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Theodor HERZL 

(Budapest, 2 mai 1860 - Edlach, 3 juillet 1904)


Allemand.

Philosophe.



par Marc Nadaux


 

     Quelques dates :

1891, correspondant en France du journal viennois Neue Freie Presse.
1895, assiste à la dégradation du capitaine Dreyfus, aux cris de " Mort aux Juifs ".
1896, L'État juif.
1897, sur son initiative, est réunit à Bâle le premier congrès sioniste international.
1902, Altneuland.

 






Theodor Herzl naît à Budapest, le 2 mai 1860. Au sein de cette famille de la bourgeoisie juive aisée, il est élevé dans l’amour de la judéité. Celui-ci est commun d’ailleurs, à cette période de renouveau intellectuel au sein des communautés judaïques d’Europe. En 1878, les Herzl s’installent dans la capitale de l’Empire Austro-hongrois, Vienne. Theodor entame alors des études de droit à l'Université, qui le mènent jusqu’au doctorat, obtenu en 1884. A partir de 1881, l’étudiant est membre d’une association nationaliste, Albia. Il quitte cependant ces germanophiles deux années plus tard, leur antisémitisme se faisant trop virulent. Dès lors, dans la capitale viennoise, Theodor Herzl entend vivre de sa plume, se faisant écrivain et journaliste. En 1889, il se marie à Julie Naschauer. Le couple aura trois enfants : deux filles et un fils. De 1891 à 1895, Herzl doit cependant s’éloigner de sa famille, puisqu’il est à présent le correspondant en France du journal viennois Neue Freie Presse, un quotidien de tendance libérale, d’une audience importante. Ce long séjour en France l’imprégnera de manière définitive dans ses convictions.

Le 19 décembre 1894, s’ouvre en effet le procès du capitaine Dreyfus, qui est accusé de trahison, devant le Conseil de guerre de Paris. Condamné à la déportation perpétuelle dans une enceinte fortifiée, l’officier doit être dégradé avant de partir vers l'exil. La cérémonie a lieu dans la grande cour de l'École militaire, le samedi 5 janvier 1895. La population n'est pas autorisée à assister à la cérémonie. Elle se masse néanmoins derrière les grilles. Aux cris de " Mort aux Juifs ", Alfred Dreyfus est mis au banc de la nation, sous les yeux du correspondant du Neue Freie Presse. Bientôt cependant, les preuves de son innocence s’accumulent, tandis que la France se diffusent en deux camps qui s’affrontent. L’antisémitisme, dans la presse, dans les rues, se fait plus visible et virulent. Theodor Herzl est désormais convaincu que l’hostilité ambiante à la judéité rend impossible l’assimilation de ses coreligionnaires.



A son retour à Vienne, le journaliste devient le directeur des pages littéraires du Neue Freie Presse. En 1894 déjà, Theodor Herzl avait publié Le Ghetto, un ouvrage dans lequel il démontrait l’impossibilité de la conversion individuelle. Au mois de février 1896, il fait également paraître L'État juif, faisant sienne les thèses sionistes. Selon lui, il existe un peuple juif, que doit reconnaître la communauté internationale. Ceci donne à l’idée de la création d’un État juif en Palestine toute sa force et sa légitimité. Si ce mouvement politique et religieux a pris naissance en Europe orientale, où les scènes de violence collectives ont rendu plus complexe la question de l’assimilation des populations de confession israélite, Theodor Herzl donne au mouvement un caractère nationaliste affirmé.

Celui-ci s’organise dans les années qui suivent. Favorablement accueilli par les sociétés sionistes d'Europe orientale, il rencontra beaucoup d'incompréhension et d'hostilité dans les milieux juifs occidentaux. Du 26 au 28 août 1897, sur l’initiative de Theodor Herzl, est réunit à Bâle le premier congrès sioniste international. Celui-ci définit le programme du mouvement, la création d'un foyer national juif en Palestine, bientôt relayée par la fondation du journal Die Welt (Le Monde). Malgré le refus de hautes personnalités, le baron de Rothschild notamment, l'Organisation sioniste internationale se structure, grâce à la création d'une Banque nationale juive en 1899, d’un Fonds national juif, deux années plus tard. Jusqu’en 1902, cinq congrès réunissent, toujours à Bâle, les principaux représentants du mouvement sioniste.



Au cours de ces années, Theodor Herzl multiplie les démarches diplomatiques afin d’obtenir l’assentiment, voire même le soutien des chefs d’Etat. Ainsi, il rencontre en 1898 le sultan Abdul Hamid. A l’époque en effet, la Palestine est placée sous l’autorité ottomane. Le Kaiser Guillaume II lui accorde également une entrevue, peu de temps après, puis le roi d’Italie Victor-Emmanuel III, le pape Pie X. Le président de l'Organisation sioniste internationale n’obtient que peu de garantie de la part de ces souverains européens.

En 1902, il fait paraître un nouvel ouvrage, Altneuland. Dans ce roman, Theodor Herzl fait œuvre d’anticipation, imaginant la vie des communautés juives au sein de l’État d’Israël. C’est alors que la Grande-Bretagne, après avoir envisagé le Sinaï, propose aux sionistes de coloniser l'Ouganda, en Afrique de l’Est. A la même époque, Theodor Herzl est de retour de Russie, où une série de pogroms traumatise la communauté juive. Aussi adhère t-il à cette idée, qu’il présente au sixième Congrès sioniste. Pour Theodor Herzl, le programme ougandais d’initiative britannique ne peut être envisagé que comme une étape de la réalisation du programme sioniste. A Bâle cependant, il provoque des déchirements parmi les représentants l'Organisation sioniste internationale et est finalement rejeté l’année suivante.



Theodor Herzl décède le 3 juillet 1904, à Edlach, en Autriche, des suites d’une maladie cardiaque.