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Henri LACORDAIRE
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Henri
LACORDAIRE
(Recey-sur-Ource,
13
mai 1802 - Soréze, 20 novembre 1861)
Français.
Religieux.
par Marc Nadaux
Quelques dates :
1827, ordonné prêtre.
1830, participe à la création d’un journal, L’Avenir.
1832, l'encyclique Mirari vos condamne les
idées progressistes de L’Avenir.
1835-1836, prêche à Notre-Dame de Paris pour le carême.
1839, Mémoire pour le rétablissement en France des Frères
prêcheurs.
1848, élu député à l’Assemblée Constituante.
1850, gouverneur de la province dominicaine de France.
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Henri Lacordaire est le 13 mai 1802 à Recey-sur-Ource, en Côte-d’Or.
Fils d'un ancien médecin de la marine, il est élevé dans les principes
de la religion catholique par sa mère. Le jeune homme effectue ses études
au Lycée de Dijon. La découverte de l’œuvre de Rousseau à quatorze
ans bouleverse alors ses convictions. Il entre en 1819 à l’école de
droit de Dijon, participant également aux réunions de la Société d'études
de la cité, avant de devenir avocat-stagiaire à Paris en 1823.
La lecture de l’ouvrage apologiste de François-René de Chateaubriand, Le
Génie du Christianisme, décide d’une nouvelle orientation dans son
existence : Lacordaire recouvre la foi perdue au cours de son adolescence.
Il entre alors au petit séminaire d’Issy en 1824, puis au grand séminaire
de Saint-Sulpice en 1826, avant d’être ordonné prêtre le 22 septembre
1827. Il est bientôt nommé chapelain de la Visitation au mois de février
de l’année suivante et, parallèlement, second aumônier au Lycée
Henri IV en 1829.
La même année, Lacordaire se voit proposer par
Monseigneur Dubois, l’évêque de New York en visite à Paris, une
charge dans son diocèse aux États – Unis. Le jeune prêtre accepte.
Cependant quelques temps plus tard, il fait la rencontre de Félicité-Robert
de Lamennais, qui apparaît à cette époque comme le chef de file du
catholicisme libéral. Celui – ci l’influence profondément. Il
abandonne son projet américain et participe bientôt à la création
d’un journal, L’Avenir, le 16 octobre 1830, avec
Lamennais et Montalembert. Cette publication d’inspiration ultramontaine
a pour vocation de défendre la liberté de l’enseignement et les prérogatives
de l’Église qui est, de fait, soumise au pouvoir politique depuis la
signature du Concordat en 1801. En mai 1831, Lacordaire fonde également
avec l’aide de Charles de Montalembert une école libre à Paris, rue
Saint-André-des-Arts, ce qui lui vaut un procès retentissant devant la
Chambre des Pairs.
L’Avenir est bientôt critiqué par les catholiques gallicans. A
Rome est mise en doute son orthodoxie. Lacordaire se rend alors auprès du
Pape afin de se justifier, en compagnie de ses deux associés. Il rédige
à cette occasion, en décembre 1831, un Mémoire sur "L’Avenir".
Après l’accueil réticent de Grégoire XVI en mars 1832, il décide de
rentrer seul à Paris. Il se soumet ensuite à l’encyclique Mirari
vos publiée le 15 août 1832 qui condamne les idées de L’Avenir.
Cette décision entraîne le 11 décembre suivant la séparation d’avec
Lamennais qui a choisi, lui, de rompre avec Rome et l’Église. Leur
divergence d’opinion s’affiche bientôt. Aux écrits polémiques publiés
dans les années qui suivent par Lamennais, Paroles d’un croyant
en 1834 puis Les Affaires de Rome en 1836, Lacordaire répond par
les Considérations sur le système philosophique de Monsieur de
Lamennais publiées au mois de juin 1834 et Lettre sur le Saint Siège
en 1837.
Ayant repris ses fonctions de chapelain à la Visitation, il est sollicité
au mois de janvier 1834, par Frédéric Ozanam notamment, pour donner des
conférences aux élèves du collège Stanislas. Lacordaire se révèle
alors par ses talents d’orateur. L’archevêque de Paris, monseigneur
de Quelen, lui confie alors, non sans réticence, la chaire de Notre-Dame
de Paris pour le carême de 1835 et celui de 1836. Ses prêches
d’inspiration traditionnelle mais au style romantique deviennent de véritables
événements. La jeunesse étudiante se presse pour l’entendre. Essuyant
cependant quelques critiques, il choisit ensuite de se retirer à Rome au
mois de mai 1836. Pendant l'hiver de 1837-1838, Lacordaire reprend à Metz
son activité de conférencier.
Il songe alors à rétablir l’ordre des Dominicains en France, un projet
qu'il annonce au mois de septembre 1838. Lacordaire fait alors appel à
l’opinion publique pour que soit reconnu aux religieux la liberté de
s’associer et publie le 3 mars 1839 un Mémoire pour le rétablissement
en France des Frères prêcheurs. Le 9 avril suivant, Lacordaire reçoit
les habits de l’ordre. Devenu profès, le 12 avril de l'année suivante,
il s’investi dans la prédication à Paris, en prêchant à Notre-Dame,
le 14 février 1841, vêtu de son habit religieux, sur la "vocation
de la nation française". D'autres prêches suivront dans les grandes
villes de province lors des avents et carêmes de 1841 puis de 1843 à
1851. En 1843 est d'ailleurs fondé à Nancy le premier couvent de la
restauration dominicaine en France.
La Révolution de 1848 le préoccupe. Lacordaire est élu député de
Marseille à l’Assemblée Constituante, au mois d’avril. Proche des élus
populaires, il fonde également avec Frédéric Ozanam et l’abbé Maret L’Ère
nouvelle, un journal démocrate et social. Cependant son engagement
est éphémère. Il quitte la scène politique en donnant sa démission dès
le 17 mai et cesse sa collaboration à L’Ère nouvelle au mois de
septembre suivant. Après le coup d’État du 2 décembre et l’avènement
du Second Empire, il s’interdit de prendre la parole à nouveau en
public, le nouveau régime qui s'installe alors en France lui paraissant
représenté une menace directe contre toutes les libertés.
Lacordaire se consacre désormais tout entier à restaurer la province
dominicaine de France, avec son ami Alexandre
Vincent Jandel. Il en est le gouverneur de 1850 à 1854 puis de
1858 à 1861. En 1854, il accepte également que soit instauré au Canada,
dans le diocèse de Siante-Hyacinthe, un établissement dominicain à
l'initiative de l'abbé Joseph-Sabin Raymond. Lacordaire se consacre également
à l'éducation en acceptant la direction d'un collège à Oullins, près
de Lyon au mois de juillet 1852. Il contribue ainsi à la création du
Tiers Ordre enseignant, en faisant l’acquisition du collège de Sorèze,
dans le Tarn, qu’il dirige personnellement.
L'intervention de la France aux côtés du royaume de Piémont dans l'unité
italienne lui redonne goût à l'engagement politique. Devant la menace
qui pèse sur le pouvoir temporel du pape Pie IX, Lacordaire intervient en
publiant une brochure, De la liberté de l'Italie et de l'Église,
au mois de février 1860. Après avoir été élu à l’Académie Française,
le 24 janvier 1860, il décède l’année suivante, le 20 novembre 1861.
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