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Charles FOURIER 

(Besançon, 7 avril 1772 - Paris, 10 octobre 1837)


Français.

Philosophe.



par Marc Nadaux


 

     Quelques dates :

1808, Théories des quatre mouvements et des destinées générales.

1823,
Traité de l’association domestique agricole.
1829,
Le Nouveau Monde industriel et sociétaire.
1832, créée une revue, Le Phalanstère, ou la Réforme industrielle, animée par ses disciples.
1833, création d’un phalanstère à Condé-sur-Vesgre, près de Houdan.
1835, La Fausse industrie.

 






François-Marie-Charles Fourier est né à Besançon le 7 avril 1772 au sein d’une riche famille de la bourgeoisie locale. Son père, un marchand drapier, décède en 1791. L’enfant est admis au Collège de Besançon où il effectue ses humanités. Les sciences l’intéressent cependant davantage. Selon les vœux de sa mère, Charles Fourier est ensuite placé comme apprenti chez différents commerçants de Lyon et de Rouen. Au printemps de l’année 1789 et à l’âge de dix-sept ans, le jeune homme entreprend un voyage de formation dans le nord de l’Europe. Il met alors à profit les relations familiales pour se former au négoce. Fourier visite ainsi les grandes villes, les ports du Nord de la France, de l’Angleterre, de la Hollande et de la vallée du Rhin où il s’emploie dans les comptoirs de vente et les institutions bancaires.

De retour en France en 1791, Charles Fourier se préoccupe de mettre en valeur l’héritage paternel en faisant le commerce des produits coloniaux. Le négociant est bientôt inquiété pendant la Terreur. En 1793, Fourier est en effet présent à Lyon au moment où la ville se rebelle contre le Comité de Salut public. Fuyant la répression organisée par Joseph Fouché, envoyé en mission par la Convention montagnarde, il est arrêté et placé en détention. L’année suivante, Fourier est enrôlé de force dans les armées révolutionnaires. Après avoir servi pendant quelques mois dans un régiment de cavalerie, il retourne en 1796 à la vie civile. Fourier effectue alors un voyage à Paris dans le but de présenter aux autorités du Directoire un plan issu de ses observations visant à réorganiser l’armée. Poliment remercié, Fourier est bientôt de retour à Lyon où il s’emploie, à partir de 1798, à spéculer sur la vente des Biens nationaux.

Au cours de ces années, le négociant observe également la condition des ouvriers de la soie. Dans les manufactures, le travail est éprouvant et l'existence des canuts lyonnais est misérable. Ceci l’amène à s’interroger à propos de l’organisation de la société et à réfléchir aux moyens de lutter contre la faim, la pauvreté et le chômage qui touchent les classes laborieuses. Fourier souhaite d’ailleurs influer sur le devenir de la société industrielle qui prend naissance à cette époque. Aussi désire t-il faire connaître ses idées. Cependant, en 1800, son projet d’une revue périodique est refusé par la censure du Consulat. A partir de 1803, une série d’articles livrée par Charles Fourier au Bulletin de Lyon et contenant l’ébauche d’une doctrine sociale alerte les autorités. L’employé de commerce s’attache en effet à critiquer le système économique en place dont les fondement sont selon lui le commerce et le mariage.



En 1808 enfin, Fourier publie dans l’anonymat son premier traité intitulé Théories des quatre mouvements et des destinées générales. Il affirme dans cet ouvrage que l’" attraction passionnée " est le véritable moteur de la société humaine. Fourier s’essaie d’ailleurs à un classement des douze passions de l’Homme. Celui-ci est dominé par des messages sensuels venus de cinq directions différentes. Il est également sujet aux passions affectives – l’amitié, l’amour, la paternité, l’ambition – et distributives – le goût de l’intrigue, le plaisir des sens et de l’âme ainsi que l’appétit du changement. En conclusion, le philosophe projette de réunir les individus en fonction de ces passions afin d’obtenir l’" Harmonie universelle ". Cette perfection est d’ailleurs présente dans la nature où les sociétés que forment les insectes sont selon Fourier des modèles de vie communautaire.

L’année suivante, celui-ci effectue un voyage en Suisse. Sa situation financière s’améliore avec le décès de sa mère en 1812. Cette dernière lui laisse en effet une petite rente viagère. Son cousin et préfet de l’Isère, le baron Joseph Fourier, l’engage ensuite auprès de son administration, en tant que chef de bureau du service de statistiques. Cependant, avec la chute de l’Empire et la Restauration des Bourbons, le fonctionnaire est remercié et contraint de se retirer dans une propriété familiale, près de Bugey. Fourier s’occupe alors au cours de ces années à diffuser auprès de l’académie locale dont il devient membre quelques communications qui sont autant d’ébauches de changement social.

En 1823, le philosophe fait paraître le Traité de l’association domestique agricole dans lequel il se prononce en faveur d’un retour à la terre. L’auteur se décide alors à monter à Paris, chargé des mille exemplaires de son second ouvrage, afin d’en assurer la vente et la publicité. Celui-ci connaît le succès. Accédant à la notoriété, Fourier entame à cette époque une correspondance avec le réformiste anglais Robert Owen avant de publier ses Aperçus sur les procédés industriels. Il se lance de nouveau dans le commerce et le courtage mais se retrouve de nouveau sans argent, au mois de mars 1825. Fourier quitte alors la capitale et accepte un emploi de caissier dans une maison de commerce lyonnaise.



Le 28 mars 1829 est publié Le Nouveau Monde industriel et sociétaire. Cet ouvrage contient la formulation la plus claire de la doctrine sociale du philosophe. Celle-ci repose sur la création de phalanstères, des associations de production et de consommation fondées sur la copropriété et la cogestion. Ceux-ci sont des palais en forme d’étoile qui contiennent des galeries marchandes, des salles à manger collectives, une bibliothèque et un temple. Un phalanstère abrite ainsi 1.600 résidents qui possèdent des passions communes et se sont donc décidés à vivre ensemble. 1/8 ème d’entre eux sont des artistes ou des savants tandis que le reste de la communauté des phalanstériens regroupe des agriculteurs ou des artisans assurant le bien-être matériel de l’ensemble. L’éducation des enfants dispensée au phalanstère met l’accent sur la diversité des apprentissages. Ceci doit amener l’épanouissement de chacun et redonner son attrait au travail. Ainsi, selon Fourier, chaque phalanstérien doit connaître une vingtaine de métiers différents et pratiquer successivement cinq d’entre eux dans sa journée. Les revenus qui en découlent sont enfin répartis entre le capital (4/12), le talent (3/12) et le travail (5/12), chaque sociétaire cumulant nécessairement ces différents attributs.

Vivant désormais de son écriture, le philosophe attend dès l’année suivante la venue d’un mécène qui financerait l’installation d’un premier phalanstère et mettrait ainsi en pratique ses théories. A cette époque, Fourier fréquente également les milieux saint-simoniens. En 1832 est créée une revue, Le Phalanstère, ou la Réforme industrielle, animée par ses disciples. Le maître participe activement à l’entreprise en rédigeant de nombreux articles publiés dans le périodique. L’année suivante, l’École sociétaire de Paris décide de la création d’un phalanstère dans la commune de Condé-sur-Vesgre, un village situé près de Houdan (dans l’actuel département des Yvelines). Cependant, l’entreprise n’emporte pas l’assentiment du philosophe qui critique alors avec virulence cette initiative. Celle-ci n’est selon lui que la caricature de ses représentations.

En 1835, Charles Fourier publie La Fausse industrie. L’année suivante, une nouvelle revue, La Phalange, est fondée par Victor Considérant, un de ses disciples. Malade et affaiblie, Charles Fourier participe à peine à cette nouvelle aventure éditoriale. Il décède le 10 octobre 1837 à Paris et est inhumé quelques jours plus tard au cimetière de Montmartre.