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Jules DUMONT d'URVILLE 

(Condé-sur-Noireau, 23 mai 1790 - Meudon, 8 mai 1842)


Français.

Explorateur.



par Marc Nadaux


 

     Quelques dates :

1812, enseigne de vaisseau.
1821, en mer Égée, décide de l'achat de la Vénus de Milo.
1822, quitte Toulon à bord de la corvette la Coquille pour un voyage de circumnavigation.
1828, à Vanikoro, met à jour les épaves de l’Astrolabe et de la Boussole de l'expédition La Pérouse.
1830, chargé de conduire en Angleterre Charles X, le souverain déchu.
1840, atteint le continent antarctique et baptise le vaste plateau désertique et glacé où il a abordé du nom de Terre Adélie, le prénom de son épouse.
1842, décès à Meudon des suites de la première catastrophe ferroviaire survenue en France.

 






Jules Dumont d’Urville est né le 23 mai 1790 à Condé-sur-Noireau près de Caen, en Normandie. Son père décède en 1795. Son oncle, l’abbé Croisille, est chargé de son instruction à partir de 1798. L’enseignement classique dispensé par l’homme d’Église s’accompagne d’une initiation à la botanique. En 1804, le jeune homme entre bientôt au lycée impérial de Caen.

Quelques années plus tard, en 1807, il échoue cependant au concours d’entrée de l’École polytechnique. Il intègre alors l’École navale de Brest. Cependant, peu enclin à la carrière militaire à la différence de ses camarades, Dumont d’Urville se passionne pour l’histoire naturelle et les langues étrangères. Il s’intéresse également à l’hydrographie. Le jeune homme se découvre donc à cette époque une vocation d’explorateur. Nommé enseigne de vaisseau en 1812, il est en garnison à Toulon et se marie en 1815.

En 1819, Dumont d’Urville est volontaire pour participer à une mission en Mer Noire et en mer Égée. Le capitaine Gauthier-Duparc, commandant la gabare la Chevrette, le charge de s’occuper des observations d’histoire naturelle et d’archéologie. En avril 1820, il apprend bientôt la découverte de la Vénus de Milo par un paysan grec et use de son influence pour en décider l’achat par la France. De retour en France, l’officier est fait chevalier de la Légion d’honneur en 1821.



Dumont d’Urville est bientôt nommé au Dépôt des cartes de la Marine. Devenu membre de la Société de géographie de Paris, il y fait la rencontre des savants de son temps. L’officier de marine retrouve également dans la capitale son ami le lieutenant Duperrey.

Le ministre de la Marine Portal accepte bientôt la proposition faite par les deux officiers d’un nouveau voyage de circumnavigation. Les buts de l’expédition sont très vastes : étudier les trois règnes de la nature, le magnétisme et la météorologie ; repositionner sur les cartes marines certains points peu surs. En août 1822, la corvette la Coquille quitte Toulon. L’expédition, le cap Horn franchi, passe par l’archipel des Tuamotu avant d’atteindre Tahiti en mai 1823. Après avoir visité successivement la Nouvelle Guinée, l’archipel des Moluques et fait le tour de l’Australie, elle atteint la Nouvelle Zélande.

La Coquille double bientôt Le Cap en mars 1825 et est de retour en France. Outre les collections botaniques et zoologiques, l’expédition a en chemin collecté des informations météorologiques d’importance ainsi que des observations sur le magnétisme terrestres. Dumont d’Urville est alors promu capitaine de frégate en novembre 1825.



Nommé commandant de la Coquille, rebaptisée Astrolabe en l’honneur de l’explorateur La Pérouse, Dumont d’Urville reprend bientôt la mer en 1826. Le but du nouveau voyage de circumnavigation est d’explorer l’Océanie, les régions comprises entre la Nouvelle Guinée et les îles Salomon notamment afin d’y retrouver les traces de l’expédition La Pérouse. Il s’agit également pour Dumont d’Urville de préciser la géographie des côtes imparfaitement figurées sur les cartes marines, de localiser en longitude avec d’avantage de précision grâce à l’emploi du chronomètre les îles rencontrées. L’explorateur s’entoure pour l’occasion de marins savants : des médecins, des naturalistes, un astronome, plusieurs officiers hydrographes et dessinateurs.

Partie de Toulon le 25 avril, l’itinéraire de l’expédition prévoyait ainsi de recouper à plusieurs reprises le trajet éventuellement suivi par son prédécesseur à partir de Botany Bay. Après avoir essuyé de terribles tempêtes dans les zones australes en doublant le cap de Bonne Espérance, l’ Astrolabe parvient dans l’océan Pacifique. Le navire longe la côte sud de l’Australie. Dumont d’Urville effectue ensuite un relevé des côtes de Nouvelle-Zélande. L’explorateur visite la Nouvelle Guinée et la Nouvelle Calédonie avant de préciser la position d’îles dans les archipels des Nouvelles-Hébrides. Lors d’une escale en Tasmanie en décembre 1827, il apprend qu’un navire anglais, le Saint Patrick de l’East India Company commandé par le capitaine Dillon, a fait la découverte de restes de l’expédition à Vanikoro, l’une des îles Santa Cruz (situées au nord des Nouvelles Hébrides). Dumont d’Urville s’y rend et met ainsi à jour les épaves de l’Astrolabe et de la Boussole recouvertes par les coraux. Après avoir élevé un monument commémoratif de l’expédition malheureuse, il est de retour en France en mars 1829.

Au terme de cette nouvelle campagne, Dumont d’Urville et son état-major ont fait le relevé de 4.000 km de côtes, découvert ou rectifié la position de 150 îles. L’explorateur ébauche également au cours de ces années de voyage une nouvelle nomenclature de l’océan pacifique. Celle-ci partage les mers du sud entre quatre zones de peuplement appelées Polynésie, Mélanésie, Malaisie, Micronésie. Elle servira de base à la cartographie dans les décennies à venir. Rompant également avec une tradition pluriséculaire, Dumont d’Urville dénomme les îles découvertes en respectant l’appellation autochtones des lieux. A son retour en France, l’expédition a accumulé une énorme documentation. Des centaines de spécimens d’animaux et de végétaux, des échantillons de roche et quantité de dessins sont ainsi ramenés à l’Académie des sciences … Cette moisson de renseignements couronne donc de succès l’entreprise de Dumont d’Urville ce qui lui vaut d’obtenir le grade de capitaine de vaisseau.



A terre, l’officier se consacre ensuite à la publication du récit de son voyage de circumnavigation intitulé Voyage et découvertes autour du monde à la recherche de La Pérouse. Le 15 août 1830, il est chargé de conduire en Angleterre Charles X, le souverain déchu de son pouvoir par les Trois Glorieuses, et sa famille. De retour à l’arsenal de Toulon, son prestige de navigateur lui permet de convaincre les nouvelles autorités politiques de lui confier une autre mission. Malgré l’hostilité du physicien Arago et grâce à l’appui personnel de Louis Philippe Ier, Dumont d’Urville repart ainsi quelques années plus tard pour un nouveau tour du monde avec l’Astrolabe et la Zélée. Cependant les directives qu’il reçoit diffèrent sensiblement de celles qu’avaient reçues jusqu’à présent les navigateurs français en mission dans l’Océan Pacifique. En effet, suivant les vœux du roi et du ministre de la Marine Rosamel, les deux corvettes doivent s’enfoncer dans le sud aussi loin que les glaces le leur permettent. Cette perspective n’enthousiasme guère l’officier.

Partie de Toulon le 7 septembre 1837, l’expédition passe le détroit de Magellan après avoir relâché à Rio de Janeiro. Dumont d’Urville et son équipage reconnaissent alors la Terre de Feu. C’est également l’occasion pour les hommes de science de nouer des contacts avec les Patagons. Le médecin Dumoutier, adepte de la phrénologie, effectue ainsi des moulages des cranes indigènes. Début janvier 1838, l’Astrolabe et la Zélée se dirigent ensuite vers le sud. Bloquées par les glaces en février 1838, elles ne peuvent franchir le 74° degré de latitude sud. Une semaine de lutte est nécessaire à l’équipage pour dégager les deux navires pris dans la banquise. L’expédition regagne enfin la haute mer. Elle reconnaît de nouvelles terres au-delà des îles Shetland. Puis, après une période de relâche au Chili, , l’Astrolabe et la Zélée sillonnent l’océan Pacifique, à partir d’avril 1838, pour arriver au printemps 1839 à Batavia (Djakarta). L’expédition contourne ensuite l’Australie par l’ouest et fait escale en Tasmanie. Le 21 janvier 1840 enfin, Dumont d’Urville atteint le continent antarctique et baptise le vaste plateau désertique et glacé où il a abordé du nom de Terre Adélie, le prénom de son épouse. Le 1er février, les deux corvettes repartent vers le nord et regagnent l’Europe par la Réunion et Sainte-Hélène.

De retour à Toulon, le 6 novembre, l’expédition reçoit un accueil triomphal. Dumont d’Urville est promu contre-amiral. Il reçoit également la médaille d’or de la société de géographie de Paris. Puis l’officier commence la mise en forme du récit de son voyage, Voyage au pôle Sud et dans l’Océanie sur les corvettes l’Astrolabe et la Zélée. Cette masse considérable de documentation ne sera achevée de publier qu’en 1854, les officiers de l’expédition prenant le relais de Dumont d’Urville.



En effet, celui-ci décède brûlé vif le 8 mai 1842 à Meudon des suites d’un accident de chemin de fer sur la ligne Paris Saint-Germain-en-Laye, la première catastrophe ferroviaire survenue en France.