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Jacques LAFITTE 

(Bayonne, 24 octobre 1767 - Paris , 26 mai 1844)


Français.

Banquier.



par Marc Nadaux


 

     Quelques dates :

1809, devient Régent de la Banque de France.
1814, Gouverneur de la Banque de France.
1816, élu député de la Seine, dans l'opposition libérale.
1830, nommé Président du Conseil.
1831, dans l'obligation de liquider sa maison de banque.
1836, une nouvelle société, la Caisse générale du commerce et de l’industrie J. Lafitte et Cie.

 






Jacques Laffitte naît à Bayonne, dans les Pyrénées-Atlantiques, le 24 octobre 1767. Ses parents sont de modestes extractions et son père, Pierre Laffitte, qui est maître charpentier, doit entretenir une famille nombreuse. Jacques en effet aura trois frères et six sœurs. Après avoir effectué de courtes études, il devient à l’âge de douze ans apprenti charpentier auprès de son père, puis deux années plus tard, il entre en tant que troisième clerc au service d’un notaire de Bayonne. Jacques Laffitte, après cette courte expérience au sein du milieu juridique, est commis chez un négociant de Bayonne, M. Formalaquès.

En 1788 et à l'âge de ving-et-un ans, le jeune homme, muni d’une lettre de recommandation rédigée par ce dernier, entre chez le banquier Jean-Frédéric Pérrégaux. Ce dernier, qui lui confit la charge de teneur de livres dans sa maison ainsi que des appointements qui montent à mille Francs, lui manifeste très rapidement une grande confiance. Son employé d’ailleurs montre de remarquables dispositions au maniement de l’argent, pour le métier de la banque. La Banque Pérrégaux d’ailleurs est à cette époque un des principaux établissements parisiens, le préteur d’argent attitré du Comité de Salut Public, plus tard Pérrégaux est auprès du Premier Consul Napoléon Bonaparte, devenant un de ses conseillers financiers.

Le banquier fait de son employé modèle son bras droit. Jacques Laffitte bénéficie de primes d’intéressement aux profits de la société, avant de devenir le 23 février 1806 l’associé de Jean-Frédéric Perrégaux dans la Société Pérrégaux et Ce. Ce dernier, à la santé déclinante, est contraint de refonder son établissement, dès l’année suivante, le 29 décembre, qui devient pour une durée de dix années la banque Pérrégaux , Laffitte et Ce. Jacques Laffitte est le détenteur de la moitié du capital social de la nouvelle banque, en même temps qu’il devient son Directeur-Gérant. Cet établissement de prêts se hisse rapidement et grâce à de solides appuis politiques aux premiers rangs des banques européennes.



Quant à Jacques Laffitte, le 19 janvier 1809, il devient Régent de la Banque de France, remplaçant son associé récemment décédé. D’autres responsabilités au sein des institutions nouvelles lui donnent encore davantage d’influence dans le Paris du Premier Empire. En 1809, le banquier est également nommé juge au Tribunal de Commerce de la Seine, devenant l’espace d’une année, du 2 mai 1810 au 14 mai 1811, le Président de la Chambre de Commerce. Le 6 avril 1814, Laffitte est nommé Gouverneur " provisoire " de la Banque de France. Régent jusqu’en 1831, il occupera également cette haute fonction jusqu'en 1820.

Le banquier avait épousé au mois de mai 1801 Marine-Françoise Laeut, fille d'un " ancien négociant et auparavant capitaine de navire ". Le couple aura une fille unique, Albine, qui épousera en 1828 le prince de la Moskowa, fils du défunt maréchal Ney. Alors que les puissances européennes rétablissent les Bourbons sur leur trône, Jacques Laffitte est à la tête d’une des plus importantes fortunes du royaume. Le banquier fait l’acquisition de plusieurs propriétés de renom, le château de Maisons-sur-Seine (devenu depuis Maison-Lafitte) qui appartient à la maréchale Lannes, duchesse de Montebello, en 1818, le château de Meudon, celui de Breteuil-sur-Iton dans l'Eure, ainsi qu'un hôtel particulier à Paris, au n°17 de la rue d’Artois (devenue en 1830 la rue Lafitte !). 

En 1816, Jacques Laffitte fait son entrée en politique et est élu le 25 septembre député de la Seine. Après la dissolution de la " Chambre Introuvable " qui étaient aux mains des Ultras, le banquier siège dans l'opposition libérale, aux cotés de Benjamin Constant. En 1825, après la mort du général Foy, Lafitte inaugure une souscription en faveur de ses fils, qu’on avait vu en tête du cortège des funérailles du héros des guerres napoléoniennes. Ce même jour, le 30 novembre, des manifestations d'hostilité envers la Restauration tournent à l’émeute dans la capitale. Dans l’entourage du duc d’Orléans, il finance le journal d’opposition Le National et est un de ceux des députés libéraux qui portent sur le trône le cousin de Charles X, contraint à l’exil par l'insurrection parisienne des Trois Glorieuses, des 27, 28 et 29 juillet 1830.



Jacques Lafitte est nommé Président du Conseil par le nouveau souverain, Louis-Philippe Ier, le 2 novembre 1830, cumulant la charge du portefeuille de ministre des Finances. La première tâche qui incombe à son ministère est l’organisation du procès des ministres de Charles X, qui a lieu du 15 au 21 décembre 1830. Quatre d’entre-eux - Polignac, Peyronnet, Chantelauze et Guernon de Ranville - sont condamnés par la Chambre des Pairs à l'internement à vie dans la prison de Ham. La nouvelle qui se répand dans Paris provoque une émeute, que réprime le comte de Montalivet, son ministre de l'Intérieur. En désaccord avec Louis-Philippe au sujet d’une intervention française dans la Pologne en révolte contre l’autorité du Tzar, Jacques Lafitte est contraint à la démission, puis remplacé le 13 mars 1831 par Casimir Perier. 

Après s’être allié pendant les premiers mois de son règne avec les libéraux avancés du " mouvement ", comme le banquier Jacques Laffitte, Louis-Philippe Ier établit ensuite un pouvoir personnel, prétendant en effet gouverner et non simplement régner. Il se tourne alors vers la " résistance " qui s’organise autour de Casimir Périer et du duc de Broglie, confiant également la charge du ministère à ses fidèles, le maréchal Soult ou le comte Molé, mais aussi à Adolphe Thiers. Réélu député quelques années plus tard, l’ancien président du Conseil siège désormais dans l'opposition à Louis-Philippe. Entre temps, le banquier s’est attaché à rétablir sa fortune, malmenée au moment des événements de 1830. Lafitte se trouve d’ailleurs dans l'obligation de liquider sa maison de banque, le 28 janvier 1831, échappant à la faillite grâce à une avance consentie par la Banque de France et garantie sur ses biens. En 1836, il fonde une nouvelle société, la Caisse générale du commerce et de l’industrie J. Lafitte et Cie. 



Jacques Laffitte décède à Paris, le 26 mai 1844, à l'âge de 77 ans. Il est inhumé quelques jours plus tard au cimetière du Père-Lachaise.