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Victor CONSIDÉRANT 

(Salins, 18 octobre 1808 - Paris, 27 décembre 1893)


Français.

Homme politique.



par Marc Nadaux


 

     Quelques dates :

1826,
fait son entrée à l’École polytechnique.
1831, choisit de quitter l’armée française.
1832, livre quelques articles à la revue fouriériste Le Phalanstère.
1836, fonde un nouveau périodique, La Phalange.
1843, membre du Conseil général du Jura.
1847, Principes du socialisme.
1848, élu député de l’Assemblée constituante.
1849, réélu député à l’Assemblée législative.
        
doit s’exiler après l'insurrection du 13 juin.
1852, émigre aux États-Unis.
1855, création d’un phalanstère, La Réunion, sur les bords de la Rivière Rouge, près de Dallas.
1869, De retour en France.


 






Victor Considérant est né à Salins, dans le Jura, le 18 octobre 1808. Fils d’un vétéran des campagnes de l’armée révolutionnaire, il effectue ses études au Lycée de Besançon. En 1826, le jeune homme fait ensuite son entrée à l’École polytechnique, se destinant alors comme la majorité de ses camarades de promotion à embrasser une carrière militaire. Ces années sont décisives pour la maturation de ses idées. Victor Considérant prend connaissance des théories de Saint-Simon, en vogue au sein de l’institution. Celles-ci font reposer le salut de l’humanité sur le progrès technique et prône l’arrivée au pouvoir de nouveaux dirigeants, les entrepreneurs et les hommes de sciences. Contrairement à son entourage, Considérant se refuse à adhérer au credo saint-simonien, à ce désir d’une nouvelle hiérarchisation de la société.

A la même époque en effet, le polytechnicien fait la connaissance à Besançon de Juste Muiron et Clarisse Vigoureux, deux disciples de Charles Fourier, qui l’initient à la doctrine du philosophe. Ce dernier publie d’ailleurs en 1829 Le Nouveau Monde industriel et sociétaire par lequel il expose son projet de société. Celui-ci repose sur la création de phalanstères, des associations de production et de consommation fondées sur la copropriété et la cogestion. Victor Considérant s’enthousiasme alors pour les idées de Fourier. Dans un article publié au mois de mars 1830 dans Le Mercure de France, il fait l’apologie de ce nouveau système social dans lequel il voit le moyen d’améliorer le sort des classes laborieuses. Ses études achevées, celui que l’on surnomme désormais à l’École polytechnique " le phalanstérien " est bientôt nommé capitaine d’artillerie et affecté à Metz. Considérant choisit cependant en 1831 de quitter l’armée française.



Après avoir rencontré Charles Fourier, il décide de se consacrer à la propagation des idées du philosophe. A partir de 1832, Victor Considérant livre ainsi quelques articles à la revue fouriériste Le Phalanstère, ou la Réforme industrielle. L’année suivante, il participe à la création d’un phalanstère dans la commune de Condé-sur-Vesgre, un village situé près de Houdan (dans l’actuel département des Yvelines). L’entreprise connaît cependant une échec patent malgré l’investissement dans le projet de notables locaux. Quelques années plus tard, en 1836, Victor Considérant fonde un nouveau périodique, La Phalange, qu’il anime en tant que rédacteur en chef. Au cours de ces années d’ailleurs, Considérant participe également aux réunions de l’École sociétaire de Paris. Il en devient rapidement un des principaux animateurs.

A la mort du maître cependant, son influence parmi le groupe des disciples de Fourier se fait davantage sentir. Victor Considérant souhaite en effet impliquer le mouvement fouriériste dans l’engagement politique et la lutte sociale. Dès 1836 d’ailleurs, il publie un opuscule intitulé Nécessité d'une dernière débâcle politique en France, dans lequel il se fait le défenseur de la révolte des canuts lyonnais et de leurs revendications. Ses nombreux écrits dans la presse périodique sont également publiés à cette époque sous le titre de Destinées sociales. Aussi les idées de Charles Fourier pénètrent bientôt  dans les milieux ouvriers de l'Est parisien. Au cours de ces années, un industriel du Nord de l'Aisne, Jean-Baptiste André Godin, correspond  également de manière régulière avec les fouriéristes de l’École Sociétaire de Paris à qui il apporte également son soutien financier.



Victor Considérant se marie bientôt à Julie Vigoureux. La dot de celle-ci lui permet alors d' entrer en politique et de financer ses campagnes électorales. Candidat à Colmar et à Montbéliard, il échoue cependant aux élections législatives en 1839. Au mois de novembre 1843 enfin, le chef de file du mouvement fouriériste devient membre du Conseil général du Jura. Au cours de ces années, il apparaît ainsi comme un des principaux opposants à la Monarchie de Juillet et aux théories libérales développées par François Guizot. Son journal, La Démocratie pacifique, fondé au  mois d'août 1843, se fait le propagateur de la notion nouvelle de " droit au travail ". Une brochure publiée en 1847 sous le titre de Principes du socialisme : manifeste de la démocratie au XIXème siècle ; Procès de la démocratie pacifique apparaît ainsi aux yeux de l’opinion comme un véritable manifeste socialiste.

Victor Considérant accueille avec bienveillance les événements du mois de février 1848 et l’avènement de la Seconde République. Le 23 avril suivant, il est élu député de l’Assemblée constituante dans le département du Loiret et participe bientôt aux débats de la commission des Ateliers nationaux. Cependant ses discours qui insiste sur l’" harmonie " et la " coopération entre les classes sociales " ne sont pas d’une grande influence sur les événements. Victor Considérant montre ensuite son opposition à l’élection à la présidence de Louis-Napoléon Bonaparte, le 4 décembre 1848. Il s’indigne également devant le soutien militaire apporté à la papauté face aux patriotes italiens. Réélu député à l’Assemblée législative, au mois de mai 1849 et dans le département de la Seine, Victor Considérant se rallie bientôt aux Montagnards face au parti de l’Ordre. Son opposition à la majorité conservatrice de l’Assemblée se fait d’ailleurs plus virulente. Le 13 juin 1849 enfin, il organise une insurrection qui prend la forme d’un vaste rassemblement de rue. Le coup de main, auquel participe notamment Ledru-Rollin, est un échec complet. Victor Considérant doit alors s’exiler.



Après s’être réfugié à Bruxelles, il se décide à quitter l’Europe et émigre ainsi en 1852 au-delà de l’Atlantique. Victor Considérant parcoure alors pendant deux années les États-Unis d’est en ouest avant de s’installer au Texas. A partir de 1854, il s’emploie dans la ville de New York et dans le sud du pays à faire la promotion de son projet de création d’un nouveau phalanstère. Deux cent colons le rejoignent bientôt et au mois de juin 1855, la communauté, qui se nomme La Réunion, s’installe bientôt sur les bords de la Rivière Rouge, près de la ville de Dallas, où deux mille acres de terre ont été acquis. L’expérience pour laquelle Considérant a engloutie ses derniers deniers échoue de nouveau, dès la fin de l’année 1859. Avec la Guerre de Sécession, la communauté des phalanstériens se disperse.

De retour en France en 1869, Victor Considérant suit d’un œil attentif  les événements de la Commune de Paris. Il se retire ensuite de manière définitive de la vie politique et passe ses dernières années parmi les étudiants du quartier latin. En leur compagnie, le disciple de Fourier s’occupe alors à suivre les cours dispensés à la Sorbonne. A cette occasion, il se fait remarquer sur les bancs des amphithéâtres dans sa tenue de paysan mexicain. Victor Considérant décède le 27 décembre 1893, à Paris.