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Théophile DELCASSÉ
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Théophile DELCASSÉ
(Pamiers, 1er
mars 1852 - Nice, 22 février
1923)
Français.
Homme
politique.
par
Marc
Nadaux
Quelques dates :
1889,
élu député de Foix.
1893, sous-secrétaire d'état aux
Colonies.
1898, devient ministre des Affaires étrangères.
1904,
Entente cordiale avec la Grande Bretagne.
1911, ministre de la marine.
1913, ambassadeur à Saint Petersbourg.
1916, s’oppose avec violence à la Chambre au projet
d’une expédition militaire à Salonique.
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Théophile Delcassé naît à Pamiers, dans le département de
l’Ariège, le 1er mars 1852, au sein d’une famille de la petite
bourgeoisie rentière. Au terme de ses études secondaires effectuées au
collège de la ville, il obtient son baccalauréat en 1870, avant de
s’inscrire à la Faculté de lettres de Toulouse. Licencié en 1874,
Delcassé est ensuite nommé en tant que maître répétiteur dans plusieurs
établissements du Sud-Ouest,
à Tarbes et à Montauban notamment, avant de monter à Paris.
Dans la capitale, Théophile Delcassé se lance dans le journalisme,
collaborant tout d’abord à La République française, le journal
que dirige Léon Gambetta, à l’époque un des principaux chefs de file
de la gauche républicaine. A partir de 1877, alors que prend fin l’Ordre
moral et que bientôt le maréchal de Mac-Mahon quitte la présidence de
la République, il signe également quelques articles qui paraissent dans Le
Temps, Le Matin ou Le Jour. Après ces années de
formation parisienne, vient pour Delcassé le moment d’entrer en
politique.
Dans son Ariège natale, il est candidat dans l'arrondissement de Foix aux
élections législatives d’octobre 1885. Théophile Delcassé s’efface
au second tour par soucis d'union républicaine, contribuant ainsi au
succès de la gauche. De conviction anticléricale, Delcassé est initié
à la franc-maçonnerie au mois de janvier 1886, dans la loge " la
fraternité latine " de Foix. L’année suivante, le 26 octobre, il
se marie avec Geneviève Wallet, veuve du député Massip. Élu Conseiller
Général du canton de Vicdessos en 1888, Théophile Delcassé fait son
entrée à la Chambre l’année suivante, après sa victoire aux
élections législatives de 1889. Constamment réélu, il demeurera
député de Foix pendant trente années jusqu’en 1919 !
Attiré par le radicalisme, le parlementaire ariégeois soutient
néanmoins la politique colonialiste du président du Conseil Jules Ferry,
à la différence par exemple de Georges Clemenceau. Théophile Delcassé
est ainsi lié au parti colonial qu’anime le député d’Oran Eugène
Etienne et qui recrute plutôt au centre. Attiré par les affaires
diplomatiques, le jeune parlementaire reçoit en 1893 la charge de
sous-secrétaire d'état aux Colonies. Il occupe ce poste qui vient d’être
créé du 18 janvier au 25 novembre, puis est nommé l’année suivante
ministre des Colonies. Le 28 juin 1898, Delcassé devient ministre des
Affaires étrangères. Il sera reconduit dans ses fonctions dans six
gouvernements successifs. Sept années durant, l’inamovible ministre
conduit ainsi la politique diplomatique de la France. Au cours de cette
période, servi par des ambassadeurs de talent – Camille Barrère à
Rome ou Paul Cambon à Londres - , Delcassé œuvre de manière décisive
pour l’avenir de l’Europe.
A son arrivée à l’âge de quarante-six ans, le Quai d'Orsay est en
effervescence. Les diplomates français s’inquiète ainsi des
évènements qui se déroulent à Fachoda (aujourd’hui appelé Kodok)
dans le Soudan Oriental. Le 10 juillet 1898 en effet, le commandant
Marchand, à la tête de la Mission Congo-Nil, prend alors possession des
lieux au nom de la France. Le 19 septembre, les choses se compliquent avec
l’arrivée de lord Kitchener et de ses 3.200 hommes de troupe. Celui-ci
ne compte pas laisser des "Européens quelconques" lui
interdire de contrôler le cours du Nil, de son delta jusqu’à ses
sources... Après quelques négociations, les Britanniques établissent un
blocus autour de la place de Fachoda et la crise, de locale, devient très
vite internationale. Les relations entre la France et le Royaume-Uni se
tendent à un point qui fait craindre, l’espace d’un instant, qu’une
guerre est possible. Après l’ultimatum anglais cependant, Delcassé
donne l’ordre à l’officier français de se retirer, le 4 novembre
suivant. En France, cette reculade choque l'opinion, gagnée au
nationalisme.
Pourtant l’habile négociateur transforme ce départ sans gloire en
succès diplomatique. La crise de Fachoda permet en effet de réconcilier
les deux puissances coloniales, puisqu’un accord est conclu dès le 21
mars 1899 qui fait disparaître les points de friction sur le continent
africain. Celui-ci offre la totalité du bassin du Nil à l'Angleterre,
qui renonce en échange à ses ambitions marocaines. Sont alors jetés les
prémices d'une "Entente cordiale" entre les deux nations.
Celle-ci se concrétise le 8 avril 1904 sous le ministère que dirige Émile
Combes. Depuis deux années, ce dernier accorde une totale confiance à
Théophile Delcassé, qui bénéficie déjà de l’accord tacite du
Parlement dans la réalisation de ses ambitions internationales. Réputé
pour avoir le goût du mystère, le ministre des Affaires étrangères
avait exposé son projet diplomatique à ses collaborateurs dès le mois
de février 1899. Celui-ci a pour objectif de rompre l’isolement de la
France et de bouleverser l’équilibre européen au détriment de l’Allemagne.
Il lui faut pour cela casser le système d’alliances élaborées par le
chancelier Bismarck dans les décennies précédentes, qui lie le Second
Reich à l’Empire austro-hongrois, à l’Italie ainsi qu’à la
Russie.
Le 9 août 1899, la Troisième République conclut ainsi une alliance
diplomatique avec la Russie du tzar Nicolas II, qui vient compléter les
accords militaires signés six années auparavant. Suite à la conclusion
d’un accord secret, le 24 décembre 1900, Théophile Delcassé parvient
à détacher l'Italie de la Triplice, en accordant au gouvernement de Rome
des avantages territoriaux en Libye. En échange, les diplomates français
obtiennent le 16 décembre 1900 la reconnaissance par l’Italie des
droits français sur le Maroc. Ceux-ci ne seront d’ailleurs pas remis en
question, malgré l'incident de Tanger. Le 31 mars 1905, l’empereur
Guillaume II, en visite au Maroc, proclame dans un discours retentissant
son soutien au sultan Moulay Abd al-Aziz, à qui la France veut imposer un
protectorat. Le Kaiser se déclare soucieux de défendre les intérêts
allemands conformément à l’esprit de sa Weltpolitik. Le
Président du Conseil Maurice Rouvier accepte alors la réunion d'une
conférence internationale qui doit se dérouler à Algésiras l’année
suivante. Une pareille concession est un désaveu de la politique menée
par son ministre des Affaires étrangères. Conformément aux exigences
allemandes, Théophile Delcassé préfère se retirer le 6 juin 1905, à
la suite d’un conseil des ministres dramatique. Par la suite, il
respectera la promesse de ne rien dévoiler des conditions de son départ
du quai d’Orsay.
Au mois de janvier 1911, le député de l’Ariège retrouve un
portefeuille, celui du Ministère de la marine. Théophile Delcassé doit
alors faire face à l’incident d’Agadir. Le 1er juillet, une
canonnière allemande, la Panther, est envoyée au large du Maroc,
pour tenter de s'opposer au coup de force français. Le 4 novembre
suivant, un accord de troc entre les deux puissances rivales est
signé : l’Allemagne accepte de se désintéresser de l’Afrique
du Nord en échange de la concession d’une part importante du Congo,
entre le Cameroun et les possessions belges.
Du mois de février 1913 au mois de janvier 1914, Delcassé est
ambassadeur à Saint Petersbourg. A partir du 26 août suivant, alors que
l’Europe vient de s’embraser, le principal artisan de la Triple
Entente retrouve le ministère des Affaires étrangères, dans le cabinet
formé par René Viviani. Il s’emploie alors à détacher l'Italie de la
cause allemande, celle-ci entrant en guerre aux côtés des Alliés le 23
mai 1915. Cependant, Théophile Delcassé ne peut empêcher la Bulgarie de
se joindre aux puissances centrales. Dépité par cet échec et critiqué
par l’opinion, Théophile Delcassé, surmené, démissionne le 13
octobre 1915.
Réélu député en Ariège, il s’oppose avec violence à la Chambre le
20 juin 1916 au projet d’une expédition militaire à Salonique.
Delcassé se retire peu après de la vie politique, ébranlé par la mort
de son fils Jacques des suites de sa captivité en Allemagne. Il décède
à Nice le 22 février 1923. Théophile Delcassé est inhumé au
cimetière parisien de Montmartre. Sur sa tombe, est gravée cette
épitaphe " Ces quelques mots où se résume toute ma
vie : pour la France, tout, toujours ".
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