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                                                                           Étienne GEOFFROY SAINT-HILAIRE    

 

Étienne GEOFFROY SAINT-HILAIRE 

(Étampes, 15 avril 1772 - Paris, 19 juin 1844)


Français.

Biologiste.



par Marc Nadaux


 

     Quelques dates :

1793, nommé professeur de zoologie au Muséum national d'histoire naturelle.
1798, se joint à l'expédition d'Égypte menée par Bonaparte.
1807, élu à l’Académie des Sciences.
1817, Le Règne animal distribué d'après les progrès de son organisation.
1818, Philosophie anatomique.


 






Etienne Geoffroy Saint-Hilaire naît le 15 avril 1772 à Étampes. Originaire de Troyes, sa famille s'est installée récemment dans la ville, dans les premières décennies du siècle. Les Geoffroy réside dans la paroisse Saint-Basile, un des quartiers huppés de la cité. Son père Jean Gérard Geoffroy est avocat auprès du parlement de Paris. Intégré à la bourgeoise locale, il devient officier municipal en 1787. Cette nouvelle responsabilité l’amène à rédiger le cahier de doléances d'Autruy, dont il est le député à l'assemblée du bailliage. Partisan des réformes qui s’annoncent, Geoffroy est néanmoins favorable à une attitude ferme face aux désordres des premiers mois de la Révolution. Nommé juge au district, il sera confirmé à ce poste sous la Convention et même au-delà de Thermidor.

Dès son plus jeune âge, son fils Etienne fréquente nombre de savants auxquels les Geoffroy sont liés. Il effectue ses premières années d'études auprès de la communauté des Barnabites, avant de quitter Étampes en 1784. L'enfant entre alors au collège de Navarre à Paris, grâce à l'octroi d'une bourse. S'il se prend de passion pour les sciences, l'autorité familiale cependant le destine à une carrière ecclésiastique. Aussi en 1788, Etienne Geoffroy est également fait chanoine du chapitre de Sainte-Croix. Ses études achevées, il persuade son père de demeurer dans la capitale, afin de suivre les cours du Collège de France ainsi que ceux du Jardin des Plantes. Ce dernier y consent, mais il impose également au jeune homme une inscription à l'école de droit. A ses yeux, seule celle-ci lui assurera un avenir.

Ayant bientôt obtenu le grade de bachelier, Etienne Geoffroy devient pensionnaire du collège du cardinal Lemoine où il se lie avec l'abbé Haüy, un savant minéralogiste. L'étudiant suit également les cours de Fourcroy et de Daubenton. Ce dernier le prend à son service. Le jeune homme est ainsi chargé de classer quelques pièces de la collection du Jardin des Plantes. Quelques années plus tard, au mois de juin 1793, quand Lacepède résigne sa charge, Etienne Geoffroy Saint-Hilaire est nommé professeur de zoologie au Jardin, baptisé depuis peu Muséum national d'histoire naturelle. Il est alors à peine âgé de vingt et un ans.



Le 6 mai 1794, Etienne Geoffroy Saint-Hilaire ouvre son cours au sein de l’institution. La même année, il achève une étude consacrée à l'aye-aye, un lémurien de l'île de Madagascar. Le savant s’attache également à mettre en valeur les collections du Muséum, qui s'enrichissent des animaux saisis aux ménageries ambulantes ou confisqués aux émigrés. Geoffroy Saint-Hilaire voit peu après arriver de province un jeune naturaliste, nommé Georges Cuvier, qui lui est recommandé par l'abbé Tessier, un ancien membre de l'Académie royale des Sciences, qui s'était réfugié en Normandie pour échapper à la Terreur. Ce dernier devient suppléant de Mertrud, professeur d'anatomie comparée du Muséum. Une solide amitié naît alors entre les deux hommes de science, qui effectuent désormais la plupart de leurs travaux de concert.

Au mois d’avril 1798, Geoffroy Saint-Hilaire quitte Paris et se joint à l'expédition d'Égypte menée par Bonaparte. Celui-ci s'est en effet adjoint dans son entreprise une kyrielle de savants de renom. Après la soumission des populations locales, il entreprend alors un vaste travail d'inventaire de la faune, jusqu'en 1802, année où Geoffroy est de retour en France. Comme nombre de ses confrères, il se consacre ensuite au classement de l'énorme documentation recueillie, à sa description et à sa publication. En 1807, les opérations militaires des armées de l'Empereur au Portugal lui offrent une nouvelle occasion de voyage d'étude. Ayant emmené certains spécimens du Muséum afin de les échanger à Lisbonne, il part alors pour faire l'inventaire scientifique du pays.

Geoffroy Saint-Hilaire est élu à l’Académie des Sciences en 1807. Cette époque est d’ailleurs décisive dans la formation de son œuvre scientifique. Celle-ci s'appuie notamment sur la notion d'organes homologues, qu'il qualifie lui d’ " analogues ". Ceux-ci seraient issus d'une même origine mais attachés à une fonction différente chez l'animal, en fonction de son espèce - la patte antérieure du mammifère et l'aile d'un oiseau par exemple. Dans sa Philosophie anatomique, publiée de 1818 à 1822, le savant établie également les critères permettant leur reconnaissance, principalement celui de la stabilité de la position d'un organe par rapport aux autres éléments de l'organisme. Geoffroy Saint-Hilaire contribue ainsi à établir la théorie de l'anatomie comparée, qui permettra bientôt de découvrir des liens de parenté entre les groupes zoologiques.



Alors que la Restauration ramène au pouvoir les Bourbons, Geoffroy Saint-Hilaire s'oppose à son ami Cuvier. En 1817, ce dernier fait ainsi paraître Le Règne animal distribué d'après les progrès de son organisation, où il développe des théories fixistes. L'éminent savant - il est membre de l'Institut et directeur du Muséum depuis de nombreuses années - assure ainsi pour sa part que chaque création est d'origine divine, que les espèces sont définitivement fixées. L’opinion de Geoffroy Saint-Hilaire à ce propos est plus nuancée et celle du chevalier de Lamarck, tenant de la théorie transformiste, lui est pour sa part radicalement opposée. Une ardente polémique met aux prises les savants, Georges Cuvier s'appuyant au milieu de ces débats passionnés sur son autorité intellectuelle. Peu après le sacre de Charles X, il obtient d'ailleurs le soutien du gouvernement réactionnaire au service du nouveau souverain, de Monseigneur Frayssinous notamment, grand maître de l'Université et ministre de l'Instruction. Celui-ci procède à de nombreux renvois parmi les professeurs parisiens, adeptes du transformisme. Il est vrai que ces théories scientifiques vont à l'encontre de l'enseignement de l'Église.

Avec l'avènement de la Monarchie de Juillet, la controverse rebondit, qui sera reprise par les partisans du fixisme et de Georges Cuvier, baron et pair de France, peu après sa mort en 1832. A présent, Etienne Geoffroy Saint-Hilaire travaille sur les crocodiles fossiles normands, récemment découverts. Ces travaux sont publiés en 1833, qui insistent sur la filiation entre une de ces espèces de saurien, Teleosaurus, et les mammifères. Selon lui, l'évolution qui a mené de l’un à l’autre aurait pu être le résultat de modifications de la composition atmosphérique. Avec ce discours, le savant se range du coté de l’évolutionnisme, et il admet à la fois une tendance interne des êtres à se transformer, leur soumission aux effets modificateurs du milieu. Geoffroy Saint-Hilaire est à présent convaincu de la pertinence de la première théorie de l'évolution, définie dès 1809 par Lamarck, dans son ouvrage intitulé Philosophie zoologique. Cependant, l'homme de sciences, contrairement à son illustre prédécesseur, s'abstiendra dans les années qui suivent de publier un ouvrage de synthèse à l'appui de ses idées. En effet, l'influence de Cuvier dans le monde des sciences naturelles se fait toujours sentir au travers de ses disciples. En 1837, Geoffroy Saint-Hilaire se voit retirer l’espace de quelques mois la direction de la Ménagerie, dont il était pourtant le fondateur. Devenu aveugle en 1840, il quitte alors ses responsabilités.



Etienne Geoffroy Saint-Hilaire décède le 19 juin 1844 à Paris.