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Alfred JARRY
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Alfred JARRY
(Laval, 8 septembre 1873 -
Paris, 1er novembre 1907)
Français.
Ecrivain.
par Marc Nadaux
Quelques dates :
1896, Ubu roi.
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Alfred Jarry naît à
Laval le 8 septembre 1873. Il est issu d’une famille de la bourgeoisie
locale ; son père est négociant en tissu et sa mère la fille
d’un juge de paix. Les Jarry possèdent d’ailleurs quelques biens, des
maisons louées dans la ville, qui leur assurent de confortables revenus.
L’enfant, baptisé sur le tard, le 8 juin 1874, entre au mois de mai
1878 au petit lycée de Laval. Il y est scolarisé jusqu’au mois de
juillet 1879, année où Anselme Jarry connaît d’importants revers de
fortune. Sa mère, Caroline Quernest, choisit de s’éloigner de son mari
et rejoint sa Bretagne natale. Elle s’installe auprès du grand-père
d’Alfred, à Saint-Brieuc. L’enfant poursuit alors ses études au lycée
de la ville.
C’est en 1885 qu’Alfred Jarry rédige ses premiers textes, des comédies
en vers et en prose, réunis avec soin par l’écrivain dans un dossier
intitulé Ontogénie. S’il se prend de passion pour ces activités
littéraires, Alfred Jarry ne néglige pourtant pas ses cours. Il est
d’ailleurs un élève brillant, qui obtient de nombreux prix dans les
années qui suivent, notamment en composition française et en langues
latine et grecque. L’entrée au lycée de Rennes où sa mère s’est
installée à partir du mois d’octobre 1888 ne nuit en rien à ces
excellents résultats.
Maintenant en Première,
Alfred Jarry se lie d’amitié avec un élève de sa classe, Henri Morin,
dont la grande occupation est de brocarder M. Hébert, professeur de
sciences physiques, à qui il décerne des surnoms imagés : Père
Heb, Ebon… A cette époque, ce dernier a déjà rédigé une pièce
intitulée Les Polonais, dont le Père Hébert est le héros.
Celle-ci est bientôt jouée, au mois de décembre 1888, chez les Morin.
Jarry signe à cette occasion les décors qui situent les ébats des
personnages. L’année suivante, il accède au mois d’octobre à la
classe de philosophie puis obtient en 1890 le Baccalauréat. Alors que Les
Polonais sont de nouveau joués, cette fois-ci rue Belair, chez les
Jarry, Alfred entre en rhétorique supérieure au Lycée de Rennes.
Au mois de juin 1891, la famille Jarry s’installe à Paris, au n°11 de
la rue Cujas. Après avoir échoué au concours d’entrée à l’École
normale supérieure, l’adolescent poursuit sa classe de rhétorique supérieure
au Lycée Henri IV. Il a alors pour professeur de philosophie Henri
Bergson. Un nouvel échec au mois de juin 1892 lui impose une nouvelle année
préparatoire. La même année, Alfred Jarry choisit de loger au n°84 du
boulevard de Port-Royal. En 1893 paraissent ses premiers textes dans la
presse parisienne, dans les colonnes de L’Écho de Paris littéraire
et illustré notamment. Il collabore aussi à L’Art littéraire.
A cette époque et en compagnie de son ami Léon-Paul Fargue, le jeune
homme fréquente assidûment les galeries d’art et les théâtres. Déclaré
" éliminé " par le jury de la licence es lettres le
13 mars 1894, il se décide alors à mettre un terme à ses études.
Alfred Jarry est maintenant un familier des milieux littéraires et
artistiques. Actionnaire des éditions du Mercure de France, on le
rencontre chez le poète Stéphane Mallarmé, lors des "mardis "
de la rue de Rome. Au mois de juin 1894, il rend visite à Pont-Aven au
peintre Paul Gauguin. De retour à Paris pendant l’été, Alfred Jarry
loue un appartement au n°162 du boulevard Saint-Germain. Avec l’aide de
Rémy de Gourmont, il fonde au mois d’octobre 1894 une revue
d’estampes, L’Imagier. Quelques mois plus tard cependant, le 13
novembre, Alfred Jarry est incorporé au 101ème régiment d’infanterie
à Laval. Ce service militaire, qui doit en théorie durer trois années,
lui laisse néanmoins beaucoup de temps libre. Aussi se consacre t-il dans
les mois qui suivent à la liquidation des biens familiaux, après la mort
de son père survenue le 18 août 1895. Ces opérations financières
laissent à Alfred Jarry et à sa sœur Charlotte de confortables revenus.
Hospitalisé à l’hôpital du Val-de-Grâce au mois de décembre 1895,
le conscrit en sort quelques temps plus tard réformé pour une " lithiase
biliaire chronique ".
Le 11 juin 1896 est enfin publié Ubu roi aux éditions du Mercure
de France. L’œuvre est saluée par Émile Verhaeren dans l’Art
moderne. Quelques temps auparavant, Alfred Jarry avait été nommé
secrétaire du Théâtre de l’Oeuvre. C’est à l’intérieur de ses
murs qu’il prépare la mise en scène de sa pièce. La première a lieu
le 10 décembre 1896. Ubu roi fait scandale et la presse se déchaîne
contre son auteur, qui ne s’attendait d’ailleurs pas à ce que la représentation
aille à son terme. Celui-ci règle bientôt ses comptes avec la critique.
Le 1er janvier 1897, est ainsi publié le texte d’une conférence
intitulée Questions de théâtre. Cependant, Alfred Jarry, qui a
dilapidé en quelques mois l’héritage paternel, connaît maintenant la
gène financière. Il quitte son logement du boulevard Saint-Germain et
est hébergé avenue du Maine par le Douanier Rousseau. Le peintre lui
offre l’hospitalité pendant quelques temps, avant qu’il ne
s’installe dans une mansarde au n°7 de la rue Cassette.
Le 20 janvier 1898, Ubu roi est de nouveau créé au Théâtre des
Pantins, avec des marionnettes de Pierre Bonnard, Jarry se réservant
celle qui représente le Père Ubu. Au mois de décembre suivant,
un Almanach du Père Ubu illustré est également publié. Avec ses
amis, en compagnie de Pierre Quillart notamment, l’écrivain loue la même
année une villa à Corbeil, au n°19 du quai de l’Apport. Ce Phalanstère,
suivant le mot de Jarry, est cependant dissout au mois de janvier 1899, la
propriétaire inquiète pour le devenir de son bien exerçant son droit de
contrainte. Le petit groupe s’installe alors dans une autre demeure,
située à La Frette. C’est là que l’écrivain achève Ubu enchaîné,
au mois de septembre de la même année. A cette époque, Alfred Jarry se
consacre également à l’élaboration de quelques traductions, à la rédaction
de livrets d’opéras bouffes.
Il fait aussi paraître Messaline au mois de janvier 1901. Grâce
à une collaboration régulière avec La Revue blanche, pour
laquelle il livre une abondante critique livresque et théâtrale, Jarry
dispose maintenant de davantage de ressources financières. Au mois de mai
1901, l’écrivain prononce une conférence intitulé Le Temps dans
l’art au Salon des Indépendants. Au Cabaret des 4-z’Arts,
boulevard de Clichy, est représentée la suite des aventures du Père
Ubu, intitulée Ubu sur la butte, à la fin de la même année.
Alfred Jarry fait publier au mois de mai 1902 Le Surmâle. L’année
suivante, il participe avec assiduité à la rédaction du Canard
sauvage, dirigé par Franc-Nohain. A cette époque, l’écrivain fréquente
toujours la bohème artistique de la capitale. Ces derniers temps, il
s’est ainsi lié au poète Guillaume Apollinaire, à Pierre Mac Orlan et
au peintre Pablo Picasso. Jarry multiplie aussi les séjours chez ses amis
les Demolder, demeurant aux Bas-Vignon, dans la commune du Plessis-Chenet,
au bord de la Seine. En 1905, il achète non loin de chez eux quelques
parcelles de terrain où sera bientôt installé le Tripode, une
baraque de bois destinée à le loger.
Alfred Jarry cependant souffre de plus en plus de problèmes de santé.
Atteint de la tuberculose, il rejoint sa sœur à Laval au printemps 1906
et reçoit alors des soins suivant l’avis insistant de cette dernière.
De retour à Paris, ses amis, Charles Valette et Octave Mirbeau notamment,
se mobilisent pour lui apporter leur aide financière. Jarry est en effet
dans le dénuement le plus complet. Son propriétaire de la rue Cassette
menace d’ailleurs de lui donner congé. L’écrivain lance alors chez
l’éditeur Sansot une collection de " Théâtre mirlitonesque ",
qui doit réunir les différentes pièces où apparaît sa plus célèbre
création, le Père Ubu. Poursuivit par les créanciers, il
travaille également l’année suivante à une nouvelle œuvre, Le
Moutardier du pape. Sans nouvelle de son ami depuis quelques jours,
Valette se rend le 29 octobre 1907 au domicile parisien d’Alfred Jarry.
Affaibli, celui-ci est incapable de lui ouvrir la porte. Un serrurier
appelé sur les lieux intervient alors. L’écrivain est aussitôt
transporté à l’hôpital de la Charité où il décède le 1er novembre
1907 d’une méningite tuberculeuse.
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