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Franz KAFKA
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Franz KAFKA
(Prague, 3 juillet 1883 -
Kierling, 3 juin 1924)
Tchèque.
Ecrivain.
par Marc Nadaux
Quelques dates :
1906, fait docteur en droit.
1908, à l’Institut d’assurances contre les accidents du
travail, à Prague.
1915, quitte enfin le foyer parental.
La Métamorphose.
1919, Dans la colonie pénitentiaire.
1937,
Max Brod publie une biographie de son ami.
1925, Le
Procès.
1926, Le Château.
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Franz Kafka naît
le 3 juillet 1883 à Prague, en Bohème. Le royaume est alors rattachée à
la couronne autrichienne. Il est l’aîné des quatre enfants de la famille
Kafka, et l’unique garçon. Ses deux frères, nés en 1885 et 1887,
décèdent en bas âge. Sa mère, Julie Kafka, née Löwy, est issue d'une
famille aisée de Juifs allemands, tandis que son père, Hermann Kafka, est
originaire d'un milieu beaucoup plus modeste. D'abord marchand ambulant,
celui-ci a ouvert à Prague un magasin de nouveautés, qui prospère à l’époque.
Membre des classes moyennes, il ambitionne suivant son exemple que ses
enfants s’élèvent dans la hiérarchie sociale et use parfois de la
brutalité à leur encontre.
Le jeune Franz fréquente ainsi l'école primaire allemande, avant d’entrer
en 1893 au lycée classique d'État de langue allemande, situé dans la
Vieille Ville. L’établissement est d’ailleurs essentiellement
fréquenté par des élèves issus de la bourgeoisie juive. En 1901, après
avoir obtenu son diplôme de fin d’études secondaires, il commence sans
enthousiasme des études de droit à l'université de Prague. Mais l’adolescent
souffre de plus en plus de l’ambiance familiale, notamment des relations
conflictuelles avec son père qui règne en patriarche chez les Kafka. Au
mois de novembre 1919, Franz Kafka décrira le conflit qui le ronge sans
parvenir à l’exorciser en rédigeant une Lettre au père, que
jamais il ne remettra à son destinataire. Tout oppose alors l’autorité
paternelle et le fils. Ce dernier n’est que fragilité et interrogation.
Il lui est impossible de répondre aux l'attente de son père, qui lui mène
la vie dure au sein du foyer. L’adolescent est davantage attiré par son
oncle Siegfried Löwy, demi-frère de sa mère, médecin de campagne à
Triesch et homme d’une grande culture. En 1904, il rédige d’ailleurs
une première et longue nouvelle, Description d'un combat.
Franz Kafka achève ses études supérieures en 1906, année où il est fait
docteur en droit. Il effectue alors différents stages, chez un oncle
avocat, puis dans deux tribunaux de Prague. Par la suite, il travaille
quelque temps comme auxiliaire à la filiale praguoise des Assicurazioni
Generali, une entreprise particulièrement dure avec ses employés, avant
d'obtenir, le 30 juillet 1908, un poste plus tranquille à l’Institut d’assurances
contre les accidents du travail, à Prague. Ses premiers textes sont alors
publiés par le journal Bohemia ainsi que dans la revue Hyperon.
L’année suivante, il commence à rédiger un journal, qui laisse
entrevoir la morosité de son existence de fonctionnaire consciencieux.
Celui-ci nous apprend que Kafka est attiré par l’idéologie sioniste, son
idéal communautaire en particulier. Il fréquente également les milieux
socialistes et anarchisants de la capitale tchèque, les jeunes gens du Klub
mladych notamment.
Franz Kafka vit toujours sous la dépendance de ses parents. Il tente
parfois de s’en éloigner, soit en prenant une chambre indépendante, soit
pour s'installer chez sa sœur Ottla. En 1911, Kafka voyage également en
compagnie de Max Brod. Ensemble, les deux amis parcourent la Suisse, l’Italie
du Nord, effectuant également un séjour à Paris. Chez les parents de
celui-ci, Kafka fait la rencontre de Felice Bauer, une jeune fille dont il
devient immédiatement amoureux. Alors que Max Brod se marie, Franz Kafka
est plus que lamais obsédé par la solitude et son célibat. Le 20
septembre 1912, commence une abondante correspondante entre les deux jeunes
gens. Au mois de décembre suivant, paraît Regard, un recueil qui
comporte dix-huit récits. En 1913, Kafka demande pour la première fois
Felice en mariage, sans succès. Une des amies de la jeune fille, Grete
Bloch, intervient alors auprès d’elle et les fiançailles sont enfin
prononcées, le 1er juin 1914, à Berlin. Celles-ci sont cassées par la
volonté de la belle-famille, dès le 12 juillet. L’année suivante, Kafka
quitte enfin le foyer parental. Il continue de voir la jeune fille, mais de
manière plus espacée. En 1915, La Métamorphose, celle de Grégoire
Samsa en cloporte (!) paraît en volume, de même que Le Verdict l’année
suivante. Au mois de juillet 1917, Franz Kafka et Felice Bauer sont de
nouveau officiellement promis l’un à l’autre, avant la rupture
définitive au mois de décembre…
Cette année là, se manifestent chez Kafka les premiers symptômes d’une
tuberculose pulmonaire. Dans la nuit du 9 au 10 août, une crise d’hémoptysie
se déclare. Pendant l’automne, il part alors en convalescence à Zurau,
une ville située dans les monts Tatra, au nord-ouest de Prague, non loin de
chez sa sœur Ottla. En 1919, commence une relation amoureuse avec Julie
Wohryzek, année où est également publiée Dans la colonie
pénitentiaire. Un médecin de campagne parait peu après. A
partir du mois d’avril 1920, Kafka entame également une correspondance
avec Milena Jesenska-Pollak, sa traductrice tchèque. Il lui confie d’ailleurs
à la lecture le commencement de son journal, au mois d’octobre 1921. Peu
à peu cependant, son état de santé s'aggrave et rend nécessaire un long
séjour en sanatorium, du mois de décembre 1920 à l'automne 1921. Kafka,
qui ne peut plus depuis longtemps accomplir son travail d’employé à l’Institut
d’assurances, est bientôt mis à la retraite. En 1923, il fait la
rencontre de Dora Diamant, sa dernière compagne. Ensemble, ils passent
quelques mois sur les cotes de la Baltique, puis à Berlin. Le 3 juin 1924,
Franz Kafka décède dans sa quarante et unième année au sanatorium de
Kierling, près de Vienne.
Pendant cette courte existence, bien monotone, Franz Kafka a beaucoup
écrit. Comme il l’affirme lui-même dans son journal en 1912 :
" l’écriture était l’organisation la plus productive de ma
nature ". Mais la plupart de ses textes n’était pas destinée
à être lue. Ainsi en témoigne les recommandations qu’il destine en 1922
à son ami Max Brod, alors qu’il se sait condamné, dans le chiffon de
papier qui est considéré comme son testament. Celui-ci, connaissant la
valeur littéraire des manuscrits du défunt, rompt son engagement. Tout les
écrits de Kafka seront ainsi livrés au public : des textes achevés,
des ébauches et des brouillons, des récits réprouvés ou qu’il aurait
été nécessaire à l’écrivain de retravailler. Au delà d’une
curiosité malsaine, c’est surtout le respect que l’on éprouve
désormais pour celui que l’on considère comme un auteur majeur qui
commande cette exhumation systématique. On en saura d’ailleurs davantage
sur l’existence de Kafka en 1937, année où Max Brod publie à Prague une
biographie de son ami.
Le Procès,
son texte apocryphe le plus aboutit, paraît ainsi dès le 26 avril 1925,
suivi par Le Château l’année suivante, Amerika en 1927
ainsi que La Muraille de Chine, un recueil de nouvelles en 1931. Au
public cultivé, qui avait pu apprécier les œuvres de Kafka publiées de
manière isolée avant-guerre, s’ajoute désormais un lectorat beaucoup
plus large. Et dans les deux décennies qui suivent, l’écrivain tchèque
de langue allemande connaît une véritable vogue, un enthousiasme
littéraire ! Ne décrit-il pas dans le roman, Le Procès, les
bureaucraties policières qui fleurissent à l’Est de l’Europe ? Et
de plus, ne peut-on voir avec Dans la Colonie pénitentiaire, une
préfiguration des camps ? Parallèlement à cette lecture politique de
l’œuvre de Kafka, se développe également un commentaire plus
philosophique. Joseph K., l’angoissé, celui qui est perdu au milieu d’un
monde absurde, préfigure ainsi les personnages d’Antoine Roquentin de La
Nausée de Sartre ou le Meursault de L’Étranger de Camus.
Autrement dit, l’œuvre posthume de l’écrivain tchèque apporte de l’eau
au moulin de l’existentialisme et le mot
" kafkaïen ", un nouvel adjectif qui rappelle l’atmosphère
oppressante de ses textes, apparaît peu après la fin de la seconde Guerre
mondiale dans la langue française.
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