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Anatole FRANCE
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Anatole FRANCE
(Paris, 16 avril 1844 -
Saint-Cyr-sur-Loire, 12 octobre 1924)
Français.
Ecrivain.
par Marc Nadaux
Quelques dates :
1864, bachelier.
1876, obtient un emploi de commis-surveillant à la
bibliothèque du Sénat.
1881, Le Crime de Sylvestre Bonnard.
1883, se lie avec Mme Arman de Caillavet.
1887, rédige une chronique intitulée La Vie littéraire
au journal Le Temps.
1893, La Rotisserie de la Reine Pédauque.
1896, élu à l’Académie française.
1897, interviewé par le journal L’Aurore, refuse de
se prononcer sur la culpabilité du capitaine Dreyfus.
1912, Les Dieux ont soif.
1921, prix Nobel de littérature.
1924, funérailles nationales.
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François-Anatole
Thibault naît à Paris le 16 avril 1844. Son père est un modeste
libraire, installé depuis 1839 au n°19 du quai Malaquais, puis au quai
Voltaire en 1853. L’enfant grandit en compagnie des livres et des
estampes, dans l’amour des lettres et de la culture. Anatole, que l’on
nomme indifféremment France ou Thibault dès cette époque, effectue des
études classiques au collège Stanislas à partir de 1855. Dans ce milieu
aristocratique, ses résultats cependant s’avèrent médiocres. Ils lui
permettent néanmoins de devenir bachelier en 1864.
Après s’être refusé à prendre la suite de son père, il devient
lecteur chez Lemerre, un des grands libraires de la capitale. Celui-ci
publie entre autres les poètes parnassiens avec lesquels France se lie.
C’est grâce à Leconte de l’Isle qu’il obtient un emploi de
commis-surveillant à la bibliothèque du Sénat, au mois d’août 1876.
Anatole France s’occupe alors à rédiger de nombreuses préfaces
d’ouvrages classiques pour les éditeurs parisiens.
S'introduisant ainsi très jeune dans les milieux érudits et
bibliophiles, il rédige ses premiers ouvrages de littérature : Les
Poèmes dorés en 1873, dédiés à son ami influent et un drame en
vers à la manière antique intitulé Les Noces corinthiennes en
1876. Ceux-ci sont imprégnés de l’influence parnassienne.
Anatole France se marie le 28 avril 1877 avec Valérie Guérin de Sauville.
C’est une union de convenance. Le couple, installé d'abord Neuilly,
puis à Paris en 1881, dans un
petit hôtel, au n°5 de la rue Chalgrin, aura un enfant la même
année, une fille prénommée Suzanne. Entre temps, le public cultivé
fait la connaissance de l’écrivain. Celui-ci s'adonne maintenant à la
prose, avec une nouvelle intitulé Jocaste, publiée en 1879. Il
lui faut encore attendre la publication de son premier roman, Le Crime
de Sylvestre Bonnard, au mois d’avril 1881 pour connaître un vrai
succès. Cette œuvre humaniste, qui rompt avec les brutalités
naturalistes, est rédigée dans une langue simple et classique.
Anatole France fréquente maintenant les salons parisiens, ceux de Mme
de Loynes et de Mme d’Aubernon. En 1883, il se lie avec Mme
Arman de Caillavet. Celle qui sera la grande passion de sa vie lui inspire
une réelle ardeur créatrice. Grâce à ses relations, elle assure également
la promotion de ses ouvrages. L’écrivain publie deux nouveaux romans, Balthasar
en 1889 puis Thaïs l’année suivante. Il est aussi devenu un des
critique littéraire les plus influents du monde des lettres. Au journal Le
Temps, Anatole France rédige une chronique, intitulée La Vie littéraire,
à partir du mois de janvier 1887. Ceci lui permet de quitter définitivement
la bibliothèque du Sénat, dans laquelle il a toujours travaillé en
dilettante.
Viennent ensuite La Rotisserie de la Reine Pédauque, un roman
picaresque à la manière de Lesage où l’écrivain fait le récit des
aventures trépidantes de Jacques Tournebroche, Les Opinions de M. Jérôme
Coignard au mois d’octobre 1893 puis Le Lys rouge, un récit
autobiographique qui lui est inspiré par la personne de sa maîtresse, et
enfin Le Jardin d’Épicure en 1894. Pendant ces années,
Anatole France rédige également des contes. Deux recueils, L’Étui
de nacre en 1892 ainsi que Le Puits de Sainte-Claire en 1895,
sont publiés. Au cours de ces années, Anatole France se réconcilie avec
Stéphane Mallarmé et Paul Verlaine, deux poètes dont il avait refusé
les œuvres en 1875 au Parnasse contemporain.
Au mois de juin 1892, Anatole France se décide à quitter le domicile
conjugal. Il adresse alors une lettre de séparation à son épouse puis
s’installe au n°13 de la rue Sontay. Le divorce est prononcé le 2 août
suivant, en sa défaveur. Alors que le pays tout entier est maintenant
partagé entre dreyfusards et anti-dreyfusards, l’écrivain décide de
prendre parti pour le condamné de l’île du Diable, aux côtés d’Émile
Zola ou de Marcel Proust. Interviewé par le journal L’Aurore le
23 novembre 1897, il refuse de se prononcer sur la culpabilité du
capitaine Dreyfus. C’est en fait exprimer publiquement son souhait de la
révision du procès de l’officier, à laquelle s’oppose violemment la
majorité de l’opinion. Le 14 janvier 1898, Anatole France signe à
cette fin la " pétition des intellectuels ". Il dépose,
le 19 février suivant, au procès Zola.
Au cours de ces années, c’est son engagement spirituel qu’il conte
dans un vaste cycle romanesque intitulé l'Histoire contemporaine.
Celle-ci est l’histoire de Monsieur Bergeret, le héros positif de l'Orme
du mail, premier roman de la série publié au mois de janvier 1897,
du Mannequin d'osier, dans les librairies au mois de septembre de
la même année. Viennent ensuite l'Anneau d'améthyste au mois de
février 1899 et enfin M. Bergeret à Paris qui clôt la série au
mois de février 1901. L’année précédente, Anatole France avait cessé
d’assister aux séances sous la Coupole. Il affirme ainsi son opposition
à l’attitude de ses confrères de l’Académie française dans
laquelle il avait été élu le 23 janvier 1896.
L’écrivain poursuit son engagement sur le terrain social. Il milite aux
côtés de Jean Jaurès et s’inscrit au Parti socialiste français. Dans
de multiples essais, comme Opinions sociales en 1902 ou encore Vers
les temps meilleurs en 1909 ainsi que dans ses romans, Sur la
pierre blanche qui parait en 1905 dans L’Humanité, Anatole
France se fait l’ardent défenseur de la cause du peuple. Avec humanité,
il plaide en faveur des libertés civiques, de l'école publique et des
droits du travail. En 1903, en préfaçant l’ouvrage d’Émile Combes,
Une Campagne laïque, l’écrivain approuve le projet de séparation
de l’Église et de l’État. En 1912, un autre de ses romans, Les
Dieux ont soif, lui permet aussi de faire la critique du régime démocratique
en montrant les abus commis sous la Terreur au nom de la liberté.
Après le décès de son amie, Mme de Caillavet, le 12 janvier
1910, Anatole France, qui souffre maintenant de la solitude, multiplie les
liaisons féminines. On le trouve ainsi aux bras de nombreuses jeunes
femmes, parmi lesquelles l’actrice Jeanne Brideau ou l’américaine Mme
Gaget. Alors que la guerre est déclarée entre la France de la Troisième
République et le IIème Reich de Guillaume II, l’écrivain rompt
avec le Parti socialiste, hostile à l’Union sacrée. Il quitte
bientôt son hôtel particulier du n°4, villa Said pour résider à la
Bechellerie, près de Tours.
Le 22 septembre 1914, Anatole France publie dans La Guerre sociale
un article dans lequel il proteste avec véhémence contre le bombardement
par les Allemands de la cathédrale de Reims. Prédisant la victoire française,
il décrit alors la fin du conflit où " le peuple français
admet dans son amitié l’ennemi vaincu ". L’opinion crie au
scandale. L’écrivain, qui reçoit alors des menaces de mort et des
lettres d’injures, songe au suicide. Il pense également de manière
irraisonnable à s’engager avant de se multiplier dans la presse en
articles patriotiques. Ces textes sont recueillis au mois de janvier 1916
dans La Voie glorieuse puis dans Ce que disent nos morts.
Enfin, après avoir prêté sa plume au " bourrage de crane ",
Anatole France se réfugie dans le silence.
En 1920, le congrès de Tours amène une scission au sein du socialisme
français. Anatole France se refuse à s’inscrire dans les rangs du
nouveau Parti communiste français. Il demeure néanmoins un sympathisant
de la gauche et lance un appel en faveur de la Russie soviétique. L’Humanité
publie ainsi au mois de novembre 1922 son Salut aux Soviets. Le 17
mars précédent, Anatole France a également signifié au gouvernement
bolchevique son désaccord devant l’organisation de procès visant
d’anciens dignitaires socialistes. Demeurant fidèle à la Ligue des
Droits de l’Homme, il récuse bientôt le Congrès de l’Internationale
et est exclu de la collaboration aux journaux communistes.
L’écrivain est maintenant comblé d’honneur au sortir de la guerre.
Le 10 décembre 1921, il reçoit le prix Nobel de littérature à
Stockholm. Le 11 octobre 1920, Anatole France se remarie avec Emma Laprévotte,
l’ancienne gouvernante de Mme de Caillavet. Retiré du monde
des lettres, il assiste à la grande fête donnée au Trocadéro pour ses
80 ans le 24 mai 1924. Anatole France s’éteint quelques mois plus tard,
le 12 octobre 1924. Des funérailles nationales sont organisées le 18
octobre suivant.
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