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Paul FÉVAL
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Paul FEVAL
(Rennes, 29 septembre 1816 -
Paris,
8 mars 1887)
Français.
Ecrivain.
par Marc Nadaux
Quelques dates :
1843, Les Mystères de Londres.
1857,
Le Bossu
.
1868, Rapport sur le progrès des lettres en France,
publié par l'Imprimerie impériale.
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Paul-Henri-Corentin Féval naît le 29 septembre 1816,
à Rennes, dans l'hôtel de Blossac, une demeure cossue édifiée au siècle
précédent. Son père, originaire de Troyes et conseiller à la Cour d'Appel,
est membre de la petite magistrature locale. La famille Féval, nombreuse –
Paul a trois sœurs et deux frères – connaît la gène quand le père de Paul
décède en 1827. A l’âge de dix ans, l’enfant entre au collège royal de la
ville, en tant que qu’interne et boursier, sa mère bénéficiant même à
l’occasion des libéralités de la Dauphine.
Suivant les idées familiales - sa mère, Jeanne-Joséphine-Renée Le Baron, est
de noblesse bretonne - Paul Féval affirme au Lycée ses sympathies
légitimistes. En 1830, lors de la révolution de Juillet, il arbore ainsi la
cocarde blanche, contrairement aux idées républicaines en cours. Retiré du
lycée, Paul Féval fait alors retraite chez un oncle maternel, au château de
Cournon, près de Redon, un lieu qu’il connaît bien pour y avoir passé de
nombreux séjours durant ses années d’enfance.
Enfin Bachelier en 1833, le jeune homme s'inscrit à la Faculté de Droit.
Licencié trois années plus tard, il entre dans la magistrature. Inscrit au
barreau, Paul Féval prête serment en qualité d'avocat. La première affaire
qu'il plaide cependant, le cas d'un voleur de poules, dénommé Planchon, le
couvre de ridicule, ce dernier décidant de prendre sa propre défense devant
les bégaiements de Féval. Ces débuts maladroits l'incitent à monter à Paris
au mois d’août 1837.
Il s’installe chez un oncle banquier et devient son commis, un emploi qui ne
lui convient guère. Jusqu'en 1843, Paul Féval va mener une existence
tourmentée, connaître la misère et exercer toutes sortes de petits métiers :
« secrétaire » d'un couple d'écrivains, amis de sa famille, les Duverdieux,
inspecteur dans une compagnie d'affichage, correcteur d'épreuves au
Nouvelliste, employé d'un spéculateur immobilier peu scrupuleux qu’il
croquera dans Madame Gil Blas.
Dès cette époque cependant, Paul Féval s’essaie à la littérature, rédigeant
quelques textes dans La Législature, Le Parisien, La
Quotidienne, La Lecture … En 1841, Le Club des phoques,
son premier texte publié, le fait remarquer par un patron de presse, Anténor
Joly, directeur de L'Epoque. Ce dernier, au moment où naît la vogue
du roman-feuilleton, lui demande d’achever l'oeuvre d'un auteur anglais,
Les Aventures d'un émigré. Après un court séjour à Londres, Paul Féval
rédige, sous le pseudonyme de Sir Francis Trolopp, un ouvrage pittoresque
sur le modèle du succès d’Eugène Sue, Les Mystères de Londres,
qui paraît en feuilletons dans L'Epoque en 1843.
Après une vingtaine de réédition, Paul Féval, désormais célèbre, adopte le
train de vie d’un dandy. Il se fait journaliste et fonde un périodique au
mois de février 1848. Dans les colonnes du Bon sens du peuple et des
honnêtes gens, il milite alors pour l'instauration de l'instruction
primaire, gratuite et obligatoire ! Plus tard, les événements se précipitant
dans la capitale, l’écrivain se demandera alors s’il n’a pas contribué à
réveiller la conscience populaire et donc amené la révolution dans la rue.
Le conservateur qu’il demeure ne peut supporter cette coupable
interrogation.
Dans les années qui suivent, l’écrivain s’essaie à tous les genres
littéraires : le roman historique (Le Bossu en 1857), le roman
policier (Les Compagnons du silence en 1857, Jean Diable en
1863), le roman fantastique (Les Revenants en 1853, Le Chevalier
ténèbre en 1862) et même le roman régionaliste et bretonnant (La
Forêt de Rennes en 1851, Le Loup blanc en 1856) … Il s’oblige
ainsi à se mettre régulièrement à sa table de travail pour fournir aux
quotidiens parisiens deux à trois œuvres romanesques dans l’année. Un
travail harassant digne de Balzac.
Ces excès de labeur, des déboires amoureux … tout se conjugue pour
précipiter Paul Féval vers une dépression nerveuse. Bientôt guéri,
l’écrivain se marie à la propre fille de son médecin, Marie Pénoyée. Il a
trente-huit ans et la jeune femme vingt-quatre. Le couple Féval aura huit
enfants, dont Paul-Auguste-Jean-Nicolas Féval, né en 1860, qui continuera
l’œuvre de son père. Celui-ci est un auteur en vogue sous le Second Empire,
ce qui le conduit au château de Compiègne. Invité en compagnie d’autres
familiers de la cour impériale, Mérimée et Offenbach notamment, il est
bientôt convié aux réunions littéraires et artistiques de l'Impératrice
Eugénie.
Paul Féval est même chargé d'un Rapport sur le progrès des lettres en
France, publié par l'Imprimerie impériale en 1868. Mais l’écrivain
populaire ne sera jamais élu à l'Académie française. Il préside à cinq
reprises aux destinées de la Société des Gens de Lettres, à trois reprises à
celles de la Société des Auteurs dramatiques. Chevalier de l'Ordre de la
Légion d'honneur en 1865, sous l'Empire, l’écrivain sera promu officier
quatre années plus tard.
En 1870, l’écrivain est mobilisé en tant que capitaine de la Garde
nationale, à Rennes. Ceci le tient éloigné des événements parisiens, le
siège de la capitale par les Prussiens comme la Commune. Pendant l’année
terrible, il pêche à la ligne, se consacre à l’avancement de son immense
cycle romanesque, Les Habits noirs, quatorze volumes faisant pièce à
Rocambole. Le succès aidant, il est à la tête d'une coquette fortune
qu'il va perdre en 1875 dans le gouffre de l'Empire ottoman.
Ruiné, il est fortement influencé à cette période de sa vie par sa femme,
fervente catholique, et se convertit, allant jusqu'à vouloir racheter et
expurger ses romans pour qu'ils puissent être lus par des enfants. Il
s'ensuit un procès avec Dentu, l'un de ses éditeurs, procès qu'il perd. Le
romancier entreprend même la rédaction de brochures destinées à
l'édification spirituelle, fait construire chez lui un oratoire, participe
financièrement à l’élévation du Sacré-Cœur … En 1880, alors qu'il a
reconstitué sa fortune, il connaît un nouveau désastre financier. Son
voisin, censé faire fructifier ses économies, s'est enfui avec elles !
Ses amis écrivains s'émeuvent de sa situation. Un comité d'aide, composé
notamment d’Alphonse Daudet, Alexandre Dumas fils, Charles Gounod, Hector
Malot, Victorien Sardou, et présidé par Edmond About, de l'Académie
française, recueille des souscriptions. Sa femme meurt en 1884 et la santé
de l’écrivain décline. Atteint de crises d'hémiplégie, il se retire chez les
frères de Saint Jean de Dieu, à Paris, et meurt le 8 mars 1887. Ses obsèques
sont célébrées en l'église Saint François Xavier et il est inhumé au
cimetière de Montparnasse.
Son œuvre lui survit bien entendu, le célèbre
Bossu que ressuscite le cinéma au siècle suivant.
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