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Giuseppe GARIBALDI 

(Nice, 4 juillet 1807 - Caprera, 2 juin 1882)


Italien.

Militaire et homme politique.



par Marc Nadaux


 

     Quelques dates :

1833, adhère à la Jeune Italie, une société secrète patriotique.

1835,
au service de la république du Rio Grande Do Sul en lutte contre l’Empire du Brésil de Pedro II..
1841, s’est mis au service d’une autre cause, celle de l’Uruguay, en lutte contre l’Argentine.
1846, à San Antonio del Salto.
1859, rencontre Victor-Emmanuel II.
         " l’expédition des Mille. "
1870, remporte une victoire à Dijon face aux troupes prussiennes.
1871, élu député lors des élections législatives en France.
1875, élu député de Rome.


 






Giuseppe Garibaldi naît le 4 juillet 1807 à Nice. A cette époque, la cité est annexée à l’Empire français , avant de redevenir piémontaise en 1814, avec la chute de l’Aigle. Les Garibaldi, d’origine ligurienne, sont présents depuis deux générations à Nice où le grand-père de Giuseppe, Angelo Maria, s’est installé dès 1770. Il s'intègre alors à la société des petits armateurs, des patrons de barque vivant du cabotage et du commerce sur le littoral méditerranéen. Son fils Domenico Garibaldi lui succède. Ce dernier, qui vit à présent dans une certaine aisance, assure à Giuseppe une éducation religieuse, sa mère le destinant au séminaire et donc au sacerdoce. Deux prêtres, ainsi qu’un instituteur laïc, enseignent ainsi à l’enfant, puis à l’adolescent, les choses de la religion, les rudiments du latin et l’italien, ainsi que le passé glorieux de l’Italie romaine. En 1821 cependant, à la grande joie de son père, Giuseppe choisit de prendre la mer et s’inscrit sur les registres de marine du port.

Dans les années qui suivent, le jeune marin navigue et fait escale dans tous les ports du Moyen-Orient. En 1825, il effectue également une escale à Rome. La déception est de taille pour celui qui s’attend à retrouver sous ses yeux la grandeur antique. La ville végète en effet sous l’autorité temporelle du Pape Léon XII. Quelques temps plus tard, lors d’un séjour en Russie, à Tagangrog, Garibaldi fait la rencontre décisive du Génois Gian Battista Cuneo. Ce dernier, comme nombre de patriotes italiens, s’est réfugié sur les bords de mer d’Azov, fuyant l'oppression autrichienne. Fidèle de Giuseppe Mazzini, il lui expose les buts que se sont fixés les membres de la Jeune Italie, libérer la péninsule de la présence étrangère, en évitant que celle-ci ne tombe sous l’autorité du seul royaume du Piémont. En 1833, Giuseppe Garibaldi adhère à cette société secrète, après avoir rencontré son fondateur.

L’année suivante, il s’enrôle dans la marine sarde et tente de gagner ses compagnons à sa cause. Mazzini en effet projette une expédition militaire dans le but de déstabiliser la monarchie sarde. Le complot échoue cependant. Condamné à mort pour traîtrise et recherché par la police, Garibaldi trouve refuge à Marseille, le 9 février 1834. Il s’emploie ensuite auprès du bey de Tunis, échappant à une épidémie de choléra qui touche la région, avant de traverser l’Atlantique et de gagner ainsi le Brésil. A Rio de Janeiro, au mois de décembre 1835, le fugitif retrouve alors un de ses frères et nombre de ses compatriotes qui forment une importante colonie italienne. Commence ainsi la première de ses treize années passées dans le Nouveau Monde.



Giuseppe Garibaldi se lie rapidement à Luigi Rossetti, le chef de ces patriotes en exil. Quelques mois plus tard, il trouve à s’attacher à une nouvelle cause nationale. L’Italien se met ainsi au service de la république du Rio Grande Do Sul en lutte contre l’Empire du Brésil de Pedro II. Avec une dizaine de fidèles, il arme un navire, Le Mazzini, qui écume bientôt la cote atlantique. En 1839, le corsaire se transforme en héros romantique, en organisant le rapt de sa bien-aimée, Anita. Anna Maria Ribeiro da Silva est pourtant une femme mariée, mais elle abandonne celui qu’elle n’aime plus afin de suivre le bel Italien. Les deux amants se marieront en 1842. L’année précédente, Garibaldi s’est mis au service d’une autre cause, celle de l’Uruguay voisin. Ayant fait sécession d’avec le Brésil, celui-ci est en lutte contre l’Argentine de Juan Manuel Rosas. Ce dernier mène une dictature sanglante, qui oblige les libéraux argentins à se réfugier dans la jeune république. Ceci est un prétexte commode pour Rosas, qui rêve d’unifier le Paraguay et l'Argentine, se taillant ainsi un royaume à sa mesure.

Garibaldi et ses compagnons se font alors mercenaires, parcourant la pampa et pillant à l’occasion. Au mois de février 1843 cependant, les forces argentines se dirigent vers Montevideo, capitale du jeune État uruguayen. Afin d'épauler ses troupes, le général Paz fait alors appel aux volontaires étrangers, Français et Italiens présents dans la capitale. Fondée le 1er avril suivant, la Légion italienne, placée sous le commandement d’Angelo Mancini, subit quelques déboires. Aussi Giuseppe Garibaldi, qui s’est fait connaître par le passé pour son dévouement au service de cette cause nationale, est bientôt placé à leur tête. Le 8 février 1846, à San Antonio del Salto, ceux qui revêtent à présent une chemise rouge pour uniforme échappent à une embuscade tendue par une armée argentine huit fois plus nombreuse. S’il ne s’agit que d’un mouvement de repli bien organisé, prend néanmoins naissance la légende de Giuseppe Garibaldi et de ses compagnons. Chez ces derniers, règne à présent un esprit de corps et un dévouement envers leur chef, que vient renforcer une adhésion à l’idéal républicain. Ils songent d'ailleurs au retour en Europe et à la lutte pour faire triompher celui-ci.



A cette époque, le Printemps des Peuples embrase l’Europe et ébranle la réaction. Ce vaste mouvement des nationalités pour leur émancipation leur fournit l’occasion d’un retour sur le Vieux Continent. Garibaldi, le général populaire, est à Nice dès le mois de juin 1848. Cependant, au cours de ce long exil, l’ancien membre de la Jeune Italie s’est écartée de ces convictions qui le rapprochait de Mazzini. Le 2 juillet, à Gènes, il se met ainsi au service " du roi de Sardaigne qui s’est fait le régénérateur de la péninsule ". Selon lui en effet, seul le Piémont peut conduire le peuple italien à son unité. Garibaldi se fait aussi remarquer pour son anticléricalisme. A l’encontre du courant néo-guelfe, il estime que les États pontificaux sont inféodés au grand voisin autrichien, pour le malheur de l’Italie. Aux cotés du roi Charles-Albert, qui offre son aide aux différent mouvements patriotiques et insurrectionnels de la péninsule, les Chemises rouges combattent bientôt les armées autrichiennes du maréchal Radetzski à Custozza. Cette défaite cependant conduit à l’armistice de Vigevano, le 9 août suivant, par lequel le Piémont rétrocède à l’Autriche la Lombardie et Venise. Poursuivant seul la lutte, les troupes de Garibaldi sont de nouveau défait à Morazzone, le 9 août suivant.

Passé en Suisse, celui-ci réunit quelques centaines de compagnons à Nice, afin de gagner Palerme et la Sicile. L'expédition change cependant de destination en chemin. Le 24 novembre 1848, le pape Pie IX quitte en effet Rome sous la pression populaire et se réfugie à Gaète. Quelques semaines plus tard, le 8 février de l’année suivante, Giuseppe Garibaldi et ses volontaires entrent dans Rome. Le lendemain, le souverain pontife est déchu de son pouvoir temporel et la République proclamée. En France cependant, avec les élections présidentielles puis législatives, la Seconde république a pris un tour plus conservateur. Celle-ci décide de l'envoie en Italie d'un corps expéditionnaire afin de venir en aide au Pape. Le 25 avril, celui-ci, placé sous le commandement du maréchal Oudinot, débarque à Civitavecchia. Quelques jours plus tard, le 30 avril, les Français sont victorieux des Garibaldiens lors de la bataille du Janicule et entament le siège de Rome. La ville tombe le 1er juillet suivant.

Après cet échec, commence une période difficile pour Giuseppe Garibaldi. Anita, son épouse, décède cet été là, tandis qu’il entame une longue errance, en se rendant de nouveau en Amérique. Le patriote italien est ensuite à Londres et en Chine, avant de rentrer en Italie en 1854. Après avoir rencontré le nouveau président du Conseil du royaume de Piémont-Sardaigne, Camillo Cavour, il adhère à la Société nationale et montre ainsi clairement son allégeance à la monarchie. Au mois de mars 1859 enfin, Garibaldi rencontre Victor-Emmanuel II. Celui-ci lui confie peu après le commandement des Caciatori delle Alpi, les chasseurs alpins piémontais. A la tête de ce corps de troupe, il participe à la guerre qui oppose le royaume du Pièmont-Sardaigne et la France du Second Empire, à présent son allié, contre l’Empire autrichien. Après quelques confrontations particulièrement meurtrières, celui-ci consent à la signature de la paix de Villafranca, qui met fin à la guerre d'Italie le 11 juillet 1859. Le Piémont annexe la Lombardie et la Toscane, tandis que des révolutions éclatent au mois de novembre suivant à Modène et à Parme, bientôt rattachées elles-aussi au royaume de Victor-Emmanuel. L’unité de l’Italie est donc en marche. Demeurent cependant, à coté de cette grande puissance qui est née au Nord de la péninsule, les États de l’Église et le royaume des Deux-Siciles. C’est dans ce contexte que prend place " l’expédition des Mille. "



Le 4 avril 1860 en effet, une révolte éclate à Palerme et fragilise le pouvoir des Bourbons. Encouragé par le gouvernement piémontais, Giuseppe Garibaldi réunit un millier de volontaires, originaires pour la plupart du Nord et du Centre de l‘Italie, et s’embarque dans la nuit du 5 au 6 mai suivant à Quarto, près de Gènes, à destination de l’île. Les Mille débarquent à Marsala, le 11 mai suivant, et remportent la victoire de Calatafimi contre les armées des Bourbons, le 15 mai. Enfin, le 27 mai, les Chemises rouges entrent dans Palerme. La conquête de la Sicile s'achève avec la bataille de Milazzo. Aussi les troupes de Garibaldi gagnent le continent. Naples, la capitale du royaume des Bourbons, est leur objectif. Les Mille traverse la Calabre et entre dans la ville, le 7 septembre. Le roi François II a pris la fuite, le royaume est donc aux mains du patriotes italiens. Enfin, le 26 octobre 1860, lors de l’entrevue de Teano, Giuseppe Garibaldi salue du titre de " roi d’Italie ", Victor-Emmanue II venue à sa rencontre. Celui-ci se soumet donc à la monarchie piémontaise, malgré ses désirs de marcher sur Rome. Ce goût d’inachevé n’entache en rien la gloire de Garibaldi et de ses Chemises rouges, dont on commence seulement à colporter les exploits guerriers et la magnanimité envers les vaincus.

En 1861, alors qu’est proclamé le royaume d’Italie, le héros de l’unité italienne est chargé de présider le congrès des Sociétés de Secours mutuel, qui se tient à Florence. Garibaldi met ensuite sa popularité au service de la création de société de tirs, destinées à transformer les Italiens en soldats " pour en faire des citoyens libres ". Il s’agit en fait pour le nouveau pouvoir de diffuser l’idéal unitaire et patriotique, afin de préparer la conquête de Venise et de Rome. Ces vues sont en accord avec celles du patriote pour qui la ville pontificale demeure la seule capitale possible pour l’Italie unifiée. Le 29 août 1862, il tente un premier coup de main, mais est repoussé à Aspromonte par les troupes piémontaises qui ont ordre de freiner ses ardeurs. En 1866, au moment où l’Autriche est engagée dans un conflit contre la Prusse voisine, Giuseppe Garibaldi ne participera qu’à quelques opérations isolées dans le Trentin, bientôt rattaché au royaume de Victor-Emmanuel. L’année suivante, le 3 novembre 1867, lui et ses compagnons, sont de nouveau défaits devant les murs de Rome, cette fois-ci à Mentana, par les troupes françaises qui soutiennent la Papauté. Garibaldi d’ailleurs n’entrera pas dans la cité par la Porta Pia aux cotés du général Cardona, le 20 septembre 1870. Le patriote demeure en effet assignée à résidence dans son île de Caprera, au Nord de la Sardaigne. 



Il se décide bientôt à lutter pour une autre cause que celle de l’unité italienne, à présent achevée. Dès le mois d’octobre 1870, Giuseppe Garibaldi offre en effet ses services à la République française et au Gouvernement de Défense nationale face au royaume de Prusse. Les 25 et 26 novembre, avec ses deux fils, Ricciotti et Menotti, à la tête de 10.000 tirailleurs français de l’armée des Vosges, il remporte une victoire à Dijon face aux troupes prussiennes. Puis, alors que sont engagés des pourparlers de paix entre les deux gouvernements, il est élu député dans quatre départements lors des élections législatives, au mois de février 1871. A Bordeaux, lorsqu’il fait son entrée à l’Assemblée, l'Italien reçoit l’ovation de la gauche républicaine, mais est conspué par la majorité modérée et conservatrice. Le président lui refuse d’ailleurs le droit à la parole, tandis que son mandat est invalidé peu après en raison de sa nationalité étrangère. Garibaldi soutient dès lors le mouvement communard, déclinant néanmoins l’offre qui lui est faite de commander la Garde nationale parisienne. Au terme des événements qui ont marqué " l’année terrible ", le patriote italien retourne chez lui, au delà des Alpes.

En 1875, le héros du Risorgimento est élu député de Rome, où il s’installe l’année suivante. Résident à présent dans la capitale, au palais Baldassini, il se voit offrir une rente nationale, aussitôt mise au service d’œuvres philanthropiques. En 1879, Garibaldi présidera encore le congrès de la Ligue de la Liberté et de la Paix, qu’il avait contribué à fonder en 1867 avec l’anarchiste Bakounine. La même année, il fonde la Ligue pour la Démocratie, au programme radical. Garibaldi réclame notamment l’instauration du suffrage universel et l’abolition de la propriété ecclésiastique. En 1880, il démissionne de son mandat de député et se retire définitivement de la vie politique. Il vit désormais auprès de sa servante-maîtresse, Francesca Armosino, qui lui a donné trois enfants et qu’il épouse la même année. Atteint d’une bronchite, Giuseppe Garibaldi décède le 2 juin 1882, à Caprera. Le 8 juin suivant, le héros de l’unité italienne se voit honoré de funérailles officielles. Il repose sous une énorme pierre tombale qui fait face à la mer.