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Fédor DOSTOIEVSKI
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Fédor DOSTOÏEVSKI
(Moscou, 30 octobre 1821 -
Saint-Pétersbourg, 28 janvier 1881)
Russe.
Ecrivain.
par Marc Nadaux
Quelques dates :
1844, militaire. Démissionne.
1846, Les Pauvres Gens.
1850, déportation à Omsk dans un camp de travail.
1855, gracié par Alexandre II.
1860, Les Souvenirs de la maison des morts.
1866, Crime et Châtiment.
1868, L'Idiot.
1880, Les Frères Karamazov.
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Fédor Dostoïevski naît à Moscou le 30 octobre 1821, dans un
hôpital pour les pauvres où son père est employé en tant que médecin.
Celui-ci est aussi un hobereau qui possède un domaine à Chermashnya, dans la province de Tula. Fédor est
le deuxième fils d’une famille qui comptera sept enfants. En 1831, avec
son frère aîné Mikhaïl, il commence ses études primaires, avant d’être
placé, après le décès de sa mère en 1837, dans un collège de
Saint-Pétersbourg. Toujours dans la capitale, l’adolescent entre dès l’année
suivante à l’école des ingénieurs militaires. En juin 1839, son père, qui
se comporte cruellement avec ses moujiks, est assassiné par l’un d’entre
eux. Quatre années plus tard, Dostoïevski achève enfin sa formation
militaire. Spécialisé dans l’art des fortifications, il sort de l’institution
avec le grade de sous-lieutenant et est alors affecté à l’État-major.
Cette existence de dessinateur à la direction du Génie l’ennuie cependant.
Passionné par la littérature, le jeune officier traduit à cette époque
quelques textes français : Eugénie Grandet d’Honoré de
Balzac et La Dernière Aldini de George Sand. Destiné à une
prometteuse carrière militaire, il démissionne cependant en 1844. Fédor
Dostoïevski se lie alors d’amitié avec Vissarion Bielinski, un critique
littéraire très influent. En 1846, est publiée sa première œuvre, un
court roman intitulé Les Pauvres Gens. L’ouvrage, où apparaissent
déjà ses préoccupations sociales, connaît un grand succès. Dans les
années qui suivent, Dostoïevski, qui est devenu un auteur en vogue,
persévère dans son activité d’écrivain. Paraît un deuxième roman, Le
Double, puis La Logeuse en 1847. Le jeune écrivain connaît
alors ses premières crises d'épilepsie.
A cette époque, il fait la connaissance du socialiste utopique Petrachevski.
A partir du printemps 1847, l’écrivain fréquente également un groupe de militants aux convictions
libérales, qui gravitent autour de ce dernier. Le 23 avril 1849, celui-ci
fomente une conspiration qui échoue. Fédor Dostoïevski, qui a de loin
participé au coup de main, est arrêté peu après, enfermé à la
forteresse Pierre-et-Paul, et condamné à mort.
Attaché à la potence, l’écrivain est gracié quelques minutes avant l’exécution
de la sentence, le 22 décembre suivant. La peine est commuée par le Tzar
Nicolas Ier en déportation à vie dans la lointaine Sibérie. Dans l’immédiat,
quatre années de travaux forcés attendent les conjurés dans ces
étendues glacées où Dostoïevski se rend les fers aux pieds.
De 1850 à 1854, il purge sa peine à Omsk dans un camp de travail, avec
pour seule compagne de lecture une Bible. L’écrivain traverse alors une
crise religieuse et se convertie au christianisme. Cependant, Dostoïevski
est aussi de plus en plus sujet à des crises de maladie qui le laissent
épuisé. Enfin, en 1855, il est gracié par Alexandre II, le nouveau
souverain, qui prononce ainsi au début de son règne l’amnistie des
condamnés politiques. Néanmoins, l’écrivain devra encore quatre années
de service à Semipalatinsk dans les armées du Tzar, en tant que soldat au
7e bataillon de ligne d'un régiment sibérien. Deux années plus
tard, le 6 février 1857, Fédor Dostoïevski se marie à Marya Dmitrievna
Isavea, une
jeune veuve âgé de vingt neuf ans qui a eu un enfant de son précédent
mariage. Au mois de mars 1858, le couple obtient l’autorisation
de regagner la Russie occidentale. De nouveau à Saint-Pétersbourg dès le
mois de décembre suivant, l’écrivain regagne également son rang dans la
noblesse russe. Il travaille ensuite à rédiger le journal de sa terrible
captivité à l’Est. Les Souvenirs de la maison des morts
paraissent ainsi à partir de 1860 dans Le Monde russe. L’année suivante, Dostoïevski fonde
une revue mensuelle, Vremia (Le Temps), dont il devient le rédacteur en chef.
Dans les années qui suivent, sont publiés dans ses colonnes nombre des
textes de l’écrivain, parmi lesquels Humiliés et offensés.
Cependant, Le Temps est interdite en 1863 par la censure impériale,
en raison de ses prises de position pendant l’insurrection polonaise.
L’année suivante, Dostoïevski obtient des autorités l’autorisation d’effectuer
un long voyage hors de la Russie. Avec sa femme, il parcourt alors l’Angleterre,
la France et bientôt la Suisse. Il se s’entend que peu avec cette
dernière. Dostoïevski a d’ailleurs une liaison avec Appolinaria Suslova,
une étudiante d’une grande beauté. En 1864, à la mort de Marya Isavea,
qui souffrait de la tuberculose, celle-ci décline cependant la proposition
de mariage que lui faite l’écrivain, à son grand désespoir. Sa santé
est toujours fragile. Fédor Dostoïevski a besoin de repos, de solitude. Et
ceci est inconciliable avec la passion du jeu qui le dévore. Il est
accablé de dettes et doit souscrire des emprunts auprès du plus conciliant
de ses éditeurs, Stellovski. Celui-ci exige cependant son dû et le romancier doit alors
s’employer pour livrer à temps le manuscrit d’une nouvelle, Le
Joueur. L’écrivain est aidé dans sa tache par une jeune fille de
dix-neuf ans, Anna Snitkiva, qu’il emploie comme secrétaire et qui lui
est toute dévouée. Sous sa dictée, celle-ci couchera par écrit le roman
en dix-neuf jours. Ils se marieront d’ailleurs le 5 février 1867. Entre
temps, Fédor Dostoïevski connaît enfin la gloire littéraire avec Crime
et Châtiment, publié en 1866, puis avec L'Idiot
en 1868.
Dans les années qui suivent, le couple gagne l’Europe, fuyant les
créanciers. Au mois d’avril 1871, Dostoïevski promet à sa nouvelle
épouse de ne plus jouer. Ensemble, ils vivent à Genève, puis à Florence,
à Vienne et à Prague, pour finalement se fixer quelques temps à Dresde.
Trois enfants naissent de leur union dans les années qui suivent. Après
Fedor en 1871, Aleksey, vient au monde en 1875, mais décède de manière
précoce. Enfin Lyubov aura une attaque nerveuse en apprenant la mort de son
père à l’âge de dix ans. Au cours de cette période dramatique de son
existence, Fédor Dostoïevski se consacre à son œuvre qui prend une
nouvelle ampleur. En 1870, il publie L’Éternel
Mari. De retour en Russie au mois de juillet
1871, l’écrivain s’installe à Saint-Pétersbourg et fait paraître Les
Possédés.
Les Dostoïevski réside ensuite à Staraya Russa, une petite ville de
province, où ils louent une villa. De 1873 à 1881, il s’occupe alors à publier
Le Citoyen, une revue dont Le Journal d’un
Écrivain, une chronique littéraire, est rédigée de sa main. Son génie est à présent
reconnu de ses contemporains. Ainsi, au mois de juin 1880, Dostoïevski est
chargé de prononcer le discours d’inauguration du monument à la gloire d’Alexandre
Pouchkine, à Moscou. Celui-ci vante le rôle de la Russie est appelée à jouer
dans le monde. Le 8 novembre suivant, un dernier roman est édité, Les
Frères Karamazov, qu’il considère comme son chef d’œuvre.
Le 28
janvier 1881, Fédor Dostoïevski décède à Saint-Pétersbourg
des suites d’une hémorragie, à l’âge de cinquante-neuf ans. Il est
inhumé quelques jours plus tard dans le cimetière du monastère Alexandre
Nevsky, le cortège étant suivi par plus de trente mille personnes.
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