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Jean ITARD
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Jean ITARD
(Oraison,
24
avril 1774 -
Paris, 5
juillet 1838)
Français.
Médecin.
par Marc Nadaux
Quelques dates :
1800,
médecin-chef de
l'Institution impériale des
Sourds-Muets.
1801,
Mémoire sur les premiers
développement de Victor de l’Aveyron.
1821,
élu membre de l'Académie de Médecine.
Traité des maladies de l'oreille
et de l'audition.
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Jean Marc Gaspard Itard naît le 24 avril 1774 à Oraison,
dans l’actuel département des Basses-Alpes. A l’âge de huit ans,
l’enfant est confié aux bons soins de son oncle, chanoine de la
cathédrale de Riez. Au collège de la ville, il entame alors des études,
poursuivit par la suite à Marseille auprès des Oratoriens. Dans la cité
phocéenne, suivant les vœux de son père, Jean Itard se lance dans une
entreprise ambitieuse : la banque. L’échec le pousse à revenir, deux
années plus tard, à Riez. Vient le temps de la Révolution, puis de la
guerres contre l’armée des Princes coalisés. Jean Itard s’emploie à
présent à l'hôpital militaire de Soliers. Là, il se découvre une passion
pour l’art de la médecine et suit les cours d'anatomie de Dominique-Jean
Larrey. En 1796, le chirurgien appelle son ancien élève auprès de lui,
au Val de Grâce. Là, afin de créer un nouveau poste de praticien, un
concours est ouvert. Jean Itard en est le lauréat. Plus tard, alors
qu’il officie à l’hôpital parisien, l'abbé Sicard, directeur de
l'Institution impériale des Sourds-Muets,
lui propose de devenir son médecin-chef, le 31 décembre 1800.
Jean
Itard vient d'avoir vingt-cinq ans. Il est encore un jeune médecin, qui
prépare sa thèse sur le pneumothorax. Lui est cependant confié, à sa
demande, un patient peu ordinaire : Victor, " l’enfant-sauvage
de l’Aveyzon ". Âgé de onze ou douze ans, ce dernier avait
été aperçu, puis fait prisonnier par trois chasseurs qui l’avaient
ensuite remis aux autorités. Sur les ordres du ministre de l’Intérieur,
Jean-Baptiste de Nompère de Champagny, l’enfant est conduit à Paris et
remis à l'Institution, rue Saint-Jacques. Longtemps éloigné de la société
des Hommes, il est cependant réputé idiot et inapte à l’éducation.
Jean Itard lui n’est pas de cet avis. En disciple de Condillac, il
estime en effet que les idées
viennent des sens et qu’il lui faut à présent
stimuler l’intelligence du jeune Victor par des jeux, des exercices
divers. En 1801, le médecin publie un Mémoire sur les premiers développement
de Victor de l’Aveyron, suivi en 1806 d’un second opuscule. Ces
écrits vont stupéfier la communauté scientifique et faire connaître
Jean Itard dans l’Europe entière. Baptisé " Victor "
par le médecin - car il répond parfaitement à la voyelle O -,
l’enfant est ensuite confié au bons soins de Mme Guérin, qui réside 4
impasse des Feuillantines. Celle-ci l’occupera dans les années qui
suivent à des taches manuelles. En effet, si l’enfant a montré des
qualités morales, le développement de son intellect atteint rapidement
ses limites.
Jean Itard est à présent un médecin qui fait autorité.
Son emploi du temps ne variera plus désormais. Il reçoit en effet le
matin sa clientèle, puis consacre la fin de l’après-midi, la soirée
s’il le faut, à l'institution des sourds-muets. L'éducation orale
demeure son thème de recherche de prédilection. Le médecin écrit ainsi
sur le bégaiement, avant de s’intéresser également à l'hydropisie,
l'hygiène, les fièvres intermittentes… En 1821, Jean Itard est élu
membre de l'Académie de Médecine. La même année, il publie un Traité
des maladies de l'oreille et de l'audition. L’ouvrage l’élève au
rang de fondateur de l’oto-rhino-laryngologie. En effet, contrairement
à la plupart des praticiens de l’époque, Itard se préoccupe de
l’organe de l’ouïe. S’il a l’aspect d’un manuel - résumant les
travaux de ses prédécesseurs, décrivant et classifiant tout ce qui a
trait à l’oreille et à ses maux -, il montre également quelles
techniques thérapeutiques peuvent être employées par ses confrères.
Fort de son expérience, Jean Itard affirme également que la surdité n'a
pas pour seule cause la paralysie du nerf auditif, qu’elle est rarement
totale. D’où l’intérêt de prodiguer des soins aux patients qui en
sont atteints… Itard a ainsi pour but de leur enseigner malgré tout la
parole. En opposition avec son temps, alors que tout le monde prêche le
geste et la mimique, il prend parti pour la démutisation et tente
d'imposer la lecture sur les lèvres et l'expression orale.
Après avoir cessé de pratiquer
la médecine libérale, Jean Itard se consacre entièrement à ses
patients du Faubourg Saint Jacques. Pour ces derniers cependant, les délais
avant d’obtenir un rendez-vous auprès du praticien s’allongent. A
destination de l’Académie, il rédige, de
1822 à 1828, trois rapports concernant le mutisme, auxquels s’ajoutent
en 1831 un Mémoire sur le mutisme produit par la lésion des fonctions
intellectuelles. A cette époque, Jean Itard prend l’habitude de
s’éloigner pour quelques mois des choses de la médecine. Dans sa villa
de Beau-Séjour, à Passy, il profite chaque année d’un congé de
plusieurs mois. Celui qui fut par le passé ouvert et enjoué se fait en
effet taciturne et sombre. Au mois d’octobre 1837, le médecin rédige
son testament par lequel il lègue notamment à l'Académie de Médecine
une rente annuelle de mille francs pour un " prix triennal en faveur
du meilleur mémoire de médecine pratique et de thérapeutique appliquée
", à l'Institution des Sourds-Muets également une autre somme
annuelle de huit mille francs, afin qu'une classe d' " instruction
complémentaire " et orale.
Jean
Itard décède le 5 juillet 1838 à soixante-quatre ans, dix années après
Victor, que ses efforts ont contribué à socialiser, à éloigner de la
sauvagerie. Le médecin peut ainsi être considéré comme un des précurseurs
de l’éducation des arriérés mentaux, un des principaux praticiens de
la surdité au XIXème siècle. Demeure également le souvenir de leur
aventure thérapeutique grâce aux mémoires rédigés à l’époque par
Jean Itard, mais aussi grâce au talent du réalisateur François
Truffaut.
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