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Joseph-Arthur de GOBINEAU
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Joseph-Arthur de
GOBINEAU
(Ville-d'Avray, 14 juillet 1816 -
Turin, 13 octobre 1882)
Français.
Ecrivain.
par Marc Nadaux
Quelques dates :
1840, livre ses textes pour la Revue des Deux Mondes.
1848,
Tocqueville, devenu
ministre des affaires étrangères, le nomme auprès de lui
chef de cabinet.
1850, nommé premier secrétaire de la légation de France à
Berne.
.
1853, Essai sur l’inégalité des races humaine.
1859, Trois
ans en Asie, récit de son séjour en Orient.
1872, nommé ministre de
France en Suède et Norvège.
1874, Les Pléiades.
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Le 14 juillet 1816, Joseph-Arthur de Gobineau naît à
Ville-d'Avray. Il est le fils de Louis de Gobineau, capitaine
d'infanterie, et d'Anne-Louise Magdelaine de
Gercy, fille d'un planteur de Saint-Domingue. Le couple aura un second
enfant quelques années plus tard, en 1820, une fille prénommée
Caroline. Afin de leur assurer une éducation, Joseph-Arthur et Caroline
sont confiés aux bons soins d’un précepteur, Charles de La Coindière.
Ce dernier devient l’amant de Mme de Gobineau. Et en 1822, une fille,
Suzanne, nait de leur union. Ensemble, en compagnie des enfants, ils
gagnent la Suisse en 1830, et se fixent à Bienne. La même année, qui
voit l’avènement de la Monarchie de Juillet, Louis de Gobineau, qui
n’a jamais caché ses sympathies pour la branche aîné, est admis à
faire valoir ses droits à la retraite. Il se fixe à Lorient, puis à
Redon et obtient enfin en 1833 le retour de ses enfants, Joseph-Arthur et
Caroline, auprès de lui. Ces derniers quittent ainsi le couple adultérin
que forme leur mère et son enfant, pour une existence morne auprès
d’un père médiocre.
Joseph-Arthur de Gobineau entame
des études au collège de Lorient. Suivant les vœux et l’exemple
paternels, il se présente au concours d’entrée de l’École militaire
de Saint-Cyr. L’échec le conduit, au mois d’octobre 1835, à monter
à Paris. Un oncle lui offre son aide financière, une pension de cent
francs par mois, et son appui. L’année suivante, Gobineau s’emploie
comme surnuméraire à la Compagnie française d'éclairage par le gaz,
avant d’entrer en 1839 comme auxiliaire à l'administration des Postes.
Il rêve toujours d'épouser Amélie Laigneau, un amour de jeunesse, et fréquente
les cercles légitimistes et les salons parisiens, celui de Mme de Serre
notamment, qui est veuve d'un ancien ministre de Louis XVIII. Le jeune
aristocrate commence à écrire pour la Gazette de France. En 1840,
avec quelques-uns de ses plus proches amis, Maxime Du Camp et Hercule de
Serre notamment, Gobineau fonde la société des Scelti, ou Cousins
d’Isis. Suivant l’exemple des romans balzaciens, celle-ci doit
aider ses membres à faire carrière.
Dans les mois qui suivent, quelques-uns de ses articles le font remarquer.
Gobineau livre à présent ses textes pour la Revue des Deux Mondes,
L'Union catholique, L'Unité, La Revue Nouvelle. Ces
articles traitent de littérature et d’art, de politique étrangère.
Ayant rencontré le député Alexis de Tocqueville, l’auteur célèbre
de La Démocratie en Amérique, celui-ci lui commande un travail
sur « l'état des doctrines morales au XIXème siècle ». Le
journal La Quotidienne lui confie également une chronique des
affaires diplomatique. Dans ces mêmes colonnes, un roman-feuilleton, Les
Aventures de Jean de La Tour-Miracle, est également publié en 1846.
Ce nouveau genre littéraire est à la mode. Il fidélise le lectorat des
journaux, en même temps qu’il permet le développement de tirages de
plus en plus importants. Le journaliste-écrivain publiera ainsi par la
suite Mademoiselle Parfois dans Le National en 1847, Nicolas
Belavoir dans L'Union monarchique, Ternove dans Le
Journal des Débats, L’Aventure de jeunesse dans La
Gazette de Metz, La Belle de Féverolles dans Le
Conservateur en 1848.
Le 10 septembre 1846, Gobineau épouse Clémence Monnerot. Deux années
plus tard, le 13 septembre 1848, Diane, leur première fille naît à
Paris. Une de ses œuvres, une tragédie cette fois-ci, Alexandre le
Macédonien, devait aussi être jouée à la Comédie-Française la même
année. La révolution de Février a empêché l’événement d’avoir
lieu. Le changement de régime, l’avènement de la Seconde République,
profitent néanmoins à Gobineau. Après l’élection de Louis-Napoléon
Bonaparte à la présidence de la République, Tocqueville, devenu
ministre des affaires étrangères, le nomme auprès de lui chef de
cabinet. Commence alors pour l’homme de lettres une honorable carrière
diplomatique. Le 9 novembre 1850, il est nommé premier secrétaire de la
légation de France à Berne. Gobineau demeurera quatre années en Suisse,
non loin des lieux de son enfance. Passionné par la Renaissance, il
voyage en l’Italie et est aussi envoyé en mission à Hanovre. Ce séjour
cependant, Gobineau l’occupe aussi à la rédaction de son Essai sur
l’inégalité des races humaines, qui paraît en 1853, à compte
d’auteur chez Firmin-Didot. L’ouvrage, véritable épopée du genre
humain, utilise l’idée de race pour rendre compte de sa décadence inévitable.
L’année suivante, le diplomate est nommé premier secrétaire à la légation
de France de Francfort. Puis, en Perse, Gobineau est envoyé en mission
pour le gouvernement du Second Empire, alors en guerre dans la Crimée
face à la Russie. S’étend embarqué à Marseille, le 10 février 1855,
il visite Alexandrie, puis Le Caire, avant de gagner Téhéran en
caravane. L’année suivante, le diplomate français est à Téhéran,
d’où il se rend en Afghanistan. L’observation du peuple afghan, moins
métissé à son avis que les Persans, le conforte dans ses théories
raciales. N’est-ce pas le berceau de l'aryanisme qu’il parcoure ?
A son retour, Gobineau apprend le décès de son l'oncle, duquel il hérite
d’une solide fortune. Grâce à ce legs, il fait l’acquisition du château
de Trye, près de Gisons dans l’Oise. Le 23 mars 1857, naît à Paris sa
seconde fille, prénommée Christine. Paraît en 1859 chez Hachette Trois
ans en Asie, récit de son séjour en Orient, en 1860 un autre volume,
Voyage à Terre-Neuve, où le diplomate avait été envoyé afin de
délimiter les zones de pêche.
En 1861, Gobineau goûte de nouveau aux plaisirs du voyage en Orient. Nommé
ministre plénipotentiaire de France à Téhéran, il travaille cette
fois-ci à déchiffrer les écritures cunéiformes. Un traité rédigé de
sa main paraît en 1864. Il ne rencontre que peu d’échos, si ce n’est
quelques critiques de la part des spécialistes. Nommé ensuite en Grèce,
le diplomate parcourt le pays, les îles de la Mer Egée, Corfou… Il
s’essaie à la sculpture et travaille à une Histoire des Perses,
publiée chez Plon en 1869. L’année précédente, Gobineau est nommé
ministre de France à Rio, quelques écarts de langage ayant décidé le
gouvernement à l’éloigner du continent européen. Le climat ne lui
convient guère. Seule la présence de l'empereur Dom Pedro II lui est réconfortante.
L’ambassadeur se dépense donc dans ses activités d’écriture, avant
d’obtenir un congé au mois de mai 1870, peu avant la déclaration de
guerre de la France du Second Empire à la Prusse.
Élu conseiller général du canton de Chaumont-en-Vexin, Gobineau est
bientôt suspect aux yeux de ses électeurs d’une trop grande
sollicitude à l’égard des occupants prussiens du village de Trye.
Chargé de mission par le Conseil général de Beauvais auprès d’Adolphe
Thiers, « chef du pouvoir exécutif » de la nouvelle République,
il couvre d’un égal mépris les insurgés de la Commune et les
Versaillais. Gobineau renonce ensuite à une candidature à l'Académie
française, avant d’être nommé, au mois de mai 1872, ministre de
France en Suède et Norvège. Le diplomate se lie pendant l’été à la
comtesse de La Tour, l’épouse du ministre d'Italie à Stockholm. Les
Pléiades paraissent en avril 1874. Ces récits content les destinées
sentimentales, les aventures de trois jeunes gens. En pleine vogue du
roman naturaliste, l‘œuvre de Gobineau passe quasi inaperçue. A cette
époque, la brouille d’avec sa famille, sa femme et ses deux filles, est
consommée. Aussi Gobineau met en vente le château familial de Trye,
avant de voyager pendant l’année 1876 en Russie et en Turquie avec son
ami l'empereur du Brésil Dom Pedro II. A son retour, le diplomate est mis
à la retraite pour s’être éloigné ainsi de son poste.
La même année, sont publiées Les Nouvelles asiatiques. En
l'Italie, où il vit désormais Gobineau rencontre le compositeur Richard
Wagner. Il s’est en effet installer à Rome, avec l'espoir d'y faire une
carrière de sculpteur. Il travaille aussi à un grand poème, Amadis,
qui chante de nouveau la décadence de l'humanité. L’ouvrage sera publié
en 1887, de manière posthume, chez Plon. De santé de plus en plus
fragile, Gobineau se soigne à Carlsbad en 1880. L’année suivante, il séjourne
auprès de ses amis, au printemps à Bayreuth, chez les Wagner, et pendant
l’été au château de Chaméane, dans le Puy-de-Dôme, chez la comtesse
de La Tour. Pris d'un malaise sur le quai de la gare de Turin,
Joseph-Arthur de Gobineau décède le 13 octobre 1882.
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