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Émile GUIMET
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Émile GUIMET
(Lyon, 2 juin 1836 - Fleurieu-sur-Saône,
12 octobre 1918)
Français.
Industriel.
par Marc Nadaux
Quelques dates :
1860, à la tête de l'entreprise familiale installée à
Fleurieu sur Saône, dans la banlieue lyonnaise, qui produit
un colorant synthétique.
1867, membre de l'Académie de Lyon.
1876, effectue un long périple en Extrême-Orient.
1878, organise un congrès des orientalistes à Lyon.
1887, nommé à la tête de l'entreprise chimique Péchiney.
1889, inauguration du musée Guimet à ,Paris.
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Emile Guimet est né à Lyon le 2 juin 1836. Son père, savant
et industriel, s'est marié quelques années auparavant à une artiste
musicienne. L’originalité de l’environnement familial influe sur sa vie
d'adolescent. Il conditionnera également son existence future.
En effet, Émile Guimet succède bientôt en 1860 à son père à la tête
de l'entreprise que celui-ci a fondée en 1834. Installée à Fleurieu sur
Saône dans la banlieue lyonnaise, elle s'est spécialisée dans la
production chimique d’un bleu artificiel employé comme colorant dans
l’industrie textile. Cette activité assure à l’entrepreneur de
confortables revenus.
Émile Guimet est également épris de culture et avide d'évasion. Initié
par sa mère à la musique, il fonde l'année suivante l'Orphéon de
Neuville puis la fanfare de Fleurieu. En juillet 1865, le musicien
participe également au concours de chœur de Dresde. Quelques années
auparavant, en 1862, il a effectué un autre voyage en Espagne qui lui a
donné le goût des horizons lointains. Celui-ci est bientôt suivi d'un séjour
en Égypte entre 1865 et 1866 puis en Grèce, en Turquie et en Roumanie en
1868, en Algérie et en Tunisie enfin en 1869. Parti à la rencontre des
populations locales et des traces laissées par le passé sur les rivages
de la Méditerranée, il se passionne ainsi pour l'archéologie, la
philosophie et les langues anciennes.
Les relations illustrées de ses voyages qu’il se préoccupe de publier
à chaque retour à Lyon en font bientôt un des personnages
incontournables de la vie culturelle locale. Élu membre de l'Académie de
Lyon en 1867, Émile Guimet consacre désormais ses loisirs de capitaine
d’industrie à la rédaction d'études sur les peuples orientaux. Il rédige
ainsi De L'Ascia des Égyptiens en 1872 puis Arabes et Kabyles :
pasteurs et agriculteurs l'année suivante. Adhérent à la Société
d'études japonaises, le voyageur participe d'ailleurs pendant cette même
année au premier Congrès des orientalistes qui s’est réunit à Paris.
Ses travaux le conduisent ainsi à l'étude des religions anciennes par
laquelle il recherche la solution aux problèmes sociaux de son temps.
Délaissant de nouveau l'entreprise familiale, Émile Guimet effectue en
1876 un long périple en Extrême-Orient. Après avoir visité
l'exposition universelle de Philadelphie, il parcourt le Japon, la Chine
et l’Inde en compagnie de son ami le peintre Félix Régamey.
Observateur attentif de ces civilisations lointaines, Émile Guimet délaisse
alors ses préoccupations sociales. Il se cantonne à une vision d'esthète,
rencontrant artistes et moines bouddhistes. De retour en France en 1877,
il est fait chevalier de la Légion d'honneur ; le grade d'officier
lui sera ensuite attribué en 1895. Un première union avec Lucie
Saulaville en 1868 s’étant interrompue brutalement avec le décès prématuré
de celle-ci la même année, il se marie de nouveau avec la sœur de sa
première épouse à son retour d'extrême Orient.
Émile Guimet organise en 1878 un congrès des orientalistes à Lyon. Il
participe à l'exposition universelle de Paris où sont présentés
quelques objets rapportés de ses périples orientaux dans une aile du
pavillon qui a été bâti pour l'occasion au Trocadéro. Le voyageur
publie l'année suivante un recueil de souvenirs intitulé Promenades
japonaises. La construction d'un musée dans sa ville de Lyon, situé
dans le nouveau quartier de la Tête d'Or et destiné à exposer ses
collections personnelles, l’occupe également au cours de ces années.
Celui-ci est inauguré le 30 septembre 1879 en présence de Jules Ferry,
ministre de l'Instruction publique et des Beaux-Arts. Dédié aux
civilisations orientales et méditerranéennes et doté par son fondateur
d'une bibliothèque spécialisée, le musée Guimet est aussi un centre d'études
et de recherches sur les religions anciennes. Émile Guimet contribue également
à la naissance d’une école de langues qui n'obtient cependant pas le
succès escompté.
L’industriel ne néglige pas la direction de la firme familiale. Il est
de plus nommé en 1887 à la tête de l'entreprise chimique Péchiney,
fondée en 1855 avec la participation de son père. Émile Guimet
multiplie également à cette époque les conférences et autres
communications à propos de son expérience orientale en compagnie de son
ami Régamey. En 1883, quelques articles publiés dans L'Illustration
leur sont ainsi consacrés. Une Revue de l'histoire des religions
est lancée en 1880 tandis que les Annales du musée Guimet sont
destinées à faire connaître au public le musée et ses collections.
Cependant, peu satisfait de l'apathie qui règne dans la vie culturelle
lyonnaise, Émile Guimet décide en 1885 de le transférer à Paris tandis
que ses collections sont cédées à l'État. L'inauguration du nouveau
musée Guimet, situé désormais place d'Iéna, a lieu le 20 novembre 1889
en présence cette fois-ci du président de la République Sadi Carnot.
L’institution est animée pendant les années 1893 et 1894 par
l’accueil de cérémonies bouddhiques. Des conférences sur la Chine et
l'Égypte sont également organisées quelques années plus tard, de 1900
à 1903. Bénéficiant de la passion en vogue pour l'exotisme, ces
manifestations obtiennent un grand succès auprès du public cultivé. Le
tout-Paris se donne bientôt rendez-vous dans les murs du musée Guimet
pour assister à des spectacles de divertissement, celui de la danseuse
Mata Hari entre autres, offerts par l’industriel. Émile Guimet est élu
en 1900 vice-président de la Société franco-japonaise, créée à
l'occasion de l'exposition universelle de Paris.
Après un nouveau voyage effectué au Proche Orient en 1903 puis un séjour
en Sardaigne en 1909, Émile Guimet poursuit ses activités
d’orientaliste en se consacrant à la rédaction d'articles d'érudition
ou en participant à divers congrès et conférences. Il décède le 12
octobre 1918 à Fleurieu sur Saône.
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