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Bartelomeo Alberto CAPPELARI,

GRÉGOIRE XVI 

(Belluno, 8 septembre 1765 - Rome, 9 juin 1846)


Italien

Religieux.



par Marc Nadaux


 

     Quelques dates :

1799, publication de son ouvrage Le Triomphe de la sainte Église dans lequel il soutient l’infaillibilité pontificale et la souveraineté du pape sur les États de l’Église.
1825, le nouveau pape Léon XII l’élève à la dignité de cardinal.
1831, élu pape et prend le nom de Grégoire XVI.
publie l’encyclique Sollicitudo ecclesiarum dans laquelle il réaffirme l’indépendance de l’Église et son refus de s’immiscer dans les affaires dynastiques.
1832, condamne les thèses de Lamennais dans le journal L’Avenir par l’encyclique Mirari vos
.
1841,
voyage dans les États de l’Église.

 






Bartelomeo Alberto Cappelari est né à Belluno le 8 septembre 1765. Issu d’une famille de la noblesse, il se découvre une vocation religieuse à l’âge de 18 ans et entre ainsi, en 1783, au monastère camaldule de Saint Michel de Murano. Bartelomeo Alberto Cappelari prend alors le nom de Frère Mauro en 1786 au moment où il prononce ses vœux monastiques. Il reçoit l’année suivante les ordres majeurs. Se dévouant à l’étude de la philosophie et de la théologie, Frère Mauro s’occupe également de l’instruction des novices pendant cette période de claustration.

Envoyé à Rome en 1795, il entre bientôt au monastère Saint Grégoire. Frère Mauro en devient le curé en 1800 et enfin l’abbé quelques années plus tard, en 1805. Cette période marquée par les guerres d’Italie et la soumission de la papauté à Bonaparte voit également la publication de son ouvrage Le Triomphe de la sainte Église en 1799 dans lequel il soutient l’infaillibilité pontificale et la souveraineté du pape sur les États de l’Église. Cependant l’exil du pape Pie VII à Savone, ordonné par l’Empereur des Français en 1808, interrompt son séjour romain. Frère Mauro réintègre le monastère Saint Michel. La fermeture de celui-ci l’année suivante le contraint à enseigner la philosophie au collège camaldule de Murano. Frère Mauro quitte ensuite la ville lorsque l’institution est transférée quelques années plus tard en 1813 à Padoue.

Le retour triomphant du pape dans la ville sainte et la chute de Napoléon lui permettent de réintégrer le monastère Saint Grégoire. L’abbé Mauro refuse à deux reprises l’offre d’une nomination à un évêché. Cependant, le 21 mars 1825, le nouveau pape Léon XII l’élève à la dignité de cardinal. Il lui confie ensuite la charge de Préfet de la Congrégation de la Sainte Propagande. A ce titre, le cardinal Capellari négocie avec succès un concordat entre les catholiques belges et le roi William de Hollande en 1827. La situation de l’Église d’Arménie s’améliore également grâce à la signature d’un accord similaire conclu entre le Saint Siège et l’Empire ottoman. C’est alors que le décès du souverain pontife provoque la réunion d’un nouveau conclave. Le cardinal Capellari est élu pape au début de 1831. Il prend le nom de Grégoire XVI, porté précédemment par le fondateur de la Propagande.



Dès son élection, Grégoire XVI doit faire face à de graves problèmes politiques. Son secrétaire d’État, le cardinal Bernetti, ne parvient pas à étouffer l’insurrection libérale qui éclate dans les États de l’Église. La souveraineté temporelle du pape sur les régions qui entourent Rome est d’ailleurs remise en cause par les patriotes révolutionnaires. Le souverain pontife se décide alors à demander l’aide autrichienne. Après une violente répression, l’ordre est bientôt rétabli au début du mois d’avril 1831.

Cependant les puissances européennes réunies quelques temps plus tard à Rome décident, avec la publication d’un mémorandum le 21 mai, d’une réforme de l’administration des États de l’Église. Une série de décrets s’échelonnant du mois de juillet au mois de novembre 1831 met en application ces décisions. Celles-ci conduisent à une simplification des institutions judiciaires et sont également à l’origine d’un début de laïcisation dans la haute administration. Grégoire XVI se refuse cependant à démocratiser l’élection des conseils ayant autorité sur le gouvernement des communes et des États. Il s’oppose également à la création d’un conseil d’élus laïcs dont le pouvoir rivaliserait avec celui du Sacré Collège placé directement sous son autorité. Ces réformes décisives n’interviendront que quelques années plus tard avec le pontificat de son successeur Pie IX.

Malgré ces mesures d’apaisement, les troubles reprennent alors à Césène puis à Bologne. Une nouvelle intervention des troupes du général Radetzky en Romagne est donc nécessaire. L’année suivante, quelques détachements français occupent également les États de l’Église jusqu’au départ définitif des Autrichiens en 1838.



Le développement des mouvements libéraux dans l’Europe issue du Congrès de Vienne et les révolutions de 1830 contraignent bientôt le Saint Siège à prendre position. Grégoire XVI publie en août 1831 l’encyclique Sollicitudo ecclesiarum dans laquelle il réaffirme l’indépendance de l’Église et son refus de s’immiscer dans les affaires dynastiques. Le souverain pontife reçoit ensuite à Rome en novembre de la même année Lamennais, Lacordaire et Montalembert, les " pèlerins de la liberté ". 

Malgré un accueil cordial, Grégoire XVI condamne le 15 août 1832 leurs thèses exposées dans le journal L’Avenir par l’encyclique Mirari vos. Un nouveau texte, Singulari nos, critique deux ans plus tard les idées libérales de Lamennais développées dans les Paroles d’un croyant. Cette opposition de principe au modernisme s’illustre également en Allemagne avec la publication de la lettre apostolique Dum acerbissima qui condamne les disciples de Hermes le 26 septembre 1835.



Sous son pontificat, Grégoire XVI doit également lutter dans les différents États européens afin de préserver les prérogatives de l’Église catholique. Au Portugal où se met en place une législation anticléricale, le siège de la nonciature à Lisbonne est bientôt supprimé. A partir de 1841 cependant, les relations entre le Saint Siège et le gouvernement de la reine Marie II de Bragance s’apaisent sous la pression populaire. Dans le royaume d’Espagne, la régence de la reine Marie Christine est marquée par la suppression des ordres religieux en 1835 tandis que vingt-deux diocèses sont laissés sans évêque. En Allemagne, le problème des mariages mixtes est la cause de heurts fréquents entre l’Église catholique et les gouvernements. Ceci est la cause de l’arrestation de l’archevêque de Cologne par les autorités prussiennes sous le pontificat de Grégoire XVI. Opposé au mouvement des nationalités, celui-ci condamne en juin 1831 la légitimité de l’insurrection polonaise. En 1845, il met tout de même à profit la venue du tsar Nicolas Ier à Rome pour protester contre la situation de l’Église catholique dans l’Empire russe. Cet appel restera sans effet, tout comme les efforts de la diplomatie du Vatican qui ambitionnait le rétablissement des Jésuites dans la France de la Monarchie de Juillet.

La situation difficile de l’Église catholique en Europe ne doit cependant pas occulter l’important effort missionnaire réalisé sous le pontificat de Grégoire XVI. Le pape poursuit ainsi l’œuvre commencée par le cardinal Capellari au sein de la Sainte Propagande. Il relance ainsi la Propagation de la Foi à partir de 1840. Des missionnaires sont alors envoyés auprès des Indiens d’Amérique du Nord tandis que de nouveaux diocèses sont créés aux États-Unis d’Amérique. Sur le continent asiatique, la Chine et l’Inde mobilisent l’attention des congrégations. Dans l’Océanie, la prise de possession des archipels polynésiens par les puissances européennes favorisent l’élan missionnaire. Le continent africain, notamment l’Abyssinie, est également l’objet de l’intérêt du souverain pontife.

Peu populaire auprès de ses sujets, Grégoire XVI entreprend en août 1841 un voyage dans les États de l’Église. Le succès de l’entreprise est cependant limité. En effet, Le pape, opposé à la liberté de la presse, soutient la politique autoritaire du cardinal Lambruschini. Celle-ci suscite de plus en plus de mécontents. Des révoltes éclatent bientôt en Romagne et en Ombrie en 1843 puis dans la ville de Rimini en septembre 1845.



Affaibli par une attaque d’érésipèle en 1846, Grégoire XVI décède à Rome le 9 juin 1846.