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Victor DURUY
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Victor DURUY
(Paris, 10 septembre 1811- Paris, 25
novembre 1894)
Français.
Homme
politique.
par Marc Nadaux
Quelques dates :
1833, reçu premier à l'agrégation d'histoire.
1851, nommé inspecteur de l’Académie de Paris.
1861, inspecteur général. 1863, Ministre de
l'Instruction publique.
1867, loi sur l'enseignement primaire.
une circulaire ministérielle organise
enfin des cours secondaires de jeunes filles.
1868,
fonde l'École pratique des
hautes études.
1873, achève son Histoire des Romains.
entre à l'Institut, au titre de
l'Académie des inscriptions et belles-lettres.
1876, participe à la création de la Revue historique.
1882, à l’origine de la loi créant le
baccalauréat de l'enseignement secondaire spécial.
1884, élu à l'Académie française.
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Victor Duruy
naît à Paris le 10 septembre 1811. Il est issu d'une famille d'ouvriers
employés aux Gobelins. Destiné dans un premier temps à suivre les
traces de son père, contremaître dans la célèbre manufacture, l’adolescent
suit des études classiques au Collège Rollin (futur Collège
Sainte-Barbe), grâce à une bourse d’enseignement octroyée par le
gouvernement de la Restauration. Commencée sur le tard, celles-ci le
mènent à l'École normale où il est admis en 1830. Reçu premier à
l'agrégation d'histoire en 1833, Victor Duruy est ensuite nommé
professeur au collège de Reims, à l’âge de vingt-deux ans (!), puis
au prestigieux Lycée Henri IV à Paris.
Sous la Monarchie de Juillet, Victor Duruy se fait connaître par la
publication de manuels scolaires d’histoires à destination des classes
élémentaires, cet enseignement se développant avec la loi Guizot. Il
est ainsi sollicité par le roi Louis-Philippe afin de donner des leçons
particulières à ses fils. En 1851, Victor Duruy est nommé inspecteur de
l’Académie de Paris, avant de devenir docteur es lettres deux années
plus tard et professeur à l'Ecole normale. La publication de travaux
érudits lui confère également le statut de spécialiste d'histoire de
l'Antiquité et une renommée internationale.
A ce titre, Victor Duruy prête son concours à l’Empereur Napoléon
III, lorsque ce dernier entreprend la rédaction de son Histoire de
Jules César. L’Empereur le gratifie bientôt, en le nommant
inspecteur général en 1861, puis professeur à l'École polytechnique.
Enfin, à sa grande surprise, Duruy est nommé le 23 juin 1863 Ministre de
l'Instruction publique (il ne cumule cependant pas cette fonction avec
celle de Ministre des Cultes, comme le veut l’usage), une charge qu’il
occupera pendant sept années jusqu’au 17 juillet 1869. Il prend alors
pour directeur de cabinet un jeune et brillant historien, Ernest Lavisse,
avant de le recommander comme précepteur du Prince Impérial en 1868.
Pendant cette période, Victor Duruy est isolé au sein du Conseil des
ministres. Ne cachant pas ses idées libérales ni ses préoccupations
sociales, il ne se dévoue en effet à la cause du Second Empire qu’au
nom de son attachement à la personne de Napoléon III. Malgré les
résistances du Corps législatif, le nouveau ministre entreprend alors de
réformer l’enseignement, l’Université tout d’abord. Ainsi, le 31
juillet 1868, un décret signé de Victor Duruy fonde l'École pratique
des hautes études " afin de développer la recherche et de
former des savants ". Avec la loi du 10 avril 1867, il contribue
à développer l'enseignement primaire. Celle-ci oblige les communes de
plus de 500 habitants à créer une école de filles. Victor Duruy
encourage également la gratuité de l’éducation, incitant les communes
pauvres à la décréter, avec garanties de subventions de l'État. A
l'octroi de bourses s’ajoute bientôt la création de la Caisse des
écoles, destinée à l'aide aux élèves issus de familles
nécessiteuses.
Le Ministre de l'Instruction publique s’attache à améliorer le sort
des instituteurs, en revalorisant leur traitement notamment. D’autre
part, le contenu des programmes du secondaire est élargit. Ainsi, huit
jours après sa prise de fonctions, Victor Duruy rétablit l'enseignement
de la philosophie. Il prend également la mesure du bouleversement
économique et technique que connaît à cette époque la France du Second
Empire et s’attache ainsi à répondre aux besoins de la société. Les
cours pour adultes se développent sous son ministériat. Avec la loi du
21 juin 1865, il crée un enseignement secondaire "spécial",
destiné à dispenser "une instruction appropriée aux besoins des
industriels, des agriculteurs et des négociants". Dépourvu de latin
et de grec, celle-ci est faite de matières professionnelles en rapport
avec le tissu économique local. Par la suite, le 30 octobre 1867, une
circulaire ministérielle organise enfin des cours secondaires de jeunes
filles.
En 1869, soit au moment où Napoléon III annonce de prochaines réformes
libérales, Victor Duruy abandonne ses fonctions ministérielles. Avec les
élections législatives des 23 et 24 mai et la victoire du Tiers-Parti, l’Empereur
des Français demande en effet à Émile Ollivier de constituer un nouveau
cabinet qui tiendrait compte de la majorité parlementaire. Ce dernier,
qui entre en fonctions le 2 janvier 1870, est composé d'hommes nouveaux,
ce qui écarte les anciens bonapartistes dont Victor Duruy, malgré l’estime
que lui voue le chef du gouvernement. L’ancien ministre siége au Sénat
jusqu'à la fin de l'Empire, après quoi il demeure éloigné de la vie
politique.
Victor Duruy se consacre par la suite à l’achèvement de son Histoire
des Romains, commencée en 1843. Le dernier des sept volumes est
publié en 1873. Duruy entreprend peu après une Histoire des Grecs. Ces
derniers travaux lui permettent d’entrer à l'Institut, au titre de
l'Académie des inscriptions et belles-lettres en 1873, de l'Académie des
sciences morales et politiques en 1879. En 1876, il participe à la création de
la Revue historique aux côtés de Gabriel Monod. Victor Duruy est
élu à l'Académie française en 1884,
Au cours de ces dernières années, la Troisième République achève
ainsi l’œuvre de Victor Duruy, qui avait en 1865 formé le projet d’une
instruction primaire conçue comme un grand service public, gratuite et
obligatoire. En 1880, l’ancien Ministre de l’Instruction publique
revient d’ailleurs aux affaires. Jules Ferry fait appel à ses lumières
au moment de l’élaboration de sa réforme du Conseil supérieur de l’instruction
publique. Duruy prêt également son concours au nouveau ministre dans l’élaboration
de la loi du 21 décembre 1880 relative à l’enseignement secondaire des
jeunes filles. Il est également à l’origine de la loi du 28 juillet
1882 créant le baccalauréat de l'enseignement secondaire spécial. La
durée de ces études est portée à cinq ans et ouvre les portes des
facultés de sciences et de médecine.
Victor Duruy décède à Paris le 25 novembre 1894.
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