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Jules
GUESDE
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Jules BAZILLE,
dit
Jules
GUESDE
(Paris, 11 novembre 1845 -
Saint-Mandé, 28 juillet 1922)
Français.
Homme politique.
par Marc Nadaux
Quelques dates :
1877, fonde le premier journal marxiste français, un
hebdomadaire baptisé L’Égalité.
1880,
à l’origine de la
fondation du Parti ouvrier français (P.O.F.).
1893, élu député de Roubaix.
1905, fondation de la Section française de l’Internationale
ouvrière (S.F.I.O.).
1914, se rallie
à l’Union sacrée.
ministre d’État sans portefeuille
dans le gouvernement Viviani.
1920, ne participe pas au Congrès de Tours, mais cautionne
le courant favorable au maintien de la " vieille maison "
S.F.I.O.
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Jules Bazile naît le
11 novembre 1845 à Paris. Après avoir reçu une éducation classique, il
trouve à s’employer à la Préfecture de la Seine en tant qu’expéditionnaire.
Cependant ses préoccupations intellectuelles le poussent vers le
journalisme. Il collabore ainsi quelques temps au Courier français
de Vermorel avant de fonder un journal d’opposition, Les Droits de
l’Homme. Le premier numéro parait le 1er juin 1870 à
Montpellier. Alors que la France du Second Empire déclare la guerre à la
Prusse, Jules Guesde est condamné à six mois de prison pour avoir, dans
une profession de foi républicaine, situé l’ennemi non sur le Rhin
mais aux Tuileries.
Libéré après la défaite de Sedan et la proclamation de la République,
celui qui se fait appelé Jules Guesde soutient le Gouvernement de la Défense
nationale. Il s’indigne cependant que l’on parle à présent
d’armistice et de cessation des combats. Le journaliste se prend dès
lors de sympathie pour l’élan patriotique qui saisit le peuple parisien
assiégé et pour la Commune de Paris. Toutefois il ne participe pas au
gouvernement révolutionnaire. Après la répression de la Semaine
sanglante menée par les Versaillais du 21 au 28 mai 1871, Guesde,
saisi d’horreur, s’exile à l’étranger dès le mois de juin
suivant.
Installé à Genève, Jules Guesde se lie à James Guillaume, un des
membres influents de la première Internationale ouvrière, fondée à
Londres en 1864. Celui-ci convertit le jacobin à l’anarchisme. Guesde
se sent en effet attiré par ces thèses libertaires, inspirées des écrits
de Mikhaïl Bakounine. En Suisse, le penseur russe lutte à l’époque
contre l’autoritarisme de Karl Marx qui désire faire de la fédération
ouvrière une organisation centralisée. Après son entrée à la Fédération
Jurassienne, Jules Guesde milite ainsi pour l'autonomie des sections dans
les colonnes de son journal, Le Réveil international. Il se rend
bientôt en Italie, résidant à Milan en 1874 puis à Rome. C’est là
qu’il publie deux ouvrages de réflexion politique, un Essai de catéchisme
socialiste en 1875 puis, l’année suivante, Le Livre rouge de la
justice sociale.
De retour en France en 1876, Jules Guesde se rapproche des cercles
marxistes qui se réunissent à Paris, au café Soufflet notamment. Il
fait ainsi la connaissance d’un journaliste allemand, Karl Hirsch, qui
lui fait découvrir la pensée de son compatriote. Au mois de novembre
1877, Guesde fonde alors le premier journal marxiste français, un
hebdomadaire baptisé L’Égalité, qui paraît jusqu’en 1883.
Il se fait également militant au sein de la Section de propagande et
d’action révolutionnaire socialiste. En 1878, l’activiste est condamné
à six mois de détention et à deux cent francs d'amende pour avoir,
malgré l'interdiction gouvernementale, convoqué à Paris un congrès
ouvrier. Incarcéré à la prison de Sainte-Pélagie, Jules Guesde rédige
alors le Programme et Adresse des socialistes ainsi qu’une
brochure intitulée Collectivisme et révolution. L’année
suivante, il est à l’origine de la fondation de la Fédération du
parti des travailleurs socialistes de France au congrès qui se tient à
Marseille du 20 au 31 octobre 1879. Suivant en cela ses convictions,
l’assemblée des 130 délégués reconnaît alors la grève comme
instrument de la lutte des classes et renonce ainsi aux coopératives
comme moyen d’émancipation du monde ouvrier.
Au mois de mai 1880, Jules Guesde se rend à Londres demander à Karl Marx
et à Friedrich Engels de cautionner le programme du Parti ouvrier français
(P.O.F.) qui naît au mois de novembre suivant au congrès du Havre.
Celui-ci se construit donc à partir des principes collectivistes,
abandonnant le mutuellisme proudhonien. Un remaniement intervient
cependant au congrès de Roanne, au mois d’octobre 1882, à la suite de
multiples scissions issues de la volonté des courants libertaires
qu’irrite le dogmatisme ambiant. Le fondateur du P.O.F. effectue de
nouveaux séjours en prison, en 1882 puis en 1885 en compagnie de
l'anarchiste Louise Michel et de Paul Lafargue, gendre de Marx. Dans les
années qui suivent, le parti marxiste se structure. Un conseil national
est bientôt responsable devant un congrès qui devient annuel. Le
recrutement parmi les masses laborieuses s’étend, le P.O.F. recrutant
notamment parmi les populations ouvrières de la grande industrie du Nord
de la France. Il finance ainsi de multiples publications sous formes de
journaux et autres brochures, organise des meetings dans les communes
ouvrières ou des manifestations au retentissement national pour la fête
du travail du 1er mai.
Lié avec le Parti social-démocrate allemand (S.P.D.), le Parti ouvrier
français contrôle entre 1886 et 1894 la Fédération nationale des
syndicats. A ces derniers, Jules Guesde n’accordent que peu
d’autonomie ce qui encourage le développement des Bourses du travail
qu’anime Fernand Pelloutier, dissident du P.O.F., et amène la création
de la C.G.T. les 23 et 24 septembre 1895 au congrès de Limoges. Dans leur
Charte d’Amiens, les représentants de la Confédération Générale du
Travail affirment d’ailleurs en 1906 leur indépendance par rapport aux
partis politiques.
A Paris, du 14 au 21 juillet 1889, pour le centième anniversaire de la
prise de la Bastille, se réunissent à la salle Pétrelle les représentant
socialistes issus de vingt-trois pays. Ceux-ci décident de la fondation
de la deuxième Internationale, sur la base d’une fédération de partis
nationaux autonomes. Ce rejet d’une direction centralisée illustre la
division qui règne au sein du mouvement socialiste français. Celle-ci
oppose notamment les blanquistes réunis autour d’Édouard Vaillant au
adhérents du P.O.F. de Jules Guesde. Le fondateur du Parti ouvrier français
est élu député de Roubaix le 3 septembre 1893. Il siège ainsi à la
Chambre jusqu’en 1898, année où le candidat marxiste est défait par
Eugène Motte, le représentant du grand patronat local ! Au cours de
ces années, Jules Guesde s’est lié à l’écrivain Émile Zola,
l’auteur de Germinal, qui le consulte pour la documentation de
son roman, L’Argent.
Au mois d’avril 1905, la fondation de la Section française de l’Internationale
ouvrière (S.F.I.O.) marque une étape supplémentaire dans le développement
du socialisme en France. Les principaux représentants de la gauche
s’unissent ainsi au sein d’un même parti politique. Parmi ses adhérents,
le courant guesdiste est massivement représenté, s’opposant aux
partisans de Jean Jaurès. Depuis de nombreuses années, les deux leaders
manifestent d’ailleurs publiquement leur opposition. Celle-ci se
cristallise autour de la participation à la vie parlementaire et
gouvernementale et se montre au grand jour lors du Congrès international
socialiste, qui se tient à Paris au mois de septembre 1900. Ce succès
est l’aboutissement du travail de pédagogie de ses représentants qui
par la rédaction d’un hebdomadaire, Le Socialiste, ou grâce à
une vaste entreprise d’édition, L’Encyclopédie socialiste,
sur l’initiative de Compère-Morel, travaillent depuis des années à la
pénétration du marxisme.
Le 20 mai 1906, Jules Guesde est réélu député,
cette fois-ci à Lille. Dans les années qui suivent sa fondation, la
S.F.I.O., qualifiée d’abord de révolutionnaire, se transforme en un
parti réformiste. Le parti socialiste se coupe ainsi progressivement de
son soutien principal, le monde syndicaliste. Le 31 mars 1910, cependant,
en accord avec la C.G.T., Guesde vote contre la loi des retraites ouvrières
et paysannes, dans laquelle il voit, en raison du prélèvement opéré
sur les salaires, un " vol législatif " qui
s’ajoute au séculaire " vol patronal ".
Alors qu’éclate le premier
conflit mondial pendant l’été 1914, Jules Guesde se démarque une fois
de plus des prises de position de Jean Jaurès. Faisant fi de
l’internationalisme marxiste, il se rallie à l’Union sacrée. Celui
qui s’était opposé en 1899 à la participation du socialiste Alexandre
Millerand à un ministère " bourgeois " entre ainsi
le 27 août 1914 en tant que ministre d’État sans portefeuille dans le
gouvernement Viviani. Il demeure en poste jusqu’au 12 décembre 1916,
malgré les changements de ministère. Dans la tourmente du conflit, Jules
Guesde adopte d’ailleurs un discours nationalistes.
Au mois d’octobre 1917, il s’inquiète ainsi des conséquences de la révolution
bolchevique dans la Russie des Tzars sur l’évolution du conflit qui
oppose la France aux puissances centrales. Au mois de décembre 1920,
s’il ne participe pas au Congrès de Tours, Guesde cautionne le courant
favorable au maintien de la " vieille maison " S.F.I.O. face à
ceux des socialistes qui prônent la création d’un Parti communiste
français placé sous l’égide du Kominterm, le troisième
Internationale fondée au mois de mars 1919. Peu avant sa mort, survenue
dans la pauvreté et la maladie le 28 juillet 1922 à Saint-Mandé, Jules
Guesde laisse tout de même ce message : " Veillez sur la révolution
russe. ".
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