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Félix DUPANLOUP
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Félix
DUPANLOUP
(Saint-Félix, 2 juin
1802 - Lacombe, 11 octobre 1878)
Français.
Religieux.
par Marc Nadaux
Quelques dates :
1825, ordonné prêtre .
1834, dessert la paroisse de Saint Roch.
1838, contribue à la conversion de Talleyrand.
direction du
séminaire préparatoire de Saint Nicolas du Chardonnet. 1849,
nommé évêque d’Orléans.
1854, élu à l’Académie française.
1859, Protestations contre les attaques dont N.T.S.P. le
pape et le siège apostolique sont menacées.
1862, tente d’infléchir l’opinion de
Pie IX dans sa volonté de condamner l’évolution du
monde moderne.
1869, prononce un panégyrique en faveur de Jeanne
d’Arc.
désapprouve le dogme de
l’infaillibilité pontificale.
1870, s’illustre dans la défense de sa ville épiscopale en
luttant contre les exigences des vainqueurs.
1871, démissionne de l’Académie française pour protester
contre l’élection du positiviste Émile Littré.
député de la Troisième
République à l’Assemblée nationale.
1876, nommé sénateur inamovible.
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Félix Dupanloup est né le 2 juin 1802 à Saint – Félix, près de
Chambéry, en Savoie. De naissance illégitime, il est élevé par sa mère,
Anne Dechosal, à Paris. A force de travail et de privations, celle – ci
parvient à lui assurer une éducation au collège Sainte - Barbe. Le
jeune homme choisit ensuite la carrière ecclésiastique, gravissant
successivement tous les échelons de la formation. Il étudie ainsi la
grammaire dans la Communauté Menu, les humanités au séminaire préparatoire
de Saint Nicolas du Chardonnet, la philosophie au petit séminaire d’Issy
et la théologie au grand séminaire de Saint Sulpice. Il est enfin ordonné
prêtre le 18 décembre 1825.
Nommé vicaire de La Madeleine l'année suivante, Félix Dupanloup se fait
bientôt connaître par ses talents de pédagogue dans diverses
institutions. Lui sont par la suite confiées l’éducation religieuse du
Duc de Bordeaux, celles des Princes d’Orléans. En 1834, l'abbé
Dupanloup dessert la paroisse de Saint Roch dans laquelle il se forge une
réputation d’orateur. Il ne néglige pas pour autant le soin des âmes
et contribue à la conversion de Talleyrand, au matin du jeudi 17 mai
1838, le jour même de son décès. L'abbé Dupanloup se voit alors confié
la destinée du séminaire préparatoire de Saint Nicolas du Chardonnet et
de ses deux cents élèves, dont Ernest Renan.
Cette charge lui incombe jusqu’en 1845 et Félix Dupanloup fait de son
établissement, après en avoir transformé l’organisation, un lieu prisé
par les plus grandes familles.
Il participe activement à partir de 1844 à la lutte entreprise pour la
liberté de l’enseignement. Aux côtés de Charles
de Montalembert qui a fondé en 1843 un Comité de défense de
la liberté de l’enseignement, Félix Dupanloup publie de nombreux
écrits dénonçant les prérogatives de l’Université et défendant le
point de vue des catholiques libéraux. Cependant ces prises de position
ne coïncident pas avec ses fonctions au séminaire de Saint Nicolas du
Chardonnet. Telle est l’opinion de l’archevêque de Paris, Monseigneur
Affre. Ce dernier lui offre un canonicat dans la paroisse de Notre –
Dame après qu'il eut rendu publique sa démission de l'institution, le 4
novembre 1845. Quelques années plus tard, en 1848, le comte de Falloux,
ministre de l’Instruction publique de la Seconde République, le nomme
membre de la commission extra-parlementaire présidée par Félix Thiers
et instituée en vue d’élaborer une nouvelle loi scolaire. Celle-ci
est promulguée le 15 mars 1850 et proclame la liberté de
l’enseignement.
Félix Dupanloup est bientôt nommé évêque d’Orléans en 1849. Il se
consacre alors activement à son épiscopat et à l’administration de
son évêché. Il encourage ainsi la réunion régulière de synodes diocésains ;
il multiplie également les visites pastorales dont les enquêtes lui
montre l’ampleur du détachement et de la déchristianisation parmi les
populations. Il est également à l’origine de la création de petits séminaires
favorisant l’instruction de futurs prêtres. Le 8 mai 1869, l’évêque
d’Orléans prononce un panégyrique en faveur de Jeanne d’Arc,
traditionnel éloge en ce jour anniversaire de la libération de la ville,
mais dans lequel il se prononce en faveur de sa béatification. Cinq années
plus tard, le procès informatif de canonisation est ouvert.
Élu à l’Académie française en 1854, Monseigneur Dupanloup participe
avec ardeur aux débats du temps. Il est l’un des principaux opposants
à la politique italienne du gouvernement français. En effet, Napoléon
III, favorable au mouvement des nationalités, prête son concours
à l’unification italienne en déclarant la guerre à l’Autriche, le 3
mai 1859. Tout ceci menace cependant le pouvoir temporel de la papauté et
se traduit bientôt par l’annexion des États pontificaux. L’évêque
d’Orléans proteste en publiant notamment à cette occasion une brochure
intitulée Protestations contre les attaques dont N.T.S.P. le pape et
le siège apostolique sont menacées.
Sous le Second Empire, l’évêque d’Orléans est le chef de file des
catholiques libéraux et gallicans. Ceux – ci trouvent une tribune où
exprimer leur désir de faire se concilier la modernité et l’évolution
de la société avec l’Église et ses dogmes dans le journal Le
Correspondant. Celui - ci s’oppose fréquemment à
l’ultramontanisme et aux prises de position violentes et passionnées de
Louis Veuillot dans son journal L’Univers.
Ainsi, dès 1862, Monseigneur Dupanloup tente d’infléchir l’opinion
de Pie IX dans sa volonté de condamner l’évolution
du monde moderne. En vain. Le 8 décembre 1864, l’encyclique Quanta
cura condamne les erreurs contemporaines ; le Syllabus
errorum, un catalogue de quatre-vingt propositions jugées
inacceptables, lui est adjoint à cet effet. L’évêque d’Orléans en
propose une interprétation personnelle dans une nouvelle brochure, publiée
le 25 janvier 1865, qu’il fait parvenir aux évêques français et étrangers.
Il y distingue ainsi la thèse l’idéal de l’Église, de l’hypothèse
son attitude face aux circonstances pratiques. Quelques années plus tard
en 1869, Monseigneur Dupanloup désapprouve le dogme de
l’infaillibilité pontificale, prenant ainsi la parole aux côtés de
Montalembert dans Le Français et Le Correspondant pour
mettre en doute son opportunité. Il se soumet cependant à la volonté de
Pie IX et à la décision du Concile Vatican proclamée l’année
suivante, le 18 juillet 1870.
Pendant le conflit Franco – prussien qui sonne le glas du Second Empire,
l’évêque d’Orléans s’illustre dans la défense de sa ville épiscopale
en luttant contre les exigences des vainqueurs. Il démissionne bientôt
de l’Académie française en 1871 pour protester contre l’élection du
positiviste Émile Littré.
Élu en 1871 aux élections législatives, il est désormais député de
la Troisième République à l’Assemblée nationale. Monseigneur
Dupanloup est ainsi à l’origine des lois rétablissant les aumôniers
militaires, votée en 1874, et instituant la liberté de l’enseignement
supérieur, votée le 12 juillet 1875. Cinq centres universitaires
catholiques seront d’ailleurs créés dans les années qui suivent. En
mai 1876, il lance le premier numéro de la Défense religieuse et
sociale, une publication conservatrice soutien des intérêts de la
religion. Il prend par là même une part active aux élections législatives
de 1877 en défendant les intérêts de la droite et du ministère de
Broglie. Puis, nommé sénateur inamovible en 1876, il s’oppose avec véhémence
à l’initiative du gouvernement de fêter officiellement le centenaire
de la mort de Voltaire en 1878.
Félix Dupanloup, évêque d’Orléans, décède le 11 octobre 1878, au
château de Lacombe en Savoie.
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