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Léon GAMBETTA 

(Cahors, 2 avril 1838 -
Ville-d'Avray, 31 décembre 1882)


Français.

Homme politique.



par Marc Nadaux


 

     Quelques dates :

1868,
avocat, assure la défense de Louis Charles Delescluze, un journaliste républicain.
1869,
" Programme de Belleville ".
1870, nommé ministre de l'Intérieur du Gouvernement de Défense nationale.
         quitte Paris assiégé en ballon.
1871, quitte l’Assemblée parmi les députés de l’Alsace-Lorraine cédée à l’Empire allemand.
          élu député de la Seine, siège à l’extrême-gauche.
          paraît le premier numéro de La République française.
1872, à Grenoble, proclame l’avènement des " couches nouvelles ", ces classes moyennes appelées à jouer désormais un rôle politique.
1877, indique au Président de la République Mac-Mahon l’alternative qui s’offre à lui : " Se soumettre ou se démettre ".
           " Le cléricalisme, voilà l'ennemi ! ".
1879, désigné comme Président de la Chambre des députés.
1882, appelé à la présidence du Conseil. Le " grand ministère ".


 






Léon Gambetta est né le 2 avril 1838 à Cahors, dans le département du Lot. Il est issu d’une double ascendance, ligurienne et gasconne ; son père, un émigré génois, ayant épousé Marie Massubie. Naît en France, celui-ci a hérité d’une épicerie, au Bazar génois, qui lui permet d’assurer à sa famille de modestes revenus. Son fils effectue ses études au petit séminaire, puis au Lycée de Cahors. A l’âge de seize ans, Léon Gambetta perd son œil gauche à la suite d’un accident. Ayant obtenu son Baccalauréat en 1857, il monte à Paris afin de faire son droit. L’étudiant fréquente alors avec assiduité les cercles républicains, qui se réunissent dans le Quartier latin au café Voltaire. Léon Gambetta choisit en 1859 la nationalité française. Ayant obtenu sa licence, il fait profession d’avocat et s’inscrit au barreau de Paris

Il effectue un début de carrière remarqué en assurant la défense de Louis Charles Delescluze, un journaliste républicain. Ce farouche opposant au Second Empire est inquiété par les autorités pour avoir ouvert une souscription destinée à l’érection d’un monument en souvenir du député de la Seconde République Alphonse Baudin. Celui-ci est mort le 2 décembre 1851 sur une barricade au faubourg Saint-Antoine, en s’opposant aux côtés des ouvriers parisiens au coup d’État de Louis-Napoléon Bonaparte. Le 14 novembre 1868, la plaidoirie enflammée de Léon Gambetta en faveur de son client est un véritable réquisitoire contre le pouvoir en place.

Le procès est perdu, Delescluze étant condamné à la déportation, mais son défenseur accède à la notoriété. En quelques mois, il devient le nouveau orateur de la gauche républicaine. La libéralisation du Second Empire lui offre bientôt l’opportunité de s’exprimer. Candidat aux élections législatives en 1869, il prononce à cette occasion un discours retentissant, le " Programme de Belleville ", au mois d’avril. Le candidat de l’opposition se montre favorable à des mesures radicales, que reprendront par la suite les représentants les plus illustres de la gauche républicaine. Gambetta milite ainsi pour la liberté complète de la presse et la séparation de l’Église et de l’État. Il souhaite l’instauration de l’impôt sur le revenu et l’élection des fonctionnaires, se déclarant également prêt à la suppression des armées permanentes. Les 23 et 24 suivant, Léon Gambetta est élu à Paris, devançant Hippolyte Carnot, et à Marseille, devant Adolphe Thiers. C’est d’ailleurs dans cette ville qu’il est initié à la franc-maçonnerie, dans la loge La Réforme.



La même année, il fonde la Revue politique, un journal d’opposition. Alors que l’Empereur appelle au pouvoir Émile Ollivier, Léon Gambetta vote les crédits militaires et approuve ainsi l’entrée en guerre de la France du Second Empire contre la Prusse du chancelier Bismarck. A l’annonce de la défaite de Sedan, il fait partie des députés républicains qui se prononcent pour la déchéance de Napoléon III, le 3 septembre 1870. Le Corps législatif s'y étant opposé, le lendemain, la foule des Parisiens envahit le Palais-Bourbon où Gambetta annonce la fin du Second Empire. Plus tard, à l'Hôtel-de-Ville et en compagnie de Jules Ferry et de Jules Favre, il proclame la République.

Un Gouvernement de Défense nationale se forme alors, dans lequel Gambetta est nommé ministre de l'Intérieur. Partisan de la guerre à outrance face à la Prusse, il quitte Paris assiégé en ballon, le 7 octobre suivant, pour rejoindre la délégation gouvernementale à Tours. Léon Gambetta s’efforce alors d’organiser la lutte, en procédant à la levée d’hommes de troupe et à des achats d’armes. Il tente ainsi de secourir la capitale et nomme le général Faidherbe à la tête de l’armée du Nord. Tours étant elle-même menacé, la délégation se replie à Bordeaux où la dictature jacobine qu’exerce Léon Gambetta est désormais contestée. A Lyon et dans le Midi de la France, la situation lui échappe au profit de la gauche révolutionnaire. Le 20 janvier 1871 enfin Paris capitule et les conservateurs, Adolphe Thiers en tête, souhaitent à présent mettre un terme au conflit. Le 28 janvier d’ailleurs, l'armistice est conclu.

Le 8 février 1871, des élections législatives sont organisées, le chancelier allemand Bismarck souhaitant traiter avec un gouvernement légitime. Léon Gambetta donne alors sa démission de l’exécutif, sa motion demandant que les anciens serviteurs de l'Empire soient inéligibles n’étant pas retenue. L’ancien ministre de l’Intérieur du Gouvernement de Défense nationale est bientôt élu député du Bas-Rhin. Quelques semaines plus tard, alors que les préliminaires de paix sont signés à Versailles, il quitte l’Assemblée parmi les députés de l’Alsace-Lorraine cédée à l’Empire allemand. Malade, Léon Gambetta se retire en Espagne, à San-Sébastian, demeurant silencieux pendant la Commune de Paris et sa répression.



Il effectue rapidement son retour à la vie politique. Le 2 juillet 1871, Léon Gambetta est élu député de la Seine, lors d'un scrutin complémentaire, et siège désormais à l’extrême-gauche, puis à la tête de l’Union républicaine. Le 5 novembre de la même année, paraît le premier numéro de La République française, un journal austère fondé par Gambetta. Celui-ci soutient le chef de l’exécutif, Adolphe Thiers, qui se prononce de plus en plus clairement en faveur de la république. Au cours de ces année, Léon Gambetta apparaît comme le véritable " commis voyageur " du nouveau régime. Car tel est le surnom qu’on lui décerne. Parcourant les provinces françaises, prononçant de très nombreux discours (onze volumes seront publiés à partir de 1881), le député comprend rapidement la nécessité de gagner les masses rurales à sa cause, en donnant de la " gueuse " une image rassurante d’ordre et de stabilité. A Grenoble, le 26 septembre 1872, l’orateur proclame ainsi l’avènement de ces " couches nouvelles ", ces classes moyennes appelées à jouer désormais un rôle politique.

Au mois de février 1875, le vote des Lois constitutionnelles donnent une constitution à la Troisième République. Pragmatique, Léon Gambetta accepte le bicamérisme et l’existence d’un Sénat. Conçue comme une entorse au suffrage universel, cette chambre haute constitue selon lui une sorte de grand conseil des communes de France. Réélu député de la Seine en 1876, il lutte avec acharnement contre le maréchal de Mac-Mahon et l'Ordre moral lors de la crise du 16 mai 1877. A Lille, le 15 août suivant, au cours d’une réunion politique, le tribun indique au Président de la République l’alternative qui s’offre à lui : " Se soumettre ou se démettre ". Ceci lui vaut d'être condamné par défaut, le 10 septembre suivant, à trois mois de prison et 2.000 Francs d'amende pour "offense au chef de l'État. Entre temps, le 6 mai 1877, Léon Gambetta s’écrie à la tribune de l’Assemblée, " Le cléricalisme, voilà l'ennemi ! ", dénonçant ainsi le conservatisme ambiant soutenu par l’Église catholique.

Il est cependant mis à l'écart des différents gouvernement dirigés par les Opportunistes, ces derniers redoutant de devoir s’effacer devant sa popularité et son autorité. Ces républicains modéré lui reprochent également d’avoir trahi son programme politique de 1869... Au mois de janvier 1879, Léon Gambetta est désigné comme Président de la Chambre des députés, une fonction honorifique qu’il occupe jusqu’en 1881. Le 14 novembre de la même année, il est appelé par Jules Grévy à la présidence du Conseil. Ce " grand ministère ", qui ne compte en ses rangs aucun des leaders républicains, est rapidement renversé, le 27 janvier 1882, après soixante-six journées de pouvoir.



Quelques mois plus tard, le 8 décembre 1882, Léon Gambetta se blesse à la main avec son revolver. Officiellement, le coup est parti alors qu’il nettoyait l’arme ; l’accident est cependant plus vraisemblablement survenu lors d’une dispute avec sa maîtresse, Léonie Léon. Léon Gambetta décède le 31 décembre 1882, à Ville-d'Avray, près de Sèvres, des suites d’une septicémie. La Troisième République lui rend alors hommage, le 6 janvier 1883, en organisant des obsèques nationales et civiles. Au mois d’avril 1905, le président Émile Loubet inaugure à Bordeaux un monument qui lui est dédié, une sculpture réalisée par Jules Dalou.