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Eugène DELACROIX 

(Charenton Saint-Maurice, 26 avril 1798 - 
Charenton Saint-Maurice, 13 août 1863)


Français.

Peintre.



par Jean-
Marc Goglin


 

     Quelques dates :

1816,
reçu dans l’atelier de Pierre-Narcisse Guérin. Y rencontre Géricault.
1822, commence son Journal.
1824, le Massacre de Chios.
1827,
La Mort de Sardanapale.
1831,
La Liberté guidant le peuple fait sensation au Salon.
1834, Femmes d’Alger.

1855,
une exposition rétrospective de son œuvre est organisée pour l’Exposition universelle qui se tient à Paris.


 






Ferdinand Victor Eugène Delacroix naît à Charenton Saint-Maurice, près de Paris, le 26 avril 1798. L’enfant serait le fils naturel de Talleyrand. Sa mère, née Victoire Oeben, est la fille d’un artisan, ébéniste de Louis XVI. Son père légal, Charles, ancien conventionnel, est un haut fonctionnaire du Directoire puis de l’Empire. Eugène passe son enfance entre Marseille et Bordeaux où son père est successivement nommé Préfet. Celui-ci décède en 1804 ce qui marque profondément l’enfant, tout comme la disparition de sa mère quelques années plus tard, en 1814, qui le laissent orphelin.

Eugène Delacroix manifeste des goûts précoces pour les arts. Il s’initie ainsi au dessin, à la musique et montre aussi son intérêt pour le théâtre. En 1806, il entre au Lycée impérial (actuel Lycée Louis-le –Grand) où lui est dispensée jusqu’en 1815 une formation classique. A la même époque cependant, la fréquentation du Louvre décide de sa vocation. En parcourant les couloirs du musée, il admire ainsi les vastes compositions des Vénitiens et des Flamands, rapportées de l’Europe entière par les armées de Napoléon. Delacroix restera marqué par cette peinture aux proportions et aux couleurs parfaites. Au printemps 1816, il est reçu dans l’atelier de Pierre-Narcisse Guérin. L’apprenti est alors fasciné par la personnalité de Théodore Géricault qui rend parfois visite à son maître.



Quelques années plus tard, en 1821, celui-ci lui abandonne une commande religieuse. Delacroix peint alors la Vierge du Sacré-Cœur. Le 3 septembre 1822, jour anniversaire de la mort de sa mère, l’artiste commence son Journal, tenu jusqu’en octobre 1824, puis repris le 19 janvier 1847. Il y note toutes ses pensées. La même année, il expose une de ses toiles, Dante et Virgile. Sa vision du corps des damnés, blafards et convulsés, fait alors sensation.

En 1824, il termine le Massacre de Chios que le Gouvernement acquiert pour six mille francs. Cette toile en fait le chef de file des novateurs, ces artistes romantiques qui s’opposent alors aux tenants du néo-classicisme, représentés par Ingres. Delacroix s’inspire à nouveau des événements de Grèce dans les années qui suivent. Une allégorie, intitulée La Grèce expirant sur les ruines de Missolonghi et réalisée en 1826, évoque ainsi la chute de la ville après une lutte farouche face aux troupes ottomanes. En 1827, une autre toile très controversée, La Mort de Sardanapale, représente une jeune grecque exécutée sur l’ordre du roi d’Assyrie.



En 1825, du mois de mai au mois d’août, Eugène Delacroix effectue un voyage à Londres. Il est impressionné par la technique de John Constable. C’est aussi l’occasion pour lui de découvrir le théâtre de Shakespeare, de parcourir les œuvres de Walter Scott et de Lord Byron. A son retour en France, l’artiste, qui accède maintenant à la notoriété, fréquente les salons. Sa peinture devient alors littéraire. Desdémone et Émilia, peint en 1825, est le premier d’une longue série de tableaux inspirés par le dramaturge anglais. L’année suivante, il reçoit également deux commandes : le Christ au jardin des oliviers destiné à l’ornementation de l’église Saint-Paul à Paris ainsi que l’Empereur Justinien composant ses Institutes pour la Salle des Sceaux, au Conseil d’État.

Les événements qui entraîne pendant l’été 1830 la chute de Charles X donnent alors au peintre le sujet d’une toile, son chef d’œuvre. La Liberté guidant le peuple, peinte avec opportunisme peu après les Trois Glorieuses, immortalise les journées ardentes de la révolution de juillet. Une déesse invincible y brandit le drapeau tricolore au-dessus des pavés et des morts. Un gavroche frénétique ainsi qu’un étudiant résolu lui emboîtent le pas, entraînant avec eux le peuple des rues. Cette toile fait sensation au Salon organisé en 1831, le peintre parvenant à transfigurer l’événement historique. Le tableau, qui exalte la barricade et la force de l’insurrection populaire, sera cependant rapidement remisé dans les réserves par la Monarchie de Juillet, après son achat par le Ministère de l’Intérieur.

La même année, Delacroix participe au concours organisé par le Gouvernement libéral de Louis-Philippe Ier qui souhaite décorer la Chambre des députés. Il n’obtient aucun prix. Déçu, le peintre dénonce, dans une lettre publiée le Ier mars dans la revue L’Artiste, la pratique instituée des concours.



Delacroix effectue dans les années qui suivent de nombreux voyages qui bouleverse sa peinture. Du mois de janvier au mois de juin 1832, l’artiste se rend au Maroc. Il est fasciné par ce qu’il voit. Ce séjour lui révèle ainsi à la fois la grandeur de l’Antiquité et l’exotisme de l’Orient. L’habitat, les costumes, les mœurs des indigènes l’émerveillent. Cette expérience décisive transforme son art qui évolue du romantisme vers le classicisme. Plusieurs visites en Flandres le ramènent ensuite vers Rubens. Delacroix inaugure une ère nouvelle de la couleur à laquelle il confère des possibilités jusque là insoupçonnées. Ses teintes passionnées exigent cependant un dessin rapide aux flexions énergiques, construits par noyaux internes et non en fonction des contours extérieurs.

Dès son retour du Maroc, Delacroix est chargé de la décoration de la chambre du roi, au Palais-Bourbon. Le travail est immense mais l’artiste conserve néanmoins le temps de peindre des œuvres personnelles, orientalistes. Au Salon de 1834, paraissent ainsi les Femmes d’Alger. A ces œuvres se mêlent des sujets religieux, à l’exemple de son premier Calvaire, réalisée en 1835, et des sujets historiques, comme le Pont de Taillebourg, présenté au Salon de 1837. A cette époque, il brosse également une scène de la vie pastorale et biblique intitulée Femme de la tribu offrant du lait au caïd. Et l’année suivante, est exposée Médée.



L’art de Delacroix atteint sa plénitude en 1840 avec la Justice de Trajan, le Naufrage de don Juan, illustration du drame humain, et la Prise de Constantinople par les croisés en 1841. L’artiste bénéficie également des commandes de l’État, comme la décoration de la bibliothèque du Palais-Bourbon en 1842 ou la galerie d’Apollon du Louvre en 1851. En 1855, une exposition rétrospective de son œuvre est organisée pour l’Exposition universelle qui se tient à Paris.

Durant l’été 1842, Delacroix part se reposer à Nohant chez George Sand. Il y peint ses premières études de fleurs. En 1844, il acquiert son ermitage de Champrosay, près de la forêt de Sénart. Il y peint la Mort de Marc-Aurèle qu’il expose en 1845 avec une grande composition marocaine, le Sultan entouré de sa garde. Delacroix présente encore au Salon de 1846 trois de ses œuvres : l’Enlèvement de Rébecca, Marguerite à l’église ainsi que Roméo et Juliette. L’artiste est de plus en plus hanté par les thèmes de la lutte et de l’enchaînement. En 1847, il peint Saint Georges combattant le dragon. Entre 1849 et 1851, il réalise Apollon vainqueur du serpent Python. Après ces œuvres, Delacroix sembla apaisé. Il se met à peindre des scènes d’animaux.



Souffrant physiquement depuis de nombreuses années, Delacroix décède en pleine gloire à Charenton Saint-Maurice, le 13 août 1863.