit prend fin en 1763 et son régiment est bientôt de retour en
France. Celui-ci tient garnison à Toulon où l’officier fait la
connaissance de nombreux savants qui l’initient aux beautés de
l’histoire naturelle. Suite à un accident, Lamarck se décide à
quitter la vie militaire. Il séjourne alors pendant cinq années dans le
sud de la France, près de Monaco, et s’occupe à effectuer des
excursions botaniques.
Lamarck s’installe bientôt à Paris
où il effectue des études de médecine et de botanique au Jardin des
plantes. Buffon, intendant du Jardin du Roi, le remarque alors et le
soutient en 1778 quand l’Imprimerie royale publie sa Flore française.
Cet ouvrage en trois volumes et à clé dichotimique remporte immédiatement
un franc succès auprès de la communauté scientifique. Lamarck devient
alors conservateur de l’herbier du Jardin des plantes. Cette nouvelle
notoriété lui vaut également d’être élu à l’Académie des
sciences en 1779.
Quand quatre ans plus tard plus tard la Convention crée le Muséum
d’histoires naturelles, le naturaliste est âgé de quarante-neuf ans.
Il prend cependant le risque de se reconvertir et accepte ainsi une chaire
d’enseignement en zoologie des insectes, vers et autres animaux
microscopiques. Lamarck se consacre désormais à ses études et
s’occupe à la mise en place d’une classification pour les cent
cinquante mille espèces qu’on lui a confiées. Il ne quittera plus le
Muséum. En 1797, le savant invente le terme d’" invertébrés "
et donc, par opposition, celui de vertébrés. Ceux-ci vont immédiatement
remplacer les notions d’" animaux à sang blanc " et
d’" animaux à sang rouge " initiés par Aristote.
Pendant les trois années qui suivent Lamarck va travailler minutieusement
à cette classification. Il conserve dans un premier temps le schéma
classique où les êtres vivants sont classés dans une échelle décroissante
en fonction de leur complexité. C’est en observant les plus simples
d’entre eux que l’homme de sciences pense avoir découvert l’ébauche
de la vie. Lamarck émet alors sa première doctrine transformiste lors
d’une leçon inaugurale. Mais celle-ci passe totalement inaperçue. En
1800, le naturaliste invente également le mot " biologie "
afin de décrire ses travaux et il définit celle-ci comme la science des
êtres vivants.
L’année suivante, Lamarck édite le Système des animaux sans
vertèbres. Cet ouvrage connaît également le succès. A
cette époque, le savant étudie donc principalement les invertébrés. Il
s’intéresse également aux fossiles et donne à ce terme un sens
nouveau, un usage conservé jusqu’à nos jours dans les sciences
naturelles. Lamarck s’attache ainsi à découvrir des points communs
entre les espèces actuelles et ces espèces fossiles afin de prouver que
les unes dérivent des autres.
Fort de ses travaux, le biologiste exprime la première théorie de l’évolution
dans son ouvrage intitulé Philosophie zoologique et publié en
1809. Celle-ci bouleverse la classification des règnes animal et végétal.
En effet, là où Aristote ne voit qu’une échelle, Lamarck considère
un système beaucoup plus complexe. Viennent tout d’abord les organismes
microscopiques qui se forment, selon lui, spontanément et continuellement
grâce à des agents naturels. Nul besoin dans ce cas d’un créateur. Au
sommet, le savant place ensuite les végétaux et les animaux les plus élaborés.
L’évolution va donc dans le sens d’une complexification des êtres
vivants que Lamarck assimile à la perfection. Plus les organismes vivants
approchent de cet ultime état, plus ils sont adaptés à leur milieu. Le
scientifique pense donc que l’évolution répond à une " volonté
interne " ou " force interne ", autrement
dit aux besoins des êtres vivants en réponse aux variations durables de
leur environnement.
Sa thèse réunit ainsi deux grandes
idées. La première correspond au principe d’usage et de non-usage. Les
organes utilisés se développent et se renforcent alors que les organes
inutilisés s’atrophient. La fonction crée donc l’organe. Lamarck
prend ainsi pour exemple la girafe qui allonge le cou pour attraper les
feuilles situées dans les hauteurs des arbres. La seconde idée initie le
principe de transformation. Selon l’homme de sciences, les espèces ne
disparaissent pas, elles se transforment. Des modifications graduelles et
presque imperceptibles de leur corps s’additionnent au cours de leur
existence et sont ensuite transmises à leur descendance. C’est ce que
Lamarck nomme " principe de l’hérédité des caractères
acquis ". Dans son ouvrage, il reprend alors l’exemple de la
girafe qui doit se nourrir de feuilles à la cime des arbres lors des périodes
de sécheresse. Le cou de l’animal se serait donc progressivement allongé,
de génération en génération, quand celle-ci aurait essayé
d’atteindre les feuilles les plus hautes.
Cette notion s’oppose totalement à la doctrine créationniste et
essentialiste qui prévaut toujours à l’époque. Aussi, Georges Cuvier,
alors directeur du Muséum d’histoires naturelles et qui ne veut rien
entendre de cette nouvelle théorie de l’évolution, va-t-il combattre
violemment Lamarck. L’éminent savant assure ainsi pour sa part que
chaque création est d’origine divine et que les espèces sont définitivement
fixées.
Le naturaliste tient bon et poursuit ses travaux concernant les invertébrés.
Il propose bientôt une division en treize grands groupes de cet
embranchement, une idée qui fait l’unanimité au sein du monde
scientifique. Le règne animal est alors scindé en quatorze classes différentes.
Faisant fi de l’énoncé de sa théorie sur l’évolution, Lamarck
souligne à cette occasion que la classification doit être pratique,
utilitaire et qu’elle n’a pas à tenir compte de l’histoire des êtres
vivants.
A partir de 1815 et jusqu’en 1820, le biologiste conçoit les sept
volumes de son Histoire naturelle des animaux sans vertèbres. En
1819, Lamarck est atteint de cécité. Cornélie, une de ses filles, se
charge alors d’achever ses œuvres. En 1820, celle-ci écrit ainsi sous
sa dictée le Système analytique des connaissances positives de
l’Homme. Cependant ce handicap ne permet plus au savant de dispenser
ses cours, ni d’assister aux séances de l’Académie des sciences. Le
traitement qu’il perçoit en provenance du Muséum d’histoires
naturelles assure tout de même à Lamarck une existence confortable
pendant ces années. Le père de l’évolutionnisme et du transformisme
s’éteint à Paris le 28 décembre 1829.
|