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Jules FERRY
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Jules FERRY
(Saint-Dié, 5 avril 1832 - Paris, 17
mars 1893)
Français.
Homme
politique.
par Marc Nadaux
Quelques dates :
1861, La Lutte électorale de 1863.
1868, Les Comptes fantastiques d'Haussmann.
1869, élu député de le 6ème circonscription de la Seine.
1870, nommé Maire de Paris.
1871, élu député des Vosges.
1879, nommé ministre de l'Instruction Publique.
1880, devient pour la première fois président du Conseil.
1887, victime d'un attentat: à la Chambre.
1890, Le Tonkin et la Mère-Patrie.
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Jules Ferry naît
le 5 avril 1832 à Saint-Dié dans les Vosges. Il est le second enfant
d'un avocat au barreau de la ville et est élevé dans un atmosphère
austère en compagnie de sa sœur Adèle, née en 1826, et de son frère
cadet, Charles, de deux ans plus jeune. Les Ferry quitte Saint-Dié en
1846 pour Strasbourg, puis s'installent en 1850 à Paris. Jules Ferry
effectue donc ses études secondaires dans plusieurs établissements,
entrant ainsi au Collège de Saint-Dié avant d’être admis au Lycée de
Strasbourg. Reçu bachelier en 1851, le jeune homme fait ensuite son
droit. Ayant dans un premier temps envisager de servir l'État, il
s'inscrit au barreau de Paris et s’emploie en tant que stagiaire chez un
avocat d'affaires. Devenu secrétaire de la Conférence des avocats en
1854, il est désigné par Pierre Antoine Berryer pour prononcer le
discours de rentrée l’année suivante. Cet exercice oratoire, qu’il
intitule De l’influence des idées philosophiques sur la barreau au
XVIIIème siècle, lui permet d’exposer ses convictions politiques.
Des références à la justice sociale, à la liberté de conscience et à
la laïcité le classent alors parmi les opposants au Second Empire et lui
permettent d’accéder à la notoriété. Jules Ferry est reçu à
présent dans les salons parisiens, dans celui d'Émile Ollivier notamment.
Il collabore au Courrier de Paris, à La Presse d'Émile de
Girardin ou à La Revue des Deux Mondes, livrant des articles sur
la politique industrielle et économique. Jules Ferry fait paraître le 3
août 1861 un Manuel électoral, suivi de La Lutte électorale
de 1863. Dans ce dernier pamphlet, il s’élève contre la pratique
des candidatures officielles aux élections législatives, celles-ci
faussant selon lui le jeu électoral. Traduit en justice et condamné,
Jules Ferry récidive quelques années plus tard dans sa dénonciation des
tares du régime impérial. En 1868, il rédige pour le journal Le
Temps une série d'articles sur Les Comptes fantastiques
d'Haussmann, dénonçant avec virulence l'éventrement et la curée du
vieux Paris par l’omnipotent préfet de la Seine.
L’année suivante, Jules Ferry prend part à la campagne électorale qui
précède les élections législatives et crée avec l’aide de Jules
Favre L'Électeur libre, un hebdomadaire républicain. Le candidat
de l’opposition adresse alors à ses électeurs une profession de foi d’inspiration
radicale dans laquelle il réclame la séparation de l’Église et de l’État,
la décentralisation administrative et la réforme de la justice. Le 6 mai
1869, Jules Ferry est élu député de le 6ème circonscription de la
Seine. A cette époque et afin de poursuivre la libéralisation du Second
Empire, Napoléon III place Émile Ollivier à la tête du gouvernement.
En compagnie de Léon Gambetta, Jules Ferry se signale alors par ses
prises de position à l’Assemblée contre son ancien ami. En avril 1870,
il prononce à la salle Molière un grand discours sur l'enseignement,
brodant sur " le problème de l'éducation du
peuple ". Quelques mois plus tard, Jules Ferry dénonce le
péril de la guerre qui s’annonce face à la Prusse mais vote néanmoins
comme la grande majorité des députés les crédits militaires. Cette
guerre franco-prussienne, qui provoque la chute de l’Empire, place de
nouveau sur le devant de la scène politique un des ses plus virulents
opposants.
Le 1er septembre 1870, Napoléon III et les troupes françaises sont
encerclées à Sedan. Après une journée de combats, l'Empereur choisit
de se rendre. Il refuse cependant de traiter avec les autorités
allemandes, la responsabilité en incombe donc à l'Impératrice, régente
de l'Empire, et au Gouvernement. Cependant, le 3 septembre, les députés
républicains se prononcent pour la déchéance du régime en place tandis
que le Corps législatif s'y oppose. Le lendemain, la foule des parisiens
envahit le Palais-Bourbon où Léon Gambetta annonce la fin du Second
Empire. Plus tard, à l'Hôtel-de-Ville et en compagnie de Jules Ferry et
Jules Favre, il proclame la République. Jules Ferry est nommé ministre
du gouvernement de la Défense nationale avec une " délégation
près l'administration du département de la Seine ". Lui incombe à
présent la responsabilité de l’organisation des élections de
l'Assemblée constituante. En réponse à la capitulation de Metz, le 31
octobre 1870, des manifestants prennent d’assaut l'Hôtel de Ville.
Ferry, à la tête des bataillons fidèles de la Garde nationale, disperse
l’émeute.
Alors que le siège de la capitale par les armées prussiennes se
poursuit, il est nommé Maire de Paris le 15 novembre 1870 et doit s’employer
au ravitaillement en vivres de la capitale. Jules Ferry procède alors au
rationnement des subsistances. Bientôt, les boulangers sont contraints de
mêler à la farine du son et de l'avoine et Jules Ferry quant à lui,
dans une circulaire publiée le 10 décembre 1870, en impose une ration
quotidienne de 300 grammes par habitant. Le 12 février 1871, celui que
les Parisiens furieux ont surnommé " Ferry famine" est élu
député des Vosges. Alors qu’est proclamé la Commune
insurrectionnelle, Adolphe Thiers, récemment désigné comme chef du
Pouvoir Exécutif de la République Française, lui recommande d'évacuer
Paris. Jules Ferry tente néanmoins d’organiser la résistance du
pouvoir légal à l'Hôtel de Ville, puis à la mairie du deuxième
arrondissement avant de fuir. Nommé Préfet de la Seine le 24 mai 1871,
il démissionne le 5 juin suivant alors que la Commune de Paris vient d’être
réprimée dans le sang.
Quelques temps plus tard, Adolphe Thiers, pour l’éloigner de Paris, lui
confie l’ambassade d’Athènes avec le statut de ministre
plénipotentiaire. Après le retrait de ce dernier au mois de mai 1873,
Jules Ferry donne sa démission de diplomate et reprend ses activités de
parlementaire. Le 9 juillet 1875 et en compagnie d’Émile Littré, il
adhère à la franc-maçonnerie, à la loge de la Clémente Amitié. Le 24
octobre de la même année, Jules Ferry épouse civilement Eugénie
Risler, petite-fille de Charles Kestner, un riche industriel alsacien et
protestant. Réélu député des Vosges le 5 mars 1876, il devient peu à
peu, à côté de Léon Gambetta et de Georges Clemenceau, une des figures
de l’opposition à l’Ordre moral. Au sein de la gauche républicaine,
aux côtés des Opportunistes, Jules Ferry s’attache cependant à tracer
une voie médiane. Pragmatiques, ces derniers renoncent à certains de
leurs principes – l’abolition des armées permanentes, l’instauration
d'une assemblée unique... - afin d'enraciner le régime républicain. Au
mois de mars 1878, Jules Ferry est nommé président d'une commission
chargée de la révision des tarifs douaniers. Après la démission du
maréchal de Mac-Mahon, président de la République, le 30 janvier 1879,
et l'élection de Jules Grévy, il est nommé ministre de l'Instruction
Publique dans le gouvernement Waddington, un poste qu'il occupera de
manière discontinue jusqu'en 1885.
Au cours de ces différentes législatures, le ministre de l'Instruction
Publique fait voter un ensemble cohérent de lois, qui constitue une
véritable réforme de l'enseignement. Les lois des 12 juillet 1879, 27
février et 18 mars 1880 établissent la liberté de l'enseignement
supérieur, conférant à l'État l'attribution exclusive des grades
universitaires. Ne pouvant imposer la laïcisation totale des personnels
enseignants, Jules Ferry oblige néanmoins les congrégations religieuses
à se faire enregistrer dans les trois mois pour obtenir l'autorisation
d'enseigner, sous peine de dissolution. C’est bientôt le cas pour trois
cent d’entre-elles ! Il complète enfin son action par la loi du 28
mars 1882 relative à l'obligation scolaire et à la laïcité.
L'enseignement religieux disparaît de l'école primaire au bénéfice de
l'instruction morale et civique. Le ministre de l'Instruction Publique
entreprend en parallèle de laïciser les manuels et les livres scolaires,
diffusant auprès des instituteurs la liste officielle des volumes
autorisés. Le grand historien Ernest Lavisse prêtera bientôt sa plume
à la rédaction d'un manuel d'histoire, véritable bible du
républicanisme où les grands hommes de l'histoire de France sont
présentés comme les artisans de la nation. S'adressant directement aux
instituteurs dans sa lettre du 27 novembre 1883, Jules Ferry
leur recommande la fermeté dans les principes qui doivent guider leur
enseignement mais aussi la modération dans l'application de ces derniers.
Le 25 septembre 1880, Jules Ferry devient pour la première fois
président du Conseil, conservant toutefois son portefeuille de ministre
de l'Instruction Publique. Il prend également des responsabilité aux
Affaires étrangères et à ce titre imprime une orientation décisive à
la politique extérieure de la Troisième République. Marquée par la
défaite de 1870, celle-ci est travaillée par l’idée de la
" Revanche " et le souvenir des provinces perdues.
Jules Ferry entend mettre un terme à cette période de recueillement.
Certes, afin d’éviter de heurter de front l'Allemagne de Guillaume Ier,
la France doit mener une politique de paix. Mais celle-ci doit avoir pour
objectif de lui redonner place dans le concert européen. Il justifie
notamment cette ambition de renouer avec la " fierté
nationale " dans les deux grands discours prononcés devant les
députés, les 5 et 9 novembre 1881. Jules Ferry affirme alors que la
France ne peut se résigner à " jouer dans le monde le rôle d'une
grande Belgique ". Aussi doit-elle reprendre les conquête coloniales
et se tourner vers les horizons lointains, l'Afrique ou l'Indochine. Dans
les années qui suivent, le Président du Conseil devra faire face aux
critiques des républicains les plus intransigeants, Georges Clemenceau en
tête, qui lui reprochent, de détourner le regard des Français de la
" ligne bleue des Vosges " et d'abandonner le continent
européen à la diplomatie du chancelier Bismarck.
A la suite d’une intervention militaire déclenchée contre les Kroumirs
au mois d’avril 1881, la France impose son protectorat à la Tunisie par
le traité du Bardo signé le 12 mai suivant. Quelques jours plus tard, le
23 mai 1881, le Parlement vote des crédits supplémentaires permettant au
gouvernement de prévenir ou de réprimer des révoltes armées outre-mer.
La France s’abstient d’intervenir en Égypte, au mois d’août 1882,
aux côtés de la Grande-Bretagne mais Jules Ferry soutient les
expéditions de Pierre Savorgnan de Brazza au Congo. Et le 30 novembre
1882, la Chambre des députés ratifie les traités signés par
l'explorateur avec le roi Makoko. Le bassin du fleuve Ogoué dans l'Ouest
africain est désormais placé sous protectorat français. Après que les
forces française aient également pris pied à Madagascar, les ambitions
colonisatrice de Jules Ferry se tournent vers l’Extrême-Orient et le
Tonkin. Le 25 avril 1882, le commandant Rivière s'empare de la citadelle
d'Hanoi. Sa mort ainsi que celle de 85 soldats, survenue le 19 mai
suivant, décident ensuite le gouvernement français à risquer la guerre
avec la Chine en envoyant un corps expéditionnaire qu’accompagne la
flotte de l'amiral Courbet. Le 25 août 1883, avec le traité de Hué,
l'Annam passe sous protectorat français. A Paris cependant, l’extension
des combats contraint Jules Ferry à demander davantage de crédits. L’inquiétude
saisie l’opinion de plus en plus réticente à ces conquêtes lointaines
et, à la Chambre, la majorité du cabinet Ferry s'effrite. Celui-ci chute
le 30 mars 1885 à l’annonce prématurée de la nouvelle du "
désastre de Lang Son " parvenue à Paris. Victime du secret de sa
diplomatie, " Ferry Tonkin " démissionne alors que le 18 avril
suivant un traité de paix favorable à la France est signé avec la
Chine.
Le 2 décembre 1887, Jules Grévy est contraint à la démission à la
suite du " scandale des décorations ". Jules Ferry pose sa
candidature à la présidence de la République mais le lendemain, des
manifestations hostiles sont organisées à Paris. La presse radicale,
sous l’inspiration de Jules Rochefort et de Georges Clemenceau
notamment, se déchaîne contre l’ancien président du Conseil et Jules
Ferry n'obtient que 212 voix contre 303 à Sadi-Carnot qui est élu. Au
cours de ces derniers mois, il s’était posé comme l’une des grandes
figures de l’opposition au boulangisme, surnommant le général
Boulanger " César de café-concert ". Le 10
décembre suivant, Jules Ferry est victime d'un attentat à la Chambre.
On tire sur lui à bout portant à trois reprises. L’ancien président
du Conseil souffrira d’une lésion au nerf aortique. A peine remis du
choc psychologique durable et alors qu’il appelle à l'union des
républicains contre le boulangisme, Jules Ferry est de nouveau agressé
dans Paris, le 20 mars 1888.
Non réélu dans son mandat de député des Vosges le 6 octobre 1889, mais
demeurant président du Conseil général des Vosges, Ferry entre au Sénat
le 4 février 1891. L'année précédente, il fait paraître un opuscule, Le
Tonkin et la Mère-Patrie, défendant sa politique colonialiste. Président de la commission de l’Algérie, Jules
Ferry y effectue une longue mission, du mois d’avril au mois de juin
1892. Peu de temps après son retour, il devient le président de l’institution,
désigné dès le premier tour par ses pairs, le 24 février 1893. Alors
que la Troisième République est secouée par le scandale de Panamá,
Jules Ferry multiplie les interventions favorables à l’apaisement.
Après le " Toast d’Alger " du cardinal Lavigerie
devant l'état-major de l'escadre de Méditerranée puis la publication de
l'encyclique Inter innumeras sollicitudines du pape Léon XIII, il
appelle les catholiques modérés à se rallier à la République.
Jules
Ferry décède le 17 mars 1893 d’une crise cardiaque à Paris
et est honoré quelques jours plus tard par la Troisième République des
funérailles nationales.
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