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Jean JAURÈS
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Jean JAURÈS
(Castres, 3 septembre 1859 -
Paris, 31 juillet 1914)
Français.
Homme politique.
par Marc Nadaux
Quelques dates :
1885, élu député du Tarn.
1887, collabore à la rédaction de La Dépêche de Toulouse.
1892, reçu docteur en philosophie.
1893, élu député de Carmaux.
1898, Preuves. S'engage dans l'affaire Dreyfus.
1904, fonde le quotidien L’Humanité.
1910, L’Armée nouvelle.
1914, milite contre la guerre.
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Jean Jaurès naît le
3 septembre 1859 à Castres. Il est issu d’une famille de modeste
bourgeoisie provinciale de négociants en laine devenus exploitants
agricoles. Son père, Jules Jaurès, est un petit paysan. Jean Jaurès
effectue une brillante scolarité. Une bourse lui est accordé qui lui
permet de poursuivre ses études à l’École normale supérieure de la
rue d’Ulm, après avoir été reçu au premier rang du concours d’entrée
en 1878. Ayant obtenu l’agrégation de philosophie en 1881, Jean Jaurès
est bientôt nommé professeur au Lycée d’Albi puis maître de conférence
à la faculté de Toulouse, un poste qu’il occupe jusqu’en 1885.
Il se décide alors à entrée en politique et est élu député du Tarn
au mois d’octobre 1885. Convaincu du bien-fondé des idéaux républicains,
Jean Jaurès figure parmi le groupe des indépendants, en siégeant au
centre gauche de l’Assemblée. Il soutient le plus souvent Jules Ferry,
admirant cependant davantage Léon Gambetta. Au cours de ces années de
vie parlementaire, quelques-unes de ses propositions de réforme sociale
sont remarquées.
Après avoir rompu avec les opportuniste, Jaurès est battu à Castres aux
élections qui se déroulent à l’automne 1889. Il reprend alors son
enseignement à la faculté de Toulouse, se consacrant dans les années
qui suivent à la rédaction de ses thèses de philosophie. Il est reçu
docteur en philosophie en 1892, après avoir soutenu sa thèse principale,
intitulée De la réalité du monde sensible, et sa thèse
secondaire en latin, Des origines du socialisme allemand chez Luther,
Kant, Fichte, et Hegel. Ce travail universitaire l’amène donc à
approfondir sa réflexion personnelle à propos du socialisme et de ses
fondements.
Ceci l’amène à préciser son engagement
politique. A partir de 1887, Jean Jaurès collabore à la rédaction de La
Dépêche de Toulouse, un journal radical dans lequel ses articles
font la critique des appels à la violence des militants socialistes. Élu
conseiller municipal de Toulouse, il devient maire adjoint à
l’instruction publique en 1890, une fonction qu’il occupe jusqu’en
1893. Jaurès milite également à Carmaux, une cité ouvrière de
verriers et de mineurs. Ceux-ci sont à l’époque en grève pour
soutenir un des leurs, injustement licencié. La compagnie des mines,
dirigée par le baron Reille et son gendre le marquis Ludovic de Solages,
député de la circonscription, viennent en effet de renvoyer Jean
Baptiste Calvignac, leader syndical et nouveau maire de Carmaux depuis le
15 mai 1892. Le journaliste soutient alors le mouvement, par ses articles
circonstanciés dans La Dépêche ; celui-ci
s’achevant par la réintégration de Calvignac et la démission du
marquis de Solages.
Jean Jaurès se convainc dès
lors de la réalité de la " lutte des classes ".
Bientôt candidat à l’élection législative partielle, il est élu député
de Carmaux le 8 janvier 1893, en adoptant cette fois-ci l’étiquette de
socialiste indépendant. Il se rapproche du marxiste Jules Guesde et de
son Parti ouvrier français (P.O.F.), en militant avec ardeur contre les
" lois scélérates " qui restreignent les libertés.
Celles-ci ont été votées entre les 17 et 27 juillet 1894 à
l’initiative du président du Conseil, Charles Dupuy, afin de lutter
contre les actes terroristes perpétrés par les anarchistes. Jean Jaurès
est alors convaincue de l’imminence de la révolution prolétarienne.
Ses discours, empreint de messianisme, montre sa foi dans le changement
social qui réconcilierai les hommes et dont l’initiative appartient au
monde ouvrier.
Jaurès se marie à Lise Bloch au mois de février 1898. Il s’engage ensuite avec passion dans l’affaire Dreyfus. Le député,
grâce à ses amis normaliens, à Lucien Herr notamment, est rapidement
convaincu de l’innocence de l’officier français. Ce sentiment se
renforce à la lecture du " J’accuse " de
l’écrivain Émile Zola. Avec la publication de Preuves en 1898,
Jean Jaurès milite ainsi pour le respect de la justice individuelle, en dénonçant
l’arbitraire des grandes institutions, de l’armée notamment. Ces
prises de position dreyfusarde sont à l’origine de sa défaite électorale
à Carmaux, aux élections du mois de mai 1898. Quelques temps plus tard,
il devient le directeur de La Petite République. Dans les colonnes
de ce journal, sont publiées Les preuves relatives à l’affaire
Dreyfus écrites de sa plume. Jaurès dirige également une Histoire
socialiste de la France contemporaine, publiée entre 1901 et 1908,
pour laquelle il rédige les volumes consacrés à la Révolution française
entre 1901 et 1903.
Au cours de ces années, celui qui fait profession de socialisme prend
alors conscience des dangers de la montée du nationalisme et de l’antisémitisme.
La défense de la république devient son objectif primordial : il
soutient le gouvernement de Jules Waldeck Rousseau qui associe à son
action, pour la première fois dans l’histoire de la Troisième République,
le socialiste Alexandre Millerand, nommé au Commerce et à l’Industrie
en 1899. Il s’oppose ainsi avec virulence à Jules Guesde, autre leader
de la gauche, lors du Congrès international socialiste, qui se tient à
Paris au mois de septembre 1900, autour de la participation à la vie
parlementaire et gouvernementale. Jaurès et son Parti socialiste français,
créé en 1901, s’engagent nettement en faveur du bloc des gauches et du
gouvernement d’Émile Combes entre 1902 et 1905. Celui-ci prépare le
vote de la séparation des Églises et de l’État qui intervient le 9 décembre
1905. Cependant, les réformes sociales attendues marquent le pas et Jaurès,
nommé vice-président de la chambre en 1902, n’est pas reconduit dans
cette fonction en 1904.
Jean Jaurès est enfin réélu député du Tarn en 1902. Après avoir
longtemps écrit dans Le Mouvement socialiste, il fonde en 1904 le
quotidien L’Humanité, dont le premier numéro paraît le 18
avril. Le journal reçoit le soutient d’Anatole France, académicien de
son état. Jaurès, qui milite depuis de nombreuses années pour l’unité
des socialistes, obtient satisfaction en 1905. Au mois d’avril en effet,
est fondée la Section française de l’Internationale ouvrière (S.F.I.O.)
au congrès du Globe. Dans les années qui suivent, Jaurès engage le
dialogue avec les syndicalistes révolutionnaires de la C.G.T. qui, dans
leur Charte d’Amiens en 1906, affirment leur indépendance par rapport
aux partis politiques. Il lutte aussi contre l’expédition coloniale au
Maroc, une aventure inutile selon lui, qui est aussi une menace pour la
paix sur le continent européen. Jean Jaurès est maintenant obsédé par
le risque de conflit entre les grandes nations. Ces craintes se renforcent
au vu des guerres Balkaniques en 1912 et 1913. Alors que son influence
grandit à l’étranger, il rédige L’Armée nouvelle en 1910,
un essai qui défend une organisation de la défense nationale fondée sur
la préparation militaire de l’ensemble de la nation. Le député du
Tarn mène une vigoureuse campagne contre la loi des trois ans de service
militaire, votée le 7 juillet 1913. Ainsi, le 25 mai précédant, il
rassemble 150.000 personnes au Pré Saint-Gervais !
L’année 1914 lui apporte d’ailleurs un certain réconfort. Au
printemps, les guerres balkaniques s’achèvent avec la signature du
traité de Londres, le 31 mai. Quelques semaines auparavant, la gauche
avait également remporté un franc succès aux élections législatives.
Cependant, alors que l’affaire Caillaux passionnent les Français en ce
bel été 14, les événements se précipitent en Europe centrale. Le 23
juillet, l’Autriche de François-Joseph répond à l’assassinat de
l’Archiduc François Ferdinand à Sarajevo, le 28 juin 1914, par un
ultimatum à la Serbie voisine. Jaurès tente alors d’infléchir la
politique gouvernementale dans un sens favorable à la paix. Il multiplie
les interventions et les articles, appelant à la grève générale
internationale contre la guerre le 14 juillet. Croyant toujours à la
solidité de l’internationalisme ouvrier malgré les signes de fracture,
il participe à la réunion de Bruxelles des 29 et 30 juillet à l’issue
de laquelle le Bureau Socialiste International demande à tous les partis
socialistes européens d'organiser des manifestations pacifistes. A son
retour en France, Jean Jaurès est assassiné à Paris par Raoul Villain,
un nationaliste exalté, au café du Croissant, le 31 juillet 1914, à 21
h 40.
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