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Joseph CONRAD
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Joseph CONRAD
(Berditchev, 3 décembre
1857 - Bishopbourne, 3 août 1924)
Ecossais.
Ecrivain.
par Marc Nadaux
Quelques dates :
1874,
gagne la France.
1875, à bord du Mont-Blanc, effectue sa première traversée et
gagne la Martinique.
1886, se fait naturaliser britannique.
obtient son brevet de capitaine.
1894, cesse de naviguer.
1897, The Niger of the Naricissus.
1899, Heart of Darkness.
1900, Lord Jim.
1903, Typhon.
1913, Chance.
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Le 3 décembre 1857, Józef Konrad Korzeniowski naît à Berditchev, en Ukraine. Cette
région est
placée depuis le début du siècle sous l’autorité de la Russie des
Tzars. Son père, Apollo Korzeniowski, est un aristocrate polonais.
Appartenant à cette minorité des propriétaires, c'est aussi un
homme de lettres qui s’occupe à traduire dans sa langue natale les
œuvres des grands écrivains français - Vigny et Hugo - et anglais
- Shakespeare notamment. Dès sa plus jeune
enfance, son fils Józef se familiarise ainsi avec les livres et la
littérature. Ses convictions patriotiques amènent Apollo Korzeniowski à
participer aux luttes des Polonais pour l’indépendance nationale. Et au
mois de mai 1862, en raison de ces activités politiques, il est arrêté
par les autorités puis déporté, lui et sa famille, à Volgoda, au Nord
de la Russie. Le 6 juin 1865, la mère de Józef, Evelina Bobrowska,
décède de la tuberculose. Quatre années plus tard, Apollo Korzeniowski
est enfin autorisé à quitter son lieu d’exil. Il se rend alors à
Cracovie et décède peu après, le 23 mai 1869.
Désormais orphelin, son fils Józef est confié à l’autorité
de son oncle maternel, Tadeusz Bobrowski, un homme de loi. Dans les
années qui suivent, il effectue ses études au lycée de Cracovie. Au
printemps 1873, Józef Konrad Korzeniowski est auprès de son tuteur en
Suisse. Au cours de ce séjour qui durera trois mois, il voyage dans l’Italie
voisine et voit pour la première fois la mer. Très tôt d’ailleurs, l’adolescent
manifeste le désir de naviguer et de devenir marin. L’année suivante,
Korzeniowski, qui est à présent âgé de dix-sept ans, est menacé par
la conscription militaire. Au mois d’octobre 1874, il gagne la France,
où est déjà présente une importante communauté polonaise. A Marseille,
Józef Konrad Korzeniowski entre dans une école de marine, grâce aux
subsides que lui verse son parent. Cependant cette pension annuelle - la
coquette somme de 2.000 Francs - est rapidement dilapidée au jeu à
Monte-Carlo par l’apprenti marin. Ce dernier fait
même des dettes à cette occasion
Fort heureusement, il s'engage bientôt dans la marine marchande. En 1875,
à bord du Mont-Blanc, Józef Konrad Korzeniowski effectue sa
première traversée et gagne la Martinique. De retour en France l’année
suivante, il s’embarque au mois de juillet sur le Saint-Antoine,
à destination des Indes cette fois-ci. En Orient, le marin, qu’attire
toujours l’appât du gain, se fait contrebandier. En 1878, il participe
ensuite en Espagne aux guerres carlistes. L’émigré polonais intrigue
aux côtés des royalistes afin de placer le duc de Madrid sur le trône
et de rétablir ainsi la monarchie. Korzeniowski se réengage ensuite sur
le steamer Mavis. Le 24 avril 1878, le bâtiment quitte Marseille
et il est en Angleterre, le 18 juin suivant. Âgé d'à peine vingt ans, Korzeniowski a déjà
navigué sur la plupart
des mers et océans. Il se décide alors à s’engager sur un navire
côtier, The Skimmer of the Sea. Après quelques années de service
dans les rangs de la marine anglaise, celui-ci est reçu, le 5 juillet
1883, à un examen d’officier auquel il postulait. A cette époque, l’anglais
est devenu sa seconde langue. Quittant l’Angleterre peu après, il
rejoint ensuite son oncle, en cure à Marienbad.
Les années passent et Józef Konrad Korzeniowski effectue encore de
nombreux voyages. Il sert notamment en tant que second sur le Narcissus,
qui le mène de nouveau aux Indes en 1884, puis sur le Tilkhust l’année
suivante. Le 19 août 1886, l’officier de la marine marchande
britannique se fait naturaliser. L’orthographe polonaise de son nom,
Józef Konrad, s’anglicise, ce qui donne maintenant Joseph Conrad. Le 11 novembre
suivant, ce dernier obtient son brevet de capitaine. Après un premier
commandement sur le Highland Forest en 1887, il navigue l’année
suivante à bord de l’Otago dans les Mers du Sud. A cette
époque, pendant les brèves périodes où il est à terre, Joseph Conrad
rédige ses premiers textes de littérature. De retour à Londres en 1889,
il effectue l’année suivante un voyage qui le mène dans sa Pologne
natale. Au mois de mai 1890, Conrad est engagé par la Société Anonyme
pour le Commerce du Haut-Congo afin de prendre le
commandement du Roi des Belges, un navire qui doit remonter le
fleuve africain. Capitaine du Torrens de 1891 à 1893, il est
ensuite second à bord de l’Adowa, qui effectue la traversée
Londres-Rouen à travers la Manche.
L’état de santé de Joseph Conrad s’est en effet dégradé depuis
quelques temps. Atteint de rhumatisme, il cesse de naviguer au mois de
janvier 1894. Cloué à terre, Conrad reprend la rédaction d’un texte
entrepris quelques années plus tôt. Almayer
Folly (La Folie Almayer) est rapidement achevée et publiée au
mois d'avril de l’année suivante par l’éditeur James Pinker. Le succès que celle-ci
obtient auprès du public décide alors l’ancien marin au long cours à
continuer à écrire. Avec le décès de son oncle, Joseph Conrad hérite
d’une partie de sa fortune. Ceci lui donne une certaine aisance
financière. Le 24 mars 1896, il se marie à une anglaise, Jessie Georges.
Ensemble, ils s’installent à partir du mois d’octobre 1898 à Bishopbourne,
dans le Kent. Le couple aura deux enfants : Alfred Borys, né le 14
janvier 1898, et John Alexander, le 2 août 1906.
Joseph Conrad se consacre désormais tout entier à la littérature. Il s’inspire
ainsi de son expérience de marin pour rédiger des récits qui ont bien
souvent la mer pour unique cadre. Son œuvre est entièrement dédiée à
l’aventure. The Niger of the Naricissus (Le Nègre du Narcisse),
publié en 1897, est un quasi huit clos. Dans ce court roman, domine
l’étrangeté de ces personnages qui sont à bord d’un navire doublant
le cap de Bonne-Espérance. Au mois de février 1899, vient ensuite Heart
of Darkness (Cœur des ténèbres), cher à Jean-Baptiste
Flachot. Avec ce récit, se révèle la fascination qu’entretient Joseph
Conrad pour la folie et la perversité qui se trouve sous l’enveloppe
humaine, celle de l’ignoble Kurtz. En 1979, ce récit sera adapté par
le cinéma hollywoodien, avec Appocalypse Now que réalise Francis
Ford Coppola. En 1900, Lord Jim raconte l’histoire d’un rachat,
celui d’un capitaine sur qui pèse le poids d’une lâcheté, une faute
de jeunesse qu’il efface en donnant sa vie. Après Typhon en
1903, paraissent ensuite Nostromo ainsi que The Mirror of The
Sea (Le Miroir de la mer) l’année suivante. Ces nouvelles
œuvres se déroulent toujours sur mer, cet élément sur lequel l’homme,
en naviguant, est aux prises avec la solitude, avec lui-même donc,
autrement dit avec ses angoisses bien souvent. En utilisant un langage
clair et dépourvu d’artifices, celui de sa langue d’adoption qu’il
est parvenu à maîtriser, Joseph Conrad fait habilement la relation de
ces expériences critiques. Bien souvent d’ailleurs, l’écrivain se
contente de faire le récit au lecteur de ces moments de tension extrême.
Dans les années qui suivent, Joseph Conrad effectue quelques séjours à
l’étranger, en France notamment en 1907 et 1908. Au mois de juin 1910,
il s’installe à Capel House, toujours dans le Kent, alors que
surviennent des difficultés financières. Avec The Secret agent (L'Agent
secret) en 1907, puis Under Westren Eyes (Sous les
yeux d'Occident) en 1911, l’écrivain délaisse les Mers du Sud pour
évoquer les complots anarchistes et les mouvements révolutionnaires qui
défrayent l'actualité de ce début de XXème siècle. En 1913, Chance
(Fortune) est son premier grand succès d’édition. La même
année, ceci permet à son auteur d’effectue un voyage en Pologne,
malheureusement écourté. Au mois d’août 1914, Joseph Conrad doit s’en
retourner en Angleterre, avec le déclenchement du premier conflit
mondial. Après cette Great War, l’écrivain accède enfin à la
notoriété. A présent célèbre, il refuse néanmoins tous les honneurs
qu’on souhaite lui décerner. Malgré ses problèmes de santé, qui se
font de plus en plus handicapant, il traverse une nouvelle fois l’Atlantique
et effectue un voyage aux États-Unis en 1923. La même année, l'écrivain
revient au récit d'aventures avec The Rover (Le Frère de la côte).
Joseph
Conrad décède d’une attaque cardiaque, le 3 août 1924, à l’age de
soixante-sept ans.
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